Un aperçu de l'histoire de la littérature française (2023)

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titre:Un aperçu de l'histoire de la littérature française

auteur :Société d'histoire de la littérature française. auteur du texte

Éditeur:Armand Colin (Paris)

Éditeur:PUFPUF (Paris)

Éditeur:Classiques Garnier Classiques Garnier (Paris)

Date de publication:01/03/1986

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type :texte

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taal :François

Format:Vues totales : 69781

décrire :1 mars 1986

décrire :1986/03/01 (A86,N2)-1986/04/30。

décrire :Collection numérique : art de la poupée

À droite:Disponible

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JE SUIS ALLÉ:Arca : /12148/bpt6k56565895

bron :Division des collections numériques, Bibliothèque nationale de France, 2009-33934

Préservation numérique :Bibliothèque nationale de France

date de sortie de :12 janvier 2010

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mars/avril 1986

86, nr. 2

Jean-Michel Laco

Bernardin de Saint-Pierre et "La vie des saints"

mémoires sur quelques saints

Dans "Paul et Virginie"

Liz Kefferek

Entrées dans les romans féminins au XIXe siècle - Une étude de cas des romans en série sous la monarchie de Juillet

Auguste Angus

fermé et ouvert. « NRF avant la réforme de la Sorbonne et avant la question du classicisme

petits rogers

Saint-John Perse et les arts visuels

Magazines publiés avec le soutien du CNRS et du CNL

Armand Collin

Un aperçu de l'histoire de la littérature française

Edité par l'Association française d'histoire de la littérature avec le soutien du Centre national de la recherche scientifique et du Centre national de la littérature

direction

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Adjunct-regisseur: Sylvain Menant

Comité exécutif

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Secrétariat de rédaction Roland Virolle, Christiane Mervaud, Catherine Bonfils

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Les manuscrits et toute la correspondance éditoriale doivent être envoyés à :

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Les manuscrits non insérés ne seront pas retournés.

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administratif

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souscription annuelle

1986 (six numéros) : France, 230 F — Étranger, 300 F Édition actuelle (et année de parution) : 75 F Doubles spéciaux et bibliographie : 135 F

Aperçu van M 3-4 avril 1986

86 ans

histoire:"

littérature française

CV

article

J.-M. RACAULT : Bernardin de Saint-Pierre et « La vie des saints » : Sur les souvenirs de quelques saints dans « Paul et Virginie » 179

L. QUEFFELEC : Inscriptions féminines romanes du XIXème siècle : une malle

Le roman feuilleton de la monarchie en juillet 189

A. Coins : fermés et ouverts. "NRF face à la réforme et à l'ouverture

Pour la Sorbonne et le problème classique 207

R. LITTLE : Saint-John Perse et les arts visuels 220

notes etc

R. POMEAU : Voltaire, du côté de Sodome ? '... 235

TH PARKE : Baudelaire et Ramessange 248

Rapport

PH. D'ALCRIPE : Une nouvelle fabrique de vérités excellentes..., éd. Voet. JOUKOVSKY (M. MAGNIEN), 259. - Nostradamus : lettres inédites, éd. J. DUPEBE (M. SIMONIN), 260. - H, P. CLIIVE : Clément Marot Une bibliographie annotée (J. PINEAUX), 261. - H. P. CLIIVE : Marguerite de Navarre. Une bibliographie annotée (O. MILLET), 262. - M. TETEL : Conférences Scéviennes. L'emblème et les morts (F. LEGERCLE), 262. - R. AULOTTE : Comédie de la Renaissance française et son chef-d'œuvre : "Les Contens" d'Odet de Turnèbe (CH. MAZOUER), 263. - P. BONNET : Ouvrages et documents commandés relatif à Montaigne (CL. BLUM) An Analytical Bibliography, 264. - W. MULLER-PELZER : Leib und Leben. Untersuchungen zur Selbsterfahrung dans les "Essais" de Montaigne (V. KAPP), 265. - G. NAKAM : Les "Essais" de Montaigne, miroir et procès de leur temps (J. BAILBÉ), 266. - Un siècle d'imaginaire du changement français dans le XVIe siècle, p. KL.-G. DUBOIS (R. ZUBER), 269.-B. TH. Chambers : Bibliographie française, XVe et XVIe siècles (M. SOULIÉ), 269. DE SELVE : Les Œuvres spirituelles sur les Évangiles des Jours de Garesme, éd. L. K. DONALDSON-EVANS (Y. QUENOT), 271. - P. BAYLEY : Sermons choisis du baroque français (J. HENNEQUIN), 272. - G COUTON : Corneille et la tragédie politique (Z. YOUSSEF), 273. - P CORNEILLE : Théâtre complet, éd. A. NIDERST (G. COUTON), 274. - G. FERREYROLLES : Pascal et la rationalité politique (N. FERRIER -CAVERTVIÈRE), 278. - R. DUCHENE : Fraude littéraire dans les "Provinciales" de Pascal (A MCKENNA), 279. - Trois siècles de comportement : "L'image du La Rochefoucauld" (Y. COIRAULT), 281 . - MOLIÈRE : "Tartouf". Ùbertragung in deutsche Prose de H. STENZEL (R. KLESCZEWSKI), 282. - J.-P. BREF : Racine, « Phèdre » (A. VIALA), 283. - CHR. STROSETZKI : Rhétorique conversationnelle au XVIIe siècle (R. . ZUBER), 283. - R. DE BUSSY-RABUTIN : Correspondance avec l'abbé René Rapin, éd. C. ROUBEN (M. GÉRARD), 284. - R. ZUBER et M. CUENIN : Littérature française : classicisme (B. BEUGNOT), 285. - M. G. PITTALUGA : L'évolution du langage commercial, 1675-1730 (R ARVEILLER), - 1. COX : Montesquieu et l'histoire du droit français (L. DESGRAVES), 288. - Ch. DE MOUHY : Le masque de fer, éd. A.

Aperçu de l'histoire de la littérature française (86e anniversaire) LXXXVI 12

178 Histoire de la littérature française revisitée

RIVARA (P. CLANCY), 288. - Voltaire e os Estudos do Século XVIII, vol. 219 (G. HAROCHE-BOUZINAC), 289. - H. WILLIAMS: Rousseau en de autobiografie van de romantiek (J. VOISINE), 291. - L. A. BEFFROY DE REIGNY: Nicodème in the Moon, uitg. M. SAJOUS (M.- E. DJÉVAL), 292. - BEAUMARCHAIS: Het huwelijk van Figaro, ed R. NIKLAUS (A. BOÈS), 293. - J. JOUBERT: Essays, ed R. TESSONNEAU (A. MICHEL) , 293.

- J. DE MAISTRE : Écrits maçonniques, éd. J. REBOTTON (J. BRENGUES), 294. - W. FORTESCUE : Alphonse van Lamartine. Biographie politique (F. LETESSIER), 295. - C. CROSSLEY : Muse, "Lorenzaccio" (W. MOSER), 297. - R. BUTLER : Balzac et la Révolution française (J.-H. DONNARD), 297. - W. JUNG : Théorie et pratique du typique chez Honoré de Balzac (A. VANONCLNI), 299. - L. SOZZI : Premier voyage d'Italie à travers les passions et les chimères (S. SERODES), 300. - M. CROUZET : La poétique de Stendhal (L. LE GUILLOU), 301. - E. HARTMAN : Les progrès du romantisme français : l'homme et l'esthétique (C. CROSSLEY), 302. - L, LE GUILLOU : Baron d'Eckstein (J. GAULMIER) , 303 - Dix Ans du Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle : "George Sand" (M. Bossis), 304. - GEORGE SAND : Correspondance, éd. G. LUBIN, t XVIII (J. GAULMIER), 306 - L. CZYBA : Le Mythe et idéologie des femmes dans les romans de Flaubert (G. SÉGNES), 308. - A. PICCHIONI BORRI : Expressions et formes du culte catholique dans l'opéra de Flaubert (G. SÉGINGER), 311. - A. UBERSFELD et G. ROSE : Lendo" Les Misérables" (M.-FR. GUYARD), 311. GAULMIER), 313. - P. FONGARO), 314. - G. DÉSERT : La vie quotidienne dans les plaines de Normandie depuis le Second Empire dans les folles années 20 (J.-L. DOUCHIN), 316. - A. DAUDET : Lettre de ma fabrique, éd. J.-H. BORNACE (F. GARAVINI), 318.-M.-CL. Bayer : Edmond van Goncourt (P. COGNY), 318.

- H. GIAUFFRET-COLOMBANI: Verslag van Jules Valle (CH. DÉDÉYAN), 319, studie van Tristan Corbière (S. MEITINGER), 322. - MALLARME: Correspondentie, uitg. H. MONDOR en L. J. AUSTIN, L VIII, 1896 (D. LEUWERS), 323. - M. EIGELDINGER;

- E. ROSTAND: Cyrano de Bergerac, ed J. TRUCHET (P. BESNIER), 325. - COLETTE: Works, ed CL. PICHOIS PEOPLE; Office Colette, p.p. CL en V. PICHOIS (M. PICARD), 326.

- J. ROMAIN : Vivre de façon cohérente, préférences. M. DÉCAUDIN (BR. VERCIER), 328. - Revue des Lettres Modernes : Charles Péguy, 2 : Les Cahiers de la Quinzaine (A. ROCHE), 329. - G. BOUDAR et M. DÉCAUDIN : Catalogue Guillaume Apollinaire (B. VECK) Bibliothèque, 329. - A. BUISINE : Proust et ses lettres (B. BRUN), 330. - A. HENRY : Proust romancier. TOMBE ÉGYPTIENNE (P.-L. REY), 331. - P.A. IFRI : Proust et son narrateur dans "A la recherche des choses passées" (G. PRINCE), 332. - Cahiers du Centre d'étude du surréalisme, Mélusine, n° V : "Politique - Politique", pp. H. BÉHAR (P. PLOUVIER), 333. - I. HEDGES : Révolte contre Dada et le langage de la littérature et du cinéma surréalistes (M. BONNET), 334. - Revue des Lettres Modernes : Paul Valéry, 4 : « La puissance de l'esprit » (R. PIETRA), 335. - G. DOTOLI : Bibliographie critique di Ricciotto Canudo, préf. M. DÉCAUDIN (H. BÉHAR), 336. - B. CHOCHON : Structure "Noeud de Vipères" de Mauriac, Je déteste entendre (M. AUTRAND), 337. - G. MOSCI : Mounier et Béguin (R . BESSÈDE), 337 - J.S.T. GAFITT : Jean Grenier (J. KOHN -ÉTIEMBLE), 338. - H. EMEIS : L'âme du prisonnier. Analyse des œuvres de Roger Martin du Gard (A. DASPR), 339. - Littérature, vol. 15, n° 3 : « Giono : Lecture plurielle » (M. SACOTTE), 340. - Correspondance Jean Giono-Lucien Jacques, 1930-1961, éd. P. CITRON (R. RICATTE), 342. - P. VOIGTLANGENBERGER : Antifaschist Lyricism in Frankreich, 1930-1945 (CHR. BEVERNIS), 343. - SAINT-JOHN PERSE : Anabase, dir. A. HENRY (H. LEVILLAIN) , 343.

- D. BRADBY : Drame français moderne, 1940-1980 (M. AUTRAND), 344. - R. KOREN : L'Anti-récit (le procédé stylistique dans les romans de Jacques Audiberti) (J.-J. ROUBINE), 345 - Annales du Colloque de Bruxelles, 1982 : "Michel de Ghelderode, dramaturge et conteur" (M. CORVIN), 346, - M. TISON-BRAUN : CE monstre sans pareil... Malraux ou mon énigme (CHR. MOATTI ), 347. - T. DI SCANNO : Bonheur Lezio's Worldview (A. BLUMEL), 349 .

Informations, 258. Résumé, 350.

Bernard de Saint Pierre

fr "La vie des saints" :::

à propos de quelques souvenirs

hagiographie

Dans "Paul et Virginie"

D'où viennent les personnages de Paul et Virginie ? Concernant la réalité elle-même, Bernardin disait dans l'avant-propos de la première édition :

Cependant, je n'ai pas besoin d'imaginer la romance pour dépeindre des familles heureuses. Je peux vous assurer que les hommes dont je vais parler ont existé et leurs histoires sont vraies dans leurs événements les plus importants. Plusieurs Franciliens que j'ai rencontrés m'ont confirmé ces affirmations.

L'auteur estime qu'il devrait répéter une déclaration de vérité similaire avec la même force et de nouveaux détails dans les avant-propos de toutes les éditions ultérieures.La fiction fait partie des limites expressives du roman et les déclarations de vérité sont des clichés dans le prologue du roman. Cependant, comme pour Paul et Virginie, il y a des critiques qui en sont convaincus et insistent pour chercher le prototype de la « vraie Virginie » dans la réalité historique. Fait intéressant, c'est autour du site de l'épave de Saint-Géran que s'est développée cette étude savante 4, plus une idée sûre

1. Paul et Virginie, P. Trahard éd., Classiques Garnier, Paris, 1976, p. CXLVCXLVI. nous tous. Des citations de Paul et Virginie renvoient à cette édition.

.deux. Commentaires sur l'édition de 1789 (P.V., p. CLVII-CLVIII) et la préface de 1806 {P.V., p. 5).

3. Voir à ce sujet V. Mylne, The French Novel of the Eighteenth Century - Techniques of Illusion, Manchester University Press, 1970 (nouvelle édition).

4. L'ouvrage récent de Raymond Hein, Le Naufrage du Saint-Géran, la légende de Paul et Virginie, Éditions de l'Océan Dezeen, Ile Maurice et F. Nathan, Paris, 1981, s'intéresse à faire le point de recherche à partir sur des sources anecdotiques et reproduit abondamment des témoignages de naufragés.

R.H.L.F., 1986, n° 2, p. 179-188.

180 Histoire de la littérature française revisitée

La littérature confond naïvement la « vie » dans laquelle la compréhension de l'œuvre est réellement éclairante. De plus, l'héroïne du roman n'a que peu de points communs avec Mademoiselle Mallette, Nezette (ou Nezé) et Cayou, trois jeunes femmes qui passent par Saint-Gérand, malgré la soi-disant "vraie Virginie".

Autre hypothèse : les personnages du roman - ou du moins leurs noms - seraient associés aux amitiés et aux rencontres qui ont jalonné la vie de Bernardine et c'est d'ailleurs Bernardin qui les a introduites 5. En effet, un passage du manuscrit du Havre laisse entendre que c'est dans fait la dérivation des noms des personnages Paul et Virgini:

Tous les personnages décrits et leurs personnages sont présents. Les lecteurs ne devraient pas se soucier si certains noms ont été modifiés. D'ailleurs, ces noms ne me sont pas indifférents. J'aime peindre ceux que j'aimais 6.

Par exemple, dans la version finale du roman, le narrateur anonyme le plus âgé porte le nom de Mustel, un journaliste français autrefois connu aux Pays-Bas, à l'état manuscrit ; Du nom de Virginie de la Tour, nièce du général du Bosquet, supérieur de Bernardin en Russie, lettre à Duval du 7 janvier 1786. Des informations la concernant sont recherchées dans la lettre. direction et une origine similaire aux noms de tous les personnages du roman ? Ce que Madame Tahhan-Bittar a fait sans hésiter, le nom de Paul vient d'un certain frère Paul, un singe capucin qui accompagnait enfant Bernardine dans ses promenades en Normandie8 et Marguerite, d'une mystérieuse "Dame" à la giroflée, que Bernardin rencontre lors d'une passe par les Châlons et est exilé en Île-de-France9 pour des raisons inconnues.

Ignorons le danger ou la contrainte de ces comparaisons ; leur erreur principale est clairement qu'ils n'expliquent que l'origine des noms, mais en aucun cas

5. Par exemple, en Île-de-France, l'anti-esclavagiste étonnamment indélicat Bernardin a donné à un esclave qu'il venait d'acheter "un bon présage pour lui", son ancien ami de nom. Duval (Voyage en Ile-de-France, lettre xvn).

6. Cité dans le romancier de Bernardin de Saint-Pierre, D. Tahhan-Bittar, Essais dactylographiés, Paris, 1970, p. 175.

7. É citado por Sainte-Beuve (Causeries du Lundi, Tomo VI, p. 437, Garnier, Parijs, 1853).

8. Ça marche. Citation, p.12 et p. 188

9. D. Tahhan Bittar (ibid., pp. 167-168) rapporte cette anecdote tirée de la biographie d'Aimé-Martin dont l'exactitude est difficile à déterminer.

BERNARDIN DE SAINT-PIERRE ET LA VIE DES SAINTS 181

Le personnage qui le porte. En supposant que Paul et Virginie portent respectivement le nom du capucin normand et de la nièce d'un général du génie, le personnage du protagoniste du roman est à peine clarifié. Les noms empruntés ici n'ont qu'un rapport tout à fait arbitraire avec l'existence à laquelle ils sont assignés. Eh bien, pour un esprit aussi spontanément « cratile »10 que Bernardin, le nom n'a rien d'un symbole inerte accidentel. Pour qui veut souscrire au vieil adage nomen numen, un nom entretient un rapport nécessaire à la chose qu'il désigne ; non qu'il soit choisi en fonction de la nature du référent qui lui convient ; le nom d'un pouvoir magique qui fait que la chose qu'il utilise se ressemble. Que les noms existent pour une raison est une idée à laquelle Bernardin croyait si profondément qu'il la répéta sans cesse dans ses Études de la Nature et Les Harmonies :

Notre nom est le premier et le dernier bien que nous possédons, il détermine notre penchant dès l'enfance [...] Un enfant est parrainé par son nom. S'il mène à une certaine dépendance, s'il se laisse ridiculiser, comme beaucoup d'entre nous le font, son âme tend à cela... Effet terrible sur le caractère d'un citoyen 11.

Par exemple, la dénomination romaine recommande d'imiter la vie d'un saint tous les jours de l'année et permet aux enfants de porter son nom, sachant que l'exemple est plus puissant que le dogme et que les gens patronneront leur nom à long terme 12.

On comprend mieux que pour Bernardin, le nom est le schéma de privilège du rôle d'accès. Passons rapidement en revue celles qui ne l'ont pas fait, comme la tante de Madame de la Tour, qui a joué le rôle de la méchante fée dans l'histoire, ou a perdu son rôle dans les révisions successives du manuscrit : ainsi le vieux narrateur (M. Mustel ) ou le prêtre responsable du départ de Virginie (M. Ingouf), resté anonyme dans le dernier rôle purement instrumental.

10. Conceito emprestado de Mimologiques, voyage en Cratylie, col. par Gérard Genette. Poétique, Seuil, Paris, 1976.

11. Études de la Nature, XIV, Œuvres complètes, édité par Aimé-Martin, Lequien et Pinard, Paris, 1830-1831, vol. V, p. 277-278. A l'exception de Paul et Virginie, nous nous référons à cette édition des oeuvres de Bernardin, indiquée par les initiales O.C.

12. Harmonies de la nature, VIII, O.C, Livre X, p. 178. Développements similaires dans les harmonies, Livre VI, t X, p. vintage et quatro.

182 Histoire de la littérature française revisitée

Les noms déterminent le sort de ceux qui les portent, et le baptême du personnage de Virginie dans le roman en est la preuve éclatante :

Cette [Margaret] l'appelait Virginie. "Elle sera vertueuse, dit-elle, et elle sera heureuse" 13.

Virginie était certes vertueuse, mais sa mort prématurée à bord de Saint-Géran semble contredire la deuxième prophétie. Pourtant, si l'on suit l'affirmation de la jeune fille de 14 ans selon laquelle le sort du nom s'avère valable en remplacement, et encore plus si l'on accepte de se pencher sur la disparition de la jeune fille, et non sur la mort, comme l'évoquait Bernadine pour. , mais une métamorphose, ou plutôt une naissance - ce n'est bien sûr pas un hasard si l'auteur est passé du 17 août 1744 au 25 décembre, nuit de la naissance du Christ, date du naufrage - une glorification (« et une plus grande équanimité dans le levant les yeux, [elle] semblait être un ange volant vers le ciel" 15), ce qui restitua à l'héroïne sa véritable identité angélique et la ramena dans sa vraie demeure, "[Elle] habita pour toujours sur ces rives de l'Orient éternel" 16 .

Yuanshen, qui porte son nom, illustre de la manière la plus transparente l'impasse du complot amoureux. L'interdiction de la viande est inscrite au nom de la jeune fille pour la virginité et le déni de sexualité adulte 17 ; dans le bain la nuit, quand elle expose sa sensualité, cette peur terrifiante de Là, il est venu; et à partir de ce moment, pour Paul, l'inquiétude d'une âme qui n'est plus innocente et la nécessaire séparation des êtres chers sur la terre, attendant la réunion céleste qui les reconnecterait enfin à leur innocence première ; ainsi, peut-être en cas de naufrage, cette humilité suicidaire humilie Virginie de rejeter une offre de rachat d'un marin « nu et nerveux comme Hercule ».

13. P. V., p. 85.

14. "Mais Virginie était heureuse jusqu'au dernier moment. Elle était heureuse avec nous, par l'abondance de la nature ; loin de nous" (P.V., p. 219).

15. P. V., p. 203.

16. P. V., p. 222.

17. Un manuscrit plus audacieux dit : « Celle-ci sera la vierge, dit-elle [Margaret], et elle sera heureuse » (titre de Marie-Thérèse Veyrenc, commentaire de Bernardin de Saint-Pierre sur le manuscrit de Paul et Virginie For de Histoire de Mlle Virginie de la Tour, Nizet, Paris, 1975, p. 94).

18. P. V., p. 202.

BERNARDIN DE SAINT-PIERRE ET LA VIE DES SAINTS 183

Cependant, d'autres caractères n'offrent pas la même transparence qu'un nom propre. Certains diraient, quel lien est fait entre le caractère de Paul et son nom ? Cependant, cette relation existe et n'est pas arbitraire. Peu de temps après que l'ouragan ait détruit la plantation, le jeune homme, à la demande de Virginie, lui remet une médaille qu'il a prise à sa mère et qui agacera bien plus tard la défunte. :

Le portrait est une petite miniature représentant l'amour de l'ermite Paul Marguerite ; elle l'a porté longtemps autour du cou lorsqu'elle était enfant ; puis, quand elle est devenue mère, elle l'a mis à côté de l'enfant. Quelque peu similaire; cela l'a amenée à lui donner son nom et à en faire son Patronus, le saint qui a vécu sa vie loin des hommes, l'a maltraitée puis abandonnée.

Les critiques semblent ne prêter aucune attention particulière à ce passage. Cependant, il est crucial à bien des égards. Passons sur les aspects fantaisistes de ce sujet, qui trouvent leur origine dans les anciens schémas explicatifs de la médecine populaire. Notons toutefois que si cette similitude équivaut conventionnellement à une présomption de paternité, alors on peut voir ici un indice de paternité impaire. En maintenant le processus mal nourri de la dévotion maternelle, l'image du saint remplace celle du père biologique jusqu'à ce que le « fils » du saint soit complètement effacé, c'est-à-dire le fils surnaturel de l'entité spirituelle participant au monde divin, ainsi que l'intermédiaire, né de l'union des mortels, s'est manifesté comme le produit d'une conception parfaite qui l'a libéré de la contamination des formes ordinaires de la reproduction sexuée. L'origine tributaire de ce projet chrétien, qui est aussi en partie lié au caractère de Virginie de 20 ans, contribue à expliquer la comparaison persistante entre l'assimilation des deux enfants aux anges 21 et l'impossibilité d'un amour charnel entre eux qui les ferait partir

19. P.V., p. 137.

20. Comme dans le cas de Paul, on peut noter qu'en ce qui concerne Virginie, il y a une volonté d'éliminer le père biologique : M. de la Tour est mort avant de naître lors d'une expédition commerciale à Madagascar. Marguerite et Madame de la Tour sont enceintes à leur arrivée en Ile-de-France, et il semble important de garder le texte et l'espace hors de l'espace insulaire avant que l'histoire ne commence. - L'acte de fécondation qui ne doit pas affecter sa pureté. Au final, ces deux femmes abandonnées, « unies par un même besoin, par des maladies presque similaires, s'appellent affectueusement amies, compagnes et sœurs » (PV, pp. 87-88) forment un couple familial purement féminin. Un fantasme de maternité asexué, comme si le dédoublement de l'autorité de la mère compensait la disparition du père : « Mon amie, dit Madame de la Tour, chacune de nous aura deux enfants, chacune de nous aura deux mères » (ibid. ).

21. P. V., p. 92、96、137、203、221-223。

184 Histoire de la littérature française revisitée

Leur caractère de demi-dieu et leur besoin structurel d'une mort terrestre les ramèneront dans leur véritable demeure céleste à la fin du déroulement du roman.

Si, dans le cas de Paulo, le nom partage son pouvoir avec celui qui dérive de l'image du médaillon, parce qu'il sanctifie une parabole dans laquelle on peut lire l'index du père symbolique, mais il ne conserve pas l'efficace reconnue pouvoir, soutient Bernardin :

Les noms des enfants influencent souvent leur caractère, comme je l'ai dit ailleurs : il est donc très important qu'ils soient surnommés vertueux dès la naissance [...]. De plus, les noms ont plus d'influence sur les hommes qu'on ne le pense. C'est grâce à une bonne politique que la Rome moderne donne les noms de ses propres saints canonisés aux nouveau-nés et aux jours de l'année. Ces noms remuent la mémoire de chacun

Si l'identité du nom a façonné le caractère de Paulo dans son profil de mécène, il serait important d'en savoir plus sur ce dernier, dans les limites des informations biographiques dont dispose Bernardine. Ce dernier, cependant, dans le fragment autobiographique du Manuscrit 23 au Havre, raconte l'influence qu'il eut sur lui lorsqu'il avait une dizaine d'années, lorsqu'il lut un in-folio de Vies de saints, probablement emprunté à la bibliothèque de son père ; Dans cet ouvrage, des épisodes de la vie de l'ermite de São Paulo semblent l'avoir particulièrement marqué :

J'étais tellement content des articles que j'ai passé toute la soirée à les lire. Enfin, un beau jour, j'ai voulu devenir un saint, persuadé que, comme un autre saint Paul, Dieu m'enverrait un corbeau pour me nourrir dans la brousse.

Le même thème hagiographique est plus présent dans les harmonies, et sous la forme d'une véritable anecdote, suivant précisément le développement du nom mentionné ci-dessus :

Comme ces noms et ces exemples encouragent les jeunes à se retirer dans la solitude et à consacrer leur vie à la charité, croyant qu'ainsi ils vivront une vie plus agréable et plus respectable à Dieu ! Moi-même, dans ma jeunesse, nourri de ces lectures et abusé par mes professeurs, j'ai décidé un beau matin de vivre seul à la campagne, ne me fiant qu'à Dieu, qui mangerait dans le désert comme Paul l'ermite. déjeuner; Je vivais de navets crus et de mûres et de ronces, content d'entendre chanter les oiseaux et libres comme ils étaient, je me préparais à passer la nuit sous les arbres, confiant ma nourriture à la Providence, quand elle m'envoya, n'était-ce pas le corbeau, mais ma bonne Marie

22. Harmonies, Livre VI, O.C, tome X, p. 24.

23. Cité dans D. Tahhan-Bittar, op. cit. Citation, p. 11.

BERNARDIN DE SAINT-PIERRE ET LA VIE DES SAINTS 185

Talbot Cette croyance en Dieu m'a donc réconforté dans d'innombrables circonstances malheureuses : je n'ai pas été nourri par des oiseaux, mais Dieu a utilisé des moyens plus miraculeux.

Il est apparemment impossible de déterminer laquelle des nombreuses éditions de l'hagiographie en usage à l'époque aurait pu alimenter ces rêveries d'enfance ; c'est l'édition in-folio qui n'aurait qu'une exactitude illusoire, car ce document hagiographique est presque toujours utilisé dans ce format. Par ailleurs, sans prétendre à l'exhaustivité, nous avons synthétisé les informations générées par plusieurs ouvrages pour lesquels, compte tenu des dates de parution, Bernardin a pu être consulté25.

La vie de ce saint (São Paulo Eremita ou São Paulo de Tebas) est racontée par São Jerónimo dans un récit aux éléments romantiques ou mythologiques, dont toutes les versions s'inspirent. Fuyant la persécution de Decius et vivant reclus dans le désert jusqu'à sa mort, l'ermite São Paulo est considéré comme le premier ermite d'Égypte. Comme le Robinson Crusoé dont le jeune Bernardin se passionnait autrefois, l'histoire de saint Jérôme tourne autour des thèmes de la solitude et du refuge. Isolé du monde, l'ermitage apparaît comme un lieu clos d'illumination, inaccessible au monde ; on entre, emprunte « une caverne au pied de la montagne, dont l'entrée est barrée par une pierre »26, entre « dans le grand vestibule, qui a formé un vieux palmier avec ses branches, les prolongeant, et dans un autre , rien de plus qu'un ciel voûté »27 ; et même "une fontaine très belle, presque à la sortie de la source et disparaissant sous la terre"28, c'est un symbole de parfaite immanence. Beaucoup de ces éléments décoratifs se retrouvent dans la description du jardin par Paul et Virginie, à commencer par la fontaine, véritable centre sacré du domaine, qui a

24. Harmonies, vu, O.C, tomeX, p. 178.

25. Voici la liste :

- La fleur de vie des saints et les fêtes de l'année [...] Compilé en espagnol par le jésuite R.P. Ribadeira. Traduit par René Gautier et révisé par Du Val et Baudouin. Par la Compagnie des Imprimeurs, Paris, 1675 (folio).

- Vies de saints, tirées d'écrivains ecclésiastiques anciens et modernes. Auteur : S. I. de Blémur, RDSS, Lyon, Pierre Valfray, 1689 (4 folios).

- La vie des saints consiste pour nous en une histoire bien réelle et incertaine [...] Jean de Nully, Paris, 1704 [par Adrien Baillet], 4 folios.

- La vie des saints que nous représentons au cours de l'année, de François Giry, Edme Couterot, Paris, 1715 (2 folios).

26. A. Baillet, tl, p. 118-124.

27. IS de Blémur, 11, p. 66-69.

28. A. Baillet, supra.

186 Histoire de la littérature française revisitée

était nommé Repos de Virginie 29. Quant aux palmiers, qui sont associés dans la tradition iconographique au culte de l'ermite São Paulo 30 , on sait que deux cocotiers ont été plantés chez Bernardin, « englobant tous les registres des deux familles ; l'un appelé l'arbre de Paul, l'autre de Virginie Un thème d'enclos et de refuge avec l'organisation spatiale présidant aux concessions Paul et Virginie Pertaining, retranchées derrière leurs montagnes infranchissables, et exprimées dans la fiction comme un terme commun pour enclos, enclos, bassin, ou creux.

Mais, on l'a vu, les rêves d'enfance du jeune Bernardino portaient sur un autre point, le miracle répété chaque jour depuis soixante ans, celui du corbeau apportant à temps du pain à l'ermite, dont parlent toutes les versions hagiographiques. Cette aide de la Providence vient juste après la générosité tout aussi merveilleuse de la nature, car jusqu'à l'âge de cinquante-trois ans, la sainte reçut d'elle de la nourriture et des vêtements :

En effet, il y est resté, s'est paré de palmes, en a mangé les fruits et a bu à cette source : depuis lors, il vit en ce lieu, complètement isolé des hommes, mais avec un grand réconfort et la faveur de Dieu 32.

Il est évident que la nature et la Providence sont loin d'être opposées, car chez Paul et Virginie elles s'identifient mutuellement, que la bonté de la nature n'est rien d'autre que le porteur privilégié de la bonté divine pour l'homme en tant que destinataire, contrairement à l'ultimatiste. L'optimisme reste conforme à Nature Search. Instrument de providence intérieure, la nature comblera le désir des enfants de se perdre dans la forêt au retour d'une expédition au Rio Negro ; Virginie a tout de suite soif, comme par magie soudaine ("Dès qu'elle a dit ces mots, ils ont entendu le bruit de l'eau de source...") le réconfort de l'eau fraîche, du cresson et du chou palmiste 33 ; réalisant littéralement un vieux rêve d'enfance - être nourri par Dieu dans le désert - le corbeau de saint Paul de Thèbes en est la version mythique, probablement le point de départ

29. P. V., p. 116-118。

30. Zie D.H. Farmer, The Oxford Dictionary of the Saints, Clarendon Press, Oxford, 1978, p. 12. 317.

31. P. V., p. 117.

32. Rivadeneira, p.113-115.

33. P. V., p. 98-99.

BERNARDIN DE SAINT-PIERRE ET LA VIE DES SAINTS 187

A l'expérience, le mythe de la générosité inépuisable et inépuisable de la nature, dont saint Paul l'ermite est le symbole, s'avère n'être qu'un mythe, dans lequel il ne faut sans doute voir qu'un grand abîme. est-ce qu'il réorganiserait le monde à partir de la réalité concrète vécue, de la rêverie romantique ; le voyage en Ile-de-France le souligne, là où Paul et Virginie semblent avoir pris des lignes complètement opposées :

Longtemps j'ai cru, d'après des rapports, que ce sauvage ne pouvait vivre que dans la forêt. Je n'en ai pas trouvé de bons parmi les fruits du 34 Ile-de-France.

Bernardin conclut : « L'homme a été fait pour la société et ne peut s'en passer »35 ; l'histoire du romancier apporte une contradiction compensatoire indispensable à l'intelligence décevante des adultes, tout comme le roman du roman L'Ile de France imaginaire renversait l'image décevante de l'île réelle.

Faut-il étendre l'interprétation hagiographique aux autres noms et protagonistes de Paul et Virginie ? La mère de Paul, Margaret, bien qu'elle ne soit pas nécessairement considérée comme une source fiable pour le personnage, est la seule à qui la comparaison semble pertinente. Il existe en effet des similitudes alarmantes entre les données biographiques de cette dernière et celle de sainte Marguerite de Cortone (1247-1297), l'une des saintes du calendrier portant son nom, la confesseuse du Tiers-Ordre de saint François, le 22 février. D'après les données biographiques dont nous disposons, nous pouvons les résumer ainsi : Fille d'une famille paysanne de Toscane, elle fut séduite par un chevalier de Montepulciano, avec qui elle eut un fils. Après la mort subite de son amant - meurtre selon certaines versions - elle se réfugie dans la maison de son père, mais est rejetée et excommuniée par sa famille. Elle se convertit, fut accueillie par deux dames charitables, mena une vie de pénitence et d'ascétisme, et fut acceptée dans le Tiers-Ordre de San Francisco, tandis que son fils devenait novice franciscain. La situation de Marguerite dans le roman est similaire à plusieurs égards :

Elle est née en Bretagne dans une humble famille paysanne, qu'elle aimait beaucoup, et elle aurait été heureuse si elle n'avait pas faiblement cru à l'amour d'un seigneur proche qui lui avait promis de l'épouser ; mais ce dernier satisfait sa passion. , l'aliène. , et a même refusé de l'assurer

34. Voyage en Ile-de-France, Carta XXVIII O.C, Vol. II, p. 276-277.

35. Ibidem, p. 278.

36. Informations tirées de A. Baillet et F. Giry (les autres hagiographies citées ne contiennent pas le titre de Ste Marguerite de Cortone), vérifiées et complétées dans Farmer, The Oxford Dictionary of Saints, p. 261.

188 Histoire de la littérature française revisitée

Il lui laissa l'entretien de l'enfant qu'elle portait. Alors elle décide de quitter pour toujours le village où elle est née et de cacher ses erreurs dans une lointaine colonie de son pays, où elle perd la seule dot, son honneur, d'une pauvre et honnête fille.

Naissance paysanne, séduction par les nobles, naissance d'enfants illégitimes, exclusion des communautés villageoises et des familles, conversion d'une vie bénigne à une vie de pénitence aux confins du monde, de nombreux facteurs se conjuguent. En l'absence de preuves concluantes, le manuscrit de Paul Virginia se présente du moins assez clairement pour préserver l'influence du modèle biographique : dans le premier état du texte, Margarida n'a pas été abandonnée par son séducteur, mais « a eu le malheur de perdre son amant avant il la reconnut comme son épouse, et assura le sort de son "fils" nouveau-né 38, selon des scènes de la vie de la sainte. La tradition attribuée au fils illégitime du saint a permis de manipuler l'intersection entre les deux séries hagiographiques et les révisions ultérieures du texte, insistant sur le fait que l'irresponsabilité du fidalgo, un libertin sans conscience, équivalait à elle-même à la dévaluation de l'hagiographie La figure du père, avant de disparaître du roman, est propice à la connexion de la relation spirituelle père-fils. Comme nous l'avons vu, le médaillon que Saint du jeune Paulo, fils et vicaire du saint de la du même nom, alors que sa mère était l'humble paysanne, sa mère était un miracle conjugal, une revanche plus dramatique pour une jeune femme séduite et humiliée que le destin de la pénitente italienne, qui fut peut-être son modèle.

Parmi les traces plus ou moins reconnaissables de récits biographiques dans les textes de Paul et Virginie, il peut s'agir non seulement des sources précises de personnages ou d'intrigues, mais aussi du "roman de famille de Bernardin, héritage de la rêverie de l'enfance blanche". Het werk van het volwassen leven: beelden van het moederschap promoten, controversiële of verbannen biologische ouders kleineren, fantaseren over prestigieuze en zelfs bovennatuurlijke ouder-kindrelaties, regressieve dromen van leven aan de rand van de menselijke samenleving onder dezelfde koesterende aard en bescherming van God, des gens . les symptômes de la situation œdipienne classique se retrouveront ici sans difficulté, libérés dans leur formulation par la distance permise par l'expression romanesque.

Jean Michel Laco.

37. P. V., p. 82.

38. Marie-Thérèse Veyrenc, op.cit. Citation, p. 84.

inscription romaine femme

Au XIXe siècle:

cas de fiction

sous la Monarchie de Juillet

Un personnage dominait toute la fiction du XIXe siècle, la femme, objet de description, d'analyse, d'adoration et de damnation, l'idole de louange ou de reproche, la Vierge Marie, Ève et le Diable tour à tour, et le Sphinx qui nous invite sans cesse à déchiffrer. vivre dans ce mythe de la femme, qui s'est créé et répandu au XIXe siècle, ainsi que de nouvelles façons de vivre ensemble et de communication démocratique.

De Stendhal à Flaubert, de Balzac à Zola, ce roman est indissociable de la construction des images féminines, de l'attention à l'intrigue, du pivot de l'intrigue, de la recherche incessante de l'image, de l'infinie variété des personnages et de la réinvention du genre. . .

Une grande partie de la fiction du XIXe siècle a été publiée en feuilleton dans les quotidiens (depuis 1836), ce qui a attiré un public plus large. On sait que ni Balzac ni G. Sand ne se sont donné la peine de présenter ainsi son œuvre au public. Ils ont eu un certain succès dans ce format. Mais plus attendus et plus lus sont les longs romans de Dumas et Sue, Sulière et Fevar. C'est dans ces récits de plus d'une génération, dont certains ne nous ont pas encore fascinés, que l'on tente de découvrir ce qui se cache derrière ces figures féminines multiples et apparemment contradictoires : prostituées, aventurières et femmes fatales, telle Senhora do Três Mousquetaires 1 , esclave et reine, comme Haidee de Monte-Cristo 2 , vierge et prostituée des séraphins,

1. Les Trois Mousquetaires parurent pour la première fois dans Le Siècle en 1844 puis en librairie.

2. Le Comte de Monte Cristo apparaît dans le Journal des Débats (1844-1846) et en librairie.

R.H.L.F., 1986, n° 2, p. 189-206.

190 Histoire de la littérature française revisitée

Comme la fleur mystérieuse de Paris 71. Car dans ces romans, dans leur complémentarité et leur incompatibilité, l'idéologie et l'imaginaire d'une époque s'opposent, créant un terrain commun accepté de croyance et de fantasme. "Les Trois Mousquetaires" de Dumas ou "Le Comte de Monte-Cristo", "Matilde"4, "Le Secret de Paris"5 ou "Le Juif Errant"5 de Sue, "Le Comte de Monrion" de Soulier Works as Madame 6 ont eu beaucoup de succès sous la Monarchie de Juillet. soutien du grand public. Quel genre de foi y a-t-il à offrir, quel genre de rêve commun pour les femmes ?

Type social et figure romanesque

Dans la construction idéologique et mythologique de la figure féminine, toute influence décisive de la société est niée : en quoi la petite bourgeoisie Constance Bonacieux diffère-t-elle des Trois Mousquetaires de la reine Anne d'Autriche (dont Say est toujours le bâton du mousquetaire) ? Ou Haidee, la princesse grecque, esclave de Monte Cristo, esclave de Flor de Maria, fille du prince Rodolfo et prostituée ? La bourgeoisie Julie Torre, de la comtesse de Monriot, destinée à épouser successivement le chaste amant de deux nobles, de la noble Mathilde dans le roman de Sue ?

Il est indéniable que quelqu'un peut remarquer un changement dans ses aventures et sa fortune en raison de sa position dans l'action, mais en aucun cas une différence en raison de son origine sociale. Aristocrates, bourgeoises ou ouvrières, les femmes des séries sont toujours les mêmes. En effet, la figure féminine est modelée selon les exigences du fantasme et non de la représentation sociologique.

La fiction sérielle n'est pas entièrement dépourvue de représentation sociale. C'est juste secondaire là-bas, jeté à l'arrière-plan de l'action. Elle nous est généralement donnée à travers les attributs du personnage féminin principal, les attachements à l'action, ou la description d'un certain nombre de personnages faibles dans l'action mais capables de peindre le tableau de la société. Ou le contexte socio-historique dans lequel le drame va se dérouler (pensez, par exemple, au groupe foisonnant de personnages secondaires dans Mystery of Paris). l'espace aussi

3. Le mystère de Paris, E. Sue, paru dans le Journal des Débats et dans la Librairie 1842-1843.

4. Mathilde, E. Sue, dans La Presse (partiellement supprimée) et à la librairie, 1840-1841.

5. Judeu Errante, E. Sue, in Le Constitutionnel en Bookshop, 1844-1845.

6. La Comtesse de Monrion, roman en deux parties, publié dans La Presse en 1845-1846 et en librairie en 1846.

Inscription romaine sur femme du 19ème siècle

Tous les romans de bande dessinée véhiculent un message idéologique à peu près identique.

Les femmes ne travaillent pas dans les milieux aristocratiques ou bourgeois auxquels appartiennent habituellement nos héroïnes de fiction. Tout au plus ont-elles une activité artistique, privée bien sûr, et si elles décident d'en vivre, le scandale sera énorme, il faut qu'elles dégénèrent dans leurs origines sociales et renoncent à leur nature de femmes pour l'envisager, comme Eugénie Danglars Monte Cristo Condes, ou les Carmélites des Mohicans du 7e arrondissement de Paris, pour qui l'art était la porte d'entrée de la religion : dans Le Comte de Monte-Cristo, Eugénie Danglars, déguisée en homme, s'enfuit avec sa petite amie Louise d'Armilly pour gagner un vivant comme artiste en Italie, mais a été découvert et ridiculisé par la foule. Cependant, elle n'a pris cette décision qu'après avoir été socialement discréditée pour son mariage avec un criminel déguisé en prince italien. Eugénie n'est que la fille d'un parvenu. Dans Les Mohicans de Paris (alors Salvators), l'héroïne bourgeoise, Karmelietes, devient chanteuse ; elle est impuissante contre son séducteur : elle se donne à lui, et il l'abandonne ; elle tente de se suicider, mais survit au suicide de son protecteur avec le sien. Par conséquent, elle a fait vœu de célibat par pénitence et mort vivante. Son destin fut extraordinaire.

Une autre activité sociale permet à notre héroïne en série : la charité. Pendant leur temps libre, ils peuvent se livrer entre bals et réceptions, comme Clemens de Javier dans Mystères de Paris, qui a encouragé le prince Rodolphe à visiter les greniers et les prisons pour la distraire de l'attention des désirs insatisfaits. Par ailleurs, de nombreux traités de médecine de la première moitié du XIXe siècle recommandaient la bienveillance comme pratique récréative. Souvent associée aux visions chrétiennes de la rédemption et de l'expiation : la visite à l'hôpital de Clémence d'Harville expie donc aussi sa tentative de se distraire de son amour impossible en commettant l'adultère

7. Les Mohicans de Paris, A. Dumas, parurent en feuilletons puis en librairie en 1854-1855.

8. Le Salvator Mundi de Dumas est apparu dans des feuilletons et des librairies après Les Mohicans à Paris.

9. Voir le livre de Y à ce sujet. Knibiehler et C. Fouquet, La femme et les médecins, Paris, 1983, pp. 153-154.

192 Histoire de la littérature française revisitée

Prince Rodolphe. De même, dans Création et Rédemption d'Alexandre Dumas10, le protagoniste Jacques Meret force la femme qu'il aime, Eva (qui croit qu'il est mort et s'est donnée à quelqu'un d'autre) à prendre soin d'un établissement psychiatrique et, espérons-le, à devenir religieuse. Mais au terme de l'expiation qui purifie Eve par la douleur et l'abandon volontaire, le mariage l'attend.

Autour de ces héroïnes aristocratiques ou bourgeoises, il y a tout un monde de personnages secondaires dont elles dépendent. De plus, les professions féminines les plus fréquemment rencontrées sont les domestiques, les serveuses, les femmes de ménage, les commerçantes, les ouvrières de sous-vêtements (principalement les femmes de chambre); plus la classe sociale est basse, plus les femmes apparaissent indépendantes dans leurs activités : si un commerçant n'est le plus souvent qu'une aide, alors la bonne ou la bonne est relativement autonome. Mais cette autonomie est un signe de faiblesse, pas de force. Elle naît de l'absence ou de la défaillance d'un protecteur, exposant la femme à tous les dangers de la tentation.

Lorsque les romanciers se donnaient pour ultime tâche « d'atteindre le cercle populaire » et de le décrire, cet ensemble de situations ne s'est guère enrichi ni varié, comme Sue dans « Paris Mystery » ou « Jouyve Wandering ». 11 dans Le Mystère de Londres des Mohicans de Paris. Tout au plus voit-on quelques personnages de l'hôtesse, du portier ou de l'aubergiste. Le développement industriel en est encore à ses balbutiements. les usines ou les ouvriers apparaissent rarement

Que ce soit dans la fiction ou dans la société du XIXe siècle, il a toujours fallu que les femmes aient un emploi. Le roman nous montre que le mariage est une promotion qui permet à une femme d'arrêter de poursuivre une carrière pour vivre, de se réfugier dans une vie privée qu'elle tient pour acquise, et parfois même de devenir l'assistante de son mari. dans. L'idéal qui en résulte est, en fait, celui de la femme au foyer qui abandonne la sphère publique aux hommes et se réfugie dans la sphère privée, où se révèle enfin tout le potentiel de son essence.

10. Creation and Redemption, écrit en 1867 et publié en 1872 sous le titre Doctor Who and The Marquis' Daughter. Bien que ce roman soit postérieur à la période qui nous intéresse, comme les Mohicans parisiens et le Salvator Mundi cités plus haut, son esthétique n'est pas très différente de celles des prédécesseurs de Dumas, du moins sur les aspects qui nous intéressent.

11. Les Mystères de Londres parurent dans Le Courrier français et librairie en 1844.

Inscription romaine sur une femme, 193e siècle

Féminité, désir et force.

En explorant le rôle de l'héroïne dans l'action et les contradictions qu'elle peut représenter, nous comprendrons ce qui définit la féminité et ce qui est en jeu dans cette définition.

A première vue, nos héroïnes se divisent clairement en deux groupes opposés : la femme fatale, possédée d'une étrange fascination, active et persécutrice ; la femme angélique idéale, l'objet passif de persécution, la pure inspiratrice d'amour.

Dans La Comtesse de Monrion, par exemple, l'innocente Julie et l'infâme mais séduisante Leona sont aux antipodes :

Julie était un rêve de beauté : grande, svelte, souple, avec la majesté d'une reine et la grâce d'une fée. Son visage a ce dessin émoussé qui n'est souvent qu'un beau masque pour le vide de l'esprit et l'indifférence de l'âme. Contrairement à Julie, avec ses pensées sur son front, ses yeux brillants de passion, son esprit illuminé par un sourire : c'est un ange, pas seulement un ange, c'est une femme belle et charmante.

Devant Julie se trouve le portrait de la Vierge peint par le peintre Amabou, qui est Léona :

N'est-elle pas aussi une beauté saisissante, avec des cheveux ambrés chauds et des yeux pleins d'entrain et de feu ? N'est-ce pas un modèle admirable à partir duquel il a conçu l'imposant Phryné 13 ?

La première partie du roman nous raconte comment l'amante de Gustave de Monrillon, la séduisante prostituée Leona, se venge d'un mystère monté par le violeur Charles Torrey avec la permission de son (plutôt cruel pour être honnête) maître, Amab, le peintre : elle piège Charles Torrey et le torture à sa guise. Pendant ce temps, elle a séduit Amab et l'a divorcée de son fiancé, la sœur de Charles, Julie Torrey. De plus, pour que son amant Gustave de Monrion tombe également amoureux de Julie Thoré, elle le convainc de sa honte et lui tend un piège dans lequel Julie doit perdre sa réputation, sa virginité et peut-être sa vie. Au dernier moment, Julie est miraculeusement sauvée, son innocence reconnue, et Gustave de Morrion l'épouse avant de mourir pour cacher son honneur. Quant à Léona, elle a épousé Amab, ce qui a été la pire vengeance qu'elle ait prise sur lui.

Dans la seconde partie on rencontre Julie, la veuve et vierge, centre de tous les désirs : celui du peintre Amab, sans espoir, la tyrannie de Léona lui fait comprendre tout ce qu'il a perdu à la guerre

12. Veja La Comtesse de Monrion, t.1, La Lionne, Paris, 1852, p. 3.

13. Ibidem, p. 35.

194 Histoire de la littérature française revisitée

Juliette. Il tomba dans la servitude, comme Hercule aux pieds de l'Omphale ; L'oncle de Gustave de Monriot, l'incestueux duc de Montale, censé être le protecteur de Julie, prend le rôle. Le jeu d'acteur est mauvais; le neveu du duc, Hector de Montale, est intéressé et convoite l'héritage de Julie du vieux Montale; Léona devient la poursuivante de Julie, mais est farouchement combattue par Montéclain. Après de nombreuses péripéties, Julie sera à nouveau injustement insultée et rejetée par la société (cette veuve vierge sera soupçonnée d'une relation adultère et d'une naissance secrète), abandonnée par le Duc de Montaulu, mais sauvée et restaurée par Monteclan, Vertu Victorieuse. Le mal est puni : Julie épouse Montclair, à qui elle apporte amour, richesse et pouvoir politique, soutenue par le duc de Montale. Leona est morte en réalisant sa propre impuissance. Amab part en Algérie pour se refaire une santé morale (cela se passe en 184...).

Le roman nous raconte donc la conquête du pouvoir par un héros masculin, dont les symboles (souvent des outils) sont l'amour et sa propriété de femme. Dans Les Trois Mousquetaires, la figure d'Anne d'Autriche aime aussi l'action : Buckingham joue pour elle, les mousquetaires jouent pour elle, et le relais de ces désirs est Constance Bonacieux (était la reine) d'Artagnan, la duchesse de Chevreuse (Amie de la Reine) à Aramis et tous (mais sous la forme inverse de haine et d'opposition) à Mylady, la redoutable aventurière. Tous les grands romans en série de cette période sont similaires à bien des égards. Les femmes sont des épingles à désir et des outils électriques, les épingles à désir sont des outils électriques.

Même lorsque le roman se concentre sur une figure féminine, comme c'est le cas avec La Comtesse de Monrion, c'est toujours le désir de l'homme en question qui anime l'action : Julie est toujours passive. Elle aime Montclair, mais c'est à lui de la sauver et de la séduire. son désir, contraire à celui d'Hector de Montale, et par lui, contraire à celui de Leona, incite à l'action. Dans la mesure où il apparaît dans le roman, le désir de recevoir de la femme est même de rechercher la soumission. Le désir de l'homme se manifeste dans le choix d'un objet de conquête : cet objet passif, pur miroir gravé d'une puissance héroïque, est l'héroïne active. La femme fatale n'est que l'opposé fantomatique de ce substitut narcissique. C'est la substitution agressive, irréductible, qui envoie l'homme à la souffrance de l'Autre, qui est sa mort.

Inscription romaine féminine du 195ème siècle

Épouse idéale ou mère porteuse narcissique. passivité

La femme idéale ne se définit pas par ses actions, mais par l'effet qu'elle a sur les autres. Il n'agit pas, il est, il est, parce qu'il est perçu ; elle n'existe, pour ainsi dire, que dans le regard du héros, comme métaphore de son désir.

Le roman Mathilde de Sue en fournit un exemple frappant : dans ce roman, l'héroïne Mathilde écrit son histoire comme s'il s'agissait de la Confession et Défense de Roshguni pour son amie choisie. Le début du roman l'établit comme le lecteur de tout le manuscrit de Mathilde, qui n'existe que parce qu'il a été lu par Roshguni.

L'existence de la figure féminine est ainsi suspendue, faisant de la beauté une exigence fondamentale ; en fait, elle ne fait que justifier l'intrusion de la figure féminine comme objet de désir sur la scène fictionnelle. Les termes décrivant cette beauté sont souvent encore rigides et vagues : après tout, ils ne représentent rien d'autre que la conformité du caractère féminin aux normes acceptées de la beauté féminine, qui varient d'âge en âge et que le lecteur peut attribuer à sa guise ; est la seule fonction. Cela signifie que les personnages peuvent méditer et approcher le souhait. Si les traits de beauté masculins sont arrangés pour indiquer le pouvoir et la domination, les traits de beauté féminins ne suggèrent que le désir. Par exemple, comparez la description de Féval du héros Rio Santo dans The London Mystery :

C'est un homme grand et héroïque. Son visage, aux traits délicats, délicats, avait cette expression calme surhumaine que l'on admire dans certains visages italiens. Il est beau, beau peintre, roi, dieu !

Suzanne, dans le même roman :

Cette fille gagnait beaucoup d'argent sans rien faire, à une époque où les artistes étaient des princes et leurs modèles se mesuraient en or. Elle est incroyablement belle. grandiose de profil, elle garde une grâce sous-jacente mais raffinée dans son dynamisme hautain, ajoutant une fière perfection à son visage, comme son noble socle trahit le courage de l'image 15 .

Mais pour la femme idéale, la séduction vient de la nature, pas du design. L'activité lubrique d'une femme est toujours synonyme de danger. Par exemple, dans La Comtesse de Monrion (première partie), Amab est tiraillé entre l'héroïne agressive Julie, qui se laisse aimer (« Il

14. Les Mystères de Londres, par P. Féval, éd. Néo, Paris, 1978, 11, p. 57.

15. Ibidem, p.13-14.

196 Histoire de la littérature française revisitée

En regardant Julie, il l'admire, et à cause de son admiration, il croit enfin qu'il est vraiment amoureux d'elle. ') et Leona, la femme fatale ("Mais quand il se retire de la bataille avec lui-même et jette les rênes autour du cou de ses rêves, ses instincts dépravés le transforment en Leona, en la pute folle, capricieuse, outrageante, 16. Léona séduit Amab par calcul, et en usant d'une tactique comme titre d'un des chapitres qui lui sont consacrés : « Provocation » Et en se laissant séduire, Amab s'égare.

La passivité de l'héroïne, assumée par sa performance active, est confirmée par la manière dont elle se représente dans le roman : l'héroïne accomplit peu d'action et ne peut se former qu'à travers le commentaire psychologique qui la capte. Agir "essentiellement" au lieu de "essentiellement". Le héros est défini par ses actions et leur impact sur le monde extérieur, tandis que l'héroïne est définie par ses sentiments et sa vie intérieure. La seule façon d'en être sûr est de comparer deux romans de Sue publiés dans La Presse, Arthur et Mathilde, côte à côte17 : Les deux sont des études psychologiques, la première avec le protagoniste, la seconde avec le protagoniste au centre et l'héroïne. Tous deux se présentent sous forme d'auto-analyse : héros, héroïne écrivent leurs histoires. Mais dans le premier cas, l'histoire est constituée d'aventures (et malheureuses) où le personnage du protagoniste le conduit, révélant le personnage : il est autodéterminé, et la psychanalyse se présente comme un « inventaire ». la psychanalyse révèle, et parfois explique, les réactions de Mathilde aux différents événements de persécution dont elle a été la cible, mais elle n'explique en rien l'action.

Le roman confirme ainsi l'image propagée par le discours idéologique en général et le discours médical en particulier : de la nature féminine instinctive, sensuelle, intérieure, imaginative (rêveuse, non créatrice). Cette description est basée sur des hypothèses biologiques pour justifier les rôles que la société attribue aux femmes. Pour Virey, éditeur de nombreux ouvrages médicaux et articles du Dictionnaire médical de Panckoucke, alors sorte de Bible (surtout pour les romanciers), l'infériorité anatomique et biologique des femmes leur imposait ainsi une activité de modération, une vie intérieure. Ce qui lui manquait en force, il le compensait en beauté. Sa faiblesse est l'élément tentation, comme la promesse de soumission, la demande de protection.

16. Léon, éd. Citation, page 110.

17. Arthur parut dans La Presse en 1838-1839 et Mathilde en 1840-1841.

Inscription romaine féminine du 197ème siècle

Son amour est le fruit du besoin, l'amour de l'homme est le fruit de l'excès. La femme est plus déterminée sexuellement que l'homme car elle est plus accro à la fonction reproductrice que l'homme : Les descriptions psychologiques de la femme portent également sur sa sensibilité, la richesse de ses sensations et son retard mental (son incapacité à concentrer la force). Sa sensibilité la destine à dominer l'ordre des sens, mais elle peut aussi la conduire aux excès de la passion.

De nombreux romanciers se sont inspirés de cette description psychologique, qui justifie la subordination des femmes aux hommes. Intuitives, instinctives, passionnées, sensibles, artistiques, imaginatives, les femmes sont vulnérables, pudiques, réservées, victimes potentielles de maladies névrotiques. Elle est pleine de douceur, d'obéissance et d'attente.

Cependant, cette représentation ne s'inscrit pas parfaitement dans le projet de la romancière, qui s'exprime dans le roman à travers l'ambiguïté et la mutabilité de l'image féminine positive. Ces changements sont liés aux contradictions inhérentes à l'image du désir.

supprimer le désir

Dans les romans-feuilletons, le désir apparaît comme une force négative et destructrice qui porte en germe la mort. façon dont il se laisse séduire par Léona :

Quelques années lui suffisent pour percer cette nature impétueuse, tenace et exubérante. Elle avait réduit ses ambitions du sommet de la gloire à de simples spéculations. Elle a drainé son énergie, l'amenant à poursuivre la richesse et d'autres objectifs qu'il ne pourrait jamais atteindre. […] Elle a tout épuisé, tout desséché dans son esprit et dans son cœur.

La même femme idéale doit retenir, détourner, purifier et exorciser le désir. Le désir est alors métaphorisé dans un langage sensoriel qui remplace le langage des sens. La métaphore déplace l'expression du désir au niveau du ressenti, le langage de l'âme au lieu du langage du corps, exprime le désir et évite ainsi l'interdit et neutralise la résistance. Par exemple, un des amants de Julie de Monrion a dit d'elle : « Elle m'a appris l'amour qui respecte l'objet d'admiration »20.

18. Voir Dictionary of Medical Sciences, édité par C.L.F. Panckoucke, 1812-1822 (67 vol.), notamment l'article Femme (t XIV, p. 503-656).

19. Voir A Condessa de Monrion, II, Julie, Paris, 1856, p. 25.

20. Ibidem, p. 74.

198 Histoire de la littérature française revisitée

En tout cas, le rôle de la femme est de sublimer le désir et de retarder son accomplissement jusqu'à ce que le mariage le sanctifie (voir, par exemple, l'amour de Valentin de Villefort et de Maximilien Morel dans Le Comte de Monte-Cristo, notamment la section intitulée "Pyrame et Thisbé " 21 ) . Les femmes sont les gardiennes de la loi. Pour susciter le désir, c'est elle qui veut sauver la mise. En tant qu'objet de désir, elle est également considérée comme la première responsable des erreurs et des dangers qu'elles comportent. Ici aussi, le roman se déploie dans le discours médical : c'est ainsi que Virey nous présente la femme séductrice : elle se doit d'être pudique pour réprimer le désir de l'homme, sinon cela peut conduire à l'épuisement.

En conséquence, le roman populaire est encore pleinement imprégné de la vision chrétienne du péché. Cependant, il n'inclut pas le simple discours du désir refoulé. Le désir est une force destructrice et dangereuse et le seul motif d'action. L'intrigue de la fiction populaire est toujours l'histoire d'une bataille coupable entre le désir et la loi, qui se termine généralement par une confirmation rituelle de la réconciliation du désir et de la loi. Ainsi, sans combattre l'idéologie dominante, le roman permet à la fantaisie de s'exprimer et de trouver satisfaction dans son exécution.

accomplissement d'un souhait

La figure de la femme idéale – celle qui porte le désir à une fin heureuse – devient ainsi une figure paradoxale dans le roman feuilleton, support de l'ambivalence du désir : l'héroïne devra éprouver le désir, l'exprimer parfois contre la loi. pour vous sublimer, vous purifier avec anticipation et épreuves, et c'est seulement alors que vous pourrez le réaliser dans la Loi.

Chez certaines héroïnes actives, ce désir actif se manifeste par des traits qui les associent à la figure masculine : intervenir activement dans l'intrigue, jouir ou rechercher la domination, voire exercer le pouvoir, exprimer la passion. Tous ces traits, positifs et « naturels » dans la figure masculine, deviennent négatifs dans la figure féminine, signes de défauts et sources de malheur ; par exemple, la reine Marguerite de Navarre, en Alexandre Dumas dans la reine Marguerite 22, déjà figure royale, car enjeux (sœur du roi Henri III, qui le rapprocha de la famille royale française lorsqu'elle épousa Henri de Navarre) tente de la conquérir comme sujet ; elle a été activement impliquée dans le complot

21. Voir Le Comte de Monte-Cristo, Livre de poche, Paris, 1964, t II, p.200-211, passage. deux.

22. La Reine Margot de Dumas paraît dans La Presse (1844-1845) et en librairie.

Inscription romaine féminine du 199ème siècle

Politique contre, pour la conquête ou la protection des pouvoirs, Guise, Valois et Navarre. Elle possède également des connaissances sous diverses formes (poétique, médicale, linguistique) et est active en amour, choisissant ses amants en série et recherchant le plaisir, la sensualité et la domination. Toutes ces qualités font d'elle une héroïne extrêmement contradictoire qui apportera le malheur à son amant. En tant que dirigeante autonome, elle renverse les rôles, ne donnant aux hommes que le droit de se soumettre ; elle peut être l'objet de la convoitise, mais pas le pivot du pouvoir masculin, sauf en tant qu'assistante asexuée (elle sera son mari, par le roi Vala, avec qui elle a signé un contrat d'alliance, dont l'un des termes exige le divorce mutuel). tolérance des "affaires extraconjugales" le pouvoir du héros se réalise généralement sous la forme de la femme qui possède ses désirs, mais dans La Margot, l'assujettissement du pouvoir du roi politique de Navarre est séparé de l'intrigue amoureuse principale : l'amant héroïque Larmor, qui à distance renonce à son pouvoir, au lieu de le conquérir, le prend dans les bras de Marguerite, victime d'une intrigue politique meurtrière dont la mort est la conséquence inévitable du renversement tragique du rapport de force entre hommes et femmes.

Les autres héroïnes, en réalisant leurs désirs, ont enfreint la loi et doivent payer pour réparer leurs procès. En 1720, Mauricette Fauvel, fille d'Honoré Fauvel, conseiller au Conseil de Nantes, libère par amour Yves de Rosemadec, l'un des conspirateurs de la conspiration de Pontkalleg. , confia la garde à son père, qui avait été chargé par l'autorité royale de dénoncer les conspirateurs. Après cet acte de rébellion, elle a eu peur de la réaction de son père et s'est enfuie de chez elle. Il en résulte de multiples aventures à Paris et sur les grands axes, toutes plus désagréables les unes que les autres, qui réduisent Mauricette à une pute (statut, ou plutôt pose : Mauricette ne deviendra jamais vraiment une pute). Enfin, Mauricette voit son innocence reconnue, obtient le pardon de son père et épouse Rose Madeke.

Mathilde aussi qui, contre la volonté de son père, épousa Gontran de Lancry qu'elle aimait, pour se retrouver dans une suite ininterrompue de malheurs et de misères.

23. Le Mariage d'un autre monde, par M. Masson et le P. Thomas, Paris, 1848, paru pour la première fois dans la série La Presse du 28 octobre au 21 novembre 1845.

200 Aperçu de l'histoire de la littérature française

De là elle renaîtra pour épouser son protecteur Rochegune, représentant du « bon » père.

Comme le héros, l'héroïne doit expier ses péchés dans la souffrance, dans laquelle elle lave ses désirs pécheurs originels; Dire que la fin de l'épreuve coïncide avec le renoncement à toute autonomie, la reconnaissance de la puissance de l'homme bien-aimé, et en général seule son intercession peut provoquer cette fin heureuse (ainsi dans un autre mariage mondial c'est l'ultime intercession de Ross Madec qui sauve Morissette et le restaure tel qu'il était).

La culpabilité brute du désir cause des ennuis et de la douleur aux hommes et aux femmes. Mais la souffrance vaut aux hommes le droit d'agir et aux femmes le droit d'être protégées. Ainsi tous deux retrouvent leur "nature".

Si problématique est la définition du désir féminin : son activité est toujours dangereuse, mais elle est toujours acceptée si elle vise à la protection et considérée comme mortelle si elle est associée à la poursuite du pouvoir et autodestructrice. .

fille ou prison d'oedipe

Fascinée par la conquête masculine de Game of Thrones, l'image de la femme est indissociable de l'image de la fille. Le schéma œdipien court tout au long du roman populaire : le héros acquiert du pouvoir en se rebellant contre l'interdiction paternelle de ses désirs, mais s'il ne cède pas, il termine toujours sa position en prenant le pouvoir paternel. autorité. A part le père, il n'y a pas de modèle omnipotent : Monte Cristo, Rodolphe en sont les exemples les plus frappants. Mais la fiction sérielle propose des milliers d'autres romans. La figure féminine est aussi façonnée par les contradictions de cette lutte, prise entre les exigences d'un père qui veut qu'elle devienne vierge et d'un amant qui la veut comme amant (le père et l'amant, en tant que personnages, sont souvent confondus dans le même chiffre). rôle).

Ainsi, dans Amaury 24, l'héroïne Madeleine est élevée par son père, le docteur d'Avrigny, qui lui transmet son amour pour sa femme décédée, l'élève et la maintient en vie par des soins constants, car elle souffre d'une maladie pulmonaire. Les émotions fortes la tueront. Le médecin s'oppose donc à l'union de sa fille Madeleine avec son cousin Amaury, bien que les deux jeunes gens s'aiment II Interdit les romans, les danses, la musique et l'amour. mais amaury et madeleine

24. Amaury de Dumas a été publié dans La Presse en 1843-1844 et dans la Livraria en 1844.

Inscription romaine sur les femmes du 201e siècle

Madeleine brise l'interdit, et après une valse endiablée et un échange de baisers passionnés avec sa cousine, Madeleine meurt.

Dans Création et Rédemption, les figures du père et de l'amant sont réunies en un seul personnage, le docteur Jacques Meret. Il a trouvé une petite fille folle, l'a nommée Eve et, comme Dieu, lui a donné la vie et la sagesse. Quand Eve eut atteint toutes ses perfections de femme, au moment où il était passé de père à amant et avait l'intention d'en faire sa femme, ils se séparèrent, et Eva, le croyant mort, se donna à un autre, et dans le besoin elle le fera. devra payer un long et dur tribut avant de retourner au paradis dans les bras de Jacques Meret.

Dans "Paris Mystery", Marie-Fleur grandit sans la protection de son père. Elle a donc été envoyée très tôt dans la prostitution. Lorsque son père, l'archiduc Rodolphe, la trouva, il était trop tard. Et Fleur de Marie ne pourra jamais devenir l'épouse légale de son bien-aimé Prince Pierre, le sosie de Rodolphe et son tout-puissant héritier présomptif. Seule la mort peut résoudre le conflit pour elle.

Ces trois intrigues nous amènent à la même conclusion : la toute-puissance du père est donnée par la possession de la fille, ce qui implique l'interdiction du désir féminin. La jeune fille ne doit vouloir que la protection de son père : le rêve repose sur la possession d'une femme toute-puissante, sans danger de rapports sexuels.

Mais le roman exprime aussi le caractère inassouvi de ce vœu de différentes manières : la mort de Madeleine et de son père, l'ultime utopie du mariage de Jacques Meiret et Eve, la mort de Marie de Bleu. Certes, la fille devenue femme trouve pour elle l'amant devenu père (qui hérite de ses propriétés et de ses pouvoirs) ; mais le passage de l'un à l'autre suppose nécessairement la violation des interdits, la remise en cause des rôles et des pouvoirs.

Dès lors, cette périlleuse transformation de fille en épouse (accompagnée, on l'a vu, de fils-amant en père-époux) doit être bridée par tous les contrôles du système et tous les obstacles de l'idéologie. Entre 1799 et 1845, les médecins ont abondamment écrit sur l'éducation de la période difficile de l'adolescence, et ce n'est pas un hasard si, dans la société bourgeoise du XIXe siècle, la longue période entre la puberté et l'âge moyen du mariage25. Comment observer l'émergence de la "nature" féminine, la naissance du désir nécessaire pour l'homme futur

25. Voir Y. Knibiehler et C. Fouquet, op. cit. Citation, p. 140.

202 Histoire révisée de la littérature française

S'approprier les femmes, nier la liberté qu'apporte cette naissance, l'émancipation du patriarcat ? Donc tout un système de dames, d'excuses et de désirs différés - prouvés dans le discours médical, bien sûr, par des expressions de vulnérabilité féminine - jusqu'à ce que les filles puissent être dominées par une nouvelle figure paternelle : interdiction de tout ce qui fait appel à l'imagination, bal des finissants, romans , pièces de théâtre, musique, sports bienveillants étaient présentés comme des distractions du désir. Le tabou de la virginité peut être lié à cette histoire : la fille doit être vierge au moment du mariage si l'homme veut vaincre la toute-puissance du père qu'il possède.

Tour à tour, le roman, usant de représentations idéologiques, présente dans les multiples combinaisons de ses intrigues les conséquences de configurations idéologiques : obstacles, entraves, retards de désirs, posés là sous forme d'aventures. De plus, les filles violées et les femmes adultères étaient condamnées à la chasteté et/ou à mort : Fleur de Marie, violée et prostituée, ne pouvait épouser l'homme qu'elle aimait. Elle entra dans un couvent et y mourut. Andrée de Taverney a été violée, longtemps rejetée par l'homme qu'elle aimait, et a mené une vie recluse avec des désirs complètement refoulés. Vie 26. Madame de Ridgeville, la femme adultère, avec toutes les raisons d'être humaine et apparemment la bénédiction du narrateur, passe sa vie dans la chasteté après la mort de son amant et se retrouve dans un couvent car ses échecs passés ont en partie contribué à sa mort de sa fille 27. Ce n'est pas une responsabilité morale, mais il s'agit de la base du pouvoir masculin.

Mais la fiction nous montre aussi parfois les limites et les contradictions de l'idéologie. C'est particulièrement le cas des romans, alors qu'il y en a beaucoup dont les intrigues, ou du moins des parties d'entre elles, tournent autour de relations magnétiques, comme Joseph Balsamo de Dumas. Le protagoniste, Joseph Balsamo, aime son médium, Lorenza, à travers lequel il acquiert un pouvoir tout-puissant, car Lorenza peut volontiers lire ce qu'il veut lire, de Balsamo, sans l'obstacle du temps ou de la distance. Balsamo dispose de la volonté de Lorenza, il la met dans un sommeil magnétique à volonté, mais quand il la réveille, elle essaie de lui échapper; donc il la rattrape. Balsamo a épousé Lorenza, mais il la considérait comme sa fille. Il croit qu'elle ne sera plus vierge

26. Andrée de Taverney fut l'un des personnages principaux du roman Mémoires d'un docteur, de Dumas, publié entre 1846 et 1855. Quatre ouvrages furent publiés successivement : Joseph Balsamo (1846-1848), Le Collier de la Reine (1849- 1850 ), Ange Pitou (1851) et La Comtesse de Charny (1852-1855).

27. Mme de Richeville, amie et protectrice de l'héroïne dans Mathilde.

Inscriptions romaines sur les femmes du XIXe siècle 203

Soyez le voyant et vos propres pouvoirs seront détruits.Autant qu'il la désire, pour contrecarrer ce désir, il la réveille parfois du sommeil magnétique. Les hauts et les bas de leur relation (et donc de l'histoire) sont causés par l'alternance de veille et de sommeil de Lorenza, alors que Lorenza s'enfuit après son réveil et tente de détruire l'Invincible de Balsamo et de révéler ses secrets. Afin de maintenir son pouvoir, Balsamo est finalement confronté à un choix : devenir un père violent et poursuivre sa relation sadique avec Lorenza, ou devenir amant et abandonner son rêve de toute-puissance. Il a choisi le chemin qu'il voulait et est devenu l'amant de Lorenza. La conclusion de cette histoire particulièrement complexe est double et apparemment contradictoire. La première conclusion semble prouver le triomphe de Balsamo : contrairement à la prophétie de Balsamo, bien qu'elle ne soit plus vierge, Lorenza conserve sa vision ; en tant que fille d'une femme, elle garantit la toute-puissance de Balsamo. Le Créateur n'a plus rien à envier, puisqu'il possède toutes les formes de savoir et de pouvoir. Mais cette conclusion a été suivie d'une autre fin tragique: Lorenza a été définitivement plongée dans un sommeil magnétique, rendant les esclaves de Balsamo incapables d'agir de manière indépendante, et a été assassinée par Alsotas, le père spirituel de Balsamo, qui a dû acquérir le sang de la Vierge pour rétablir la santé. Rendez-vous éternel et croyez toujours que Lorenza est vierge : Lorenza est morte, Arzotas est mort et la toute-puissance de Balsamo s'effondre.

La relation magnétique s'exprime ici comme une tentative de s'approprier pleinement la femme, qui respecte le tabou de la virginité et évite les dangers du désir : le désir est investi dans l'apparence et le langage, exprimé symboliquement dans les gestes, vécu de manière intensément sadique. La forme de relations de pouvoir fantasmées aux couleurs folles, exploitant l'auto-suppression du désir masculin et la frustration du désir féminin.

Mais ce rêve d'hommes et de femmes prenant le pouvoir se solde par un échec qui aurait évité les dangers et les épreuves liés à la rupture des interdits du désir. Le désir doit toujours être affronté. Si l'usage du magnétisme est signe et facteur du pouvoir du héros sur les femmes (sur toutes les femmes) et donc de son pouvoir en valeur absolue, il ne peut échapper aux épreuves du désir et de l'échec à grandir. .

On voit à quel point la figure féminine du roman est attirée par le rêve de toute-puissance vécu dans le modèle de toute-puissance créatrice. Ce rêve et son échec (et parfois sa compensation utopique) sont documentés dans le roman : l'homme ne peut être pleinement Dieu, car il doit toujours admettre que sa création lui échappe.

204 Histoire révisée de la littérature française

femme fatale ou duo agressif

Si le désir chez la femme est bien caractérisé par la dépendance et la subordination, alors l'absence de désir chez la figure féminine est un signe négatif ; bien sûr, parce que la "nature" d'une femme est le miroir des désirs d'un homme.

C'est ce danger qui se manifeste dans la « femme fatale », l'héroïne feuilleton noire le plus souvent associée à l'image positive de la féminité par opposition à elle, tant au niveau de l'action qu'au niveau de la description. : Ainsi Léona et Julie dans La Comtesse de Monrion, Ursule et Mathilde dans Mathilde, Mylady et Constance dans Les Trois Mousquetaires, etc.

La femme fatale représente toutes les échappées à la sexualité incontrôlée, non sublimée et donc à la violence meurtrière (elle est aussi souvent évoquée par des figures animales : lion, tigre, vautour, serpent, oiseau de proie), c'est donc toujours le personnage qui apparaît comme un hors-la-loi : marginale, aventureuse, prostituée, qui inspire des passions intenses qui empêchent les hommes de contrôler leurs actes ; qui stimule vos désirs grâce à l'utilisation de techniques de séduction induites par magie. Sa fascination est irrésistible, son apparence fascine et fascine aussi bien les volontés masculines que féminines, et sa nature démoniaque est souvent évoquée, bien qu'elle ne soit jamais ouvertement énoncée par souci de « réalisme » : selon Léona, qui dit « une rébellion vive et surnaturelle avec des démons", le narrateur les décrit ailleurs selon ce paradigme :

Son visage était terne et pâle, et ses longs cheveux noirs bouclés faisaient ressortir son visage magnifiquement. Ses yeux brillaient d'un feu sombre et ses lèvres pâles tremblaient de mépris, lui donnant la majesté d'un ange déchu.

Elle a conquis le pouvoir des hommes, elle a conquis le pouvoir des hommes, et la nouvelle Circé les a réduits à des esclaves humiliants, et s'ils ne s'en débarrassent pas, cela se terminera par la mort. La perte de pouvoir, la mort, c'est ce que les hommes doivent payer pour les aspects répréhensibles de leur désir, mais la responsabilité première de la négligence incombe à la femme, avec sa volonté pervertie.

La passivité de la femme fatale, cependant, n'est pas qu'elle personnifie la violence destructrice du désir, mais plutôt l'inversion du rôle masculin/féminin joué par son image. En effet, la femme fatale a toutes les caractéristiques d'un protagoniste masculin : être proactive comme lui, lutter pour le pouvoir avec lui, prendre l'initiative d'attaquer, mener l'intrigue, utiliser tout.

28. Voir Julie, éd. Citation, p. 333 et 344-345.

Inscriptions romaines de femmes du XIXe siècle 205

arme masculine. Comme lui, elle a une séduction active. Elle s'habille souvent comme un homme et a l'air bien, elle est douée pour toutes sortes de déguisements, sait devenir soumise, chevauche comme une amazone, manie une épée ou un pistolet ainsi qu'un poignard ou un poison, et peut exercer toutes les formes de pouvoir ., y compris la politique.

Mais ce type d'activité, qui est positif chez le protagoniste masculin (la transformation de protecteur en persécuteur n'est qu'une fonction interne), devient négatif chez le protagoniste féminin, et on le voit toujours utilisé pour le mal. Car la raison du mal est simple, à savoir que les femmes sont au pouvoir. Elle joue le rôle masculin puis condamne le mâle pour avoir joué le rôle féminin : passif, soumis. Pour l'homme, la femme fatale incarne le cauchemar de l'Autre, qui n'est pas un miroir docile mais lui renvoie l'image de sa propre force, qui deviendra irréductiblement l'Autre, dans un monde différent et indépendant de lui. il existe et c'est pourquoi ils sont considérés comme des ennemis. Dès lors, la femme fatale est paradoxalement dépeinte comme un être sans désirs.

Le péché impardonnable d'une prostituée n'est pas tant de céder à des désirs charnels hors la loi que de ne pas aimer et de ne s'attacher à personne. On voit aussi que l'image de la courtisane rachetée par l'amour gagne en popularité dans la seconde moitié du siècle, à partir de la Monarchie de Juillet. Ce n'est pas une femme fatale. La femme fatale, la personne terrifiante, la personne repoussante, la courtisane "froide", est d'autant plus séduisante et dangereuse que personne ne peut la contrôler. Dans la description de la femme fatale, il y a toujours l'inverse entre l'extérieur et l'intérieur, mais la réalité est glaciale ; d'où le secret de la comtesse Sarah à Paris :

Celle-ci allie une beauté étourdissante, une rare aptitude aux talents les plus divers et une fascination encore plus dangereuse, car elle a une âme sèche et dure, un esprit rusé et pervers, une profonde dissimulation, un caractère têtu. Et absolument, elle collectionne tous les regards de générosité, de chaleur et de chaleur.

Votre organisation a menti physiquement, mais aussi moralement. Ses grands yeux noirs, maintenant brillants et languissants sous ses sourcils d'ébène, pouvaient imiter les flammes du plaisir ; l'amour brûlant, cependant, n'a jamais atteint sa poitrine froide; la femme rusée, égoïste et ambitieuse était cruelle Un calcul implacable, viscéral et sensuel, qui ne laisse aucune surprise.

Le désir de la femme fatale est aussi puissant que celui d'un homme, et un homme est une ressource pour elle.

29. Ver Le mystère de Paris, Ed Hallier, 1977, p.11, p. 217.

206 Histoire de la littérature française Révisions

Né pour être méchant : l'homme acquiert son pouvoir en possédant une femme, au mieux c'est le bon moyen de concilier amour et pouvoir ; la femme idéale aime aussi le protagoniste comme une femme devrait : elle veut qu'il la possède et la protège. Si le contraire était vrai, alors l'amour et le pouvoir montreraient leur incompatibilité : les hommes sont des esclaves, les femmes n'ont pas de désirs. Nous sommes dans le domaine du pouvoir pur.

L'image de la femme fatale exprime ainsi moins l'angoisse de l'homme du XIXe siècle confronté au sexe que sa peur de l'Autre, dont le rêve narcissique est réduit à l'unité pour éviter les relations sexuelles dans les relations sexuelles. Autre; la femme fatale est le cauchemar de l'autre irréductible, qui menace l'identité de l'homme (il est à noter que la femme fatale ne peut être vaincue que par sa mort : l'exécution de Milady à Mathilde, Ursul la mort de Léona, comtesse de Montlyons dans "La" Ce rêve, ce désir, la soumission de la femme à la volonté de l'homme, exprimé dans le cadre de l'idéologie, façonne sa représentation imaginaire dans le roman feuilleton.

Ainsi, pour tous ces romans, l'image de la femme se construit dans une différence à la fois affirmée et annulée. C'est bien sûr une distinction nécessaire, car en l'absence d'un dieu démocratique, l'homme doit enraciner son pouvoir dans la nature. Ainsi, la différence de nature des femmes sera plus prononcée, puisqu'il faut justifier leur subordination aux hommes, ce qui n'est pas exigé par la loi, mais nécessaire à l'idéologie bourgeoise, puisqu'elle est basée sur le patrimoine. on pense que le pouvoir aristocratique s'est établi.

Mais cette petite différence dans l'instauration du pouvoir masculin (patriarcal) dans la société civile ne favorise pas la reconnaissance réelle de l'autre dans son autonomie, car l'autre se réduit à un, car la femme devient le miroir docile de l'homme, un fantasque représentation qui nous est donnée dans la fiction populaire.

Cette réduction sincère de l'autre au même sous prétexte de différence ne peut jamais conduire la femme à devenir un être autonome et concret, ce qui permet au romancier de montrer à ses lecteurs le rapport rassurant d'un regard à l'autre, sans conflit ni concurrence : en effet, le seul enjeu est l'histoire des désirs intérieurs liés à la phase narcissique de la personnalité. La véritable confrontation avec les autres est évitée par le refus de l'autonomie féminine.

C'est le rôle de la femme dans la pulpe romantique, l'homme projetant les images de ses peurs et de ses désirs, le pivot à partir duquel il construit son pouvoir.

Liz Quaffleck.

(Video) Histoire de la Littérature Française, Introduction #1

fermé et ouvert

NRF Sorbonne pour la rénovation

et affronter le problème du classicisme

Chez les premiers membres de la Nouvelle Revue française et chez chacun de ses membres, les lignes de force des débats tumultueux et clivants du début du XXe siècle se croisent et parfois s'estompent. La critique ne donne jamais un aperçu complet de cette confusion émouvante et chaotique, mais seulement entrevoit, lorsque le hasard de la situation la place devant un épisode, un acteur ou un témoin de cette lutte. : C'était la bataille de Waterloo vue par un Fabrice qui ne savait pas quel uniforme militaire il portait. Les gens de la N.RF lorsqu'ils discutent des partisans de la tradition ou de l'innovation, de l'ordre ou de la vie, de la raison ou de la foi. Ne pas être en mesure de proposer une solution : leur personnalité est très réceptive, leur esprit est très enclin à répondre aux suggestions les plus diverses et à manifester les croyances les plus contradictoires à leur sujet. Peut-être indécis, leurs manières sont aussi honnêtes et vives. Avec une sincérité qui n'est pas toujours évidente, ils essaient de découvrir et de renforcer leurs propres tendances en répondant aux tentations ou aux provocations extérieures.

Institutions, personnalités ou valeurs officielles - tout ce que Claudel appelait le "système" français - sont provoqués, choqués, mais sans agressivité et sans institutions. Ni Gheon, quand il

L- Nous publions ici un extrait du chapitre intitulé "Le clos et l'ouvert", première étude d'August Ingels sur André Gide et premier groupe du nouvel opéra français Deuxième partie. C'est l'un des derniers chapitres consacrés à 1912 : Angus examine la position idéologique du groupe, soulignant leur attention particulière à la nouveauté, tout en critiquant les "Pères fondateurs" pour leur acceptation gratuite d'idées et de concepts plus conventionnels. Dans les extraits que nous publions, Angus examine la position de N.R.F. face au problème de la Néo-Sorbonne et au problème du classicisme. _ ■

R.H.L.F., 1986, n° 2, p. 207-219.

208 Histoire révisée de la littérature française

suggère que l'Académie de France a peut-être eu "un sens intérieur d'elle-même indigne" ou s'est résignée à n'attendre qu'un "nombre limité de surprises" de salons de peinture reconnus; Ses idées « les plus absurdes » sont « naturelles » ; et si Fargue fait rire les lecteurs aux dépens des artistes français et de La Nationale, il ne rêve pas de passer pour des escrocs. La moitié du marché reviendrait à des critiques universitaires et académiques comme Emile Faguet, qui connaissait Ghéon au XVIIIe siècle mais n'avait aucun dédain pour la gentillesse envers Vielé-Griffin 2 .

Il n'y a pas d'urgence à déchirer, même les stars de la mode avec toutes leurs griffes dehors. Copeau réfléchit un instant au commentaire ironique de l'actualité qui dégonflerait de quelques trous le ballon le plus frappant : les seules traces de son Projet 3 étaient les échos absurdes du montage de Maeterlinx et Rostanz. Lorsqu'il a rapporté un pamphlet de "trucs de stratégie littéraire", il a loué la justesse spirituelle de ses propos, mais plus important encore, il a aligné l'auteur pour "abus violent" et l'a dissuadé de "plaintes dépressives" aux "âmes rancunières". Corrections aux "marionnettes de mots" qui ne valent pas la peine de perdre trop de temps et d'énergie. C'est ce qu'il veut dire pour un « écrivain généreux » Gaston Thorne. et a apporté "l'élan inutile" pour relever le "défi" Paul Reboux a lancé la "Littérature jeunesse" au nom de "The Boulevard" et a prêché dans son infâme Against the Crusade dans l'esprit du peuple américain : Nous avons mieux à faire que participer à des « combats de fantômes simulés », mais découle d'une « différence fondamentale de moralité »5.

2. Souday a également reçu une mention honorable pour sa compréhension de Vielé-Griffin dans sa série Le Temps. 1912 ne mentionne pas la critique dramatique des débats par Henri Beedeau, mais c'est son ouverture d'esprit qui lui vaut sans doute l'admiration pour Marie de Saint Hellen.

3. N.R.F. n° 38, 1er février 1912. Review, p. 319-320.

4. N.R.F. 42, 1er juin 1912. Notes, p. 1088-1089, une introduction à l'étude des stratégies littéraires par Fernand Divoire (Sansot). Il était ami avec Alain-Fournier du quotidien parisien, qui le recommanda à Copeau.

5. N.R.F n° 48, 1er décembre. 1912. Commentaires, p.1107-1110 : « A la bataille ». Tel était le titre d'un article publié par la Revue Indépendante le 1er octobre, dans lequel Gaston Sauberbois résumait l'admiration de sa génération : « André Gide, Paul Claudel, Romain Roland, Rémy de Goumont, Suarez, Paul Ford, Han Leiner, Saint-Pol-Roux, J. H. Rosny,

"NRF" EN 1912 209

Pas quand lui et ses amis ont entendu Bumblebee déclarer Corneille "ennuyeux", Shakespeare "exagéré", Dante "terne", Tolstoï "confus" et Dostoïevski "obscur". , vaincue dans la solitude, devient l'objet d'humiliantes tentatives d'annexion : le rassemblement des imbéciles et des snobs leur est plus insupportable que la calomnie de la médiocrité, car ça passe. génie et médiocrité. Voir son éternel mari jeté à la sauce boulevard et ne lui répondre que poliment et modérément était un crime commis par Pierre de Ronks, et Copo ne lui pardonnait pas. Cette fois, l'homme, qui aurait aimé s'indigner de son "défi" sous une forme aussi vile, sauterait au premier prétexte pour éclaircir l'injure à Dostoïevski : "Mais les journalistes ont appris à ne plus se coller au sien pour tenir son nom « De son nom les nouveaux thurifères, hommes du monde ou hommes de lettres, parleront de lui comme ses détracteurs du passé parlaient de lui et ne le connaissaient pas. Ibsen a subi un sort similaire. Du consentement unanime, en l'acceptant, il est ENLEVÉ". Le même procédé a longtemps fonctionné avec Debussy, et cette "fausse frénésie" a commencé à "mordre l'œuvre de Claudel" dès la première heure sous la barbe des quelques vrais croyants ! La tentative de Schlumberger de séparer le snobisme de ses victimes n'était-elle pas une tentative de contrôler une campagne hyperactive d'irritation et de ressentiment ? » Pendant des années, il a été nécessaire de maintenir une foule confuse d'imbéciles autour de ces gens ; mais aucune phrase du Partage de midi n'en serait plus contaminée qu'une barre de Pelléas"6.

De la clameur ou des commérages mondains, on saute aux travaux et aux débats des savants : des bagarres éclatent autour de la « Nouvelle Sorbonne » et la N.R.F ne peut empêcher toutes les flambées. L'une des deux membres du tandem Agathon qui a défendu le latin chez lui contre "la fameuse réforme de 1902", qu'elle dit orchestrée par "quelques savants éminents"

Henri de Régnier, Charles Morice, Verhaeren, Paul Adam, etc. ■ ». Etrange combinaison ! - Copeau n'a pas pu s'empêcher de confier plusieurs films à Paul Reboux, Abel Bonnard et Sacha-Guitry. Ghéon demande sarcastiquement à propos de l'académie : « Avons-nous eu M. Aicard tourmente M. Brieux ?" Ou l'inverse ?"

6. Le N.R.F. laisse généralement entendre indirectement à ses lecteurs qu'il sympathise avec les défenseurs inconditionnels. Elle cite un essai du "sincère et fougueux" Louis Nazzi, qui décrit la critique comme une "police des mœurs littéraires" avec seulement "quelques sauvages loyaux, des obstinés et des solitaires jaloux" - citant même Brunetière comme exemple d'"un critique, sans style, bourré d'erreurs, mais attaché à l'intégrité de son savoir, peut-être un grand » (n° 38, 1er février 1912. Revues, pp. 315317 : « Current Considerations on Criticism », Comoedia, 3 janvier) .

Panorama de l'histoire de la littérature française (86e anniversaire) LXXXVI 13

210 Histoire de la littérature française revisitée

aux protestations des amis des Ingénieurs, de la Chambre de Commerce, de l'École Polytechnique et du Comité de la Forge, mais ils n'hésitaient pas à dire : « Nous avons surpassé nos maîtres germaniques dans cette érudition stupide, et il ne s'élève aucun sentiment ." Vettard, parlant du "procédé obsolète" utilisé par les disciples d'Emile Deschanel, déplore l'exact opposé : "C'est face à cet exercice académique qu'on s'étonne d'apprécier la culture actuelle de la Sorbonne" 8.

En tant qu'invités, les membres du groupe ne savaient plus où donner de la tête vers "le grand Michelet, notre seul poète-historien", Carlyle, qui soulignait son amour pour "le document vrai, entier, nu, "sans vantardise". , et le fils de Michelet, Elifort. Il tolérait que Morée erre librement parmi les poètes et félicitait les éditeurs de ne pas laisser "le soin de présenter les écrivains et les artistes du passé entièrement aux manuels, érudits et spécialistes" - ce qui ne l'empêchait pas de bien parler ou Il n'est pas question de recueillir « tout ce qui a été dit sur Stendhal »11 car le recueil de Pierre Villey et Fortunat Strowski Schlumberger s'en prend à « tous les efforts des historiens contemporains » qui n'ont fait que nous « déranger », mais note

7. NR.F. n° 44, 1er août 1912. Notes, pp. 360-364 : Henry Le Châtelier, Les Humanités et les Ingénieurs (pamphlet édité par l'Union des Cultures Fayad). Tard s'élève contre l'opposition entre « deux cultures » — ou, comme il le dit en plaisantant, le latin et la Tour Eiffel — et rappelle que le XVIIe siècle est aussi une grande époque scientifique. Étonnamment, Ghéon n'en a pas profité pour prouver à nouveau sa latinophobie : il s'est contenté de pointer sans commentaire les recherches approfondies d'Alexandre Mercereau sur le sujet.

8. Association non libre-échangiste. Non. 43, 1er juillet 1912. Notes, p.192-193 : Le réalisme romantique de Georges Pellissier (Hachette).

9. N.RF. n° 37, 1er janvier 1912. Commentaires : Olivier Cromwell, Ses Lettres, Ses Discours, Thomas Carlyle, tome 2, traduit par Edmond Barthélémy (Hôtel Mercure français), p. 125.

10.NR.F. N° 45, 1er septembre 1912. Commentaires, p.533-536 : "Le La Fontaine [...] de M. Edmond Pilon", dans la "Bibliothèque française", nouvellement créée par la Librairie Plon). - Non. 48, 1er décembre. 1912. Notes, pages 1093-1094 et 1094-1097 : "Deux nouveaux volumes dans les bibliothèques françaises. Sources de la pensée (XVIe siècle), texte commenté par M. Pierre Villey. Montesquieu, M. Strowski (Librairie Pion) Commentaire."

11. NRF n° 42, 1er juin 1912. Notes, page 1083 : Stendhal de Mercure de France et ses commentateurs.

"NRF" EN 1912 211

Attention à la « science avisée et prudente » dont fait preuve Anatole France dans son Histoire de Jeanne d'Arc. Michel Arnaud pense à deux études académiques de Goethe, qu'il veut lui-même éclairer d'une approche « plus audacieuse et moins scientifique », et il s'évertue à nous promettre les résultats à venir. Un autre ouvrage pousse l'effacement de la personnalité à l'extrême parce qu'il se veut un exemple de «critique impersonnelle» qui «aborde le même thème en comparant différentes évaluations». Drouin proteste contre ce "refus de choix", mais on peut imaginer la fureur de Péguy devant un tel cas s'il pensait que Goethe méritait le crédit de "Le Cahier" !

Valéry Larbaud est connu pour être à la pointe de ses décrets, pas pour sa constance. Il dénonce les critiques qui croient que G.K. Chesterton en tant que journaliste, leur disant qu '"il existe un journalisme meilleur, plus productif et plus durable que n'importe quel type de critique". critiquer l'auteur biographique en termes inappropriés : « Il ne semble pas se rendre compte que la biographie est une science, avec des méthodes et des lois, impliquant d'abord l'étude des documents biographiques, puis l'analyse critique et la classification de ces documents, et enfin un certain comparatif et don intuitif est requis du biographe". Cette fois, pas de doute : l'esprit de la « Nouvelle Sorbonne » a trouvé des adhérents dans la N.R.F.

Autour du « classicisme » se poursuit un débat sans fin, si imprécis qu'on n'en voit pas l'urgence. Les arguments improvisés dans le feu de l'action mettent l'accent sur des alternatives artificielles qui opposent « classicisme » à « romantisme », ou « traditionnel » à « avant-garde », ou « nationalisme » à « cosmopolitisme », mais les discussions s'enlisent dans ces confusions.

Notre secte serait plutôt sceptique à l'égard du "romantisme" et préférerait tout ce qui est considéré comme "classique", si elle ignorait cette absurdité manichéenne, si elle ne craignait pas d'être prise pour arriérée ou sectaire. Lisez un critique britannique qui a critiqué les lecteurs avec des "revendications arbitraires"

12. NR.F. n° 47, 1er novembre 1912. Notes, p. 937-939 et 939-940 : "L'évolution morale de Goethe. 1. Les années de formation libre (1749-1794), Henri Loiseau - "Le Faust de Goethe, Essai de critique impersonnelle", Ernest (sic) Lichtenberger (Alçan).

212 Histoire de la littérature française revisitée

Avec la froideur d'un sourd dogmatique qui « ne définissait pas les mots qu'il employait ni même ne donnait de raison », il se positionnait en défenseur du « classicisme » contre le « romantisme » et Valéry Rabeau ne put retenir son mécontentement. Quel est l'intérêt du jeu "classer tous les produits de l'esprit humain dans l'une des deux listes" ? Cependant, ses propres tendances sont indéniables. Il a été attristé de voir la "touche romantique" de la "série dark boating", une œuvre qu'il jugeait "excellente, fructueuse et saine". Selon lui, il va sans dire que le terme « classicisme » est « défini et universel », alors que le terme « romantisme » l'embarrasse par ses multiples acceptions « au temps et au pays » : Stendhal Cela ne prouve pas que les écrivains « naturellement appelés eux-mêmes romantiques, puisque tous les écrivains vraiment nouveaux de l'époque ont pris ce titre" ? S'il hésite devant les affirmations « dogmatiques, superficielles, irritantes » du sondage, sa mauvaise humeur vient du choc du décalage entre son jugement et ses principes admis : ils le traduisent avec moins d'arrogance, quand on considère les adversaires du romantisme, en au nom du classicisme, excusez-vous de la médiocrité13. » C'est ce que dirait Schlumberger d'un autre critique, un critique français qui a rejoint La Vie littéraire d'Anatole France : « Nous sommes sympathiques à presque tous vos principes et hostiles à presque tous leurs Une des fonctions de la N.R.F. Elle sera associée aux goûts d'une génération qui aime Verlaine - avec les noms proposés par Valéry Rabo - ou Monet, Laphrogue, Debussy, Maurice Denis, James - selon la liste proposée par Schlumberger 14, - ou les Impressionnistes, ou Florent Schmidt - rappelle deux cas traités dans la même veine par Ghéon

Il est utilisé pour les mises à jour ou les mises en page d'œuvres "classiques" et peut être obtenu par différents procédés. La plus éloignée de lui est celle utilisée par René Gillouin, qui se prétendait de France et de Maurras, mettant Moreas sur un piédestal,

13. FRN. n° 46, 1er octobre 1912. Note : English Literature (1880-1905), par J. M. Kennedy (Londres, Stephen Swift and Co), p. 714-715-716. - Larbaud ne semble pas se douter qu'il a rencontré les importateurs anglais des idées de Moras et Russell, s'étonnant de voir le christianisme qualifié de "démocratique et romantique" alors que l'Eglise catholique était considérée comme "aristocratique" (d'où le classique ?)" .

14.NRF. n° 45, 1er septembre 1912. Notes, pp. 513-533 : Essais de Raphaël Cor sur la sensibilité contemporaine.

"NRF" EN 1912 213

Raison avec une majuscule : C'était une démonstration, dans son cas isolé, de ces exercices de secourisme intellectuel que la jeune droite s'imposait pour oxygéner la Doctrine classique du pape. Legrand-Chabrier et parmi eux les ouvrages qui sortent du placard et éclairent l'inconnu ou l'incompris, appartiennent plutôt au genre de conversation des dames qui veulent se cultiver : de la Provence de Regnard, sous les doigts du magicien, le romantisme surgit , le réalisme , "l'Océan" de Claude Gelée, l'aphorisme prédestiné du roman d'Henri de Régnier, digne du geste de la demoiselle d'honneur d'Ingres... il s'agit de nous convaincre qu'au moins il n'y a pas d'oeuvres mortes. Nous savons les « exposer soudainement à la lumière du moment » et les utiliser « comme des livres vivants qui peuvent influencer nos vies » 1 6 .

Ghéon, qui ne parlait que la langue de Legrand, était méprisé par Jacques Rivière, qui nous suppliait de ne pas oublier que « les chefs-d'œuvre divins sont de la matière vivante, et plus ils sont vivants, plus ils sont efficaces. Plus il sera populaire, plus il sera rigide. be." ils s'approchent et ont l'intention de leur faire comprendre notre esprit.' et les académiciens de la Sorbonne aiguiseraient le dialogue entre les morts, il ferait mieux de les arrêter « là où ils sont devenus le plus visiblement profanes » « là où ils ne sont plus » Ghéon est surclassé par Faguet !, au point de susciter l'admiration !, il se convainc avec bonheur que dans le "célèbre plygraphe" de Fontenelle, parmi les nombreuses pages "simples et agréables", il y en a d'autres "d'une grande portée et d'une audace des plus inattendues", qui semblent plaire à Human Approved de l'auteur de All Too Human and Beyond Bonne elle méchante 17.

D'un point de vue littéraire, la souplesse de La Fontaine glisse comme une anguille par les portes du classicisme post-fiction. Prologue représentant des Poésies chrétiennes et diverses

15. NRF n° 41, 1er mai 1912. Jean Moreas, poète tragique, p. 731-745, notamment p. 735.

16. NRF n° 39, 1er mars 1912. Le Loisir de Cagliari, p. 329, 332, 333, 335, 337, 339. - De cette petite démonstration, un adversaire facilement reconnaissable devra savoir tirer une leçon : « Nous avons le même savoir que nos ancêtres et descendants de Sang, n'offensons pas nos adversaires".

17. N.R.F. n° 46, 1er octobre 1912. Notes, p. 730-732 : « Textes choisis et commentés par Fontenelle, M. Emile Faguet (Bibliothèque française, Librairie Plon) » .. ..

214 Histoire de la littérature française revisitée

Pour Ghéon, c'est une occasion évidente de résister aux plaisirs malveillants de citer son exhortation "en dehors des règles, qui ont toujours quelque chose de sombre et de mort". Quelques pages plus tôt, il avait astucieusement réussi à aborder le dernier volume de poésie de Verhaeren comme une allégorie, déclarant que le poète, détesté par les néotraditionalistes, avait atteint le « classicisme » et exhibé le « classicisme naturel ». Il faudra attendre Le Nôtre pour prétendre voler à ses admirateurs traditionnels que, par leur faute, la comparaison avec les jardins est un de ces clichés courants dans les débats littéraires : Lucien Corpechot rappelle à juste titre que les parcs à la française « ne font que tradition de nos jardiniers médiévaux pour l'épurer », mais il insiste trop sur l'abstraction d'un dessein a priori et pas assez sur la manière dont Le Nôtre « échappe sans cesse à la symétrie » et parvient à rechercher des « équivalents ». Pour lui, comme pour La Fontaine et tous les vrais artistes, "c'est purement affaire de goût, c'est-à-dire d'une certaine prédisposition affective, sans évidence"18.

En tout cas, la N.F. regardez cette question de tous les côtés à tout moment. s'efforce de libérer le « classique » du carcan qui enchaîne les apologistes du XXe siècle19 ; mais c'est l'espoir, bien que non explicite, de la remise des hypothèques garanties aux conditions qu'il juge les mieux adaptées à ses propres inclinations. Comment en douter quand on entend Ghéon faire la fête à Montesquieu ? "Celui qui aime la forme la plus ferme et la plus sûre de la prose française, avec sa propre lucidité et la concentration de latin qu'elle porte, ne sera plus séparé de la langue de Montesquieu, qu'elle a connue jadis. Le style de Vol. Ertai semble tendu en comparaison. .. à celui de l'inquiet Rousseau, même dans sa plénitude la plus admirable. C'est un étalon absolu à l'aune duquel se mesurent les autres styles". Le passage entier doit être cité car il énonce clairement une direction : « Cette importante leçon d'optimisme contrebalance le pessimisme fondamental que nous recherchons chez Rousseau.

18.NRF. n° 43, 1er juillet 1912. Notes, p. 183-185 : Les Jardins de l'intelligence de Lucien Corpechot - Il ressort de la correspondance que l'attitude de Corpechot en Gaule face à l'attaque de Georges Sorel n'est pas étrangère à cette note de Ghéon

19. Ainsi quand Ghéon accorde à Giotto le titre de "Grand Classique Médiéval".

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Sauvetage brillant. C'est pourquoi la tranquillité de la Grèce peut véhiculer un tel esprit moderne ! Nous avons besoin de cet équilibre d'ivresse romantique mortelle ! Ce serait Maurras s'il ne s'était pas rappelé plus tôt que l'esprit était aussi « large » que sa « suprématie » et s'il n'avait pas tourné la roue au dernier moment pour corriger la direction : « Non, ce ne sera pas plus français que ça - mais ça fait pareil. On se garde bien de rien rejeter » 20.

Ce qui compte, c'est l'hésitation que montre Ghéon à l'égard de Rousseau. Pour le protéger de ses poursuivants posthumes, aucun des membres du groupe n'a décidé de s'immoler par le feu, mettant en danger leur hôte, Suarez. Comme ils seraient gênés d'assister sans mot dire à la dérision du Bicentenaire, ils s'en distancient en revoyant le Commentaire 21. Ce n'est pas qu'ils sacrifient une partie du rêve22, ni qu'ils considèrent les romantiques et leurs précurseurs comme maudits - Ghéon leur rend justice sur mesure23 en grand, mais ce n'est pas qu'ils sonnent "romantique" Order 24.

NRF. Il se distinguait du mouvement de restauration « classique » par la modernité de ses goûts et par son refus d'ériger ses préférences en dogme ou de renforcer son antipathie en sectarisme. elle se met en colère quand ils sont trop impolis

20. Cet appel optimiste ressemble encore à l'appel de Ghéon à Mozart et à l'appel de Claudel à Jammes.

21. NRFn°44, 1er août 1912, p.382-386 : « Autour de Jean Jacques Rousseau » est un numéro spécial du 25 juin de la Nouvelle revue, critique d'idées et de livres, intitulé : « Contre la glorification de Rousseau ». L'article de Paul Bourget "Préside l'exécution" est analysé de manière ironique, reconnaissant comment le ton de Copeaa aborde Jean-Jacques avec un cœur insensible". — Dans le même numéro (Notes, pp. 368-369), Edmond Pilon évoque le recueil d'essais de l'ami de Gide, Lucien Maury, Classiques et Romantisme (Perrin et Cie), le félicitant pour sa "courageuse justice, Rousseau". Numéro spécial sur La Semaine littéraire de Rousseau

22. Même Alfred de Tarde semble avoir oublié ce que son maître Barrés disait du "musicien extravagant", comme il le suggère hardiment : "Si la littérature classique peut être blâmée, il serait très difficile de le nier et Rousseau et les romantiques ont votre part en retour".

23. Dans sa chronique poétique spéciale. Il parle aussi avec enthousiasme du « grand Michelet, notre seul historien des poètes ».

24. Vettard met en garde les auteurs du Réalisme du romantisme (voir note 55) contre l'arbitraire de la pièce sur Le Romantisme des Classiques commencée par Emile Deschanel en deux parties, et le risque de continuer « l'avenir, et facilement prévisible, du auteur Panasis du classicisme du symbolisme ou du réalisme" (il n'a pas anticipé le classicisme du romantisme). Il regrette que G. Pellissier, « ignorant par exemple les définitions de Moras et de Russell et rejetant la définition de Brunetier », ait indifféremment baptisé réalisme ou romantisme « un concept d'art ». Selon cette conception de l'art, l'écrivain, affranchi des règles et des modèles, doit imiter et s'adapter à la nature".

216 Histoire de la littérature française revisitée

Destruction systématique des représentations étroites de la culture : "A qui la faute" - demande Ghéon, en présentant son ami D..., "Si aujourd'hui les représentants de la culture lui offrent si peu d'attrait dans la vie ? La France est née à la fin du XVIe Si on le pendit dans le Latium, qui le pendit en Hellas ? Et s'il l'enterra définitivement à la fin du XVIIIe siècle ? - S'ils nous avaient aux deux funérailles (sic) le choix : reconnaître la loi latine ou périr ? Oui : à qui la faute ? L'organisation ne nomme pas d'opposants, bien qu'elle punisse soigneusement quiconque ose contester. Agissez en conséquence. Ne vous méprenez pas.

Schlumberger fait allusion à la « honteuse ignorance » du public français à propos d'Hélène de Sparte, « qui a déjà été jouée en Allemagne et en Belgique », mais Ghéon se réjouit de l'exclusion du poète belge des « écoles ». à chaque nouvelle conquête nationale sans précédent". Il rejette "l'absurde mot métèque" et raille "ces messieurs de pure tradition" pour qui Rousseau n'est "rien de plus qu'un Genevois", mais moins critique à cause des "métèques méridionaux". que Verhaeren était plus célébrée à Dresde, Munich, Vienne qu'à Paris même, et que les Allemands, en réponse à ce boycott ignominieux, avaient promis de traiter le poète français en frère et sœur. Mouvement d'hallucination, et l'accepter désormais." Il s'indigne aussi beaucoup de l'isolement des impressionnistes, à qui la France doit le rayonnement mondial de leurs peintures : "Il faut se moquer de ces imbéciles qui nomment tout art étranger ou étranger. . Dans l'impressionnisme français, ils le peuvent. semble étrange, c'est précisément le fruit de l'été qui réchauffe le plus natif de notre race. Étrangers, si vous voulez, mais français".

25. Invoice se moque des Guêpes, - "leur admiration est parfois même plus forte que la haine (qui ne se souvient pas du pauvre Angellier ?)", - parce qu'ils viennent de consacrer un numéro spécial à… Leigh : Ça, "D'abord, faut pas se moque-t-il d'une mobilisation néoclassique qui lui tient tant à cœur ?" (n° 37, 1er janvier 1912. Revue, p. 133). paru dans le numéro de janvier de L'Occident (revue par Adrien Mithouard, qui a précédé NX.F. et publié Gide et Claudel) : Charles Maurras y est emmené. En mission, ses enseignements sont conçus comme un outil intellectuel au service de la « boussole politique » et condamnent fermement « cette tentative d'endoctriner la pensée française avec une orthodoxie sectaire qui divise notre passé, combat nos traditions, soumet nos chefs-d'œuvre à sa propagande et affirmations conditionnées, nous laissant le choix entre la lignée de son "maître" et l'exposant du suspect".

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Ainsi, a noté Schlumberger, "chaque fois que quelque chose de vraiment nouveau et puissant émerge", il y a des "puristes" qui crient contre l'empiétement étranger. 26 Le recueil récemment publié par Pierre Villey des « sources de la pensée » du XVIe siècle permet à Ghéon de leur rappeler qu'en plus de ce qu'inventent les grands créateurs, une grande partie doit être constituée par « ce qu'ils ont reçu, fermenté du dehors pour que son invention inspire '. : En l'occurrence des traductions ou adaptations du grec et du latin, mais aussi de l'italien et de l'espagnol, sans oublier les notes de voyage. Un étranger sans nos préjugés », sous prétexte de l'origine juive de la mère de l'essayiste. Réfléchissant avec plaisir - peut-être anxieux d'éviter la chance d'une future union divine - il se rend compte qu'il a entendu des "conjectures passionnantes" et la version de Greco renouvelle une hypothèse "très imprudente" qui a été soulevée. Il ressort de la correspondance que les préparatifs de la NRF avaient des intentions diplomatiques. Pour marquer cette rétractation, face aux indiscrétions nées du culte du "point de vue français", alors que Cobb se réjouit de cette "réponse utile de bon sens", il le fait sincèrement.

Pour ceux qui se méfient de "tout ce qui n'a pas nos marques claires et lisibles", cela va de pair avec la purification de notre culture et le renforcement de nos frontières contre les infiltrations extérieures. Ils accusent les choses qui les rendent agités et inconfortables de « discordantes », « invisibles » et « malsaines » ; L'équilibre entre abstinence et lâcheté dans sa "discipline". S'ils se couvraient le visage devant Dostoïevski, c'était par « paresse » et plus encore par « peur » de céder à eux-mêmes.

26. FRN. Nr. 41, 1 mai 1912. 901 : La Chanson du Vieux Marin, nouvelle édition par Valery Larbaud (New British Collection, Victor Beaumont).

27. Ghéon, aussi obsédé par l'exotisme que son ami, ne pouvait s'empêcher de demander : « Le goût de l'exotisme n'est-il pas un goût aussi dépravé que nos ancêtres le connaissaient ? - dans un exposé spécial du Temps Dans cet ouvrage et dans un article très cité du même numéro (nº 48, 1er décembre 1912, Les revues, p 1115-1116), Rémy de Gourmont développe le même thème, plus pénétrant et cinglant que Geon. Il a ridiculisé Pierre Lasserre pour avoir oublié l'influence de Byron sur son romantisme français, déclarant que la littérature française "n'est si vivante que parce qu'elle se renouvelle constamment, sauf dans le bruit de la respiration à l'extérieur". et affirment l'influence des « idées » et des « formes » étrangères sur « la soi-disant tradition française, qui n'est qu'une illusion ». Cette apologie de l'influence est peut-être celle de Gide, mais c'est celle de Gourmont !

28. NRF n° 41, mai 1912. Notes, p.902-903 : "Monsieur Maurice Barrés e Montaigne". - Aux pp. 109 et 110, repris dans Greco (éd. Émile-Paul), Barrés évoque "le grand intellectuel d'Israël" qui vécut à Tolède : une note renvoie à son annexe s'expliquant, p. 186, A propos de la mère de Montaigne.

218 Histoire de la littérature française revisitée

Le monde qu'il a créé. On s'est empressé de le traiter de « barbare », de l'emprisonner dans les frontières de son propre pays, comme simple « peintre de sa race » et « le plus russe de tous les Russes », de se débarrasser de lui et de ne rien avoir. , qui est en fait "l'homme le plus humain" 29.

La NRF ne cherche pas des réservoirs d'étrange et de pittoresque, encore moins d'impersonnel à travers des invitations cosmopolites, mais de nouvelles sources d'approfondissement et de renouvellement de l'humanité. Elle ne veut pas s'oublier et se perdre dans l'inconnu, mais se retrouver dans des lieux inconnus et insolites. L'étranger n'était plus exotique pour elle, mais devenait le suivant. Comme son ami, Coppeau ne s'écarte pas du désir français d'ordre, de grandeur, de composition et de beauté. Il entend seulement la mettre en pratique ailleurs et lui ouvrir un vaste territoire inexploré : "Mais il faut bien comprendre qu'il y a un ordre au-delà de la géométrie, une mesure qui ne peut être comparée à des 'statistiques moyennes', une combinaison de ce qui est pas tout à fait didactique ; un ordre infaillible dont la pensée embrasse soudain toutes les proportions n'est-il pas la seule belle image ? »

Qui essaie-t-il d'embrasser comme une extension du canon classique ? En France? A Moraes ? Non, à Peggy ! Après ce que Michel Arnold a écrit un jour et dont Rivière répétera la manière personnelle dont le père de Jeanne d'Arc pratiquait la composition et la vertu mesurée, nous croyons rêver. Avec son attitude dans l'incident du Variot 30 et ses plaisanteries contre "toute la barbarie du monde", Péguy agace Copeau, qui ne regrette pas de lui avoir montré son indépendance. Et pourtant, quelles précautions a-t-il prises pour ne pas renier cette « raison française », « ce goût, cette mesure, ce style », ces « règles », cette « méthode » ! Il a même approuvé "toutes les beautés

29.NRF. 7 février, n° 38, 1912. "A propos de Dostoïevski de Suares", p. 227, 228, 229. - Copeau citera, p. 238, une citation de Suarès, dans laquelle l'esprit de l'Occident "énumération et calcul", c'est-à-dire "nombre et géométrie", à l'esprit russe "évoque et fournit", c'est-à-dire "mouvement intérieur et musique", - mais ici il sous-entend ignorer tout l'article. Seul Vital semble se souvenir de cette distinction lorsqu'il la traduit entre la « profondeur russe que Suarez appelle » et la « largeur de pensée » qu'il prête lui-même au romancier anglais.

30. Dans l'Indépendant du 1er novembre 1911, Jean Variot publie un article contre "l'abbaye laïque de Pontigny" et son "abbé" Paul de Jardin. Desjardins). L'attaque la plus efficace à l'époque était l'accusation d'acheter la propriété de l'église pour la "séculariser". Bien sûr, la NRF prétend rester à l'écart des sectes ; mais l'organisation n'apprécie pas l'initiative de L'Indépendance, qu'ils soupçonnent de vouloir leur enlever Claudel. Copeau réagit violemment aux attaques de Variot dans sa réponse à M. Variante dans le numéro 3 (décembre 1911). Au début de 1912, une grande controverse éclate.

"NRF" 219 van 1912

Le monde entier ne vaut pas la beauté française » ! Mais il a également vu "beaucoup de cœurs secs dignes d'être retenus à bon marché; beaucoup de bouches pédantes mâchonnant les meilleurs mots français; beaucoup d'incompétents nourrissant les aspirations les plus difficiles de notre race". Dostoïevski nous interdit de nous endormir dans la confortable illusion du « tout est fait » et du « tout est dit » ; il nous incite à "nettoyer le barbare" comme le faisaient nos ancêtres. Pour ridiculiser les traditionalistes avec leurs propres superstitions, Copeau, comme Ghéon, se gardera des leçons que La Fontaine a données dans Le Laboreur et ses enfants 31.

Cette guérilla a du sens car elle implique une permutation des normes de jugement. "Classic" ne regarde que les produits finis et vérifie s'ils répondent aux normes de beauté. La NRF ne remet pas en cause ces normes, mais se rend compte que les notions de « profondeur » et de « complétude » lui importent plus que la notion de « perfection » : à cet égard elle est encore « classique », à cet égard elle se proclame moderne. Son intérêt n'était pas dans la qualité de l'artisanat, mais dans la vie de l'esprit du travail, et elle ne l'avait pas oublié. Malgré sa focalisation sur le développement, elle ne cherche plus à définir une esthétique, mais plutôt à maîtriser, comprendre et embrasser un style créatif.

Coins d'août.

31. "À propos de Dostoïevski de Suarez", pp.238-241. - Le thème mauresque antique de Gides est proche et la comparaison des jardins est de retour.

Saint Jean de Perse et les arts visuels

Pour les critiques intéressés par la relation entre le langage et la vision au sein de la poésie moderne, St. John Perth offre un exemple. Quelle que soit la perception qu'a le poète du monde extérieur, le critique examine l'œuvre successivement du point de vue de l'analyse physique, psychologique et esthétique. Il semble tout aussi vite, surtout en peinture, que tout rapport extérieur entre le contemplé et le vu, ou entre le poème et ses illustrations, s'évanouit devant l'assimilation qui s'opère dans la vision, cette fois interne, de la perception même de le poème et le concept dans la structure expressive. De plus, la présentation matérielle du texte ne peut être ignorée. On comprend aisément à quel point ce lien entre vision et langage est multiple. Dans ma contribution à ce débat je me borne à ne considérer que St. John Perth aux arts visuels, notamment dans le domaine de la peinture, sur la base de documents épars et presque entièrement inconnus, sans me renier, pour tisser quelques remarques sur les traces laissés par les impressions visuelles dans la poésie persane.

Dans la définition de mon sujet, j'ai délibérément exclu les œuvres inspirées de la lecture poétique de saint Jean de Perth, d'abord parce que ses histoires ont déjà été écrites.

1. Diane Nairac, Arts plastiques et Saint-John Perse, Documents du 3e cycle, Université Paris IV, Sorbonne, 1975, p. 156. L'excellent catalogue de l'exposition Saint-John Perse tenue à la Fondation Gulbenkian à Lisbonne en avril 1984 comprend plusieurs illustrations récentes d'Amers apportées par la Fondation. Une édition révisée du catalogue a accompagné la rediffusion de parties de cette exposition à Anderson House, Washington, D.C., de décembre 1984 à janvier 1985, avec une préface qui comprenait Saint-John Perse à Kalou Important extrait des lettres de Calouste Gulbenkian au toucher de la peinture . Cette étude a fait l'objet d'une communication au St. John's Perth and the Arts Symposium à Washington DC en décembre 1984, organisé par le professeur Daniel Racine, à qui j'ai soumis mon texte en anglais. Je dois cette traduction française à l'aimable collaboration de M. Robert Repetto.

R.H.L.F., 1986, nr. 2, p. 220-234。

Saint Jean de Perse et les arts visuels 221

Je ne suis ni historien ni théoricien de l'art. Pour la même raison, je passe sous silence le talent du St. John's Perth, comme nous le révèlent les carnets de croquis de son enfance qui se trouvent à St. John's Perth dans Ike Sprovence. Ces carnets témoignent d'une curiosité et d'une certaine maîtrise du dessin, mais leur qualité ne peut être sous-estimée : le dessin n'était-il pas très populaire à l'époque ?

Chronologiquement, trois phases peuvent être distinguées. D'abord, avant la guerre de 1914, Alexis Léger s'est beaucoup intéressé à sa collection privée de Gabriel Frizeau à Bordeaux ou, par hasard, au Salon de Pau.Les peintures admirées, tant en poésie qu'en prose, y répondent ouvertement et positivement. Dans l'intervalle, qui s'achève au début des années 1960, on ne trouve en fait aucune référence aux arts visuels : je pense que le poète tisse la structure de sa poésie sous l'influence des leçons apprises plus tôt. La phase finale coïncide avec la collaboration de Saint-John Perse avec trois artistes : Georges Braque, Robert Petit-Lorraine et le photographe Lucien Clergue. Trois livres de grande qualité sont issus de cette complicité : L'Ordre des Oiseaux en 1962, puis La Genèse de Clairgue en 1973, et Les Étroits de la Petite Lorraine en 1982, mais avec moins de succès.

Les premières publications d'Alexis Léger comprennent des articles d'art dans le journal local Pau-Gazette. Sur les six que nous connaissons, quatre se consacrent à la musique et aux musiciens (voir OC 1195-1203), deux à la peinture et un à la peinture. Un seul des deux essais est inclus dans les Notes to the Collected Works (pp. 1218-1221), l'autre, daté de 1909, est en annexe à cette étude, comme mentionné dans mon article de 1969. John Pace à l'époque. Sans détour, c'est une métaphore musicale qui donne la mesure dans deux textes : il s'agit de la « pureté musicale fondamentale » du jeune peintre Hubert Damelincourt (Q.C. 1219), et des pastels de Berges, on dit que « le seul bas droit de la peinture, la vraie clé, mérite d'être appelée musique" (italique original). Les principales qualités louées sont la détermination de l'artiste d'une part et son habileté elliptique d'autre part, où la brutalité et l'austérité se croisent

2. Voir mon « Saint-John Perse et la musique », French Studies, XXV, 3 (juillet 1971), p. 303-313, version française reproduite dans mes Etudes sur Saint-John Perse, Paris, Klincksieck, 1984, p. 126435.

222 Histoire de la littérature française revisitée

Apportez la puissance de votre vision. Fait inhabituel pour Léger, la condamnation s'exprime directement, ne serait-ce qu'en notes de bas de page : il dit que plusieurs toiles du Salon de Pau de 1909 s'écartent "du mode ordinaire de l'art épisodique, dans lequel toutes ces expositions dégoûtantes s'arrêtent toutes". Cependant, l'art statique ne peut être que son Scylla si l'on compare cet art épisodique (probablement aussi anecdotique) à certains Carybde : "Cet art, la peinture, est l'art le plus dangereusement abstrait de la continuité" (O.C. 1218). Cette continuité, comme le suggère Léger, n'est pas seulement une condition propice à l'épanouissement créatif ou à l'engagement public, mais aussi un temps glorifié, une éternité et une continuité artistique qui transcende la durée normale.

Le texte sur Damelincourt, ainsi que le titre principal, Du Peintre à Pau, précisent qu'il s'agit plus d'un appel à l'artiste que d'une analyse de son art. L'énumération des qualités qui obsédaient Léger aboutit à la

Une fierté de ne pas traduire l'angoisse ou la turbulence de la naissance de l'œuvre, et par la grâce des exigences classiques, un sens clair qui révèle la tension délibérée et prudente derrière l'œuvre... Analysant à la fois la prudence et le charme de ce peintre, il n'ignore plus la cruauté envers lui-même, il sait déjà renoncer au plaisir trop facile de peindre, il est loin d'être astucieux, il veut juste être testé, seuls les passants sont interrogés, mis sous pression, guettent.

Ces propriétés s'appliquent à la fois à l'auteur (avec une exception possible : St. John Perth n'ignorait pas la ruse) et au sujet, ainsi qu'à la dernière phrase du texte : "-- Si ce n'est un étranger, qui Au passage, qui frappe à cette porte ? (O.C. 1221) ne nous semble pas la fameuse proclamation " Étrange. Who is coming by", exprimé dans la chanson d'ouverture d'Expedition 3 So strong and strong.

Ce qui est particulièrement intéressant dans le texte non enregistré paru dans la Pau-Gazette du 28 mars 1909, c'est qu'il se concentre entièrement sur un seul écran. Le titre complet se lit comme suit : "(Fin de la Halle de Pau) /NOTE/ sur un tableau de Berges /(La Moustiquaire)", le "tableau" d'où est sorti "un morceau de prose française". Les rebondissements suffisants de l'écriture, rappelant la prose de Maramian, révèlent des réponses vives et pointues, bien qu'avec des ressources techniques limitées.

3. Dix-huit mois après la publication du texte de Damelincourt, Léger écrit à Claudel, le 10 juin 1911 : Conduite de vos chefs" (Mme texte, voir O.C. 724, qui en 1972 donne la date 1912).

Saint Jean de Perse et les arts visuels 223

analyser. L'impression visuelle devient une excuse et une excuse. Le style de la prose prévaut sur le contenu et, de fait, Léger avertit le lecteur dans le texte même qu'il doit en être ainsi : "Les sujets ne peuvent être que des excuses pour les normes". Un bon exemple suffira :

Toujours l'œuvre dénonce la complète clairvoyance de ses visées, dans la course esclavagiste des moyens, dans la simplification cursive du cadre, dans l'absence de logique face à la figure décorative : le beau rôle de l'orange dans les aplats ; la couche étroite L'anneau nain de feuilles porte, comme le front bas d'une jeune fille, tout le sens rampant de cet écran serré; Éclat de force affirmée, corps de femme nue, lourd de sa graisse (toute la douleur, bébé), il semblait préoccupé par la lourdeur de ses deux seins, l'humidité de ses aisselles et de son ventre - sauf que rien d'autre ne le distrayait de sa vaine rose souliers de satin et ces bagues vaines sur ses mains grasses.

Dans le numéro télévisé d'Anabase (O.C. 99) on retrouve une autre « chaussure de satin rose » dans le même contexte sensuel, mais un terme privilégié apparaît comme un indice, reflétant peut-être mieux les préoccupations littéraires de cet article : c'est « l'écriture cursive ». Ik zeg "bevoorrecht" omdat Léger het in een brief aan Jacques Rivière in juli 1910, en later in een studie uit 1963 gewijd aan Léon-Paul Fargue, toepaste in een volledig pro-Rimbaud-betekenis: het gaat over "goddelijke beknoptheid van zijn cursieve taal " (O.C. 675) zoals zal worden opgeroepen "uit Rimbauds heerszuchtige Illuminations, wiens cursieve en altijd bepalende stijl onfeilbaar een aanhoudende fakkel door het hele gedicht handhaaft" (O.C. 519) 4. "Cursief schrijven" is de precieze betekenis van het ovaal is " de lijn van elke letter, nauwelijks contouren, die meestal moet worden geraden" 5. Wanneer anderen kritiek hadden op de onderwerpkeuze van het schilderij tijdens de tentoonstelling, verdedigt Leger strikte regels van formele vereenvoudiging, waarbij hij afziet van degenen die "slechte smaak " appeler:

Qu'ils s'en aillent, tous deux crient à travers la terre d'Espagne, dans la terre naïve de l'admirable « cruauté esthétique », sur la dernière marche de l'ouest au sud violent Paroles insignifiantes, où éclatent à la lumière toute harmonie, toute symphonie [... ] 6 .

4. Pour une introduction plus complète, voir mon « Saint-John Perse lecteur de Rimbaud », Circeto : A Review of Studies on the rimbaldiennes (Paris), 1 (octobre 1983), p. 33-39.

5. Paul-Louis Courier, citation Littré, art. italique.

6. Le sujet du tableau, situé dans "l'engourdissement silencieux de l'arrière-cour espagnole", est lié dans l'esprit de Legg à la violence qu'il associait à l'Espagne, rendu encore plus choquant lorsqu'il se rend compte que "sa lignée familiale a un peu d'espagnol sang dedans". (O.C. 1232; voir aussi O.C. XIV) Cette réaction intime et irrationnelle se produit à St. John's Perth plus souvent que les critiques ne voudraient l'admettre.

224 Histoire de la littérature française revisitée

Si les rebondissements de la prose reflètent la sensibilité du sujet, la violence de la grammaire l'est aussi avec quelque effet : une certaine élégance, à travers le 7 archaïque, ou ellipse, grâce à l'omission de plusieurs verbes et de quelques passages. Léger construit aussi son texte en répétant une consigne introductive (un peu différente) à la fin : "Bon peintre, prends ta toile, enroule ta toile et emporte-la ! ...".

La qualité de la peinture est en fait la qualité que vivent les écrivains. Ne faut-il donc pas en conclure que Léger a trouvé l'occasion non pas tant d'évoquer une toile que de capter les valeurs qui correspondent à ses principes esthétiques émergents qui régissent sa prose ? Il n'est pas rare qu'un jeune homme de vingt-deux ans occupe un tel poste ; mais dans le cas de Léger, on est encore plus surpris qu'il ait explicitement dénoncé le canon esthétique promu par la bourgeoisie de province à la Commission municipale d'achat ou au Salon de Pau, et qu'il ait partout prêché le conformisme. C'est peut-être cette légère intolérance du texte qui a conduit le poète à le rayer de l'anthologie : sa désillusion vis-à-vis du genre de la critique d'art s'est manifestée moins d'un an plus tard. Après la version 8.

Mais même si l'on en conclut que "La Moustiquaire" n'est qu'un prétexte à l'écriture, il ne faut pas sous-estimer l'importance de l'habileté de l'œil ou de la recherche dans l'analyse de ce tableau. L'esthétique prend en compte de nombreuses formes d'art. Le poème inédit de 1981 "L'Animale", inspiré d'un tableau de Gauguin de la collection de Frizeau 9, nous raconte que la musique et la peinture occupaient l'esprit du jeune Alexis Léger de manière plus égalitaire qu'il n'y paraissait jusqu'alors. Bien sûr, ces références à l'image étaient suffisamment fréquentes dans les lettres du jeune homme pour montrer tout ce que Léger avait appris en visitant Frizeau, en admirant

7. Par exemple, "roulez votre filet et emportez-le", la décision avant le pronom d'objet direct du deuxième impératif donne à la torsion une saveur démodée que St. John Perth prendrait, par exemple, "Allez nous servir [. ..] Allez nous quitter » (OC 464), et toujours dans le texte non enregistré : « Adresse du poète, pour compléter la nouvelle fonte en typographie française : « Italic 28 de Grandjean », Amers, Bibliophiles de Provence, 1962 : "Allez vous incliner (...) Allez hâtez-vous (...)".

8. Dans une lettre à Gabriel Frizeau en mars 1910, il écrit : « Écrire sur le Salon de Pau ? - Non, mon cher ami, j'ai survécu cette année : trouver un bouc émissaire et faire semblant avec louanges et bénédictions Prends-le, c'est comme de la cosmétologie ! ... mais vous ne savez pas ce que c'est qu'un Salon de Pau" (O.C. 749).

9. Texte reproduit avec l'aimable autorisation d'Albert Henry, voir Cahiers Saint-John Perse, 4 (1981), p. 9-26. Ce tableau a été redécouvert par Étienne-Alain Hubert et reproduit dans CSJP, 5 (1982), ci-contre p. 129.

Saint Jean de Perse et les arts visuels 225

Discutez de sa collection ou de son art avec lui, André Lott et deux peintres locaux, Ernest Gaillac et Hubert Dameringou. Il connaissait bien les écrits picturaux de Rivière (études de Cézanne et Gauguin citées : voir O.C. 673-674) et connaissait bien Odilon Redon (OC 737, 751). C'est un amateur curieux, préoccupé par la romance, enclin aux explorations esthétiques de lui-même. Cependant, son talent de designer n'a pas tant besoin d'être réprimé que sa passion pour le violon, et il n'y a apparemment jamais eu de risque de sur-spécialisation.

Étonnamment, cependant, il y a une lettre de Pékin à sa mère, datée du 4 avril 1917 : "En dehors de la mer et de sa signification spirituelle pour moi, la musique seule ici me laisse dangereusement déficiente..., à tous autres égards et surtout , dans tous les arts visuels c'est si probable ! (O.C. 841). Comme nous sommes désolés de tirer un pointillé après un tel aveu ! Comme nous nous demandons si cette exclamation impérieuse s'est jamais développée ! Malheureusement le manuscrit n'est plus disponible et nous avons travailler dur pour comprendre cela afin d'accepter cette dure réalité Leiden ne plaisantait pas, et le contexte ne laisse pas entendre que ce refus public correspond à un ajustement psychologique à l'absence de peintures dans les cercles diplomatiques de musique de Pékin, Frizeau semble fournir un cadre propice à une conversation sur la peinture, tandis que Léger utilise ces riches débats pour trouver sa propre voix poétique, certainement littéraire. Mais généralement éloigné de tout contexte littéraire. Enfin, une fois l'enseignement de la peinture absorbé et la confusion qui peut en résulter éliminée, Léger cesse d'être l'apprenti d'un poète : le voici maître de sa propre technique 11 .

A l'aide de ce jugement, il est possible de décrire ce que j'ai appelé le stade intermédiaire du rapport de Léger à la peinture : « Tout

10. Comparez la division nette qu'il fait entre la poésie et la musique, O.C. 675. Opinion : Le cheval et le cavalier sont si étroitement liés que leurs rôles sont apparemment inversés. Comme il l'a lui-même dit, Léger a éprouvé ce sentiment dès l'enfance, qui peut faire référence à Diakoblev, un peintre réfugié russe rencontré lors d'une chevauchée en Chine, qui a peint un double portrait de cheval et de cavalier, mais bouleversé à cause du jeu. Quand Alexis Ledger m'a raconté cette anecdote, il m'a assuré que sa barbe avait tellement poussé ces derniers temps qu'il était presque impossible de distinguer un homme de son cheval.

11. Dès mars 1910, Léger écrit à Frizeau : « Pendant deux ans j'ai cru pouvoir écrire mon ouvrage » (O.C. 749).

226 Histoire de la littérature française revisitée

Comme il est facile de faire de l'art ! De la même manière, on peut clairement attribuer la fin de la période allant de l'entrée de Léger dans sa carrière au début des années 1960, quand on rappelle une cote très proche de la précédente, rapporte le Washington Star du dimanche 26 février 1961 : "Pour un He [Léger] ne s'intéresse pas particulièrement à la peinture ou aux beaux-arts en soi, il a un sens aigu de la couleur des mots" 12. L'auteur de ces lignes est une bonne amie de Léger, Mme. Francis Biddle, de son nom de jeune fille Catherine Gary Sen Chapin écrit, répétant clairement ce que le poète lui aurait dit.

De tweede tekst, niet opgenomen in het corpus, die ik eind 1977 vond toen ik door de Poets' Archives van de St. John Perth Foundation snuffelde, gaat terug tot de tweede periode, maar zou naar mijn mening onze praktijk niet al te veel moeten changer. . Je dirais plutôt qu'elle introduit un élément qui à la fois caractérise et légitime le retour ultérieur de Léger à la communication avec le peintre : la totale complicité humaine. Placé en préface au début d'un catalogue d'exposition de l'œuvre d'Alice Acheson, la femme de Dean Acheson était au Département d'État, le texte date de 1947. L'exposition se tenait au 13 Washington, et nous ne connaissons que la version anglaise. On nous dit que l'on retrouvera dans l'oeuvre du peintre

La réalisation d'un art où se trouvent singulièrement combinés les meilleurs dons de l'instinct et de la volonté - un art à la fois riche et simple, vif et austère, libre et maîtrisé, dans cet art renoncement équivaut toujours à générosité [ ... ] ].

Nous sommes invités à « admirer la fidélité de l'artiste à lui-même, qui épuise continuellement tous les moyens pour répondre à cette demande exigeante. [...] La fierté de cet art réside dans son intégrité. Malgré la toile fournie par un Anglais émoussé - en partie à cause de sa fidélité au texte original - on retrouve résonance et préoccupation avec les premiers textes en prose de 1909 et 1910. Si l'œil critique de Legg n'a pas évolué, c'est par manque de pratique et d'intérêt.

12. Idem. pages B-3. A noter que la version donnée par le poète en hommage à saint Jean de Percé, Paris, Gallimard Press, 1965, p. 291, se réfère à la couleur en général (pas seulement au langage), et ajoute un contraste avec la musique : "Ayant un sens très aigu de la couleur, il ne s'intéresse pas particulièrement à la peinture. Une longue expérience lui apprend qu'il est généralement dépourvu de tout arts, bien que la musique lui soit nécessaire.

13. L'exposition a eu lieu à la White Gallery, United Nations Club, du 19 avril au 10 mai 1947. Quand j'ai pu discuter de l'avant-propos avec Mrs. Acheson à Washington le 30 décembre 1984, elle a confirmé que c'était Mme. Biddle qui l'a traduit.

Saint Jean de Perse et les arts visuels 227

Toujours en mémoire de son ami Georges Braque, le poète accepte le projet de l'Ordre des Oiseaux. Le 26 janvier 1962, il écrit de Washington à son éditrice, Janine Crémieux :

Je pense que je n'aurai jamais à déroger à l'injonction que je me suis toujours donnée de ne rien écrire pour l'occasion. Votre deuxième lettre m'a surpris. Outre mon admiration pour le travail d'un peintre dont vous fêterez bientôt les 80 ans, il y a pour moi une profonde sympathie de la part de l'homme Braque. Si mon voisin le rendait heureux à sa fête des oiseaux, j'irais volontiers avec lui. un

Six semaines plus tard, le 5 mars, il écrit de nouveau pour dire que ses « méditations poétiques » sont terminées, ajoutant qu'il nous intéresse tout de suite : « J'écris ceci [Braque] pense beaucoup, mais pas pour l'interpréter littéralement » 15 En général , Léger connaît l'œuvre de Braque, mais son œuvre ne prétend pas à la critique d'art. J'aime beaucoup ce poème » (O.C. 263) ; il en était de même du texte de l'oiseau annoncé il y a 55 ans dans "Cohort" (O.C. 682-689), initialement intitulé 1907 : "A Celebration of the Birds".

Je n'entrerai pas dans les détails de la collaboration entre Braque et Saint-John Perse, car c'est un domaine qui a déjà été exploré par plusieurs commentateurs. sont les bateaux, car la documentation y est d'ailleurs facilement accessible I 7. « A la lumière de la refonte par Lucien Clergue de son grand ouvrage, La mer et les femmes » 18 incite le photographe à lire son livre « vers les hauteurs, vers les

14. Cité dans le catalogue de l'exposition Les oiseaux et l'oeuvre de Saint-John Perse, Aix-en-Provence : St. Fondation John-Perse, 1976, point 105.

15. Ibid., punt 106.

16. Voir ibid., pp.109-126, in Nairak, op.cit. Citation, chap. I, et le catalogue de l'exposition séquentielle d'oiseaux de la Bibliothèque nationale, du 17 décembre 1962 au 17 janvier 1963. Saint Jean van Percé rend hommage à Georges Braque après sa mort, "Pierrelevé" (O.C. 536-537) il est une évocation de l'homme et une fidélité à son art, qui ne tend nullement à analyser son travail. Sans oublier une lettre inédite à Paul Valéry, conservée à la Bibliothèque nationale, le 8 juillet 1924, qui mentionne un autre artiste : « Je demande personnellement à Hériot Lacoste de peindre la croix, vous savez toute la noblesse de son âme et de son cœur. »

17. Voir Nairac, op.cit. Citation, chap. IV. Dédié à Clergue ; pour la collaboration entre les deux sociétés voir le catalogue de l'exposition Deux : Saint-John Perse : Lucien Clergue, photographe ; Robert Petit-Lorraine, peintre, Aix-en-Provence : Fondation Saint-John Perse, Année 1981.

18. Publié dans Deux Considérons..., p. 17.

228 Histoire de la littérature française revisitée

dignité, autorité de l'œuvre véritable », le livre devrait être tout à vous : « Le nom de saint Jean de Perth devrait disparaître du dos du livre, et seulement le nom de l'auteur : Lucien Clergue, et le titre : Genèse ». était intéressé par de Amers. Beaucoup d'efforts ont été consacrés à sa création, copiant à la main de courts extraits d'Amers et écrivant un poème d'introduction au livre publié et une déclaration explicite. Satisfait de "l'étroitesse du contenant". Le poète perçoit et mesure l'intégrité des deux artistes dans leurs œuvres, répondant à leurs qualités par des gestes de solidarité et d'amitié, que ce soit avec la lentille ou l'encre.Ce geste prend une forme différente de celle de Braque, une différence qui compte si l'on considère les réactions des poètes à différents artistes : pour Braque, un poème autonome important, pour d'autres, des fragments s'inscrivent dans des albums cohérents. Pratiquant dans sa jeunesse, il a aussi renoncé au silence de l'âge adulte, avec lequel il a démontré sa capacité à se faire de nouveaux amis et à donner un nouvel élan à sa vie intellectuelle. , esthétique, malgré sa "vieillesse". , une aventure spirituelle et humaine.

Plutôt que de voir dans la sensibilité du poète aux arts plastiques un courant qui s'est tari pendant près d'un demi-siècle et qui a soudainement recommencé à couler en 1962, il est plus probable qu'il s'est évanoui sous terre et qu'il est réapparu d'on ne sait où, un véritable Fontaine - le Esprit du Vaucluse. Permettez-moi de distinguer deux manières différentes par lesquelles le genre de peinture de St. John Perth a influencé sa poésie. D'abord, son souci de la représentation matérielle de son travail, avec sa préférence pour les grands italiques - la typographie, en somme, plutôt que pour l'illustration - et les grands interlignes, soucis particulièrement propres à l'œil. Le poète espère que cet œil ne quittera pas le texte, pour que le texte penche vers son propre avenir. Dans la préface de son édition commémorative historique pour un bibliophile de Provence, il mentionne le texte imprimé « [de] beaux athlètes nus penchés pour lire [...] ; c'est l'entrée en orbite d'une nouvelle équipe, marchant au rythme et fier des grands

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l'honneur » 19. Les illustrations d'André Marchand pour cette édition, bien qu'excellentes, ont été reléguées dans un volume à part de sorte que seul le texte imprimé est présenté, à peine interrompu par les hiéroglyphes soignés de Robert Blanchet. 20. Même la partie économique de la collection Poésie/Gallimard utilise aussi l'italique, et si les Œuvres complètes sont romaines, c'est uniquement pour se conformer à l'usage de la Bibliothèque de la Pléiade 21. Bref, le souci visuel de caractère des poète est clairement concentré dans son travail. la correspondance avec l'éditeur, n'a pas été suffisamment étudiée pour donner l'impression que Ye a porté autant d'attention aux détails de la présentation, ce qui ne peut être que le signe d'un scrupuleux de premier ordre.

Notre seconde remarque porte sur un élément moins général, mais celui de St. John's Perth dans la tradition française moderne : c'est une certaine attitude vis-à-vis de la forme visuelle qui régit la texture et la structure de la poésie mature, notamment celle de la période américaine. Il m'a longtemps semblé que la perception visuelle de chaque poète jouait un rôle important dans l'articulation de la poésie française moderne, liant la vision à l'écriture. De manière caractéristique, Baudelaire s'est consacré à la transformation de l'art, et sa profonde expérience picturale, incarnée dans la critique d'art, a su conserver toute sa puissance. Les signaux produits par la synesthésie réduisent toute confusion entre les arts tout en créant des opportunités de correspondance linguistique pleinement réalisée. Les œuvres poétiques de Gautier, ou les premiers poèmes en prose, et d'Aloysius Bertrand, les deux écrivains voués à la peinture, manifestent le même intérêt, mais d'une manière plus extérieure, car la première est associée à la sémantique. Les références aux couleurs abondent, mais la poésie ne naît pas des impressions visuelles. De plus, la différence avec Mallarmé d'Un coup de dés ou Apollinaire19 de Calligram à la fin du siècle ;

Manuscrit 19 ; poète (...) Italique de Grandjean 28", op. cit.

20. Voor analyse en commentaar, zie Gérard Blanchard, "The Smell of Symbols: Robert Blanchet's Hieroglyphs for Amers de Saint-John Perse", Courrier Graphique, 116 (1963), p. 39.

21. Le lecteur doit en effet être reconnaissant que, selon lui, les italiques aient été conservées sur certaines pages du recueil (comme la préface).

22. Conseiller, par exemple "Ut pictura poesis : un ordre dans l'aventure du poème en sose", Ordre et aventure dans la poésie française post-romantique : essais présentés au CA. Hackett, Oxford : Blackwell, 1973, p. 244-256。

230 Histoire de la littérature française revisitée

Le moment de la Première Guerre mondiale est immédiatement présent : son sens de l'espace devient un élément saisissant de poésie, exploré par de nombreux poètes ultérieurs, de Reverdy à Du Buchet, d'Isou à Garnier, chacun à sa manière. Au lieu de cela, chez Rimbaud, Saint-John Perse et, paradoxalement, chez Francis Ponge23, on peut trouver une assimilation de plus en plus systématique des formes sensibles aux formes signifiantes du langage, auxquelles ces dernières succombent spontanément. Le titre des Illuminations de Rimbaud renvoie à la fois aux textes qui l'ont précédé, à la tradition de l'illustration picturale et à la révélation fantastique de la fusion des modes verbaux et visuels. C'est dans ce beau courant dialectique que St. John Perth anime sa conception littéraire de l'iconicité, à l'opposé de l'évocation figée de Ponge, dont les principes sont les plus attendus. Le principe bien-aimé de Ponge « une forme rhétorique par poème »24 reconnaît la flexibilité des réponses poétiques aux objets sans tenir compte de la continuité stylistique particulière que nous considérons comme l'œuvre de ces poètes. La poésie persane mûre réalise ce principe, mais respecte l'autonomie de l'expression, qui est le meilleur moyen d'enrichir la littérature de choses étranges.

Aucune quantité de rhétorique traditionnelle n'est suffisante pour expliquer, disons, l'impulsion visuelle qui gonfle les paroles de "Rain" en même temps que la tempête qu'elle évoque, la faisant déborder jusqu'à l'apogée en attendant la dernière goutte d'encre. la dernière goutte d'eau pour refléter le soleil qui finira par se transformer en couleurs arc-en-ciel. L'effet est le même pour la mise en page très différente du poème "Neiges" ci-dessous, qui entoure et recouvre le texte, rappelant l'effet visuel de la neige. Le principe de la relation entre vision et langage a été exprimé par Saint-John Perse comme la « loi d'équivalence » dans une lettre au critique Luc-André Marcel :

J'apprécie particulièrement votre question sur la « coïncidence » entre le langage et la réalité ; cet accent sur les avatars et

23. Paradoxalement, vu les propos méprisants voire insultants de Ponge sur les réalisations de Saint-John Perse : il imagine par exemple que "l'autruche des sables (...). / Oui oui ! Prends. Léger et pas une seule fois" (Le Grand Recueil : Lyres, Paris : Gallimard, 1961, p. 30), et même « les folies des grandeurs, comme Saint-Léger-Léger [sic], sous forme de momies absurdes » (Revista Literária, 188 ( octobre 1982), p. 15. Ponge le hante encore jusqu'à la tombe, dans ses Pratiques d'écrire, Paris : Hermann, 1985 (cité dans Le Monde [des livres], 25 janvier 1985, p. 12) d'après « Saint -Léger cet imbécile

24. Dans Le Grand Recueil : Méthodes, Paris : Gallimard, 1961, p. 36, Ponge prédit que "chaque objet (c'est-à-dire chaque poème) a une forme rhétorique. ... Chaque objet doit imposer une forme rhétorique spécifique."

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elle existe dans « l'équivalence », qui est l'exact opposé de l'éloquence et de l'ornement, parce qu'elle tend à dégager et à révéler ; la loi générale de contraction et de liaison des ellipses, qui est à l'opposé de la complaisance de la parole et de l'augmentation de la parole ; et enfin cette fonction, l'être, la vie, l'être réel, est « échappée », cesse d'être le sujet et précède la poésie. (OC 574) 25.

Dans un entretien de 1960 avec Christian Gali, il fait la même remarque, mais avec une formulation différente, rappelant une lettre à Catherine Biddle (OC 921) ou une autre écriture à un passage important d'une lettre de Georges Huppert (OC 566) :

Un poème racial est toujours frappé par l'absolu. Si vous êtes le sujet, vous le vivez, la langue travaille dans le complexe créatif, vous êtes au centre. Si tu deviens la mer, le vent, la pluie, tu suffis. Si je choisis ces 26 sujets, une page demain suffira pour me rendre rapide comme l'éclair.

Enfin, je voudrais rappeler qu'après le passage de l'enfance, la réaction poétique à la musique d'une part et à la peinture d'autre part a été essentiellement la même, malgré des réactions apparemment opposées. Force est de constater que l'intérêt de Léger pour la peinture n'a jamais égalé sa passion pour la musique, une différence que l'on retrouve dans les quelques références picturales de son œuvre. Mais ce que Léger écrit à Rivière en juillet 1910 sur les rapports entre musique et poésie s'applique mutatis mutandis à la peinture. Remplaçons le mot "peinture" par le mot "musique", reconnaissant dans le mot "propriété" ce qu'on a appelé la "loi d'équivalence", et nous verrons la diversité des vues esthétiques de Léger, préparées pour le Service de Saint Jean de Perth :

J'ai dû être maladroitement expressif, alors vous pourriez prudemment croire que je veux confondre les approches musicales et verbales. S'il n'était pas pré-spécifié, je n'écarterais certainement jamais la mystérieuse « compétition » musicale du poème : l'utilisation inconsciente du timbre linguistique et l'attribution ou la « création » de la masse entière dès sa naissance. Mais je n'admettrai jamais que le poème échappe momentanément à sa propre loi : c'est le thème « compréhensible ». L'art d'écrire, c'est-à-dire l'art de nommer, ou, pour le dire un peu plus loin, de nommer, n'aura jamais d'autre fonction que le mot société.

25. Dans une des phrases supprimées de la version publiée de la lettre de Léger à Roger Caillois, 1er avril 1944 (O.C. 960), il parle de "l'apparente continuité des strophes imposées par les thèmes de Neiges".

26. Voir "Four Hours with St. John Perth", Art: Words, Glasses, Music, 794 (2-8 novembre 1960), 3. Pour une discussion plus complète de la théorie et de la pratique de cette tentative de pénétration, voir mon étude « Mondes et mots à Saint-John Perse », dans Sensibilité et Création, éd Roger Cardinal, Londres : Croom Helm ; New York : Barnes et Noble, 1976, p. 122-135, reproduit en français dans CSJP, 1 (1978), p. 101-122 et mon St. John's Perth, Paris : Klincksieck, 1984, p. 76-89.

232 Histoire de la littérature française revisitée

Il était, et est toujours, chargé de signification étymologique. Il me semble qu'il ne s'agit là que d'un art d'analyse, et les questions plus musicales du langage sont tôt ou tard liées à des lois particulières de « propriété ». (O.C. 675 ; texte manuscrit Cf. O.C. 525-526).

L'adhésion de Léger au principe selon lequel la littérature dans toute sa variété reste avant tout un art de l'écriture l'éloigne à la fois de ceux qui ignorent les impressions de la peinture et de ceux qui tentent de transformer ses poèmes en images. Telle est la symbiose dynamique et hautement stimulante de St. John Perth du visible dans le lisible, à travers le verbe "cette modulation amoureuse de cette longue vision du destin des choses" (O.C. 524).

Petit Rogers.

Annexe A

Pau-Gazette, Journal des Étrangers, Journal d'invité : Journal d'informations sociales, sportives, artistiques et littéraires, 35e année, n° 417, dimanche 28 mars 1909, p. 13.1.

(Conclusion à la salle de Pau)

Nombres

sur la plaque du banc

(moustiquaire)

Bon peintre, gardez votre toile, emballez votre toile, gagnez ! ... non sans profit, mais avec ce profit très précieux : le rire - oh, combien ! - Le son le plus pur !

... Mais quand même... Il faut bien l'avouer : la commission d'achat de la ville réserve parfois d'étranges surprises, et l'on ne saura pas quelles voix anonymes et dissonantes y surgiront, sachant s'imposer comme La beauté intellectuelle d'une œuvre comme Hochard 1 , ou la vertu d'une œuvre comme Suréda 2.

... depuis, depuis... ce tableau de Bergs ! ...

- Demandons-lui : on nous a dit qu'il s'agit d'un petit scandale à Pau.

Ce salon riche et fluide n'en compte plus que quatre : Hochard, Gayac 3, Lépine 4 et Berges.

Il y a tellement de choses inutiles dedans, c'est infini ! Le peintre, qui semble ici excessif, est en tout cas une tendance. Bien qu'il comporte quelques défauts, qui ne sont probablement pas les vôtres, dont le pire (outre le talent) est un peu d'auto-illusion en présence de deux tableaux, deux approches opposées, mais il nous fournit tout de même une force puissante de ce travail. Dois-je la rappeler ?

Dans la stupeur immobile d'une arrière-cour espagnole, s'offre ici une chair vaniteuse et sensuelle qui, avec une délicieuse rugosité, exprime de manière sûre et solide la satisfaction matérielle : un corps de femme écrasé par l'âge A bout de souffle et jauni aux articulations.

Dans la compétition servile des moyens, dans la simplification cursive d'une image dénuée de logique, l'œuvre condamne toujours la clairvoyance absolue de ses fins.

Saint Jean de Perse et les arts visuels 233

Style décoratif : Orange fonctionne magnifiquement en noir et blanc ; l'étroit anneau de feuilles basses, comme le front bas d'une jeune fille, porte tout le sens rampant de cette toile fermée ; et enfin, passé la moustiquaire, cette tresse rugueuse éclate fermement, derrière la sarcelle, l'aide éclate avec force affirmative, un corps nu de femme, lourd de sa graisse (toute la douleur, chérie), qui semble soucieuse de constater la lourdeur de ses deux seins, de l'humidité de ses aisselles et de son ventre, rien ne pouvait la distraire que ces vains souliers de satin rose et ces vains anneaux sur sa main grasse !

Toute cette carte centrale est dictée par une épaisse magie verte et bleue.

C'est beau.

Il y a là une force qui impose son évidence.

Une erreur, disons (cela peut [sic] être intentionnel):

Dans ce tableau, inégalement conscient, le corps de la femme n'est pas réduit à la valeur d'un simple terme de relation, mais poussé, mais guéri de lui-même et, finalement, sur-élevé dans tous les cadres appropriés. D'où une rupture d'équilibre et une dualité des motifs : plein et plat, étude et style, respect des volumes et potentiel de décoration. Le corps est modelé et oublie l'autre tableau, qui est le cadre (ou, pour le sujet, l'obstacle !)' - l'œuvre est algébriquement incorrecte. - Mais je sais que les fausses voix sont belles ! ... d'ailleurs, quelle que soit sa signification dans un tableau, si l'on comprend le sujet lui-même, une anecdote, et non le simple moyen d'exécution (puisqu'un sujet peut n'être qu'un prétexte à l'humeur), au moins nous sommes là-dedans" nu" (ici le public veut essayer de rétrécir le tableau !) fait référence à ce que l'on appelait autrefois un "tableau"...

Il ne s'agit ici que d'une réalité immédiate, d'une plasticité subtile et substantielle. Le peintre Mustiqueir étant toujours un réaliste et un plasticien malgré ses simplifications logiques, il voulait que la stylisation soit primordiale.

notre conclusion ? - Ceux qui crient "mauvais goût" aux personnes à côté de nous dans la pièce n'ont peut-être pas pensé que la couleur de sang très forte sur leurs lèvres pouvait aussi être ce "mauvais goût", et nous choisissons souvent de lire leurs codes à l'envers. Il faut enfin que ces hommes hurlent leurs deux mots vides de sens à la terre d'Espagne, à travers la terre enfantine d'une admirable « cruauté esthétique », la dernière marche de l'ouest vers le sud violent, où une lumière criante renonce à toute harmonie, une symphonie de des sons; la nature, comme un étal de fruits ou les fenêtres d'un peluqueiro, s'occupe de l'accord ou du complément 5 ; le classique Ignacio Zuloaga peut peindre avec autant de gaieté et de netteté le teint étrange d'une jeune fille en robe verte, d'une vieille femme en bas de groseille ou d'un "nain avec un sac de vin".

Il n'y a donc pas seulement à Berges le respect et l'amour de la nature (disons l'idolâtrie, pour les connotations belles et sauvages du mot), mais aussi l'intelligence d'une nation et d'une race.

Dans l'œuvre de ce peintre, nous voulons honorer, sans paradoxe, cette qualité très espagnole : bruyant ; - chez ce peintre positif, très habile et sincère, jusque dans sa technique, jugeant La beauté de la vision est brutale, et prédit encore que s'il sait un jour trouver l'harmonie entre sa vision et son mode d'expression, d'un puissant sens de sécurité, une sensualité sérieuse ou calme.

...voilà un peintre : bon peintre, prends ta toile, enroule ta toile, emporte-la...

AL

234 Histoire de la littérature française revisitée

[Suite aux commentaires d'A.I.]

1. Sur la terrasse de Bagatelle - travail habile et volontaire, très concentré, art expressif, toujours logique, mouvement fondamental : exécution claire, vision toujours canalisée et éviscérée ; avec tout cela dégoûtant. Loin de l'approche habituelle de l'art situationnel dans The Exhibition. (La robe de la femme de droite représente pleinement la synthèse et le choix en graphisme de cette artiste très sage et représente au plus haut degré le don sacrificiel : - c'est l'essentiel.)

2. Femmes dans un cimetière algérien - une petite étude du matérialisme lumineux : il semble rechercher la solidité dans la couleur, une vision discontinue de la forme en expansion et de la couleur changeante, presque du poids.

3. Ernest Gayac a exposé six estampes, dont un saisissant « Satyre », une œuvre ovale qui aurait dû être soigneusement étudiée ailleurs. (Autre plaque : « Sycorax », beauté contre-complexe qui donne à l'analyste un triple sens.) - D'ailleurs, je ne sais pas si un tel talent, un personnage aussi aliéné, suscitait autre chose que la peur. ..

4. DEUX CARTOONS (Paysages de Korez) ont été égarés.

5. Au passage, notons rapidement que M. Berges n'est pas sans scrupules dans sa technique, jusqu'à la superposition de ces fameuses œuvres complémentaires. Voici l'endroit pour revoir les leçons de ce pastel impeccable et habile (Jardin de l'Alcazar), presque exagéré, et qui s'exécute toujours de manière conciliante. Le seul coin inférieur droit de cette photo, la touche proprement dite, mérite d'être appelé musique.

Annexe B

Avant-propos sans titre, ouvrage récent d'Alice Acheson, The Whyte Gallefy, United Nations Club, Washington, DC, 19 avril-10 mai 1947.

Peu de femmes dans l'art ont une vision au-delà de la déclaration directe ; plus rare encore, une telle vision doit s'accrocher sans sacrifice à l'essentiel à la recherche de la structure et de la composition. Dans l'œuvre d'Alice Acheson, voici la réalisation d'un art dans lequel le meilleur de l'instinct et se révélera singulièrement combiné. égale générosité; bref, affirmer la domination masculine de l'instinct féminin pur.

C'est la noblesse inhérente de cet art qu'il ne cède jamais à l'occasion, ni même à l'habileté, et qu'il est exempt de toute compromission ou sectarisme.

Les émotions sont très changeantes. C'est pourtant cette versatilité qui satisfait la fidélité de l'artiste à elle-même, et elle épuise sans cesse toutes les ressources pour répondre aux mêmes exigences exigeantes.

Ni complaisant ni timide, quoi de mieux pour garantir l'authenticité d'un artiste ? La fierté de cet art réside dans son intégrité, et son indifférence à plaire est son salut.

C'est une pureté artistique qui ne s'offre ni ne se refuse, mais qui reste fidèle à elle-même.

Lees Alexis Saint.

notes etc

Voltaire, du côté de Sodomie ?

Louis XIV et la régence de France sont-ils devenus Nouvelle Sodome ? C'est la première question à se poser à la lecture de Voltaire, sa jeunesse et son temps, de Roger Peyrefitte. L'auteur recense soigneusement la population homosexuelle dans ces 847 pages. Sodomites, les deux d'Argenson, comte de Tressan, duc de Richelieu, duc de Sully, cardinal Fleury, père de d'Argental Ferriol, Moncrif, comte de Clermont, Louvois, lieutenant de police de l'Hérault, etc., etc. 2 Parfois, le livre se lit comme un mémorial à la sodomie. Dans la promotion des maréchaux, l'auteur aime citer beaucoup de « chevaliers de la manchette » 3. Cet exemple vient d'au-dessus de Louis XIV, qui, nous en sommes sûrs, a commis des crimes contre la nature avec Mazarin 4. Coupables même, bien entendu, le Régent, Du Bois et le jeune Louis XV. L'amour de Voltaire - on risque d'être oublié - est défini comme anti-physique 5 semble si normal que Roger Perefit Peyrefitte, rencontrant un personnage qui y renonce, lui signale prudemment des anomalies bizarres. Pas de sodomites, insiste-t-il, le marquis d'Alègre, président du Hainaut, président des Maisons, l'abbé Magron, Monseigneur Atterbury, le p. Le Courayer 6. Ces exceptions ne font que confirmer la règle. Roger Peyrefitte voit la société française à travers ses yeux

1. Paris, Albin Michel, 1985, 8e en deux volumes. Les références que nous ne mentionnons pas renvoient à cette publication.

2. I, 273, 440, 467, 476 ; II, 82, 118, 230, 319, 356.

3. II, 175-6.

4. Deux, 319.

5. L'Anti-Giton, OC, Immeuble Moland, IX,

6. II, 176, 242, 243, 339, 360.

236 Histoire de la littérature française revisitée

La sodomie est "le plaisir de presque tout le monde" 7. Que fait le jeune François-Marie Arrouet dans ce monde à l'envers ? L'auteur de cette biographie n'a aucun doute : son héros se livre à des péchés dits « gentils ».

Mais le fait est que l'amour féminin de Voltaire est largement connu. Il est l'amant de Pimpette, Suzanne de Livry, Mme de Rupelmonde, la présidente de Bernières Adrienne Lecouvreur, en attendant que la marquise du Châtelet et Mme Denis entrent dans sa vie. Voltaire a eu des relations amoureuses normales - si seulement nous acceptons de considérer comme normales les relations hétérosexuelles. Roger Peyrefitte n'y voit aucune objection. Il ajouta même la marquise de Mimmer à la liste des amants de Voltaire. Il faut donc qu'il prête au jeune Arouet ses habitudes bisexuelles. Qui aurait cru que ce garçon frêle et maladif avait un tempérament chaud à être accro aux hommes et aux femmes sans distinction ? Il peut même y avoir une préférence pour les hommes. En effet, Roger Peyrefitte écrit même que Voltaire « avait une prédilection pour la sodomie »8. Il reste à voir comment cette affirmation sera prouvée.

Roger Peyrefitte mélange les deux genres. Son livre se présente sous la forme d'une biographie. Par conséquent, il doit être aussi proche que possible de la vérité documentaire. Le lecteur peut se demander ce que nous apprennent ces deux livres sur la vie de Voltaire avant 1726. En fait, la plupart du temps, nous ne lisons que des romans. Le biographe Roger Peyrefitte, auteur de plusieurs excellents romans, s'autorise en même temps toute la liberté d'un romancier. Il aime recréer cette vie. D'où la multiplication des scénarios fictifs. Le livre s'ouvre sur le baptême de François-Marie, une description très détaillée ponctuée de nombreux détails, parfois incroyables. Par conséquent, Roger Peyrefitte a affirmé que la mère de l'enfant était présente à la cérémonie. Mme Arouet a accouché la veille (la date de naissance du 21 novembre 1694 est acceptable sans discussion). Va mourir jeune 11. Comment Roger Peyrefitte l'a-t-il su ? Il l'imagine. Des intrigues fictives similaires,

7. Deux, 356.

8. Deux, 111.

9. I, 7 : « [Du carrosse], moi, François Arouet [...] et sa femme. De ce baptême nous n'avons qu'un extrait du registre paroissial, O.C., édition Moland, I, 294. Il porte Signé par parrain et marraine, père et curé, mais pas Mme Aruet.

10. Le problème soulevé par l'affirmation de Voltaire selon laquelle il est né le 20 février 1694 est ici ignoré.

11. Voltaire, D 344, dit qu'il est né de parents "malades et morts jeunes", ce qui s'applique aussi bien à sa mère qu'à son père qui n'aurait pas été François Arrouet - on entend par là la soi-disant "Dernière Edition Correspondance de Voltaire , dans l'édition actuelle de l'O.C., Oxford, Fondation Voltaire.

Remarques et documentation 237

Une grande réception permet à François Arrouet de baptiser le futur Voltaire ; le garçon est conduit à Versailles par son père pour le dîner du roi ; il fait un pèlerinage chez les comtes de Racine, Corneille et Molière ; sa présence aux funérailles de Louis XIV à la Sainte-Chapelle ; ses rencontres et conversations avec l'abbé Daniel, Huet, évêque d'Avranches, etc. Chaque page de cette biographie est prévenue et souvent manquante. L'auteur compose quelques vers, plus méchants que braves, qu'Arouet prêtera à Pimpette : c'est en vain qu'il les cherchera dans les Œuvres Collectées 13. Autres inventions "inédites" : la réponse de Thiriot à Voltaire, qui ne figure évidemment pas dans Correspondance 14 Les biographes ne lui donnent naturellement aucune référence, à deux exceptions près, dont nous parlerons plus tard. Un romancier n'a pas besoin de citer ses sources. Mais la fiction n'est pas la biographie.

Si nous jugeons cette partie de Voltaire comme une biographie, nous lui reprochons des informations incomplètes. Par exemple, il est très douteux que l'ode à la Justice vienne de Voltaire, le forum spécial chargé d'étouffer les financiers. Ce n'est qu'en 1817 que les libraires Lefèvre et Déterville étoffent leurs éditions basées sur une indexation inutile. D'où ce qui a été dit sur la mauvaise attribution de la première relation d'Arue. Roger Peyrefitte au cercle d'argent ignore apparemment des études récentes datant Le Crocheteur borgne et CosiSancta du "Premier Sceau" vers 1715. De plus, deux de ses livres s'intéressent moins à l'œuvre de Voltaire. Il ignorait le travail de Norma Perry et Michelle lors du voyage en Angleterre et du début d'un séjour dans la Manche. A. Rousseau. Il débarqua à Voltaire au numéro 16 de Douvres : sans doute, car de nombreux voyageurs français mettaient désormais le pied sur le sol anglais par ce port. Mais en réalité, le bateau de croisière desservant Calais abritait les exilés à Gravesend, à l'embouchure de la Tamise. Des erreurs sans conséquences majeures, me direz-vous. C'est vrai, mais parmi tant d'autres, cela confirme à quel point cette biographie est incertaine, où la fantaisie est laissée libre cours.

L'imagination de Roger Peyrefitte ne nous emmène pas très haut. Quelle est l'anecdote de "La Biographie de Voltaire" sur l'évêque Noyon battu par un cocher alors qu'il laissait tomber son pantalon sur la route menant au 17 Château de Versailles ? toute l'histoire est

12. I, 29, 91, 460-2.

13. Moi, 122.

14. I, 242. On sait que l'orthographe « Thiériot » de Desnoiresterres, adoptée par Roger Peyrefitte, est erronée. L'orthographe « Thiriot » est signalée au I, 139.

15. I, 221 un entrepôt.

16. Deux, 353.

17. Moi, 14 ans.

238 Histoire de la littérature française revisitée

Rempli d'histoires du genre, les détails écœurants ne font pas exception. D'ailleurs, les biographes n'hésitent pas à attribuer les pires crimes au jeune Arue. Le garçon qui récite des jurons en 18e entre dans un bordel gay à Paris dans le 19e et concocte un audacieux aphorisme 20 : autant de décorations inutiles, sans la moindre justification. Fiction similaire, Arouet va et vient sous la direction de Servien. Le prêtre, sodomite notoire dans la société du temple, était en fait une de ses connaissances. Le Tuteur aux funérailles du duc de Bourgogne 22 : Toutes les scènes pertinentes du roman biographique.

Ces montagnes de fiction submergent le lecteur sans méfiance. Il est également clair qu'ils ne valent rien d'un point de vue critique. Roger Peyrefitte en est bien conscient. Puis il ne s'est pas arrêté là, il a continué à fournir des preuves documentaires de l'homosexualité de Voltaire. Il cite donc deux textes, les seuls auxquels il se réfère : une phrase d'une lettre au comte d'Argenson datée du 3 octobre 1752 et une courte note de Voltaire à Thiriot datée 1716171723. Il y a huit lignes en tout. Mais dans ces quelques phrases, Roger Peyrefitte croit avoir trouvé la preuve qu'il cherchait et que tous les commentateurs n'ont pas trouvée jusqu'à présent.

Le 3 octobre 1752, Voltaire écrivit de Potsdam au comte d'Argensen, ministre de la guerre, écrivant :

Qui aurait pensé qu'un jour je serais son historien et que je viendrais de si loin, alors que nous étions ensemble dans des ruelles sombres ?

Selon Roger Peyrefitte, "Ensemble dans une ruelle sombre" ne peut signifier que "Si nous commettons l'adultère ensemble", dans cette ruelle sombre, à l'Académie 24. les magouilles

18. J'ai 43 ans.

19. J'ai 72 ans.

20. Moi, 139.

21. On sait peu de choses sur la relation d'Arouet avec l'abbé Servien. Ce n'est mentionné nulle part dans la communication. N'apparaît qu'une seule fois dans Notebooks, O.C, Oxford, LXXXI, 377 (à ceux qui protestaient contre "ce bâtard de prêtre", le doyen répondit : "Je ne suis pas prêtre, monsieur"). Le seul document est une lettre de consolation qu'Arouet a écrite à Servien, emprisonné à la Bastille pour des raisons politiques plutôt que morales. Ce qu'il dit dans ces vers n'implique pas qu'il ait suivi Servian dans les mois précédents comme l'initiateur des mystères à la cour et dans la ville.

22. I, 81-6, 92.

23. D 5028, D 44.

24. Moi, 39 ans.

Remarques et documentation 239

Sodomie chez les étudiants. L'allée, refuge des fredaines, apparaît plusieurs fois au cours de l'histoire. Roger Peyrefitte imaginait même que l'abbé Servien y rejoindrait un jour François-Marie25. Ils ont tendance à cautionner la répétition d'interprétations inacceptables.

Car dans quelles circonstances mettez-vous une telle phrase orthographique? Voltaire écrit une lettre datée du 3 octobre 1752, venant de terminer sa mission d'historien du roi et souhaitant poursuivre ses méditations : Histoire de la guerre de 1741 (Guerre de Succession d'Autriche, 1741-1748). Il envoya le manuscrit à Madame de Pompadour. Il en envoya une autre copie au secrétaire à la guerre : un hommage normal, puisqu'il fonda son travail sur un télégramme reçu par le bureau de Darenson. Il ajouta d'autres documents : des lettres du roi de Prusse au cardinal Fleury, dont le ministre ignorait probablement l'existence. La lettre reflète une stratégie. A l'automne 1752, Voltaire rencontre des difficultés à la cour de Prusse. Il voulait ouvrir la voie à un retour en France. Si oui, faut-il rappeler aux pasteurs la misère de leur jeunesse commune ? Il serait inopportun de le retenir, par crainte d'indiscrétion : le colis, qui contenait des manuscrits historiques et des lettres de Frédéric II, fut confié à un courrier qui devait le remettre à d'Argenson, un certain M. Le Bailly.

Roger Peyrefitte argumente du fait que la lettre a été écrite à Potsdam, membre de l'entourage de Frédéric II, le "maître des sodomites européens". 26. Raisonnement étrange. Voltaire aurait-il été tellement fasciné par l'atmosphère de la sodomie qu'il n'aurait pu dire « que » même dans les circonstances les plus inappropriées de tels propos ? En fait, il ne montre pas une telle obsession dans ses écrits prussiens. Dans Micromégas, développé à Berlin, contrairement aux autres histoires, il n'est fait aucune mention de l'homosexualité. Une lettre de cette époque évoque les particularités de la cour prussienne. Mais Voltaire y précise qu'il prend ses distances avec ces coutumes. Il écrivit à Mme. Dennis le 17 novembre 1750 : "Tout cela n'a rien à voir avec moi":

J'ai vécu les années heureuses du pur amour

Et je n'ai pas l'honneur d'être page : ce qu'on fait à Paphos et aux alentours

À jamais indifférent à moi.

« Je ne troublerai pas leur amour », ajouta-t-il27. Sagement (cette fois) il évita de compromettre ce complot,

25. I, 49, 67, 71, 435.

26. Moi, 39 ans, prends note.

27. D 4269. Cela confirme la partie avec laquelle il a construit très tôt sa relation personnelle avec Frédéric II. En 1740, après avoir rencontré Clèves, il dit au roi qu'il était très différent du "gentil Algarotti" et du "beau Luac". Il a déclaré qu'il était "profondément indifférent à ces affaires de Grèce" (D 2383).

240 Histoire de la littérature française revisitée

En revanche, attendez-vous à beaucoup de combats de sa part. En effet, à l'automne 1752, contrairement à ce qu'écrivait Roger Peyrefitte, il n'était plus "l'invité préféré de Frédéric II". Il n'est pas venu ici depuis longtemps. Ici commence le mois d'octobre 1752, après sa douloureuse échappée à l'événement Hirschel, l'événement Maupertuis-Akakia qui conduira à une rupture.

Autre argument pour l'argument : le lettrage cursif de Black Lane, qui souligne sans doute le manuscrit (que nous n'avons pas). L'italique est spécialement conçu pour les insinuations obscènes. Ils sont utilisés là où nous mettons des guillemets aujourd'hui. Pour être sûr, recherchez simplement les lettres après D 5028. Dans D 5029, de Voltaire à d'Argental, plusieurs mots sont en italique : le mot "petit", utilisé dans Le Siècle de Louis XIV pour désigner le Concile d'Ebrun ; jargon, citations de Quinault et du proverbe « Sauve qui peut ». Les lettres cursives de "Black Alley" indiquent que c'est le nom du collège. Il ne nous dit pas ce qui a été fait là-bas.

Qu'est-ce qu'on fait ? Pour le savoir, il nous reste la seule phrase de D 5028. En fait, "Dark Alley" n'est mentionné nulle part ailleurs.

Essayons de mettre les choses concrètement. Cela nous est possible grâce à l'admirable document Plan de Turgot, dressé entre 1734 et 1739 (mais le point de départ n'a pas changé depuis l'époque de Voltaire), qui nous permet de voir non seulement le site, mais aussi nos plans aujourd'hui , mais les bâtiments reproduisent fidèlement les sols, les fenêtres, les patios, les jardins et les arbres. Le plan de Turgot donnera vie à une vue plongeante prise à basse altitude. Jetons un coup d'œil à l'Institut Louis-le-Grand, tel qu'il nous le montre, au 30 rue Saint-Jacques et rue Saint-Etienne de Grâce. Si nous pouvons trouver la "ruelle noire" là-bas, peut-être que nous pourrons - découvrir ce que nous faisons là-bas

C'est une "allée". Ni chambres, ni caves, ni couloirs fermés à chaque extrémité : le "couloir du bordel", pendant ignominieux du "couloir de la tentation" de Zadig. « Gang » : ce n'est pas très utile pour les farceurs qui ont encore besoin d'être discrets. Roger Peyrefitte a donc tenté d'y rattacher une pièce. Il parle de "méfaits dans les ruelles et les pièces sombres". mais non : pas de fichier

28. Moi, 39 ans, prends note.

29. Le texte de D 5028 n'est connu que de la version de 1825 dans les mémoires du marquis d'Argenson.

30. Nous utilisons le plan réédité et ses notes, Paris, Les Yeux Ouverts, 1966.

Remarques et documentation 241

Parlez-nous des élèves de Louis le Grand qui commettent l'adultère dans la "chambre noire". Il faut s'en tenir au "couloir".

Que signifiait ce mot au XVIIIe siècle ? Le dictionnaire de Littré, très utile pour comprendre les langues classiques, mentionne deux sens. "Le passage étroit entre les deux murs menant de l'extérieur" ; à titre d'illustration, un passage de La Nouvelle Héloïse est cité. Mais le plan de Turgot ne montre aucun espace entre les deux murs : la ligne des bâtiments sur la rue est continue, ininterrompue. De plus, le passage entre la route et l'intérieur de l'école n'est pas propice aux activités sexuelles des élèves.

Littré donne un second sens : "un chemin entre deux rangées d'arbres". Il cite Rodogune, v, 4 :

Monsieur, je l'ai trouvé au bout de cette allée, où le ciel semble toujours avoir un voile sur lui.

Nous voilà. C'est l'interprétation du mot par Roger Peyrefitte : « la grande allée sombre où se retrouvent les étudiants ». Cette "grande" "allée" et ses arbres doivent être vus sur la carte par Turgot Las ! Le collège du XVIIIe siècle est situé dans une zone urbaine déjà très dense. À l'intérieur des murs, il y a encore moins de végétation que l'actuel Lycée Louis-le-Grand. Pour être honnête, il n'y a même pas une trace de végétation ici. Pris en sandwich entre deux rues, bordant les collèges du Plessis et de Cholets, les immeubles de grande hauteur laissent peu de place à trois préaux exigus. Aucune trace de "allée", "noire" ou quoi que ce soit d'autre.

Cependant, il existe des « ruelles sombres ». Mais peut-être devriez-vous chercher ailleurs que rue Saint Jacques. Rappelons qu'en mai 1711, Arouet et d'autres étudiants furent envoyés au noviciat jésuite pour une retraite de huit jours à la veille de leurs diplômes universitaires. Il entreprit de "prêcher cinquante sermons". Ils sont à la périphérie de la ville. La rue de Vaugirard toute proche n'est bâtie qu'au nord : jardins et prés en face. Dans cette zone déjà rurale, les étudiants ont reconnu des jardins et des arbres dans leurs bâtiments, qui ont été conçus selon les plans de Turgot.

C'est sans doute ici qu'Arouet et le jeune d'Argenson, entre autres, ont visité la "Dark Alley". Qu'étaient-ils censés faire là-bas ? Dans cette retraite, les prêtres les invitent à marcher pour la méditation et la confession. L'allée est dite "noire" à cause de l'abondance d'ombre en mai et des pensées.

31. D3, 23 mai 1711.

Aperçu de l'histoire de la littérature française (86e anniversaire) LXXXVI

242 Histoire de la littérature française revisitée

Pénitents, ceux-ci inspireront. Des sujets sans scrupules ont-ils saisi l'occasion de commettre l'adultère ? C'est peu probable. Malgré le feuillage, le terrain est dégagé de tous côtés. Elle est entourée sur les quatre côtés par des bâtiments à deux ou trois étages, d'où l'on aperçoit le jardin. Sur au moins un côté, l'arcade projette directement sur le parterre. Les critiques peuvent apparaître à tout moment : bons élèves, mentors, débutants, prédicateurs (une cinquantaine de sermons en huit jours peuvent ne pas être le même orateur).

De toute façon, avec l'agencement de la maison, la fornication dans la "ruelle noire" ne peut s'effectuer que sous l'œil attentif des parents et sous leur tolérance. Mais c'est impensable. Ces personnes religieuses sont des chrétiens sincères qui se soucient de la morale de leurs élèves. Roger Peyrefitte lui-même n'aime pas les hommes d'Église, dont il admet que « les enseignants ne sont généralement pas à blâmer32 ». En l'absence de foi, la prudence la plus élémentaire appelle la vigilance. Que diraient leurs ennemis, les jansénistes, dans leur quête d'échec, s'ils avaient la preuve que ces jésuites odieux poussaient leurs « mœurs lâches » au point de permettre à leurs élèves de se sodomiser, d'une manière qui est déjà une salope de collège devenue ? local?

En fait, les rumeurs n'accusaient pas les jésuites de fermer les yeux sur l'affaire entre étudiants. Ils étaient accusés d'un vice plus difficile à réprimer à l'Académie : le lien "spécial" du Régent Untel avec les étudiants. Certains des prêtres étaient très jeunes, nouveaux membres de l'ordre des Jésuites : les préfets "Cubes", ainsi appelés parce qu'ils partageaient une chambre avec un petit groupe d'étudiants. Certains "divertissements", écrit Voltaire, "sont assez fréquents chez les professeurs et les élèves". "Les moines chargés de l'éducation des jeunes ont toujours été un peu accros à la sodomite. C'est une continuation nécessaire du célibat dans lequel ces pauvres gens sont condamnés à vivre." "les moines". Il était en Angleterre pendant le séjour. A la table d'Alexander Pope, la mère du poète s'émerveille de sa mauvaise santé, le voyant si malade. Il s'écria : « Oh ! Ces maudits jésuites, quand j'étais enfant, m'ont tellement hanté que je n'ai jamais pu les surmonter de toute ma vie. Prenez cette passion au pied de la lettre. Ce qui est certain, c'est que la cause de la mauvaise santé de Voltaire était bien différente , inné. Parfois il était en exil

32. J'ai 40 ans.

33. Dictionnaire de philosophie, "L'amour de Socrate", OC, uitg. Moreland, dézessete anos, 183.

34. André M. Rousseau cité dans un article inédit, L'Angleterre et Voltaire, Studies on Voltaire, CXLV, Oxford, 1976, 113.

Remarques et documentation 243

L'Anglais apathique commet des cruautés inexplicables : par exemple, il a mâché le lin Bastille, s'en est servi pour faire du papier, pour écrire La Henriade...* 5. Les propos de colère à la table du Pape évoquent l'image fantastique du Jésuite. Quant à la réalité, qu'en est-elle en termes de probabilité ? Peut-être qu'un geste téméraire de certains des régents, comme il le dit ailleurs, était une punition appropriée pour le coup.

Un autre document est une note de Voltaire à Thirio en 1716 ou 1717, qui commence sa correspondance avec un ami, telle qu'elle nous est parvenue. Nous nous excusons d'avoir cité le texte :

Vous devez vous rappeler de creuser la fin de la leçon de Toury sur d'Aubigné, pas la fin de M. de Sully, qui a insulté Monsieur après seulement une heure d'érection. Il ne s'agit pas du palais, mais de la rencontre de Catherine de Médicis et du prince de Condé, qui est l'affaire de Meunier et al.

Tu vois, c'est ce bâtard qui m'a raconté tout ça 37.

Le sens des commentaires est clair. Voltaire n'était pas à Paris, Vaux, Sully ou ailleurs. Il y rencontre un abbé de Sodome, ... 38. en préparant son poème La Henriade, avec qui il évoque la période des Guerres de Religion. L'Abbé lui raconta alors deux anecdotes : l'étalage de la virilité du Duc de Sully en présence du pauvre M. Dupalais. Il est compréhensible qu'un « connard » comme le prêtre apprécie une telle scène. Une autre anecdote fait référence à la « rencontre » entre Catherine de Médicis et le prince de Condé, dans laquelle « de Meunier » est mentionné. Voltaire a compris que les deux sont dans l'Histoire du monde d'Agrippa d'Aubigné. Il a demandé à Thiriot de regarder le second, qui pourrait être disponible dans le texte ou dans les futures notes d'Henriade. Premier M. De Sully ne trouve manifestement pas sa place dans l'épopée.

Dans sa rencontre avec l'abbé de... Voltaire se souvient notamment d'une "conversation" vraiment surprenante de M. de Sully. Mais celui-ci n'est pas à d'Aubigné. D'où vient l'abbé sodomite ? On ne sait pas, mais au début du XVIIIe siècle, la légende d'Henri IV était bien vivante. Les anecdotes sur le roi de Gascogne et son temps étaient aussi répandues que les anecdotes qu'Arouet avait entendues à Saint-Ange du vieux Coumartin à la même époque. Les faits et gestes de M. de Sally, relatés par l'abbé de Sodome, appartiennent sans doute à ce récit oral.

35. Ibid., p.132. Voltaire s'adresse au philosophe George Berkeley.

36. Voir aussi D 9743, 20 avril 1761, à propos de l'abbé d'Olivet, père Thoulier, préfet de son cabinet à Louis-le-Grand : « Quand j'avais quatorze ans.

37. D44.

38. Contrairement à ce qui a été dit, I, 242, l'omission de particules de Roger Peyrefitte empêche qu'il s'agisse de l'abbé Servien.

244 Histoire de la littérature française revisitée

En revanche, la rencontre entre Catherine de Médicis et Condé occupe une place importante dans l'histoire mondiale. Mais Voltaire a mal interprété l'explication peut-être déroutante de l'abbé. Dans « La fameuse entrevue avec Toury », comme le dit d'Aubigné39, il ne s'agit pas de « de Meunier », mais de la blouse blanche du réformateur par rapport au meunier. La reine aurait dit au prince : « Mon cousin, votre peuple est meunier. "Ça vous touche les fesses, madame," répondit-il. Voltaire n'était pas un érudit et n'avait probablement pas lui-même consulté d'Aubigné à l'époque. Il demande à Thiriot de le faire pour lui.

Roger Peyrefitte donne une curieuse explication de cette simple note. Il divise la dernière phrase en premier, ce qui serait bizarre. La scène entre M. de Sully et M. du Palais n'est qu'un rappel de la scène entre Thiriot et Arouet, "dans les études de Me Alain"40, début 1714, quand ils travaillaient ensemble, l'avocat Xia Le biographe de l'officier du juge de Châtelet, j'avais relaté cet événement cent pages plus tôt4', comme s'il faisait indiscutablement partie de la vie de Voltaire. Il nous a montré Thiriot apportant une heure de masculinité triomphante dans la salle, tandis que l'infortuné Arouet n'a pas réussi à apporter le moindre soupçon de dynamisme. Dans quelle mesure un tel transfert est-il raisonnable ? On ne sait pas - mais c'est vrai - un personnage fait écho au nom de M. du Palais 42. Bref, "M. du Palais" ne peut faire référence qu'à Voltaire, qui habitait alors la Cour du Palais. Pourquoi le brave Thiriot utilise-t-il le nom de Monsieur de Sully ? Réaction hésitante : Thiriot "habitait peut-être près de l'hôtel à Sully" 43. Peut-être... ou la note était-elle écrite du Château de Sully-sur-Loire : mais il n'est pas précisé si 44 .

Cette « interprétation textuelle » complexe accumule des possibilités incroyables. Ajouter des souvenirs d'épisodes obscènes d'il y a deux ou trois ans aux demandes de vérification de texte en préparation ? Mélange fou. Cela dure une heure dans le bureau de Me Alain : un endroit plus reculé qu'une « ruelle sombre » jésuite. Les clients peuvent entrer à tout moment, même lorsque le propriétaire et les autres membres du personnel sont absents, ou l'excellent propriétaire Alan, une personne pieuse qui garde la maison propre et nourrit le personnel de son mari.

39. Histoire universelle, éd. de Roebel, II, 34-5, et éditeurs. A. Thierry, TLF, 1982, II, 39-40.

40. Je, 241.

41. Je, 139.

42. Je, 242.

43. Je, 241.

44. D 44 est attribué à tort à "Lettre de Sully à Thiériot, été 1716", I, 139, commentaire.

45. Voir D 628.

Remarques et documentation 245

Surtout, on oublie que les deux scènes sont des anecdotes, racontées par l'abbé de... "N'oubliez pas, c'est le fils de pute de l'abbé qui m'a raconté tout ça." Roger Peyrefitte a d'abord supprimé cette dernière phrase et l'a remplacée par un "etc." prudent. 46. ​​​​​​​​Il prétendra plus tard que Voltaire l'aurait ajouté par précaution au cas où le vote « tomberait entre les mains d'un tiers ». Hypothèses fantastiques dont le seul but est d'atténuer l'irrationalité d'une explication

D'autres preuves de l'homosexualité de Voltaire ne sont pas plus convaincantes. On est sûr qu'il a surnommé Thiriot "son pot" ou "son potet" "pour une série de raisons érotiques et comiques"47. C'est faux. On ne croyait pas à "Mon Petit Pot" de Thiriot, Voltaire. On lit aussi le résumé du D 114, juillet 1722, qui falsifie le texte : "Il fit demander à son 'petit potier' si", etc. "Petit Potet" est introduit au hasard lorsque Voltaire s'adresse à Thiriot comme "mon cher ami". Dans une lettre à Thiriot datée du 1er juillet 1729, on ne lit qu'une seule fois de sa plume « Mon cher potet » 48 : ou une variante du populaire « mon pote », non gai. Le sens, ou une abréviation de "pot", fait référence à la graisse de Thiriot : le terme "caricature", donc au lieu d'"érotique".

Il existe encore des accusations anonymes attribuées à l'abbé Dupuis ou à l'abbé Théru 49. En 1725, Voltaire et d'autres demandent au lieutenant de police de libérer l'abbé Desfontaines, qui avait été arrêté pour sodomie (tout à fait justifiée) et risquait la mort à la miser. Anonyme est intervenu pour empêcher la libération du criminel. Il accuse Voltaire de :

Il était pensionnaire à l'Académie de Grassan lorsqu'il quitta ledit collège [des Jésuites], et après cela il fit affaire avec un certain nombre de personnes de mauvaise réputation, dont le célèbre ex-corrupteur Chevalier Ferrand qui habitait la rue de Bièvre, comme nous voulons faire cela Une visite à un homme découvrira qu'il est actuellement dans des difficultés qui ne peuvent être surmontées en écrivant de la poésie, et que l'Abbé Desfontaines mérite d'être compté parmi ses amis.

Cette conviction n'est pas la bienvenue et les chasseurs de sodomites sèment parfois la confusion. L'abbé Guyot Desfontaines a d'abord été arrêté au nom de Duval Desfontaines. De même, le texte que nous venons de lire contient forcément des erreurs. Arouet n'a pas laissé Louis-le-Grand "habiter".

46. ​​​​​​​​Je, 241.

47. Je, 426.

48.D361.

49. p. 232 (vers le 25 mai 1725), non signé. Voir H. Boivin, "Les Dossiers de l'abbé Desfontaines aux archives de la Bastille (1724-1744)", R.HL.F., janvier-mars 1907.

246 Histoire de la littérature française revisitée

Collège des Grassins", excentré, 50 rue des Amandiers. Selon son propre commentaire historique oral, "à la sortie du collège" il fut "envoyé à la faculté de droit par son père" 51 : Ecole du Pays du Centre Latin, rue de Saint - Jean de Beauvais en place de Cambrai 52. Anonyme peut avoir été confondu avec d'autres.Arouet ne serait donc pas le habitant de Grassins ayant fait affaire avec Ferrand.Enfin, on se demande comment l'informateur a su que le poète avait une MST des nombreuses maux dont Voltaire souffrira par la suite, personne n'a jamais diagnostiqué les séquelles de cette émotion.53 La vérité est que, comme j'écris ceci anonymement, le jugement du lieutenant de police n'est pas à prendre en compte.

Voltaire a peut-être eu des expériences homosexuelles dans sa jeunesse. Cette hypothèse a été avancée dans le passé par Lytton Strachey puis par Theodore Besterman (contredisant Strachey) 54. Haydn Mason a récemment soulevé à nouveau la question 55. Biographie de Roger Peyrefitte. Deux textes jugés décisifs sont tout sauf

Il vaut la peine d'explorer ce que Voltaire pensait de l'amour de l'antimatière selon son livre : Un aspect important du problème.

A-t-il vraiment de la "sodomie" ? Cela ne peut être déduit des quelques personnages homosexuels qui apparaissent dans ses histoires. Sans exception, 56 sont tous grotesques. On se souvient que Monseigneur Profondo voulait donner à Scarmentado le rang d'Aristote, et s'apprêtait à le placer « dans la catégorie de ses serviteurs »57. Cela se passa à Rome. Reste dans la même ville et cherche la princesse babylonienne,

50. Voir le plan de Turgot, planche 5.

51. OC, éditeur. Merland, moi,

52. Le projet Turgot, planche 7.

53. Roger Peyrefitte a pleinement confiance dans la condamnation. I, 86 : Il soutient qu'Arrouet a suivi une sorte de préloi en cristal, ce qui contredit ce qu'a dit Voltaire dans la Revue historique. I, 100 : Arouet commettra l'adultère avec Ferrand, mais une seule fois, au Jardin du Luxembourg. II, 239 : Le biographe savait que la maladie vénérienne était la gonorrhée. Mais a-t-elle été surprise avec une fille ou un garçon ? Il l'ignore...

(Video) Histoire de la littérature française à travers les siècles : Introduction

54. Dans sa biographie, Voltaire, Londres et Harlow, 1969, p.240-241.

55. Haydn Mason, Voltaire, Biography, Londres, Grenade, 1981, pp. 52-53. Peut-être que Thiriot est gay, malgré son attachement indéfectible à Miss Sale. L'abbé de Fontaine l'y retiendra. Cela expliquerait l'évitement des amis de Voltaire lors des événements de la Roumanie de Voltaire.

56. Il est faux d'interpréter l'amitié des deux garçons dans Jeannot et Colin comme une relation pédophile (I, 71).

57. Romans et Contes, Bibliothèque Pléiade, Paris, 1979, p. 135.

Remarques et documentation 247

Amazan a vu défiler devant lui des « figures sévères, certaines en tuniques rouges, d'autres en violet » : elles regardaient le beau garçon « aux yeux doux » et murmuraient « San Martino, che bel ragazzo ! San Paneratio, che belfanciullo ! Les frères de Cunégonde sodomisent le baron jésuite Candide dans une moindre mesure. Des personnages qui réapparaissent dans l'histoire, il est le seul complètement dépourvu de sympathie et finalement expulsé du jardin de Candide, quand à la place Pangloss, amant et frère d'amour attaché, entre dans Giroflée avec son bateau à vapeur. Enfin, n'oublions pas que dans l'épilogue de « La Princesse de Babylone », les épilogues contre « Nerdy Lacher », qui, selon Voltaire, « faisait l'éloge de la sodomie » et « osait dire que tous [ses] petits enfants dans les pays enfantins ont subi cette disgrâce. Il pense pouvoir se sauver en multipliant les criminels.

Une « familiarité » : On sait que le mot brutalité voltairienne stigmatise le « mal adorable ». Voltaire, le philosophe de l'histoire, s'est indigné contre le même Racher, « qui soutenait que la sodomie était courante chez les Perses ». « Quel dommage ! Comment imaginer l'homme faisant une loi qui, si elle était appliquée, détruirait l'homme ? 61. Voltaire fait preuve de tolérance dans les relations avec les sodomites de connaissances. étudiant en morale, en philosophe du « droit naturel », il dénonce sans profession, un « vice indigne de l'humanité. » alors qu'il n'est pas allumé par la flamme du poteau aux yeux de tous » 62. Qui ose, avec autant de sévérité comme miséricorde, pour lui prouver qu'il a tort?

René Bomer.

58. Ibidem, p. 396.

59. Idem, p. 413-414.

60. Essai sur les bonnes manières, Paris, Garnier, 1963, I, 43.

61. Dictionnaire philosophique, O.C, éd. Moland, XVII, 180.

62. Le Prix de la justice et de l'humanité (1777), OC, éd. Merland, XXX, 569-570.

248 Histoire de la littérature française revisitée

Baudelaire et la fille

Le nom de Pierre de La Mésangère n'apparaît que deux fois sous la plume de Baudelaire. La première mention est dans une lettre à August Pry-Marathes datée du 16 février 1859 :

La troisième La Mésangère ? Vous ne sauriez pas à quel point ces choses légères me sont utiles, non seulement dans les images mais aussi dans le texte.

Baudelaire a peut-être pensé à utiliser ces « choses légères » dans son projet Les Peintres de Moeurs, un projet qu'il chérissait depuis 1858 mais qu'il n'a jamais réussi à mener à bien2.

Cette première référence était bien une demande, à laquelle Poulet-Malassis semble avoir répondu rapidement, car environ six semaines plus tard, Baudelaire le remercia ainsi : "Merci pour le costume" 3. Poulet-Malassis a peut-être également évoqué l'œuvre de La Mésangère dans une lettre à Poulet-Malassis datée du 13 février 1859 : "Tu m'as charmé avec 7 ans de mode. Merci" 4.

La seconde de ces deux allusions à La Mésangère apparaît dans les notes manuscrites de la première partie du poème "Les Petites Vieilles" (vers 1-28 et 33-36). MM a révélé l'existence de ce manuscrit. FW Leakey et Claude Pichois dans leur article « Les Sept Versions des Sept Anciens » ; en utilisant les termes dans lesquels ils présentent leur découverte :

Il s'agit du manuscrit de deux esprits parisiens (Les Sept Vieillards et Les Petites Vieilles) dédiés à Victor Hugo et joint à la fameuse lettre du 23 septembre [?] 1859 à nous, [...] Une deuxième, troisième et quatrième partie de Les Petites Vieilles 5 sont incomplètes.

1. Correspondance, texte rédigé, présenté et annoté par Claude Picois, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1973, L I, p. 550. La note de ce paragraphe de Claude Pichois (ibid., p. 1008) signale déjà l'intérêt de Baudelaire pour La Mésangère à cette époque, et renvoie à un passage du peintre de la vie moderne, dans lequel il déclare être actuellement consulter ces ouvrages Obras de La Mésangère (Baudelaire, Œuvres complètes, texte rédigé, introduit et annoté par Claude Pichois, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1976, t II, p. 684). Dans l'introduction du poème Les Petites Vieilles (O.C. II), Claude Pichois cite ce passage et le relie au projet des Peintres de Moeurs ; voir ci-dessus, note 2.

2. Voir O.C.I., p. 1018, Note 2. Voir les commentaires des éditeurs Juvenilia Jacques Crépet et Claude Pichois. œuvre posthume. Reliques, II, Paris, Conard, 1852, p. 456, et commentaires de Jacques Crépet :

"On peut admettre que l'ouvrage [sur Guy] avait pour but de travailler sur la peinture de genre en général, même si Guy n'était pas qu'un modèle, mais un prétexte pour traiter du sujet". (L'Art Romantique, éd. J. Crépet, Paris, Conard, 1952, p. 456).

3. Lettre du 29 avril 1859 : Correspondance, éd. Idem, 11, p. 567. Une note de Claude Picois (ibid., p. 1022) fait précisément référence à la lettre du 16 février.

4. Communication, 11, p. 549. Cette suggestion a été faite par F.W. fuir; ici je tiens à remercier Félix Leakey pour ses conseils instructifs.

5. "Seven Versions of the 'Seven Elders'" par F.W. Leakey en Claude Pichois, Baudelaire Studies, t III, eds. JS Patty et Cl. Pichois, Neuchâtel, A la Baconnière, 1973, p. 279-280.

Remarques et documentation 249

Claude Pichois avait ce manuscrit en tête lorsqu'il introduisit le poème dans sa 6e édition des Œuvres complètes de Baudelaire ; il reproduit la Note de Lyle de Baudelaire, où il mentionne La Mésangère, que je préface ici en retrouvant toute la strophe de ce vers :

Ils rampent, emportés par le vent en colère, tremblant au bruit du bus, s'accrochent au corps comme une relique, une bourse brodée de fleurs ou de broderies.

Les puzzles de mots ne sont pas mon invention. Le magazine La Mésangère propose une édition mode avec des motifs brodés ornant les réticules. 7

On sait que cette annotation n'a pas été conservée dans l'édition de 1861, mais Baudelaire a eu l'idée de l'ajouter quand, en 1862, il a corrigé l'épreuve du poème qu'il entendait faire figurer dans Les Poètes français d'Eugène Crépet. Bon pour Les Petites Vieilles. Puis il a ajouté une deuxième note et l'a supprimée à nouveau avant de la poster. La note est très similaire à la revue de 1859, sauf que Baudelaire ne mentionne plus Lamessage :

Les demi-teintes ridicules sont souvent ornées de lettres inversées héroïques, comme en témoigne l'imprimé antique 8.

Toutes ces allusions éparses, et surtout ces deux notes, laissent à penser que Baudelaire a puisé les détails de la robe de cette femme dans des gravures de mode retrouvées dans le journal de Ramessange. La mention de La Mésangère dans la lettre à Poulet-Malassis du 16 février 1859, telle qu'elle apparaît dans la lettre du 13 février, indique que Baudelaire visitera la Revue. contemporain le 16 septembre 18599, soit quelques jours avant. Baudelaire enverra le manuscrit du poème à Victor Hugo. La phrase peintre de la vie moderne indique que Baudelaire travaillait encore sur ces gravures entre novembre 1859 et février 1860, donc pendant qu'il écrivait. Le but de mes recherches était d'identifier avec la plus grande précision les gravures que Baudelaire pouvait comprendre, de compléter la courte description du réticule que lui-même ne nous donnerait pas.

Le Dictionnaire Larousse nous apprend que Pierre de La Mésangère est né à La Flèche ; 28 juin 1761.

Lui-même est ordonné prêtre et proclamé bellettres en juin à La Flèche.

Pour 6.1 p.p. 89-91 à 1014-1019.

7. OCI, p. 1018, note 2.

8. OC I p. 1018, note 2.

9. Voir Fleurs du Mal, éd. Citation, p. 175.

250 Histoire de la littérature française revisitée

La révolution est venue et a fermé l'université de la ville. Arrivé à Paris, il se retire prudemment et prend en octobre 1799 la direction du Journal des Dames et des Modes. On voit donc que le prêtre sévère et digne se rend souvent dans les lieux publics pour y observer l'apparition des dames et va au théâtre. voir pièces neuves. « Il sort toujours sans parapluie, dit Fayol, et quand il pleut, il en achète un. Il oublie souvent sa tabatière et en achète une autre. Chaque fois qu'il sort, il achète quelque chose, parfois une paire de chaussettes. soie, parfois une paire de chaussures, un tailleur ou un chapeau. Il avait toujours dans ses poches des pièces de 15 et 30 sols qu'il distribuait aux pauvres qu'il rencontrait dans la rue. À sa mort, ses possessions comprenaient 1 000 paires de bas de soie, 2 000 paires de chaussures, 6 douzaines de manteaux bleus, 100 chapeaux ronds, 40 parapluies, 20 bouteilles de tabac à priser et 10 000 francs de 15 et 30 cents.

M.-R.-A. Henrion mentionne quelques autres œuvres de La Mésangère dans son Annuaire biographique 1830-1843 AD ; une géographie de la France selon le nouveau découpage en 83 départements (Paris, 1791, in-8) ; une nouvelle bibliothèque pour enfants (Paris, 1794, 12) etc.

Son œuvre la plus importante reste le Journal des Dames et des Modes, fondé en 1797 et qui durera jusqu'en 1838, sept ans après la mort de La Mésangère, qui le dirigera pendant plus de 20 ans.

Le Journal des Dames et des Modes fut fondé au V [1786-1787] par un écrivain nommé Sellèque en collaboration avec une certaine Madame Clément, et repris à partir du IX [1800-1801] par La Mésangère, ancien professeur de philosophie et de lettres, qui dura à 1831. Cette revue est un excellent document pour quiconque souhaite explorer les 12 styles vestimentaires différents de l'époque.

Il est donc surprenant que la collection complète soit si difficile à trouver. Colas 13 a noté que "les premiers numéros sont extrêmement rares" et que les périodiques des cinq premières années sont en fait absents de la collection de la Koninklijke Bibliotheek. A propos de la collection complète des textes, mais malheureusement toutes les planches manquent, mais en Biblio10.

bibliothèque10. Voir la note 12 ci-dessous pour cette date.

11. Paris, Méquinon, 1834, II, p. 75.

12. André Blum, Histoire du costume, Paris, Hachette, 1952, p. 52.

Il serait utile de préciser la date à laquelle Rameshange est devenu président du magazine. Or, selon André Blum en 1800-1801. Eugène Hatin, dans sa Bibliographie historique et critique de la Presse Française, Paris, Firmin-Didot, 1866, précise également que La Mésangère devint propriétaire de la revue après la mort de Sellèque, "au début du IX" (p. 9) . . 596), peu après le 23 septembre 1800 ; René Colas confirme cette date dans sa Bibliographie Générale du Costume et de la Mode, Paris, 1933, 2 vol., ajoutant que Sellèque est mort le 2 nivôse et LX = 23 septembre. 1800 (page 587). (Il est intéressant de noter que la collection de périodiques de la Bibliothèque nationale a commencé à la même date.) Nous avons vu que le Dictionnaire Larousse indique que Ramessangel "a pris la gestion des périodiques en 1799" (voir ci-dessous) ; Grand Larousse De Encyclopédique suggère à son tour 1802- E. Hatin et R. Colas (ibid.) indiquent que La Mésangère a contribué aux gravures dès le début de la revue.

13. Levez-vous. citation.

Remarques et documentation 251

thèque de l'Opéra (dans le catalogue de cette bibliothèque) ; J'ai pu le retrouver grâce aux premières informations du catalogue de vente 14 puis à la gentillesse de la bibliothécaire. C'est dans les deux collections incomplètes de la Bibliothèque nationale et de la Bibliothèque de l'Opéra que j'ai pu identifier des textes et des illustrations qui permettent de préciser la nature des réticules et des trames. Les mentions et descriptions de ces lieux d'intérêt apparaissent principalement dans les textes antérieurs du magazine; rappelons la lettre de Baudelaire à Poulet-Malassis du 16 février 1859 dans laquelle il soulignait que « ces choses légères « Utiles » - « Non seulement des images, mais des mots »15.

Les magazines mentionnent plus souvent le réticule que les "énigmes" que Baudelaire utilisait pour décorer les bourses de sa vieille dame. L'écriture est populaire depuis des années. Les motifs font fureur en tant qu'embellissements de visière.

L'évocation du réticule se trouve sous la rubrique "Modes Parisiennes", qui commente le mode de l'heure, ou sous la rubrique "Explication de la Gravure n°...". Ainsi, dans le dernier numéro du journal de 1798, on trouve dans la première de ces deux rubriques :

Les sacs à main ont certainement remplacé les poches. Vous pouvez quitter un mari, un amant, et ne jamais laisser de bourse ; il est le compagnon inséparable [sic] de nos beautés, le fidèle gardien de leurs pensées les plus secrètes. Cela s'appelle de la moquerie; une variation de leur forme leur donne le nom du jeu. - il y a des sacs de toutes les couleurs ; les plus élégantes sont brodées d'or ou de soie ; un sac plus ou moins en stock, une lunette, un mouchoir et un roman suffisent à le rendre complet (Journal, 1798, t I, nº 10, nov., p. 12.)

C'est le premier réticule que j'ai trouvé. Ce qui suit est plus « sociologique » que descriptif :

Chaque femme bien habillée porte son ridicule (portefeuille). Peu d'entre nous n'en ont qu'un, nous aimons varier et donner le meilleur à nos amis. Il est rare de faire deux pas à Paris sans se faire ridiculiser... (Journal, 1798, t. I, n° 19, 18 novembre, p. 8.)

Ici l'auteur se laisse jouer avec les mots, et nous verrons plus loin qu'il en condamne d'autres.

14. Un catalogue exquis des collections de vêtements du XVIIIe et du début du XIXe siècle, des aquarelles originales de M. Vicomte et Jonghe, y compris une description complète de la collection de périodiques dans son ensemble - "la collection la plus complète jamais mise sur le marché": Cette vente aux enchères a trouvé lieu le 20 octobre 1930. Les auteurs notent également que les numéros 1 et 7 de la revue se trouvent à la bibliothèque de l'Opéra. Autre catalogue à vendre, importante collection d'uniformes militaires

Français et étrangers, costume civil, collection, suite, gravures indépendantes, aquarelles, livres, livres illustrés des XVIIe et XIXe siècles, collection de lithographies, gravures du XIXe siècle. 18e, Œuvres de Félicien Rops, journal répertorié 1797-1836 et une série de 313 planches (de 1797 à Tan Xi [1802-1803]), vendues du 21 au 29 novembre 1910.

15. Correspondance, t. Moi, le 550e.

252 Histoire de la littérature française revisitée

Terme ridicule, double réticule. Or, c'est ce terme qu'il utilise dans cette « Explication de la Gravure » :

Chiffres ridicules.

Il fut un temps où il n'y avait plus de femmes décentes, mais ils pensaient qu'ils ne pouvaient pas vivre sans elles. Nous les voyons aussi plus que jamais. Ils sont drôles le matin, ils sont drôles en société, ils sont drôles en danse, ils sont drôles en concert. Ils sont une partie importante du trousseau de mariage. Une dame de bon goût devrait en amener au moins une douzaine à son mari. Elle le lui prêtera si besoin. A cet égard notre belle est fière de sa générosité (Journal, 1798, L I, n° 23, 2 décembre, p. 13, « Explication de la Gravure n° 23 »)16

Se référant aux diverses décorations de visière qu'il a observées, il a décrit plus tard cette année-là :

[a] Le sac est qualifié de ridicule et a la forme d'un panier. On s'accroche à ces choses ridicules, mais on aime changer... de forme. Points, arabesques, reliefs, figures successives (Journal, 1798, t. I, n° 24, 9 décembre, p. 10, « Explication de la Gravure n° 24 ».)

Notre auteur ne se contente pas d'illustrer cette tendance. Il s'intéresse également à ses origines et au mot "non-sens" lui-même. Ainsi, dans le numéro 17 du 21 avril 1800, t. J'ai lu:

dans le paquet ridiculement nommé.

La première fois (dit un journaliste) j'ai entendu le nom ridicule de ces petits sacs que les femmes utilisent pour porter leurs sacs, j'ai cru qu'il était mal prononcé, ou je l'ai mal entendu, etc. . Confiant dans mon esprit, je dis toujours dans mes vues, je laisse l'élégance d'une expression, l'absurdité d'une autre, je commence à compter les prosélytes, même parmi les femmes. L'ancienne mode, qui s'est imposée plus tard, m'a beaucoup aidée : la démarche de ne pas privilégier un mot latin pouvant désigner un meuble, l'équivalent parisien d'un sac de femme à Rome. Mais comme tout le monde ne dit pas la rengaine, et que dans certains théâtres le dernier mot est sanctifié par de beaux jeux de mots bilingues, je commence à rougir d'être le seul à avoir raison ; c'est l'expression vraie, l'expression originale. J'appelle la science pour m'aider. Après plusieurs recherches infructueuses, j'ai trouvé un article sur le réticulum dans l'encyclopédie, et j'ai vu que les Romains (hommes et femmes) utilisaient du réticulum, c'est-à-dire des sacs en filet, du pain aux fleurs. Cicéron représente Verres avec une gaze pleine de roses sur le nez. Cette découverte m'a fait sauter de joie et je me suis juré de la partager avec le public. Par conséquent, j'exhorte nos dames à rejeter le mot [sic] non-sens qui est la source éternelle de doubles sens et de mauvaises blagues et à prendre en charge le but, je crois toujours au vrai mot comme nous venons de le lire dans ma citation. désigne un sac utilisé à peu près aux mêmes fins par les citoyens et les dames romains. De plus, je demande à mes lecteurs de pardonner mon érudition. Peu de gens font cette erreur de nos jours. Je n'ai pas pu résister à l'envie de me démarquer.

16. Il convient également de noter que les réticules sont populaires au Royaume-Uni. On apprend qu'« on dit en Angleterre que le ridicule est indispensable » (Journal, 26 ventôse an VIII, 16 mars 1800, 11, note 35, p. 210 : « Explication de la Gravure », note 201).

"Instructions de gravure, note 5" du bon de livraison 5 (27 janvier 1800), p. 13. 134, t I, comprenant la description suivante :

Un essentiel en taffetas blanc agrémenté de dentelle, cordon et pompons dorés.

Remarques et documentation 253

Pour être honnête, tout cela ressemble plus à une sorte de "galerie" d'intérêt où l'auteur peut montrer son "érudition" qu'à une recherche sérieuse de l'origine du mot. On note également la condamnation de la « blague » dont il est lui-même accusé. En effet, dans un essai ultérieur, Ramessange refuse d'expliquer ce terme absurde :

Je ne rentrerai pas dans l'étymologie du nom de ce sac isotherme : il y a déjà assez de rumeurs à son sujet.

- Accordez plus d'attention à l'histoire de la mode elle-même :

Pour déterminer s'il [le réticule] a eu l'honneur d'orner les mains de nos belles par commodité ou par grâce, il suffit de déballer l'intéressante histoire de la mode et de lire quelques pages de ce chapitre sur la révolution du sac pour lire (Journal, 1800, t III, n° 52, 22 déc., p. 351.)

La popularité du réticule semble s'être poursuivie jusqu'en 1801, mais déclina vers la fin de l'année :

Le nombre de sacs dits absurdes a été réduit (Journal, an IX/1801, t II, n° 68, 10 fruitidor, 28 août, p. 544.)

Comme indication de la popularité du réticule à l'époque, on peut noter que l'historienne française de la mode Camille Pitton a reproduit dans son ouvrage Le Costume civil en France du XIIIe au XIXe siècle 17, probablement tiré du Journal du "floréal, an VIII " (avril/mai 1800), fut sans doute choisi pour caractériser la mode de cette année-là. Camille Piton a commenté les détails de cette gravure, qui représente une jeune femme portant un sac en forme de croix :

De toutes ses tenues, l'accessoire le plus flamboyant est son réticule hexagonal irrégulier avec un mythique décalque I8.

Quant aux rébus, bien que nous n'ayons trouvé aucune trace du motif dans le texte du journal et qu'il n'y ait pas d'images de rébus dans la collection (incomplète) de la Bibliothèque nationale, j'ai trouvé un exemple. , illustre et analyse un autre ouvrage de l'écrivain prolifique, Costumes parisiens de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. 19 Il est clair que ces excellentes planches de mode, accompagnées chacune d'un court commentaire, devaient être tirées de revues et former une seule collection - cette déclaration d'E. Hatin confirme cette conclusion :

Certaines estampes du Journal des Dames (2373, de 1797 à 1825) ont été rassemblées et publiées sous le titre Costumes Parisiens de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIX, 28 volumes, in-820

17. Paris, Flamarion, 1913.

18. Levez-vous. Citation, p. 340.

19. Dans le « Sous-titre » : « Ouvrage commencé le 1er juin 1797 ; partie 1, avec 100 gravures ; à Paris, dans le Journal des Dames », inscription « 1797-1799 » en marge.

20. Idem. Voir aussi l'article sur La Mésangère dans l'Encyclopédie Grand Larousse.

254

aperçu de l'histoire de la littérature française

C'est dans cette collection que j'ai découvert une plaque qui semblait finalement correspondre à la description de Baudelaire 21. La plaque représente une femme portant "voile à l'Iphigénie" et "blanc" et portant un sac d'argent (voir fig. 1) . ) également inscrit "Champs Élysées" au 21.

21 ans. n° 47, daté VI, 1797-1798.

Remarques et documentation 255

Sous le commentaire se trouvent plusieurs gravures avec de telles désignations, et l'on peut supposer que La Mésangère, se promenant dans les places publiques parisiennes mentionnées par Fayol22, avait très exactement consigné ses observations sur la place de la mode.

22. Voir ci-dessus, page 250.

256 Histoire de la littérature française revisitée

Ma deuxième image 23 (voir fig. 2) est une gravure de la septième année (1798-1799) montrant un autre exemple du réticule, cette fois le dessin du décor semble mettre particulièrement l'accent sur le style Baudelaire. Deux enfants "ressemblant à des chérubins", dont un seul semble avoir des ailes, sont assis sur les côtés opposés d'une chaise à bascule qui tourne autour d'un sablier avec des ailes attachées. L'enfant ailé tient un arc et tente de tirer la flèche à travers une guirlande (comme une couronne de laurier) tenue à bout de bras par son compagnon. Toute l'allégorie est ici mise en scène avec les détails vestimentaires des femmes, ce qui s'explique par la complicité entre les deux enfants, dont le jeu - l'archer est un peu plus sérieux, l'autre plus provocateur - peut représenter l'amour, une sorte de A. passe-temps qui a lieu à l'avance.

Est-ce à cette gravure que Baudelaire fait référence dans un passage du Salon de 1859 (exactement le texte contemporain des Petites Vieilles et des Peintres de la vie moderne) ? Baudelaire dénonce ici la médiocrité des représentations amoureuses des peintres de ce qu'il appelle « l'école du point »24 :

L'école en question, dont le personnage principal (à mes yeux) est un éternel ennui qui s'occupe de proverbes, de rébus et de vieilles nouvelles. En tant que rébus il reste à ce point inférieur à l'Amour fait passer le temps et au Temps fait passer le temps l'Amour, qui a les vertus d'être effronté, précis et irréprochable.

On peut le noter : la phrase citée par Baudelaire en italique est une interprétation parfaitement valable de la seconde de nos deux illustrations...

A noter également que cette gravure date de la septième année ; nous savons maintenant par sa lettre à Poulet-Malassis du 13 février 1859 que c'était l'année préférée de Baudelaire, Vogue. Il faut cependant avouer que le mot rébus n'apparaît nulle part dans les commentaires de La Mésangère sur ces gravures. Donc si l'on suppose que Baudelaire connaissait au moins la deuxième gravure, c'est à lui de "déchiffrer" l'anagramme. Quant à l'énigme de mon premier exemple, elle s'explique aisément : « Il n'y a pas (cent) détours (Dtour) »26.

Il faut ajouter que ces deux panneaux pour Costumes Parisiens ne sont pas les seuls à avoir une visière. Pour plusieurs autres sacs que l'éditeur a passé en revue, il a explicitement qualifié de "ridicule" (qu'il a réservé à la place de "Crosshair"), mais aucun.

23. Planche n° 71, de la même collection.

24. Salon van 1859; CO II, p. 637.

25. Ibidem, p. 639.

26. Un ouvrage publié en 1797 par La Mésangère, Le Voyageur à Paris, Paris, Chaignieau aîné, V [1797] (trois petits livres en 32), Le Capital pittoresque et moral, confirme que « les énigmes de ce genre » (c'est-à-dire rébus) "combinent leurs significations dans des combinaisons de nombres différents avec des syllabes ou des lettres isolées" (t. III, p. 83).

Remarques et documentation 257

Numéros 47 et 71. D'autres exemples se trouvent dans un volume supplémentaire de La Mésangère 17991803 (s.l.n.d.) 27 : Les dessins en couleurs ont servi de modèles pour les illustrations du Journal des modèles « Le Costume parisien ». L'ouvrage se compose de quarante pages de gravures de vêtements féminins, sans annotations, à raison de deux gravures par page ; sur cinq d'entre eux on voit une femme avec un réticule, mais aucun ne semble avoir de rébus.

Ainsi, l'identification de la gravure (ou plutôt de la gravure) mentionnée par Baudelaire dans ses notes sur le manuscrit des Petites Vieilles n'est pas encore aussi certaine qu'on pourrait s'y attendre, car pour être sûr on s'attendrait à ce que le texte soit dans Journal, une description de numéro 47 ou 71 de Costumes Parisiens, ou tout autre contenu similaire de même nature, où une liste est considérée comme une manière très professionnelle ou élaborée de décorer la visière. Il est cependant possible que Baudelaire ait eu connaissance de deux des gravures reproduites ici, et peut-être même de la seconde, la gravure de septième année, et ait eu en tête lorsqu'il a écrit un passage du Salon de 1859 où nous avons déjà vu en novembre 1859. Mésangère est consulté entre janvier et février 1860, alors qu'il écrit Le Peintre de la vie moderne. Fait ressortir le vrai sens de Baudelaire de Pierre de La Mésangère :

J'ai devant moi une série d'estampes de mode, commençant par la révolution et se terminant plus ou moins par le consulat. Ces costumes, qui font rire beaucoup sans réfléchir, ces personnages sérieux sans véritable sérieux, forment une double fascination pour l'art et l'histoire. Ils sont très beaux et spirituellement attrayants ; mais au moins aussi important pour moi, et ce que j'aime retrouver dans tous, ou presque, ce sont la morale et l'esthétique de l'époque.

En effet, ces deux éléments de la beauté, "l'éternité" et

"Transition", déjà dans le salon de 184630. ils doivent

Considéré comme une constante de l'esthétique de Baudelaire.

Mais lorsqu'il accepte cette distinction dans le grand

Esthétique 1859-1860, notamment en ce qui concerne

Personnel de Constantin, il doit chercher d'autres exemples. exister

Le travail des gars le lui fournit largement. mais ce passage

Le nom du peintre de la vie moderne nous avertit que lui aussi

Grâce aux exploits de La Mésangère, il a pu développer cette

Le concept de "transitoire" et ainsi contribué à la formation de

La pensée esthétique du poète.

E. avant.

27. Le titre semble reconnaître l'existence d'un autre magazine de mode, édité par La Mésangère, dont nous n'avons aucune trace. Dès lors, « Le Costume parisien » doit désigner une collection de rubriques mode pour les vêtements parisiens.

28. Voir ci-dessus, p. 2 et note de bas de page 1.

29. OC 2e page 684.

30. O.C II, p. 493.

Information

- L'Association des Etudes Staëliennes (Paris) et l'Association de Benjamin Constant (Lausanne) organisent un séminaire sur "Le Groupe Coppet et la Révolution" (juillet 1988). L'adresse de contact (avant le 30 septembre 1986) et de questions est l'Institut Benjamin Constant, Université de Lausanne, "Colloque de Coppet", Bât central, CH 1015 Lausanne-Dorigny.

-Roucher-A Company. Chénier se réunira le samedi 26 avril à 14h à l'Hôtel de Ville du Château de Versailles. L'assemblée générale de l'association est suivie d'une table ronde consacrée à Roucher et A. Chenier.

- Les 15 et 16 mai 1987, l'Université d'Angers (Centre d'études européennes du XVIIIe siècle et Centre d'études littéraires d'Anjou) organise un séminaire interdisciplinaire : « Volney et le Penseur » (1 Anjougens, Viajante, pamphlétaire, auteur ; 2. Théoriciens, révolutions et empires ; 3. Idéologie versus sciences exactes, sciences humaines, religion ; 4. Théoriciens et littérature ; 5. Accueil de Volney et des théoriciens français et étrangers). Pour toutes informations et conseils sur les mémoires, merci de contacter : Jean Roussel, Faculté des lettres et sciences humaines, 2, rue Lakanal, 49045 Angers Cedex.

- Annonce de la création de l'Association des amis de l'Institut de littérature française (Sorbonne Université Paris), dans le but de promouvoir les études françaises et d'informer le public sur la valeur de la culture littéraire. Contacter le secrétariat de l'Association des instituts littéraires français, 1, rue Victor-Cousin, 75005 Paris.

Catalogue de littérature française

Pour nos lecteurs,

L'année dernière, nous vous avions interrogé sur une proposition qui nous était venue : réunir la Bibliographie complète de la littérature française de René Rancoeur en un numéro annuel.

Nous tenons à remercier ceux qui ont répondu si gentiment.

La proposition a reçu un large soutien. Notre instance dirigeante a donc pris le relais. Toute la bibliographie de 1985 sera regroupée en un livret puissant, l'édition 3, 1986. Par conséquent, la section bibliographie a disparu des autres livrets.

Les livrets bibliographiques, comme tous les autres livrets, peuvent être vendus séparément

direction.

Rapport

PHILIPPE D'ALCRIPE, La Nouvelle Fabrique des excellents traits de vrai... Édition révisée par FRANÇOISE JOUKOVSKY, collaboration avec un groupe d'étudiants de Rouen, Droz (coll. "Textes littéraires français", n°319), Genève, 1983. Un roll-in-8° de CXII-250 p.

Tout d'abord, nous tenons à remercier Mme. Joukovsky pour avoir enfin rendu accessible à tous les chercheurs ce véritable joyau de la littérature narrative de la Renaissance : l'édition précédente remonte à 1853 !

L'édition originale de 1579 n'a toujours pas été retrouvée, et c'est un texte que Mallard a publié entre 1580 et 1590 (critique correct, car très inexact) qui a survécu et a été comparé aux quatre éditions ultérieures : Publié Le marchand a opté pour la lectio difficilior, qui refuse de corriger le texte sauf fautes de frappe évidentes ; une décision courageuse et sage, car les ressources critiques peuvent souvent clarifier des passages difficiles. Cependant, si le sens n'est pas clair, il peut être nécessaire d'ajouter un commentaire (ou un glossaire très utile à la fin) ; nous citerons donc le mot « ruer jus » du récit XVIII sans aucun commentaire pour en révéler le sens. Vocabulaire très diversifié, mélange de jargon archaïque et technique, volontairement pittoresque et ambigu, et sans se plonger dans la tâche éditoriale, les lecteurs sont parfois insatisfaits : par exemple, certaines morales poétiques méritent un commentaire (XXI : « l'armée » ? ; XXXII : « couteau chef" ? ; LXXVI : Signification du verset 1 ?)

Mais au-delà du plaisir des 99 histoires publiées, l'importance de cette édition réside dans la richesse de sa présentation, inhabituellement longue mais ici parfaitement justifiée. Le premier chapitre est crucial parce qu'il l'est. Fournir des preuves irréfutables que Philippe Le Picard se cachait bien derrière l'anagramme ; ainsi il nous livre un détail biographique important - jusqu'alors inconnu - trouvé dans la nécrologie de l'Abbaye de Mortemer "Frère Philippe ? note l'histoire elle-même - imite désormais les érudits, voire la littérature moralisante, que nous imitons avec grand plaisir. Le chapitre trois a un sens très fine analyse stylistique de ces « formes courtes », les récits dépassent rarement une page, pourtant Le Picard parvient à rendre subtilement tout son art, et parfois même sa virtuosité, l'analyse lexicale en fin de chapitre montre à quel point le narrateur est un héritier conscient de toutes les traditions de la littérature narrative, de la strophe à la fin de chaque histoire, on ne dit pas qu'elles sont "volontairement anachroniques", ne dites pas...

260 Histoire de la littérature française revisitée

On n'a pas "d'interruption" entre le texte et sa morale, mais de subtils déplacements à visée parodique, des clins d'œil ironiques au lecteur averti de l'histoire - toujours présentés dans le texte à travers des systèmes différents et des usages très subtils. la voix révélatrice. Le dernier chapitre présente les différentes éditions de De Nieuwe Fabriek et leurs traditions d'impression.

Il s'agit d'une édition remarquable qui mêle habilement les approches "classiques" (biographie, études des sources) et les approches plus "modernes" (analyse structurelle, stylistique) pour saisir tout le sens du texte.

Michel Magnion.

NOSTRADAMUS, Lettres inédites, éditées par JEAN DUPÈBE. Genève, Droz, THR, 1983. Vol. 18,5 x 25,5 pages sur 186 pages

L'aspect approprié de cette édition nous rappelle la priorité de l'humanisme linguistique, qui doit toujours être la nôtre, aussi tentantes que soient les « propositions » et autres moyens éphémères de promotion personnelle : publier et republier. Le cas de Nostradamus est exemplaire à bien des égards, pas seulement le déséquilibre entre l'inflation du discours critique (avec presque aucune certitude) et la pénurie de textes fiables compilant des bibliographies de matériel soigneusement organisé. Cela entrave la commercialisation. Le procès du libraire, dans son cas, tombe dans la tentation constante d'une date antérieure.

Jean Dupèbe n'est pas parti du plus simple. Il s'en prend à un manuscrit (BN ms. Lat 8592), sans doute préparé sous la direction de l'astrologue, composé de 51 lettres. Peiresc avait connaissance de ce livre (p. 12), qui était peut-être à l'origine destiné à l'impression, mais resté inédit en raison de la volonté expresse de la famille, désireuse de cacher un ouvrage dans lequel Michel de Nostradam de Nostredame) "détestable a manifesté son soutien pour le protestantisme, obscurcissant sa réputation posthume de catholique ardent et violant l'honneur de la famille » (p. 12). Jean Dupèbe l'a reproduit avec grand soin, n'excluant que « les éléments de technique purement astrologique, tels que l'astrologie, les directions et les révolutions » (p. 13) En annexe, les éditeurs ont ajouté trois lettres bien connues provenant d'autres sources.

Le procédé choisi a été une transcription du texte latin, suivie d'un résumé en français, familier à quiconque lit régulièrement l'édition actuelle des lettres de Théodore de Bez. En général c'est satisfaisant. Jean Dupèbe s'est efforcé d'annoter ces lettres avec une patience et une habileté infatigables. Il précise les allusions et les citations, qui ne sont pas toujours évidentes, si bien que les connaissances de l'astrologue peuvent parfois sembler confuses (ex. p. 124, numéro 1). Mais de précieux fruits couronnent son travail : ainsi apparaissent les titres les plus familiers aux astrologues, comme Adagia d'Erasme, Horace, Ovide, Cicéron, Sénèque, Corneille Agrippa, et même l'un des résumés latins disponibles pour le premier semestre. du premier siècle. Nostradamus a traduit Ronsard par

1. Nous sommes encore plus désolés de la révision inadéquate du manuscrit (p.x : « Anagrammes approximatifs », ibid., n.11 : « Anagrammes imparfaits » ; p.XXXVIII : « Époques géographiques » ; p.XLIX : « Pour faire la cause Tip » ; page LI : « Ramenez la chair » ; page LXII : « A. Prenez-le pour le plaisir ») et correction imparfaite des épreuves (page x : « Estit » à « Estist » ; page XXXVIII, n° 48 Supprimer le deuxième « jusqu'à » ; P. L n° 69 : « Quelques chapitres » ; P. LXIII : « Formes très différentes » ; P. LXVIII : « Et autres compilateurs » ; P. LI : « Goelius Rhodiginus » ; P. LXXXI : "où" signifie "ou" Page LXXXV : "fuir" Page XCVII : "Mulenet" signifie "Moulinet" Page 126 : "Serrse" signifie "Serres" : p.144 "deux lièvres" pour "deux lévriers" ; p. 218 : "esteul" à "esteuf").

rapport 261

Latin (p. 56 - cet article devrait être ajouté à la liste dressée par Ian Mac Farlane) ; avec des mécènes éclairés comme Jean de Morel (p. 169173) et son éditeur Jean Brotot (Lettres II et VI) Il y eut correspondance ; il avait une note de Benoît de Flandria, qui devait traduire en latin le discours d'Henri III au domaine de Blois (p. 151).

D'après notre manuscrit, ces contacts étatiques occasionnels semblent inhabituels. C'est surtout la correspondance avec son client allemand, le grand marchand d'Augsbourg, qui l'occupe. Des explications impeccables aideront le lecteur à explorer ces lettres dont l'obscurité intriguait déjà Hans Rosenberger (pp. 14-15).

Aux mérites de la lettre elle-même, la lettre ajoute un étrange intérêt : elle ne sert à éclairer rien de moins que l'origine et la signification du siècle. Jean Dupèbe montre, preuves à l'appui, que Scaliger a sans doute amené Nostradamus à la spiritualité lors de leur rencontre à Agen ; il pense presque que notre astrologue est probablement le traducteur du manuscrit anonyme (BN ms. fr. 2594), Orus Apollofils de Osiris Roy de Aegipte Niliacque. Hieroglyphic Notes, tome 2 in Epigrammatic Rhythm [...], dédié à la princesse de Navarre (voir la contribution de Robert Aulotte aux Etudes seiziémistes dans cet article, p. 33, nº 4, en particulier est le même "D" (" L'Egypte à travers l'Italie jusqu'à la France : Horapollon au XVIe siècle", Mélanges Simone, I, pp. 555-572).

Cette publication se situe au carrefour de l'histoire des sciences, de la pensée et de la littérature et aide à tout progrès. Sans aucun doute, sa présence est essentielle dans toute bibliothèque du XVIe siècle.

Michel Simonen.

HP CLIVE, Clément Marot. Bibliographie annotée. Londres, Grant & Cutler Ltd, 1983. Nations Unies Vol. 15 x 23 sur 218 pages

Cet ouvrage est d'actualité : à partir de la proposition fondamentale d'Orentin Douen (Clément Marot et Psautier huguenot, Paris, 1878-1879), sous l'impulsion de V.L. Les travaux de Saulnier restent décisifs dans ce domaine et la relance des recherches marotiques a nécessité le "statu quo", que M. Saulnier fondé en 1963 et remis au goût du jour en 1978 par Robert Aulotte.

Cette bibliographie vise à sauver la littérature marotique depuis ses origines jusqu'à la fin des années 1980 avec une double ambition : organiser ce vaste massif et analyser ses éléments constitutifs. Inutile d'insister sur l'importance de la méthode (les quelques chiffres qui ne sont pas entre les mains de H.P. Clive sont précédés d'un astérisque), et j'ai, par mes propres lectures, apprécié la pertinence et le sérieux de ces résumés cruciaux de la collection composé de règles. Outre les mentions habituelles, surveillez les rubriques consacrées au portrait et à la musicologie marotique, ainsi que les questions d'authenticité, et n'oubliez pas la liste définitive des œuvres de fiction mettant en scène Marot.

A ma connaissance je n'ai relevé aucun défaut (peut-être les trois tomes d'Eugénie Droz et de Louis Desgraves sur les presses de La Rochelle, beaucoup de poèmes ont été écrits), et on se plaindrait plutôt que « H.P. Clive se souvient de tout, je me souviens même son propre accent sur le manque de sérieux de la recherche, mais avec les citations soutenant son analyse, la courbe de réception du travail de Marlowe est ainsi formée.

Jacques Pinault.

262 Histoire de la littérature française revisitée

HP CLIVE, Marguerite de Navarre. Bibliographie annotée. "Research Bibliographies and Checklists", 34, Grant et Cutler, 1983. Un vol. 15 × 23 170 p.

Le tome 34 de cette collection est consacré à une figure de notre Renaissance qui a suscité un regain d'intérêt ces vingt dernières années et, comme le souligne l'introduction, de nombreux traités américains lui ont été consacrés. Cet ouvrage vise, au moins spécifiquement, à compléter les monographies, ouvrages ou articles de Marguerite de Navarre. La division du matériel dans les chapitres est assez simple: informations bibliographiques, éditions de textes, schémas, études de communication, études biographiques, études littéraires, générales, puis par genre littéraire et sujet d'œuvres, idées, langues, Marguerite de Navarra autres œuvres littéraires . Cet ordre est relativement valable du fait des références (mais la version profane Théâtre de V. L. Saulnier, par exemple, n'apparaît pas dans la rubrique "idées", malgré l'introduction). Vient ensuite une annexe qui complète la bibliographie jusqu'à l'été 1981 (mais gardez à l'esprit l'incertitude de cette période) ; un index, puis un autre index d'annexe pour une référence facile ; une liste incomplète et non descriptive des manuscrits, et enfin une préface et une liste de références pour chacune des Histoires des Sept Jours, sont les bienvenues. Grâce à quelques recherches, nous avons pu vérifier l'exhaustivité de cette bibliographie; quant aux critiques, il prend soin de s'en tenir à l'essentiel. Deux commentaires détaillés : a) dans l'index (p. 165), corriger Norden dans Norton ; b) la référence Fd 129 correspond sans doute à une révision d'un article de l'Université du Texas (Austin) avec un sous-titre différent (voir Dissertation Abstracts, XXXII, 1971-1972, nº 5794-A).

Oliveira Miller.

MARCEL TETEL, cours de sciences. Emblème et texte. Paris, Klincksieck, 1983. Nations Unies Vol. 16 x 23 de 173 pages non 13 illustrations.

Ces Lectures scéviennes n'entendent pas développer les différentes sortes d'interprétations qui peuvent découler du texte de Scève. Si Marcel Teitel rend finalement hommage à l'herméneutique médiévale en distinguant trois « codes de lecture » (littéral, allégorique et « miroir »), l'ouvrage adopte une approche moins systématique, se contentant de proposer un éventail d'analyses thématiques. Après un premier chapitre sur la méthodologie et une étude du microcosme, l'auteur s'intéresse successivement à la lumière (chapitre 3), au gouffre de l'amertume (chapitre 4) et à l'éternelle oscillation entre 'attraction' et 'soumission' (chapitre 5). . et la « spéculation » du discours poétique avec son propre objet (chapitre 6). L'ouvrage se termine par une bibliographie, bien qu'avec quelques lacunes (l'essai d'E. Duval « Articulation of the Delie », M.L.R., 1980, 65-75, devrait être inclus).

Influencées il y a peu par la soi-disant « nouvelle critique », ces analyses reprennent certaines idées issues des études scéviennes de ces dernières années : l'importance prépondérante des signes, la distinction entre les Sceves et le rôle fictif du poète-amant, selon M. Tetel, c'est ce qu'on appelle la "réflexion miroir" et ce que d'autres appellent "auto-référentiel" ou "discours réflexif". De manière générale, les hypothèses demeurent, même si la formulation de l'article semble souvent forcée. La fonction catalytique donnée à l'emblème, et l'unité thématique de la neuvaine qui le suit, sont ainsi destinées à atténuer l'impact de la rupture, qui

rapport 263

Scève est gérée de manière remarquablement coordonnée, et les critiques le soulignent depuis longtemps.

Comme de nombreux héritiers du structuralisme et de son postulat de cohérence, M. Tetel a eu du mal à résister à la tentation de l'originalité, qui n'était pas sans risque d'arbitraire, notamment dans les pages des anagrammes, douteuses mais inanalysablement intéressantes, quant au nombre et au nom (pp. 105-106), considérations sur language/langueur/désir laisse des doutes absolus.

Mais la principale mise en garde que le livre soulève est due au rythme de sorcière maladroit utilisé par l'esprit de l'auteur. Cela semble d'autant plus indécis que si l'expression n'est pas carrément fausse, elle est presque toujours ambiguë. Par exemple, à propos de la Tour de Babel, « le son, traditionnellement associé à la tour, oppose et complète la fatalité de la servitude et de la servitude poétique, et en même temps la renforce, puisque la présence de l'indéterminé peut doubler l'effort voulait clarifier et préciser » (p. 16) donne une tournure inattendue à la conclusion qui suit : « La tour de Babel symbolise la confusion des langues et la vanité humaine à vouloir être 'un imitateur de Dieu'.

Les règles les plus élémentaires du langage ne sont pas violées intentionnellement, et plus d'un lecteur sera sans doute frustré par un style qui se demande parfois ce qu'il parodie.

F Lecher.

Robert Olot, comédie de la Renaissance française et son chef-d'oeuvre : "Les Contens" d'Odet de Turnèbe. Paris, réunion CDU-SEDES, 1984. 150 pages en 16x24

M. Aulotte s'engage ici à démontrer « l'excellence de son contenu » (p. 121), une comédie composée entre 1580 et 1581 et publiée en 1584, dont l'inscription dans le schéma sommaire est parfois remise en cause. Disons tout de suite que la richesse des informations du critique sur ses auteurs mérite le respect 1 , l'étude s'appuie sur des ouvrages français et étrangers. Le lecteur ne sera pas insensible à la composition du livre (deux chapitres sont consacrés à deux scènes comiques pour briser la rigidité du plan traditionnel), ni à son illustration 2.

Les trois premiers chapitres présentent l'étude des textes de Turnèbe. Avant Turnèbe (chapitre premier), un tableau du théâtre comique, du genre médiéval à la comédie française ordinaire, s'est d'abord dessiné, en grande partie grâce à l'Italie. C'est une brillante idée de consacrer quelques pages à la théorie théâtrale de la comédie (chapitre 2) et aux essais de Charles Estienne, Pelletier Dumont ou J.C. Scaliger. Des informations sur les textes du célèbre fils d'Adrien Odet de Turnèbe et Contens sont données à la fin (M. Aulotte présente un nouvel argument en faveur de 1580-1581, pp. 44-45) ; Le chapitre III contient des commentaires utiles (par exemple, sur l'utilisation des ressources), y compris des développements moins nécessaires. Les deux autres tiers du livre concernent la comédie elle-même. Les chapitres quatre et cinq sont consacrés à l'analyse théâtrale : la structure de l'action, qui se déroule jusqu'à ce que le résultat rende tout le monde heureux (c'est ce que veut dire le titre).Dans ce festival, entre le prologue et le discours de clôture de Rodomont, l'épilogue se dessine ; Quelques points de technique dramatique, tels que l'unité de lieu, le lien avec la scène et la fonction

1. Ce type d'érudition correspond à un grand nombre de notes, ce qui ne diminue en rien le poids de la lecture !

2. La typographie est très propre avec peu de fautes de frappe (ex : p. 29, lire : Thomas Sébillet ; p. 127 : pour ses cadeaux).

264 Histoire de la littérature française revisitée

monologue. Analyse très intéressante, mais on aimerait être plus systématique. M. Aulotte répond aux désirs du lecteur dans son étude détaillée de la scène. Mais le mouvement de la belle scène d'exposition (I, 1) est quelque peu perdu dans une série de notes utiles ligne par ligne (chapitre 6) ; quant au duo d'amour de l'acte V (v, 3), le choix n'a pas d'importance (cette comédie propose bien d'autres scènes ravissantes autour de l'agile Françoise ou du charmant Rodomon !), il est tout de même rapidement analysé (chapitre VIII). Bien sûr, nous voulions faire une étude de rôle ; nous l'avons lu en détail au chapitre 1. Voir (pp. 85-101). La source du rire a été identifiée au chapitre 1. IX, au nom de tons comiques simples ; une grande partie de la comédie parlée. La conclusion confirme la qualité de la comédie étudiée et met parfaitement en valeur le portrait moral qu'elle propose. Une annexe pratique est suivie d'un impressionnant 139 titres 3 références.

En conclusion, M. Aulotte suit la démarche classique et publie une étude très savante qui, au gré de l'auteur, est d'une grande utilité à tous ceux qui souhaitent avancer dans la meilleure analyse du théâtre et de la littérature. Comédie de notre Renaissance.

Carlos Mazur.

PIERRE BONNET, Bibliographie méthodologique et analytique des ouvrages et documents relatifs à Montaigne Gusqu'à 1975). Editions Slatkine, Genève-Paris, 1983. 15 x 22 volumes, 586 pages.

Pierre Bonnet a eu le temps de finir ce que tous les Montaignan attendaient avant de nous quitter. Nous avons ainsi accès à une bibliographie irremplaçable des études de Montaigne. En ce sens, les outils sont notoirement inadéquats. Les chercheurs peuvent lire l'avis du Dr. Payen and the Concise Bibliography of S. A. Tannenbaum, 1837, ouvrage remarquable publié en 1942 et réimprimé en 1967, mais qui mérite d'être complété et dont les informations méritent parfois d'être révisées. Après 1942, des bibliographies sur Montaigne ont été diffusées dans des collections bibliographiques générales, dans des essais bibliographiques sur l'œuvre de plusieurs auteurs et dans des revues qui recensent régulièrement des œuvres littéraires.

Dès lors, grâce aux travaux de P. Bonnet, les montagnards disposent d'une véritable bibliographie spécialisée, qui ne sera mise à jour qu'en 1975. Il est basé sur diverses sources. Certains sont de nature entièrement bibliographique, consistant en plusieurs bibliographies et catalogues de bibliothèques existants, dont les informations ont été soigneusement vérifiées et corrigées ou complétées plus d'une fois. D'autres sont "de première main", le résultat d'innombrables mesures. Cette liste est l'une des plus complètes car elle contient des encyclopédies,

3. Cependant, il n'est pas exhaustif. Suivent quelques ajouts : I. Texte : Les Corrivaux de J. de La Taille, également édité par G. Macri (Galatina, 1974) ; L'Esprit de Larivey de MJ Freeman (Université d'Exeter, 1978) ; dans son Aux deux premiers volumes de Farce en France de 1450 à 1550, 1976, A. Tissier ajoute une deuxième série de textes sous le même titre (t I de 1981), dans laquelle il propose une traduction de la première série (Farces du Médiéval, Garnier-Flammarion, 1984). deux. Études : La Farce à Molière (série C.A.I.E.F., n° 26, mai 1974) ; Ch. Mazouer, Les personnages naïfs de la comédie médiévale de Marivaux, Klincksieck, 1979, p. 354. (Essai) M. Rousse, Farce Theater in Medieval France (Essais de Rennes II, 1983, Vol. 5).

rapport 265

Biographies, manuels d'histoire de la littérature et avant-propos de certaines éditions. La volonté d'exhaustivité ne fait qu'expliquer ce biais. C'est aussi juste, P. Bonnet insiste justement sur son intérêt scientifique : on retrouve souvent une telle perception de Montaigne dans de telles études qu'il "pourrait donner un signe original qu'il ne faut pas négliger" (Intro, p 2). , la bibliographie de P. Bonnet est également ouverte aux articles publiés dans les journaux quotidiens ou hebdomadaires : certains de ces articles sont écrits pour des revues professionnelles dans un style différent des autres.

Les descriptions d'environ 3 300 œuvres identifiées ne se limitent pas à leurs caractéristiques « d'apparence ». P. Bonnet a ajouté à la plupart d'entre eux des résumés, des citations finales ou des comptes rendus analytiques, et même des comptes rendus crédités publiés par des éditeurs littéraires. Les citations d'un article à l'autre permettent à un chercheur d'élargir rapidement son champ de recherche. Les différentes notes sont divisées en vingt et un chapitres et classées par ordre chronologique. On connaît les avantages et les inconvénients de cette méthode de classification. Les lacunes sont corrigées par deux indicateurs, sujet et auteur, avec un succès particulier.

Face à un travail d'une telle qualité, les commentaires qui me viennent à l'esprit sont tous relatifs. Nous vous rappelons un supplément actuellement en préparation qui couvrirait la période 1975-1985 et contiendrait un premier volume signalant les erreurs et omissions dans la bibliographie de P. Bonnet.

En premier lieu, il est aisé d'imaginer qu'un certain nombre d'ouvrages consacrés à Montaigne aient échappé à l'attention attentive de P. Bonnet : on regrette notamment l'absence de trois auteurs : Maria dell'Isola (Etudes pour Montaigne, Pavie, 1913 ); Julius-Frederic-Billeskov Jansen (Une ressource vivante sur la pensée de Montaigne: une étude fondamentale psychologique et biographique de l'essai, Paris, 1935), Jean Chateau (psychologue et éducateur de Montaigne, Paris, 1964). De plus, il est toujours facile de demander des ajouts à un index de mots-clés, mais difficile à écrire ; mais en fait deux entrées manquent; son absence gênera les chercheurs ; il s'agit d'essais et d'erreurs. Compensons l'absence de la première partie en renvoyant aux pages 201 à 237, où sont regroupées de nombreuses études sur le « sexe » ; mais les références 2472, 2488, 2500, 2566, 2567, 2569, 2626, 2635 doivent aussi être , 2937, etc., y compris les auteurs de revues, dont certaines sont plus importantes que les livres auxquels elles se réfèrent. A cet égard, je peux faire une analyse exhaustive du procès-verbal : P. Bonnet a fait un choix, mais ne l'a pas défendu. Soulignons enfin trois lacunes substantielles : le manque d'emphase sur les événements tout au long de l'ouvrage devient vite irritant, le nom de l'auteur est absent de l'enregistrement n° 1791, la date de publication est 1851 (note n° 1402). Une critique courte et détaillée d'une œuvre qui ne manquera pas de susciter l'admiration.

Claude Bloom.

WERNER MULLER-PELZER, vie et membres. Une étude de l'expérience de soi dans les essais de Montaigne. Étude La Boétie et «Discours de la servitude volontaire». Francfort-sur-le-Main, Berne,

266 Histoire de la littérature française revisitée

New York, Cole "Bonner Romanistic Works" 19, Lang, 1983. Nations Unies Vol. 14,5 x 20,5 sur 255 pages

L'étude de M. Muller-Pelzer est une lecture philosophique de la prose. L'auteur se réfère à "l'alphabet du corps" proposé par le philosophe allemand Hermann Schmitz. Il oppose la pensée de Montaigne à celle de Schmitz et explique les prétentions de l'un en fonction du système philosophique de l'autre. Inutile de dire que cette lecture nécessite l'utilisation de la terminologie de Schmitz. Ce jargon, inconnu des lettrés, rend parfois les expressions difficiles à comprendre, mais claires.

M. Muller-Pelzer traduit les commentaires de Montaigne dans la métaphysique de Schmitz (voir, par exemple, p. 95 et chapitre 6). Ce procédé est particulièrement utile pour comprendre l'évolution des concepts médicaux derrière lesquels Montaigne appelait au développement de la science. Elle ouvre aussi de nouvelles perspectives pour des essais connus sous le nom de I, 26 « De l'institution des enfans » ou I, 31 « Des cannibales » (p. 82 ci-dessous).

Cependant, il y a deux critiques à cette étude. L'un est la forme des développements. Les auteurs aiment les longues phrases et les retraits fréquents, souvent des sauts de ligne après une phrase. Le second est l'argument de Montaigne contre la « mémoire » et la « pensée ». Marc Fumaroli prouve le contraire 1. M. Muller-Pelzer a mal interprété la tradition rhétorique assumée par Montaigne. C'est surprenant, car il termine son livre par une analyse détaillée du récit de La Boétie sur le volontariat. Il insiste sur la structure de la conférence (p. 201) et contredit Messnard, qui voit la finalité de l'ouvrage dans "Le Grand Rejet". En revanche, il soutient que la « servitude volontaire » n'est pas le but de La Boétie. Cette étude de La Boétie est plus proche des préoccupations traditionnelles de l'histoire littéraire que de l'interprétation philosophique des Essais.

Volker Karp.

GÉRALDE NAKAM, les "essais" de Montaigne reflètent et interrogent leur époque. Témoignage historique et création littéraire. Paris, Nizet, (Sorbonne), 1984. un volume. 15,5 x 24 pages sur 497 pages

Elle forme un ensemble avec une étude antérieure de Géralde Nakam intitulée Montaigne et son temps. Événements et Essais (Histoire, Vie, Livre) (Éditions Nizet, 1982), tandis que l'ouvrage actuel adopte une perspective différente. Ce n'est plus l'histoire qui prime, mais une analyse de la pensée de Montaigne, comme le note l'auteur : « Par respect pour cette complémentarité, multiplicité et singularité des idées des 'Essais', nous respectons les essais sur L'Enquête des témoignages de ses temps, qui s'inscrivent dans le cadre d'une planification historique précise, visent à "miroir" et "peser" l'idée que ce témoignage, tout d'abord, la réalité de chaque question considérée, et d'après les écrivains contemporains Des le plus important est la avis des voisins de Montaigne sur le sujet, que chez l'écrivain lui-même, et enfin dans sa propre langue et surtout dans son image : car la langue aussi témoigne et pèse » (p. 24 ), Miroirs et balance . C'est ainsi que la technique et le caractère unique de Montaigne s'affirment.

1. L'âge de l'éloquence. Rhétorique de la Renaissance et de la "Renaissance" au seuil de l'âge classique, Genève, Droz, 1980, p. 16 490.

rapport 267

Il faut faire un choix parmi toutes les questions posées par cette époque de guerre civile, et il faut se limiter aux préoccupations fondamentales de l'influence de Montaigne sur la société contemporaine. Cette partie est divisée en deux parties : I. Argent, Société, Politique. II "Un temps malade comme cettuy-cy...", Le péché du XVIe siècle : sa cruauté et sa peur. Grâce à l'analyse thématique, Gérard Nacam considère les données politiques, sociales et économiques de l'époque de Montaigne puis mène une étude des attitudes. Il était informatif et compétent. La première partie observera le tableau précis des conditions économiques au XVIe siècle, l'évaluation des ressources de Montaigne (p. 38), qui explique le récit de la rencontre des grandes métaphores fondées sur l'argent ou le commerce sur l'existence et la réflexion critique qui s'ensuit. Dans tous les chapitres, un large panorama de la société française est mis à nu en prose : Église et religion (p. 87), questions de guerre et d'honneur, justice et nécessaires réformes procédurales. (p. 131), peur de la "nouveauté" (p. 183), régicide, rapport des rois à la loi (p. 204). A tous ces égards, les Essais ont le mérite d'être un « miroir » qui permet de bien comprendre la pensée politique et sociale de Montaigne par rapport aux arguments d'Erasme, de Machiavel ou de Bodin. La deuxième partie est tout aussi instructive car elle évoque les monstres et les maladies que Paré énumère dans ses Monstres et prodiges (p. 275). Les paroles de Montaigne sont éclairées par de nombreuses comparaisons qui révèlent, entre autres, de véritables visions du monde et des réflexions sur la nature humaine. En termes de cruauté, les Essais offrent un long répertoire, et le sens de la défiance éprouvé par Montaigne se retrouve chez Ronsard dans Le Discours, Aubigné dans Tragédie ou Garnier dans Trode. En ce qui concerne les phobies (p. 353), les références de Lonza aux « monstres » hérétiques et aux « opinions monstrueuses » semblent rappeler la nécessité de la tolérance, comme l'apologétique Pirro ou le prince modèle de Julien représentant Montaigne, la violence et les ennemis sanglants. Géralde Nakam a évoqué à maintes reprises et avec raison ce charmant personnage de Julien, que Montaigne admire (pp. 225, 362). Chaque maladie nécessite un traitement. La philosophie de Montaigne était fondée sur le culte de la vérité et l'amour de la vie : « L'irrationalité est toujours menaçante, écrit Gérard Nakam, et la clé de l'équilibre de Montaigne est la vigilance. Dire la vérité, s'unir pour le bien, ce qu'est la solidarité avec la vie et la vie, « sans ménager » : telle est la proposition de Montaigne pour la guérison des monstres, des maladies du langage et de la pensée » (p. 424). L'épilogue de l'ouvrage, intitulé « L'Escrivaillerie » dans Essai : Le génie du contrepoint, résume les positions de base et montre comment les idées les plus fortes de Montaigne, auxquelles il a parfois adhéré. Mais il a sa "dissonance personnelle" et globalement sa voix reste unique à bien des égards (p. 457). Géral de Nakam voit que « l'accord incohérent » du Tasse s'applique aussi à Montaigne (p. 461).

Véritable résumé en prose, cet ouvrage explore les principaux aspects de l'ouvrage dans une variété ahurissante, agrémenté d'une riche bibliographie d'auteurs et de textes du XVIe siècle, d'un index très utile et d'une table des matières aux titres clairs. Quelques compléments bibliographiques à Postel, Aubigné ou Du Bartas sont nécessaires. Puisqu'il s'agit de choses anodines, il faut ajouter que certaines références doivent être normalisées (citations Ronsard), parfois les citations de seconde main peuvent être évitées (p. 212 n., 221 n...), et certaines fautes de frappe doivent être corrigées. corrigé (p. 376, note intitulée 111, p. 39 (Dowry), p. 343, Cannibales, p. 137 (duplique). Certains termes méritent une explication (par exemple, Notes, p. 69); répéter

268 Histoire de la littérature française revisitée

Par exemple, le silence de Montaigne sur la Saint-Barthélemy (pp. 299, 320, 455) est à éviter. Enfin, il convient de nuancer la comparaison avec Calvin (pp. 62, 67) ou Rousseau (pp. 166, 339) et, sans la limiter, peut-être revoir certaines appréciations sur l'usage du volume dans le texte de l'article. (pp. 302, 327).

Ce n'est pas un livre facile à lire. Il pose de nombreuses questions et ouvre des pistes de réflexion dans un style dense et concis. Plusieurs éléments soulignent l'originalité de cette recherche. On appréciera d'abord le passage sur la méthode de Montaigne, sa recherche de la vérité dans les paradoxes, ses vues contradictoires, sa prédilection pour la combinaison des extrêmes (p. 158). La contradiction, pour lui, est « méthode... nuance, réserve, addition » (p. 265). Mais il faut aussi tenir compte des fantasmes de l'essayiste, pour qui des digressions peuvent devenir nécessaires et qui, tout en semblant dire des bêtises, abordent les questions les plus importantes. Le « scepticisme méthodologique » mis en œuvre dans l'apologie se retrouve tout au long de l'article (p. 356). On est alors impressionné par l'étude de la structure : on peut ainsi suivre l'ordre chronologique de la métaphore de la culpabilité dans De la Vanité, puis dans De mesnager sa volonté et enfin dans C De L'institution des enfans (p. 68) . On voit, à travers des relations étroites, comment De l'Art de conferrer est un prolongement politique de l'Apologie de R. Sebond (p. 228), et comment De l'utile et de l'honnête est considéré comme l'un des principaux textes de la Le temps de la police pour les attitudes officielles (p. 260). Il est à noter que De messenger sa wil se place juste avant Des Boyteux et De la Phisionomie, là où l'irrationalité se manifeste. Géral de Nakam considère également le décalage offert par le Journal de voyage (p. 165, 166), notant que les gens d'Essais ne sont pas aussi vifs que le Journal (p. 167). On lui saura gré de compléter le sens de plus en plus explicite de l'attitude de Montaigne par des références telles que la psychologie des riches (p. 53) ou le répertoire de la cruauté (p. 318). Notons enfin que cet ouvrage modifie la critique des prosateurs. Certaines opinions acceptées sont rejetées parce qu'elles interprètent l'apologie comme un travail anti-protestant, l'interprétation de Mesnager sa sera confondue avec un avertissement de "compromis" politique (p. 446) et d'autres erreurs similaires (pp. 147, 89, 170 , 370 ). La nouveauté est d'abord apparue dans l'excellente étude par Géralde Nakam de quelques articles dont le sens a enfin été précisé : Essai De l'Utile et de l'honneste, ou la déobéissance (p. 255), les traités Des Cannibales et Des Coches (p. 345) , qui sont étroitement liés dans le sens et le thème. Enfin, dans le traité Des Boyteux, Géral de Nakam écrit les pages décisives (p. 392) : le titre n'est pas une toile, mais un « signe », désignant un magicien et un avocat, et la répétition constante du thème de la promenade et centre thématique de l'importance du couloir. C'est une "véritable anti-démonologie" (p. 394) qui ne manque pas d'audace et de courage. Si le ton de l'essai est "volontairement adouci, le ton passe vite du rire au sérieux, quitte à sourire à nouveau" (p. 396). Cette étude de Des Boyteux, aux conclusions dures et aux méthodes exemplaires, démontre comme aucune autre combien Géral de Nakam appréciait une connaissance précise de l'époque, avec quelle minutie il scrutait le style et la symbolique des images, avec quelle justesse il interprétait l'atmosphère ou Le sarcasme de Montaigne. Difficile de changer ces avis tellement ils sont convaincants.

C'est un beau livre en prose, avec d'excellents commentaires, qui nous entraîne dans une œuvre et les méandres de la pensée, et nous fait aussi redécouvrir Montaigne, dont les fantasmes révèlent parfois la sagesse, dont le silence est Condamné, son calme clair dans son

rapport 269

Des heures, une peur profonde. Renversant les idées établies et s'appuyant sur des arguments rigoureux, il s'agit d'un travail fondamental qui met à jour les interprétations des essais, révélant leur vitalité et leur puissance tout en ignorant les idées pertinentes de l'époque de la guerre civile. En définitive, c'est un outil de travail indispensable : du fait de la portée du document, il sera la source de nombreuses investigations.

Jacques Bellebe.

L'évolution de l'imaginaire dans la France du XVIe siècle. Texte recueilli et présenté par CLAUDE-GlLBERT DUBOIS. Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1984. Un volume. 14,5 x 20,5, 342 pages.

Un groupe éminent d'érudits du XVIe siècle apporte un certain nombre de contributions différentes à ce livre imprimé mais lisible. Deux articles de Y. Giraud aux armoiries de la Fortune, de F. Lestringant au cartographe Le Moyne de Morgues demandaient des illustrations, mais les techniques d'impression actuelles rendent la réalisation des illustrations très inégale.

Sens du changement, sens de l'histoire : l'approche s'appuie sur des concepts politiques (notamment à Brantôme et La Noue : A.-M. Cocula, A. Jouanna, E. Vaucheret), dogme affirmatif (M.-M. Lagonard : Résurrection des morts), un concept humanitaire (M.-M. de La Garanderie : Transition de Boud). L'utilisation des mythes rebelles (J. Bailbé) et des mythes antiques dans la tragédie semble plus fictionnelle. Dans le cas de la tragédie (Ch. Mazouer), cette coutume ne semble pas apporter un grand air poétique. Cela diffère des poètes d'amour baroques : G. Mathieu-Castellani montre le fruit du mythe d'Ovide de Clyte, Daphné et Narcisse en exprimant le désir de rêves.

Revenons de la métamorphose au « changement ». Montaigne s'en imprègne et s'y adapte, non sans émotion (G. Nakam). Quant à Béroalde de Verville (A. Tournon), il tente "d'accélérer le mouvement inquiétant de l'écriture". Dans son avant-propos, C.-G. Du Bois a noté que la Renaissance « concevait le monde comme « branloire perenhe » et la vie de la femme et de la lune », mais en ce siècle « le désir de changement s'accompagne de la peur du changement ». Un double index d'auteurs anciens et de critiques modernes complète efficacement la collection.

Roger Zuber.

BETTYE THOMAS CHAMBERS, Bibliographie française - XVe et XVIe siècles. Version française de la Bible. Genève, Droz, "Humanisme et Œuvres de la Renaissance", n° CXCII, 1983. 18,5 x 25,5 aux pages XVII-548.

L'ampleur de l'ouvrage est admirable et présente rigoureusement une richesse littéraire. A ce jour, la seule bibliographie de la Bible et du Nouveau Testament français des XVe et XVIe siècles est celle de Willem J. van Eys, publiée à Genève au début de ce siècle ; contient 184 Bibles et 178 Nouveaux Testaments, soit 362 entrées. Les travaux de R.T. Chambers en a fourni 554. Mais plus important encore, le nombre de bibliothèques où la Bible et le Nouveau Testament peuvent être trouvés et décrits est beaucoup plus important : 92 bibliothèques ont répondu

270 Histoire de la littérature française revisitée

Eys, 329 a envoyé une réponse positive à Mrs. BT Chambers, qui a permis la vérification de 2 500 pièces.

Ce résumé descriptif propose une numérotation et des codes pour identifier chaque édition de la Bible ou copie standard du Nouveau Testament publiée en français entre 1520 et 1600. traducteur de la source du texte, la ville dans laquelle il a été imprimé, mais nous donnons également les différences entre ces copies et les sources primaires sur lesquelles elles sont basées.

Conformément aux méthodes modernes, la description de l'exemplaire standard est suivie de références à des bibliothèques européennes ou américaines qui détiennent des exemplaires de la même édition. Ces emplacements ont été vérifiés par des lettres et des visites.

La description d'un exemplaire standard est généralement illustrée par une vue réduite de la page de titre.

Les spécimens particulièrement intéressants sont liés à leur version d'origine et sont donc classés dans une famille ; les raisons de leurs changements par rapport à la version originale sont analysées et les attentes du public peuvent être déterminées par exemple par un manifeste publicitaire composé de titres développés.

Ainsi, ce catalogue permet de suivre l'évolution des versions de la Bible du XVe au XVIe siècle, l'évolution des traductions avec la langue et, enfin, de trouver les différents publics que l'on souhaite toucher, des rois, adeptes de la Réforme aux qui se sent à l'aise Avec une préface de Jerônimo Católicos, ces livres s'adressent aux simples ruraux.

Cette liste n'est en aucun cas exhaustive, un point que l'auteur souligne humblement, mais elle représente une avancée majeure par rapport à la bibliographie de Van Eys. Il permet une étude plus approfondie des sources bibliques de tout auteur. C'est un livre de référence par lequel nous pouvons identifier une si vieille bible avec sa page de titre mutilée. En fin de compte, c'est une preuve concrète de l'importance énorme, mais souvent sous-estimée, de la Bible dans le développement de la pensée, de l'imagination, de la connaissance et de la vie spirituelle au cours des deux siècles qui ont suivi la naissance du monde occidental moderne.

Marguerite Sulli.

LUCIEN CLARE, La Quintaine, ring match et jeux de tête. Études historiques et ethnolinguistiques de la famille équestre. Edition C.N.R.S., Paris, 1983. une partie. 21 x 27 de 266 pages et 31 patients. HT

Il s'agit d'un ouvrage important et bien documenté sur les origines, le développement, le déclin et quelques survivants actuels des trois sports équestres. L'étude, menée à travers l'Europe et même l'Amérique latine, et notamment en Espagne et en France, ne met pas seulement en évidence les similitudes formelles et les contrastes que chaque pays laisse derrière lui dans ces manœuvres ; l'importante relation entre le monde et le monde des choses", d'autre part, reflète "l'importance du jeu pour la connaissance et la découverte sociale". En France, par exemple, on suit les différents destins de la royauté et de la noblesse, les anciens pour s'imposer jusqu'à la révolution, la seconde conserve une sorte de prestige par son association avec l'adoubement des chevaliers Le carrousel est au cœur de la fête baroque Mais on découvre aussi les motivations des acteurs, l'appréciation du public et la échelle du spectacle dans l'inconscient collectif à travers les images et les métaphores générées par le titre du jeu.

rapport 271

La première partie regroupe des définitions lexicographiques et retrace l'histoire du jeu à travers une grande variété de corpus (confessions, procès-verbaux de réunions, relevés de mobilier, relations de parti, etc.) ; la deuxième partie se concentre sur la quintaine, le pneu et la tête et la technologie de course d'art, culminant entre 1550 et 1700 ; dans la troisième partie, l'auteur interroge le miroir déformant de la littérature, des relations (parfois attendues !) à l'émotion. Au final, 54 textes de longueur variable (de quelques lignes à quelques pages) ont été sélectionnés, offrant aux lecteurs une dix-huitième partie du corpus, principalement des documents des XVIe et XVIIe siècles, difficilement accessibles dans les bibliothèques éparses. Nous regrettons seulement l'absence d'une bibliographie générale, car elle couvre un sujet qui n'est pas satisfaisant. D'autre part, l'index des auteurs cités permet de se référer facilement aux références à côté du texte - un arrangement agréable qui, avec les traductions de citations étrangères, une mise en page élégante et les illustrations techniques nécessaires, contribuent au livre approuvé.

Cela signifie que ce travail est le résultat de 11 années de recherche et d'un voyage à travers la civilisation espagnole, qui nous a fourni une mine d'informations dans un domaine presque inexploré jusqu'à présent, ainsi qu'un modèle du dialogue entre le texte et les faits.

Louise Godard de Donville.

LAZARE DE SELVE, Ouvrages spirituels sur les Evangiles du Carême : et les Fêtes de l'Année. Une édition critique par LANCE K. DONALDSON-EVANS, Genève, Droz (coll. "Textes littéraires français", n° 316), 1983, Un vol. 11,5 X 18 sur 224 pages

L. K. Donaldson-Evans sort de l'obscurité l'œuvre du poète religieux Lazare de Selve, comme l'a révélé H. Bremond dans son Histoire littéraire des sentiments religieux français. Il avait facilement accès à ce livre de poésie catholique par ses écrits, qui comprenaient deux volumes, l'un sur les sonnets des évangiles du carême, publiés en 1607 et 1614, et un autre sur les quatre Un hymne sur le thème de la fête de Tenday. Elles furent rassemblées en 1618 et publiées en 1620 sous le titre Les Œuvres Spirituelles...

L.K. Donaldson-Evans met en lumière la vie du poète justicier, sans cacher les royaumes sombres persistants qui peuvent rapidement échapper à ceux qui veulent en savoir plus. Le travail va bien; on note à juste titre l'influence des écrivains et prédicateurs contemplatifs du Moyen Âge et de la Renaissance sur les poètes, et la place occupée par l'hagiographie dans l'inspiration des chants de Noël. Mais pourquoi s'en tenir à une Voragine Golden Legend qui ne tient pas compte de l'ordre de retrait ou de certains détails obscurs ? (Comment saint Thomas nous conduit-il à la découverte de la Résurrection de la Vierge au vers XXVIII ?).

Nous regrettons qu'une vingtaine de versets soient incomplets faute de mots ou de lettres (p. 79, verset 4, erreur divine, p. 89, verset 4, corruption, p. 100, verset 3, il, etc.). pour le cinquième et dernier des nouveaux hymnes publiés en 1620 (voir p. 18) : seuls quatre poèmes sont ajoutés, mais le numéro 1620 est brisé et va directement de XXXVIII à XL.

Cela dit, LK Donaldson-Evans pèse à la fois le but religieux du poème et ses connotations personnelles; pour la reine.

Y.Quinot.

272 Histoire de la littérature française revisitée

Peter Bailey, Anthologie des sermons baroques français (1600-1650). Garland Publishing, Inc., New York et Londres, 1983. Un vol. in-8° de 300 p.

On doit à Peter Bailey un chef-d'œuvre sur la prédication française dans la première moitié du XVIIe siècle : Lectures from the French Pulpit (1598-1650). A Study in Themes and Styles, with a Descriptive Catalog of Printed Texts, Cambridge University Press, 1980 L'auteur nous donne le scoop dans le C.N.R.S. "Les Sermons de Jean-Pierre Camus et l'Esthétique Borromée". Critique et création littéraire dans la France du XVIIe siècle, éditions M. Fumaroli, Paris, 1977 et Colloque de Dijon « Raffinement et omission dans le style magistral de Bossuet », Bossuet. La prédication au XVIIe siècle, éd. JP Colnet et Th. Goyet, Paris, Nizet, 1980.

L'édition de neuf sermons du XVIIe siècle qui nous est présentée aujourd'hui peut, dans une certaine mesure, justifier le premier ouvrage, dont les citations, si nombreuses soient-elles, ne donnent qu'une image imparfaite de ce qu'étaient les sermons de l'époque.

P. Bayley a sélectionné neuf sermons parmi une volumineuse collection d'une soixantaine d'ouvrages évangéliques catholiques et protestants publiés sur un demi-siècle, que ce soit pour le Carême, l'Avent ou d'autres saisons liturgiques catholiques, ou sous la forme de commentaires bibliques publiés dans la littérature protestante. . et même des sermons universitaires : Sermon sur la Fête de la Conception de Jean Bertaut ; Sermon de Pâques de Gaspar Seguiran ; Sermon sur l'océan mondial de J.P. Camus et Troisième Eulogie de S. Charles Borromée ; ND de sermons sur l'image de Pitié ; Sermon de Moïse Amyraut sur Ezéchiel XVIII, 23, Sermon sur la mort d'Etienne Molinier et Sermon de Jean Daillé sur 1 Corinthiens, XI 31-32.

Le choix est toujours arbitraire : il me paraît particulièrement heureux, car il permet de découvrir les formes que prônent, prêches et éloges ont prises depuis un demi-siècle. (Je regrette peut-être l'absence d'éloge funèbre : l'adresse de François de Sales au duc de Mercor aurait trouvé sa place dans des textes typiques ; mais P. Bayley a étudié la forme, le style et la rhétorique des sermons au-delà d'un genre particulier ; des prédicateurs comme Coeffeteau, Deslandes, Lingendes, que la critique a pu « redécouvrir », systématiquement exclure, alors que la critique ne les considérait que comme les précurseurs de l'esthétique classique, jugés seulement comme parfaits et dignes d'attention). Cette sélection mesure l'évolution de la prose française, ainsi que les genres les plus connus ou étudiés. L'ordre chronologique du texte suggère également que l'âge n'a pas d'importance, les humanistes ultérieurs, les lecteurs de thésaurus et les compilateurs de paradigmes étaient des contemporains du pré-canonique, plus fidèles à la rhétorique des anciens, et déjà très conscients de la division entre le sacré et le sacré. le sacré. le sage profane.

P. Bayley craint de ne pas être suffisamment clair sur les questions religieuses les plus importantes du jour. Il est concevable qu'en publiant à la fois des sermons catholiques et protestants, il ait choisi de publier des sermons controversés qui reflétaient le grand débat entre Rome et la Réforme. Les choix de P. Bayley sont si ingénieux que tous ces débats se retrouvent dans les textes qu'il présente : le regard de Bertaut sur la Vierge, le regard de Molinier sur l'iconoclasme et le purgatoire, le regard de Camus sur les saints, Suivi de l'Eucharistie, les tourments de l'enfer et de la résurrection du corps; Amyraut's Attack on the Coma of the Roman Church, le même traité du prédicateur sur le fatalisme,

rapport 273

La miséricorde de Daillé, la pénitence et la tolérance officielle et la persécution clandestine de du Moulin.

L'exégèse d'Amyraut est suivie des sermons plus moralement inspirés de Du Moulin, et le style "élaboré" de Daillé les maintient ensemble. Aux inspirations presque poétiques de Bertaut succèdent l'anthropologie humaniste et le "style thésaurus" des Jésuites, Seguiran, qui produisent un baroque empilé hétérogène dans lequel défile un bestiaire très moralisé, ne ménageant aucun effort pour nous montrer le sens allégorique, figuratif et allégorique de son "belles vues". La "séquence" de Camus sur le thème de la "mer du monde" a donné un style baroque plus cohérent en développant un signe distinctif. Le Sermon sur la mort de Molinier explore les faits de la mort le mercredi des Cendres ; il interroge les créatures, les livres et les tombes avant de recourir à des cours de méditation. Les amateurs de baroque trouveront d'authentiques anthologies sur le passage du temps (p. 220), les nuages ​​et leurs transformations (p. 227) et le spectacle des tombes (p. 232). Le Missionnaire est un excellent exemple de la « prose pleine d'esprit » que l'on trouve ailleurs en Europe : un mélange de brièveté et de verbosité, d'originalité et de pathétique soudain. Comme nous l'avons vu, ces sermons illustrent les cinq "modes en prose" que P. Bayley a étudiés lors de ses sermons en chaire en France.

Ainsi P. Bayley sensibilise l'évolution des sermons, qui empruntaient leur essence matérielle à la nature, contemplant les grands sermons de Dieu, sermons ou exemples et analogies « qui constituaient toutes les preuves et mots décoratifs », en sermons qui renvoient à la rhétorique antique (argument logique , par exemple, que la promotion pathétique et l'application) et plus intériorisé.

Les notes de P. Bayley offrent de nombreuses comparaisons savantes avec les outils utilisés par ces missionnaires : rhétorique ecclésiastique, thésaurus, écrits, auteurs anciens. Ils fournissent une mesure de lecture éditoriale, un genre qui n'est pas, à première vue, aussi satisfaisant que la poésie ou le théâtre.

Une brève présentation des missionnaires et un bref aperçu de ce qui a rendu leur ministère unique complètent cette brève mais instructive introduction.

Enfin, P. Bayley souligne à juste titre l'importance de ces sermons comme arrière-plan ou contenu d'autres filières d'études au XVIIe siècle, en véhiculant ces clichés, images, associations de pensée, références culturelles aux sermons catholiques ou protestants, figuratifs ou marginaux. Will P. Bayley pour avoir restauré une partie de la littérature religieuse du XVIIe siècle souvent négligée par les principes canoniques de la critique du XIXe siècle. Espérons que cette entreprise très prospère suivra.

Jacques Hennequin.

GEORGES COUTON, Corneille et la tragédie politique. Paris, Presse Université de France, Cole. "Que sais-je ?", n° 2174, 1984. 11 x 18 sur 124 pages.

Le style de ce pamphlet est clair et net, soulignant la continuité, la valeur et la diversité des tragédies de P. Corneille de Médée (1635) à Suréna (1674). Le célèbre auteur de La Vieillesse de Corneille (1949) refuse une lecture « très fragmentaire » (p. 61) de l'œuvre d'un dramaturge qui aime être « toujours à la recherche de nouvelles formules » (p. 61). , Horace, Cinna et Polyeucte sont admirables. Le premier chapitre relie la montée de la tragédie à la libération

Panorama de l'histoire de la littérature française (86e anniversaire) LXXXVI 15

274 Histoire de la littérature française revisitée

Dramaturges de la première moitié du XVIIe siècle; Corneille et Molière ne sont plus au service du groupe, comme Hardy et Lautruo, mais sont des écrivains qui posent des conditions. Les six chapitres suivants coupent chronologiquement la carrière théâtrale de Corneille, en gardant toujours à l'esprit « les problèmes de la réalité » (p. 13). Chaque tragédie est replacée dans le contexte de la saison théâtrale dont elle est issue, Couton montrant comment chacune dépend des thèmes à la mode, des rivalités d'auteurs, de la sentimentalité publique et du contexte politique de l'époque. Des enjeux doctrinaux (chapitre m) coexistent avec la production artistique, mais cet enjeu n'en découle pas. La Controverse Littéraire (Querelle du Cid) présente des « grandes idées » (p. 36). Par conséquent, l'évolution de la tragédie cornélienne est étroitement liée aux changements historiques. Le dernier chapitre aborde les préjugés des écrivains qui ne connaissent que partiellement l'œuvre. Espérons qu'une lecture informative et agréable éveillera l'intérêt du public pour une tragédie que Corneille méprise et suscitera de nouvelles écritures.

ZOBELDA YOUSSEF.

Pierre Cornell, théâtre complet. Version révisée contribuée et annotée par ALAIN NIDERST. Publications de l'Université de Rouen, 1984, vol. 1, vol. 1 et 2. deux parties. à -8° à partir de 985 p.

Pierre Corneille nous a offert une nouvelle version de sa pièce à l'occasion du tricentenaire de sa mort. Des reproductions de tableaux de Le Nain, du musée du Louvre, puis du Portrait de Corneille de Michel Lasne en 1643 par Michel Lasne captivent le lecteur. Ce n'est plus le Corneille du premier ouvrage, mais un homme sérieux, voire un peu amer. Bon papier, typographie vivante : bravo à l'Université de Rouen.

Le premier volume devait être divisé en deux parties, présentant des œuvres de Merritt à Sienna. Le texte choisi est l'original, ce qui est à notre avis un bon choix : c'est un texte ravissant avec quelques corrections, parfois même des remaniements, revu plus tard par l'auteur, édulcoré au lieu d'être "amélioré". Pour les deux volumes suivants (le deuxième de Polyeucte à Pertharite ; le troisième d'Œdipe à Suréna) il faut revenir à l'ancienne coutume des éditeurs et fournir le dernier texte révisé par l'auteur, le texte de 1682. Ce choix est également raisonnable, mais laisser un petit regret : cela vaut la peine de donner le texte original à l'expérience finale.

Une "Introduction générale" de quelques pages seulement offre une introduction détaillée à la carrière de Corneille. On lui saura gré d'avoir bien expliqué "comment le poète atteignit de plus en plus de grandeur au service de Richelieu". On aimerait moins la formule "Dirty Greed". Le Tallemant des Réaux, riche bourgeois, traitait Corneille de « grand avare », tout comme les comédiens qui trouvaient ses pièces chères. En fait, Corneille avait des revenus de la terre comme ressource - il n'était pas un grand domaine - et des revenus de ses dépenses. Il a toujours cru que ses pièces devaient être payées et que les théâtres et les théâtres devaient être soutenus par l'État, sinon par le mécénat. Pour un poète qui reste fondamentalement indépendant, rien n'est plus normal et, dirons-nous, plus sain. En ajoutant l'adjectif "sale" aux "pattes" de Tallemant, Alain Niderst met Corneille du côté d'Harpagon, ce qui est inexact et injuste.

Cela nous amène à la biographie. « La vie de Corneille n'est pas très éclairante, ou du moins elle comporte peu d'éléments qui éclairent l'œuvre », écrit A. Niderst.

rapport 275

Pour que l'auteur de cette phrase se contredise, il tente de l'expliquer en se demandant par rapport à la biographie de The Follower s'il ne faut pas reconnaître en l'amour rival de Théante P. Crow.

L'essentiel est de constater que si les événements de la vie ne sont pas transférés à l'œuvre, ou du moins on ne peut pas les y identifier, alors le dramaturge est déjà là pour écrire sur son expérience de personne et sa vision de l'histoire. Il est temps, cette introduction est bien dite : à travers la mythologie païenne et l'histoire ancienne, l'actualité rayonne, "on retrouve toujours la France de son temps, Richelieu, Mazarin, Colbert". C'est mieux dit que reflété dans les notes ou les notes de partage. Mais une édition a ses limites, et l'on ne saurait reprocher à l'éditeur de ne pas commenter en continu une œuvre aussi riche, qui « constitue un monde presque aussi cohérent et impressionnant que les mondes de Balzac ou de Proust ».

La fin de ce « réalisateur principal » pousse à une nouvelle idée pour cette édition. Elle veut devenir historienne de la littérature, intéressée à comprendre la position des réalisateurs. Il s'agissait pour eux de « faire une analogie plus ou moins explicite entre la tragédie cornélienne et le monde actuel ». Ainsi, les phases modernes les plus importantes sont analysées.

Cette idée est louable. Mais ces analyses sont forcément courtes et les courts paragraphes qui leur sont consacrés peuvent rapidement devenir obsolètes. On se demande si l'éditeur n'a pas violé le rôle d'historien du théâtre dans cette affaire.

Notons qu'il est juste de dire que ces analyses de la scène moderne sont accompagnées de photographies très intéressantes : elles laissent place aux portraits cornalines qui nous manquent tant.

On peut tracer une chronologie depuis l'achat par le grand-père de Corneille des deux maisons de la rue de la Pie (1584) jusqu'à la construction par Voltaire du Théâtre Corneille (1763). On nous a dit qu'il y avait une note "importante" attachée. C'est beaucoup ou un peu. Cette note est généralement étroite et dégradante

La « Bibliographie générale » est suivie de la bibliographie spécifique à chaque partie du tome I. Elles sont très riches, je dirais très riches, et donnent lieu à des études d'importance moyenne et sans distinction entre articles et livres.

Dans la liste "Top Sources de Corneille" on imagine le souci. « Œuvres antiques et médiévales » forme la première partie, qui n'est pas correctement nommée, car il n'y a pas d'œuvres médiévales. Par contre, ces ouvrages sont cités dans les éditions modernes pour une raison de commodité facile à expliquer. Mais il est aussi utile de savoir quelles versions Corneille lui-même a

La rubrique « Œuvres des XVIe et XVIIe siècles » répertorie par ordre chronologique des auteurs très différents : par exemple, Guilhem de Castro ; les théoriciens dramatiques comme Castelvettero, Robert Telli, Scaliger, Corneille's Speech leur doivent beaucoup ; des penseurs comme Balzac ; de nombreux dramaturges. Qu'a apporté Corneille à Hermenïlgide dans La Calprenède, La Bague de l'oublie de Rotrou et bien d'autres ? Une note de version pourrait dire.

A noter une erreur de date : Sophonisbe à Mairet n'est pas de 1663. Ce Sophonisbe est de 1634. On ne se souvient pas d'Horace, la première des tragédies classiques (p. 707).

Sur cette liste figure l'un des grands oubliés, Machiavel, que nous croyons avoir été lu par Corneille dans la traduction de Gohory. Nous pensons pouvoir dire que Machiavel est au moins autant une source pour Horace que Livius.

276 Histoire de la littérature française revisitée

Il nous semble qu'une version si légitimement soucieuse de représentations scéniques devrait souligner l'importance des mémoires du XVIIe siècle de Mahelot, Laurent et autres décorateurs de l'Hôtel de Bourgogne et de la Comédie-Française, publiés dans Champion par H. C. Lancaster en 1920 17 Mahelot, responsable de la décoration de l'hôtel bourguignon au tournant du siècle, indique les accessoires nécessaires à chaque chambre. Pour les 47 premières chambres citées, un plan pleine page avec le décor, Mahelot se concentre sur l'Hôtel de Bourgogne. Si le système dans le Marais était différent, quelqu'un dira un jour que les nombreuses décorations, les tapisseries cachent les lieux temporairement inutilisés. Lorsque l'action se déroule dans l'appartement de l'héroïne, le tapis qui la cachait est enlevé et la scène est considérée comme faisant partie de cette pièce. Tous les témoignages recueillis montrent que Le Cid a accueilli sur scène, par exemple, le théâtre du Marais, un scénario de ce type, en plusieurs décors.

Avec cette configuration, beaucoup de choses sont claires, et certaines notes de version peuvent également être clarifiées. Pour Cid (p. 626) on ne parle plus de "changements de scène" : l'action ne se déplace que devant un certain compartiment scénique. Le soi-disant "changement de lieu" dans La Veuve (p. 243) est une traduction similaire.

L'inspection de Médée (p. 511) note que "les portes de la prison égéenne rendent l'action très fastidieuse". Alain Niderst voit "une pointe d'humour" chez le poète dans cette phrase (note 11). Regardons l'un des tableaux de Mahelot, dans de multiples décors, dont une prison : une solide fenêtre à barreaux suffit à l'évoquer. Mais on ne peut raisonnablement laisser sortir le prisonnier de son cachot, puisque la tapisserie devant la maison de l'héroïne est peinte et que la réception est une occasion liée à la maison, où elle peut aller raconter ses mésaventures. Il doit parler à travers la clôture, ce qui élimine au moins les gestes de la main, donc il n'y a pas d'action « flottante ». Il n'y a aucune raison d'y aller et de chercher des traces "d'humour".

Le célèbre réalisateur Charles Dullin a compris que Cinna avait besoin de plusieurs ensembles, avec deux «emplacements» spécifiques dans les emplacements généraux requis par les règles de l'unité. « La scène est à Rome », écrivait Corneille. La décoration de Dullin est une variété de décorations, complétée par des jeux de lumière. A-t-il lu Mahelot ou en a-t-il découvert les idées en étudiant les textes de Cornélien ? En tout cas, son cinna, ses performances scéniques et ses commentaires méritent une mention dans la bibliographie de Cinna et une place dans les Notes sur "Major Modern Stage Performances". Les Mémoires de Mahelot étaient la meilleure première au théâtre de Corneille à l'époque.

Ajoutons que, même du vivant du poète, une récompense unique, « un palais du hasard », a remplacé les récompenses multiples. Pour Le Cid, le successeur de Mahelot en 1678 ne demande qu'une chambre à quatre portes. - Il vaut mieux dire aux lecteurs modernes que la périodisation a trouvé des formules différentes depuis le 17ème siècle.

Au début de l'édition, avant le drame, se trouvent les "Oeuvres théoriques", composées de trois conférences de 1660 sur la poésie dramatique, la tragédie, trois unités. Elles étaient précédées de préfaces aux séries de 1644 et 1663. Rappelons au passage qu'il faut une image claire de l'œuvre théorique de Corneille pour souligner l'importance d'un texte comme Clitandre ou la préface de Clitandre à l'épître suivante. Il vaudrait mieux indiquer dans les Notes où s'occupent les textes théoriques de l'édition réalisée par Corneille : notamment les examens, qui sont regroupés en tête des volumes.

rapport 277

L'aménagement choisi par Alain Niderst est traditionnel, à l'instar de la version Marty-Laveaux. Ce n'est probablement pas le cas à moins d'accepter les limites d'une chronologie stricte, qui a ses inconvénients. Mais cette disposition a fait naître l'idée plus ou moins claire que le drame cornélien est né de l'observation de règles établies dès le départ. Cela commence par la composition, puis réfléchit ». Toutes les modifications se concentrent sur le mouvement qui anime la composition.

Maintenant, il y a un certain nombre d'idées, lisez sur la page des notifications. Ils vont droit au but et expriment ce que l'on pourrait appeler la « personnalité » de chaque pièce sur un ton très honnête : par exemple, Mélite donne « ce qu'il y a de mieux à l'image de Marivaux au temps de Louis XIII ». Le « chevauchement entre Rome et Paris, entre Auguste et les sujets de Louis XIII » est souligné dans les « Disciples » de Cinna par « l'incroyable férocité », voire « l'incroyable réussite ».

Cependant, la référence à l'abbé d'Aubignac dans l'ouvrage théorique peut paraître un peu hâtive. Il était une figure importante dans la carrière de Corneille, d'abord en tant que consultant fournissant des services dont Corneille ne voulait pas et plus tard en tant qu'ennemi ouvert et actif. Il faut surtout rappeler que La Praxis, publiée en 1667, fut commandée par Richelieu et que l'abbé commença à y travailler dès 1640. Des ajouts ont été faits plus tard, mais pas de révisions majeures. Il sera utile de revenir en arrière lorsqu'il sera remis à la date réelle, à l'époque de Richelieu, où les vues ont changé.

Charlier propose depuis longtemps la clé Clitandre. Ce serait la position de Corneille en faveur du maréchal de Mariac, victime d'un long procès. La clé a été rejetée à regret par Alain Niderst. Il s'en plaint à juste titre : Clitandre contient un certain nombre de réflexions que Chartier n'a pas remarquées, mais qui confirment probablement sa thèse (vers 835-838 ; 1085-1901 ; 1709-1726).

"C'est un point de L'Illusion Comique qu'il défend Mondori contre sa famille" (p. 562). Mondori avait alors quarante et un ans ; il était l'acteur le plus éminent de son temps. Il reçut des honneurs inimaginables pour Richelieu : une ode qu'il écrivit parut dans le culte de la muse du grand cardinal de Richelieu, avec qui tous les grands écrivains de l'époque collaboraient. L'incroyable portée sociale d'un comédien. Il est peu nécessaire de se défendre contre votre famille. Notons plutôt que L'Illusion comique s'inscrivait dans une véritable campagne médiatique pro-théâtre ; la campagne de 1635 comprend d'autres textes importants : un article dans la Gazette de Renault en janvier, des Boireaux en février, le discours de Bell à l'académie, les pages très sérieuses de Bruce Campbell dans son commentaire hilarant « Scudley Actor Comedy ».

Les notes sur la sublimation de Corneille (p. 631, p. 18) renvoient à un article de la querelle du Cid, L'Anatomie du Cid. Les parents de Corneille auraient hésité à accepter la noblesse, alors ils se sont disputés. Le poète a pris à cœur: "Pour se réconcilier avec le peuple de cette terre, il s'est ordonné, ainsi qu'à ses descendants, de n'être seigneurs qu'à la septième génération." Ces propos d'un pamphlétaire paraissent si particuliers que, si nous les recevons, il serait sage de ne les recevoir qu'avec les réserves les plus expresses.

« Exactement, dit Corneille en lisant le visage de son maître, j'apprends souvent en deux heures ce que mon livre n'a pu m'apprendre en dix ans » (p. 716, commandé par Horace). Alain Niderst estime (n. 6) que "l'éloge de Richelieu est devenu excessif et presque humoristique". Excès peut-être, mais dévouement

278 Histoire de la littérature française revisitée

Exagération volontaire. Surtout, nous serons très fiers de vous annoncer que cet écrivain bénéficie d'une audience de deux heures, offerte par l'homme politique le plus puissant du royaume (voire d'Europe). Mais l'humour, on n'y croit pas.

Le problème avec la clé Cinna est lié au problème avec la date Cinna. Il est tentant de combiner les deux. Mais c'est nécessaire ? Une question simple serait : quiconque étudie l'excellente histoire de Louis XII de P. Griffet ou d'autres histoires du XVIIe ou XVIIIe siècle, même les monumentalistes, pourra dresser une liste presque ininterrompue d'intrigues ou de menaces. Liste complotiste, le complot est la seule réponse possible à des politiques hautement répressives. Par conséquent, la tragédie du complot arrive toujours au bon moment. Par conséquent, nous avons jugé nécessaire de dire d'abord que l'intrigue de Sienna était "richelieuienne". La deuxième étape, à partir de la date à laquelle l'œuvre a été conçue, est de penser qu'une telle intrigue peut provoquer les réflexions de Corneille si nous pouvons la résoudre rigoureusement. Alain Niderst énumère certaines de ces théories du complot et prend une position sensée en disant que "toutes les spéculations sont acceptables, mais aucune n'est certaine".

D'un autre côté, il est difficile de comprendre ce qu'il veut dire lorsqu'il parle de la « douce humilité » et de la « sainteté » d'Auguste dans l'octroi de la grâce, même à Euphorbe. La canonisation semble hâtive. L'idée de Corneille d'une "politique chrétienne" est aussi un peu trop et frustrante pour une civilisation non chrétienne. Nous voulons nuancer en disant : une politique humanitaire généreuse qui peut être chrétienne.

Le dernier paragraphe de cette note sur Sienne est le meilleur, et il présente une idée qui peut paraître au premier abord paradoxale, si l'on considère la qualité de l'essai : « On peut dire qu'aucune tragédie n'a fait plus de mal à Corneille ». Cela nous semble juste.

Un dernier détail : la correction à apporter. 969. La Comédie des Tuileries et L'Aveugle de Smyrne, auxquelles Corneille collabora effectivement, son implication moins certaine, sont publiées ; la Grande Idylle ne le fait pas, et cette œuvre est perdue 1.

George Coton.

GÉRARD FERREYROLLES, Pascal et la Raison politique. Paris, PUF, coll. "Épiméthée", 1984. Un vol. 15x21,5 à 290p.

Le livre "Pascal et la raison du politique" de Gérard Ferreyrolles me semble être un modèle d'humour, de profondeur et de clarté. Il n'y a pas d'erreurs, pas de décalages, pas de faiblesses dans cet ouvrage exemplaire, d'un maître au sens très sûr du progrès, voire de la dialectique, et écrit avec une plume acérée et l'art de la formule. montrer la vérité.

Comme dans une symphonie parfaitement arrangée, l'introduction, les chapitres, la conclusion sont si bien articulés et enchaînés qu'aucun élément démonstratif n'y échappe ; on est involontairement aspiré dans un monde non seulement profondément académique et professionnel, mais dont l'architecture est si solide que la science est immédiatement habitable : la série "Epiméthée" profite grandement d'abriter de telles oeuvres.

1. Depuis la rédaction de ce rapport, la deuxième partie de cette édition a été publiée, également en deux parties.

rapport 279

Traiter de la politique de Pascal, c'est aborder un sujet nouveau, mais "La politique n'était pas étrangère à Pascal", tout comme "Pascal n'était pas étranger à la politique" (p. 8). Dans le premier chapitre, Gérard Ferreyrolles évoque « les conditions dans lesquelles (cette politique) s'est faite » (p. 13). L'environnement jansénien de Pascal, son « précédent sociologique » (p. 35). Ayant ainsi défini les éléments qui « rendent possible l'émergence de la politique de Pascal », Gérard Ferreroles peut alors, dans le chapitre n, intitulé « L'anomie des jésuites », articuler les « données qui la composent ». City" (p. 41) ; avec une originalité extrême et une précision impeccable, il décrit, de l'avis de l'auteur de La Place, que la politique des Jésuites représente un anti-patron de celle de Pascal, "Le Grand Seigneur des Désirs", " en permettant à ses sujets de satisfaire leurs désirs sexuels, […] de satisfaire leur propre libido dominandi » (p. 71), « détruisant ce qu'ils s'efforçaient de dominer, à savoir la société civile et politique, et par la destruction eux-mêmes détruisent [...] [ . ..] Des villes humaines et [...] des villes chrétiennes se sont construites contre ce paradigme négatif » (p. 91). Le chapitre trois, intitulé "Désir collectif" (p. 93), explore comment les "trois mauvaises fées" (p. 98) du désir, du pouvoir et de l'imagination sont mises au service de la ville. Le pouvoir, grâce à l'ingéniosité humaine, devient un élément constructif. La Citadelle de la Luxure a été construite sous un prétexte, mais « c'est ce prétexte qui garantit la sérénité de la vie ordinaire » (p. 145).

« Mais est-ce suffisant ? (p. 147). L'ordre humain est-il contraire à la nature ? l'ordre politique [...] ne se fait pas au détriment de l'injustice » (p. 199).

« Quels changements le christianisme apporte-t-il aux faits naturels des questions politiques » (p. 203) ? Le chapitre cinq, « L'Église et l'État », répond à cette question. Elle retrace même le destin des États à travers l'histoire : au chapitre 6, Gérard Ferreyrolles propose la « continuité visible » et la « permanence » au-delà de l'imprévisibilité et de l'instabilité de celle-ci (pp. 251-252) : Ainsi en va-t-il de l'Église juive ; il souligne l'importance de la prophétie et conduit à la foi, qu'il définit comme « le point de confusion apparente d'où le regard révèle la transfiguration » (p. 256), pour finalement adhérer à l'analogie paséalienne et interpréter dialectiquement l'univers politique qui le caractérise. Une très bonne bibliographie conclut l'ouvrage.

Gérard Ferreyrolles était si érudit, c'est-à-dire érudit, qu'il abordait son sujet avec une telle vérité et une telle sagesse qu'il a non seulement approfondi le domaine passionnant lié à l'étude de la pensée de Pascal, mais aussi l'un des problèmes révélés les plus profonds et les plus populaires et démontré modernité de Pascal soulignée par Jean Mesnard (référence citée par Gérard Ferreyrolles, p. 11).

NICOLE FERRIER-CAVERIVIÈRE.

ROGER DUCHÊNE, Literaire pretentie in "De provincie"

Pascal. Publication de l'Université de Provence, Aix-en-Provence, 1984 ; deuxième édition, 1985. un volume. 15,5 x 21,5 pages, 390 pages au total

Le livre de Roger Duchêne connaît un grand succès depuis sa parution et nous espérons que la deuxième édition fera de même, y compris l'important

280 Histoire de la littérature française revisitée

suppléments. D'une part, les nouveaux chapitres permettent à l'auteur de poursuivre son analyse et de renforcer ses arguments sur certaines questions spécifiques. D'autre part, le projet d'édition et de compilation du livre fournit l'occasion d'organiser un petit séminaire à Marseille en mars 1984, consacré aux lettres provinciales : M. Le Guern, Ph. Sellier et D.. Modéré par J. Mesnârd, discussion autour du livre de Roger Duchene. La nouvelle édition de L'Imposture contient le texte du colloque, rendant justice à la brillante « défense » par Roger Duchêne des préoccupations des amis de Port-Royal.

Roger Duchêne a choisi d'aborder Lettres provinciales comme une œuvre littéraire, un roman épistolaire qui raconte l'histoire de la transformation de Pépistolier en compagnie de Port-Royal. Malgré les apparences, l'épistolier est un personnage fictif : il y a une différence fondamentale entre Pascal (l'épistolier) et l'épistolier fictif qu'il incarne. Ce point de vue est tiré des premiers travaux de Roger Duchêne (voir notamment Madame de Sévigné et la Lettre d'amour, Paris, Bordas, 1970, et les essais réunis sous le titre Écrire au temps de Mme de Sévigné, P., Vrin, 1982) . Il s'agit plutôt de définir ce qui distingue les « petites paroles » des vraies paroles, qui seraient « des expressions spontanées et immédiates de la réalité vécue au profit d'un tiers privilégié » (R.H.L.F., 1971, p. 194). proclame la lettre vraie, le message fidèle, la gentillesse naïve, et examine la relation entre l'expéditeur et le destinataire qui caractérise cette lettre héroïque - son choix d'"une sorte d'écriture", "apte à appliquer le monde à cet argument". La farce traite ici de toutes les structures littéraires : "lettres, dialogues, récits, citations, allusions, transpositions de diverses manières, se mêlant et se croisant sans confusion", "preuve d'une volonté d'organisation, 'celui qui sait' séduira un public profane" . L'imposteur marque ainsi la distance entre Pascal et son personnage « je ».

Pascal, quant à lui, prétend fournir des informations fondamentales et authentiques sur les débats de la Sorbonne et la morale jésuite. Cependant, l'économie de la confiance est en fait une reconstruction de la réalité. Roger Duchêne compare les lettres aux mémoires de Beaubrun et aux écrits des opposants à Port-Royal : il rappelle que c'est Pascal qui a organisé son récit autour de la terminologie ambiguë du « prochain pouvoir aux besoins de sa cause », Graça Enough ». ; Pascal a remplacé le commentaire du débat par un résumé d'un ouvrage de Nicol et a mal interprété la position des thomistes de Paris ; il propose de fusionner les différentes positions de son adversaire ; S'appuie sur des modèles culturels traditionnels et caricaturaux dans le dialogue de l'idéologue ; traduit les dangers potentiels en interprétation des perspectives possibles et l'analyse des orientations conscientes en intentions perverses ; apprendre, pour mieux le condamner. Roger Duchêne nous a ainsi permis de comprendre tous les aspects techniques de la rédaction de la lettre et a publié quelques documents importants sur le litige en annexe à l'attention du lecteur.

D'un second point de vue, cependant, la personnification nous semble avoir un sens différent : Roger Duchêne dénonce ce qu'il considère non seulement comme une personnification littéraire, mais aussi intellectuelle, voire morale, en dernier recours pour les partis politiques. basé sur le « caprice » d'un Dieu cruel qui s'attire des ennuis (p. 55). Cette condamnation de la polémique Pascali repose sur une interprétation de « ce qui s'est réellement passé à la Sorbonne ». Ainsi Roger Duchêne caractérise le débat à la Sorbonne comme « le fonctionnement normal d'une institution qualifiée », tout en pointant le rôle déterminant du pouvoir politique, la présence de

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Le Premier ministre Serguih reste en grande partie inchangé, avec des restrictions dures et arbitraires au débat imposées par le sablier et la présence d'un nombre illégal de mendiants religieux. En effet, la politique de Mazarin (cf. P. Jansen), les alliances au sein de la Sorbonne (cf. Y, Poutet), le contrôle étroit de la presse et les conditions précaires de diffusion secrète de la littérature « janséniste » (cf. H - J. Martin), et enfin le rôle central de l'hôtel de Liancourt dans le rejet du sacrement par le duc (cf. J. Lesaulnier), ces éléments confirment que le débat a été un cheminement biaisé. A la Sorbonne, il ne s'agissait pas de débattre de « l'état de grâce concernant la responsabilité de l'homme et de Dieu pour le bien et le mal » (comme le dit Roger Duchêne, p. 36), mais d'affirmer qu'Antoine • L'exemple frappant d'Antoine Arnauld à condamner Jansénius. Depuis, Pascal s'est positionné dans le débat, dénonçant une coalition de forces politiques cherchant à censurer les enseignements de saint Augustin. Vu sous cet angle, l'aspect technique de l'œuvre littéraire de l'épître ne peut pas apparaître comme un hideux canular destiné à plaire aux honnêtes gens pour mieux les tromper, mais comme une fiction littéraire légitime qui permet de comprendre le sens pour mieux comprendre les lettres. événements comme des choses réelles.

Anthony Mac Kenna.

Image de La Rochefoucauld. Essais du Tricentenaire, 1680-1980.

PUF, 1984. Vol. 15,5 x 25,5, 292 pages.

(Video) Littérature française des XVIIe et XVIIIe siècle, cours 1

Le Prince des moralistes était connu avant 1980. Nous tenons à remercier les organisateurs des Glorieuses d'Angoulême et des commémorations d'Île-de-France, qui ont mis à disposition du public de nombreuses nouveautés dans un format attractif. Vraiment inoubliable. Les noms de Jean Lafond et Jean Mesnard posent ici problème, tout comme leur pudeur qui garantit la qualité de l'ouvrage, le beau portrait reproduit sur la couverture (Mignard pinxit) n'est pas le moindre ornement

La duchesse de La Rochefoucauld nous présente, non sans humour, le génie de la famille. Sous le regard ironique d'un maître littéraire, alternent esquisses concises, lectures de "lectures", aphorismes étincelants, horizons obscurcis. Un cadre vaste et continu, historique et littéraire, d'où émane une délicate élégance rayonnante.

Le premier est "La réception"... avec Jacqueline Plantié nous explorons l'histoire des coulisses du réemploi. "Toutes ces grandes œuvres originales ont produit d'innombrables copies inférieures..." L'art dégénère techniquement, de l'adoucissement à la souillure, en mille manières d'écrire, selon Jules Lemaître, "Sans pensées. Alain Lanavere joue dans la terre, creuse un gloser sans prendre trop de responsabilités pour exacerber la mémoire cartésienne (mais affable...) de Corbinelli. philosophe haut en couleur et tout, tandis que Jean Lafond sait donner un poids idéologique à des lectures loin d'être innocentes de nouveaux visages ont émergé sous des symboles ambigus à la Pirander ! Antony McKenna analyse l'accueil médiocre au Royaume-Uni ; Monique Nemel Nemer) a la sagesse de décrire en détail le jeu de déni et d'affrontement entre sbires et maraudeurs des deux côtés de la Manche. Oui, « la devise est française » (p. 107) ! D'ailleurs, comment

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Margot Kruse est bien mise en valeur dans sa fascination pour les philosophes du Rhin : d'abord Schopenhauer, Nietzsche

Mais qui est le « vrai » La Rochefoucauld ? Si Louis Van Delft proposait sans restriction une "lecture profane" de l'oeuvre, d'où étaient extraits des traits de caractère, alors Jean Lafond montrait que le concept d'un "Salon janséniste" (Mme de Sablé) dans les années 1660 n'était pas irrationnel. . Philippe Sellier témoigne de La Princesse de Clèves comme d'un exemple poétique des « chuchotements » de l'augustinisme. Jean Mesnard démontre dans "Aphorismes" la "synthèse" contradictoire du religieux et du profane. Car le temps des gentilshommes est passé ; un autre ordre prévaut.

Cependant, il n'y a pas de rupture entre l'aphorisme et la mémoire. Ici et là la même personne et le même monde. Et Jacques Truchet, quelle autorité convaincante ! Il a appelé à une "vision plus globale, plus authentique, moins impressionniste", ainsi qu'à ouvrir d'autres "zones de creusement". Anticipant une telle invitation, Noémi Hepp expose les mémoires du duc dans un feu croisé d'idéalisme chevaleresque et de réalisme politique, révélant des interprétations réductrices des héros, "la fausseté des valeurs d'autrui". "retraite"...) à l'ère du mépris. M. Roland Mousnier découvre avec l'œil frais et non naïf d'un historien dans ce livre unique qui traduit la nostalgie des cépages. On ose dire : l'émigration vers l'intérieur préfigure-t-elle l'enfer de l'âme, est-ce la revanche et le sacre de l'écrivain ?

La démystification, dont le pessimisme ne manque pas de faire illusion, en reprenant le terme de Jean Starobinski (La Rochefoucauld, Maximes et Mémoires, Paris, 1964, p. 14), comme La doctrine chrétienne de la séparation de l'« essence d'avec la « contrepartie positive ». Mais cette œuvre témoigne de l'existence, quoique tacite, d'une foi et d'une culture : Jean-Lessonnier s'est ainsi investi avec bonheur du lieu, chez Liancourts ; Mireille Gérard (pp. 229-292) via Enée Paraphrasé par Balmas, c'est comme faire le tour des livres de la bibliothèque de Verteuil, qui n'existent plus aujourd'hui.

L'inconnu La Rochefoucauld ? Mystérieux! …Selon Flaubert, les grands travaux ne s'arrêtent jamais. Ayant doublé la note, le co-auteur d'une somme aussi importante fait revivre la splendeur, présente et future du diamant noir de la littérature française universelle. Derniers mots de Jean Mesnard (p. 165), ou début : La Rochefoucauld « enveloppé de mystère. Peut-être pas le moins séduisant ».

Yves Corot.

Molière, Tartuffe. comédie. français et allemand. Transcription en prose allemande, épilogue, chronologie, explication et bibliographie par le Dr. CHAPEAU COEUR STENZEL. Wilhelm Goldmann Verlag, Munich, 1983. Nations Unies Vol. 11,5 x 18 330 pages

La Maison Goldmann a récemment publié des textes "classiques" (dans le domaine français tels que La Fontaine, Stendhal, Flaubert, Zola et ... Anouilh) dans le cadre de ses livres de poche, soigneusement traduits et commentés par des experts. Le dernier volet de la série nous offre une version bilingue de Tartuff, l'une des pièces les plus jouées en Allemagne, et Hartmut Stenzel (Université de Wuppertal) nous en donne un aperçu très correct (traduction de Molière, chronique de vie, notes historiques pertinentes et une note bibliographique très utile, mais surtout postface importante.

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En revanche, malgré l'absence de descriptions détaillées de la comédie, de l'art dramatique et de la psychologie des personnages de Molière, on se réjouit de trouver une excellente analyse du contexte social et politique dans lequel se trouve Tartuffe. En fait, M. Stanzel parvient à démontrer l'importance de Tartuffe dans l'évolution idéologique et l'entreprise sociale de Molière, ainsi que son érudition sur le rôle des trois versions de la pièce et de la "clique des croyants". commentaire sur le caractère ambivalent des rapports entre la monarchie absolue et la bourgeoisie.

Reinhard Kreistzewski.

J.-P. KORT, Racine, Phèdre. Londres, Grant et Cutler, Cole. Guide critique des textes français, 1983. un volume. 13 x 19,5 x 84 pages

Conformément aux principes de cette collection, il s'agit de présenter les œuvres les plus importantes de la littérature française dans un format pratique pour les élèves apprenant l'anglais. Ce guide propose une riche bibliographie et un plan d'étude simple : il traite de la structure du genre tragique, des thèmes de l'œuvre, de sa structure et enfin des personnages principaux. L'ensemble est clair, mais la distance entre la partie sur le genre et la partie sur la structure de Phèdre est faussée. La pièce est présentée comme un exemple parfait de la tragédie racinienne et de la tragédie judiciaire, une vision sans complexité. De plus, une telle introduction serait certainement utile à ses destinataires et à la diffusion du drame lacinien.

A. Viala.

CHRISTOPH STROSETZKI, Rhétorique de la conversation : dimensions littéraires et linguistiques dans la société française du XVIIe siècle.

Traduction française par SABINE SEUBERT. Paris, Seattle, Tübingen, "Essais sur la littérature française du XVIIe siècle", 1984 ("Biblio 17, n° 20"). vol. 14,5 x 21 de VII - "307" (actuel : 308) p.

J.-P. Chauveau présente la version originale de cet article savant dans notre chronique (1982, pp. 103-105), en insistant sur la perspective synchronique et en passant en revue sa riche littérature. Une étude détaillée de Volker Kapp (XVIIe Siècle n° 125, 1979, pp. 433-437) a également attiré l'attention des spécialistes francophones sur l'importance de cet ouvrage.

A l'occasion de la traduction française, le titre Konversation a été changé sans prétention. Toute étude des concepts clés du goût à l'époque classique remonte à l'histoire de la rhétorique. Nous l'avons un peu oublié, mais Daniel Mornet (judicieusement cité par M. Strosetzki) ne le sait que trop bien, et les travaux de Marc Fumaroli en témoignent.

En effet, le livre de 1978 bénéficie d'une traduction appliquée ("Même si...", p. 82, est remplacé par : "De même, quand..."), parfois élégamment (voir 1 sur les termes sociaux). On regrette un peu que les rares erreurs de l'original (Grenaille le qualifie de "moine", p. 27 : "Marquis de Racan", p. 80) n'aient pas été corrigées et les beaux ajouts bibliographiques (pp. 217, 220 ) ont été ajoutés non corrigés à La liste des ouvrages consultés ne contient aucun index autre que la table des matières, qui est très

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Pour être précis, c'est vrai. Une étude aussi complète et belle mériterait une décoration plus soignée. De cette façon, cependant, il sera d'une grande aide pour les nouveaux lecteurs dans les domaines de la critique, de la lexicologie et des relations entre littérature et société.

Roger Zuber.

ROGER DE BUSSY-RABUTIN, Correspondance avec le Père René Rapin, édité par C. ROUBEN. Paris, Nizet, 1983. un volume. 13,5 x 21 au total 247 pages

La version Lalanne de la correspondance Bussy-Rabutin est-elle obsolète ? 1 Cela ne fait aucun doute. Il a été adopté et en partie modifié par R. Duchêne dans ses éditions majeures Mme de Sévigné 2. C. Rouben l'a résolu à son tour. Pas étonnant que le chercheur canadien, après quelques années de travail acharné sur Bussy-Rabutin, ait publié une lettre Bussy-Rabutin en plus de quelques articles3.

Première continuation de ces divers ouvrages, voici une édition majeure d'une partie de la correspondance de Bussy : qu'il échangea avec l'abbé Rapin de 1671 à 1687 (109 lettres au total). La version de Lalanne a l'avantage de publier un grand nombre d'ouvrages inédits, mais conserve des inconvénients majeurs, bien qu'une liste utile de ressources soit fournie dans l'introduction, l'équipement clé est défectueux (manque de principes pour guider le choix des cours, manque de variantes, etc.) . Il ne fait aucun doute que l'œuvre de C. Rouben a été bien supérieure à celle de ses prédécesseurs. Il y en a peu de nouvelles en dehors des lettres du Père Rapin, car elles ne sont connues que de la première édition ou copie de Bussy. Par contre, en recherchant des signatures et en fouillant les archives des collectionneurs, il est possible d'ajouter six lettres, des dates de restauration (parfois modifiées sans raison par Lalanne), des textes intégraux ou de précieuses variantes de cette correspondance. .nous l'avons choisi. Madame de Sévigny compare l'ouvrage de 1655 à Cicéron et admet en 1671 : « Je n'ai jamais lu Cicéron, ce que je regrette profondément » (p. 51).

Ce meilleur texte 4 donne un exemple précis de la réconciliation qui s'est opérée pendant un siècle entre la culture séculière et la culture humaniste du savant. Si toutes les lettres ne sont pas concluantes, les lettres dans lesquelles le professeur du Claremont College soumet son travail au jugement d'un seigneur exilé illustrent comment le langage, la critique littéraire, et plus généralement, se distillent dans ces échanges. Combien sont riches les nuances et les ambiguïtés de concepts tels que le public, la nature et l'écriture épistolaire. Cependant, alors que Bussy comptait environ 150 personnes, nous avons regretté d'avoir choisi un appelant. Une correspondance avec l'abbé Bouhours, par exemple, aurait bien complété cette édition : elle est d'ailleurs souvent utilisée ici.

1. Correspondance entre Roger de Rabutin Comte de Bussy et sa famille et ses amis (1666-1693), éd. Écrit par L. Lalanne. Paris, Charpentier, 1858, 6 vol.

2. Mme de Sévigné, Correspondance. Paris, Gallimard, 1972-1978. 3 parties. Cependant, ajouter une note précieuse aux lettres de Bussy à Madame de Sévigné simplifie les aides critiques : « Quant aux variantes, presque toutes les lettres de Bussy sont ignorées, nous ne retenons que celles de Mme de Sévigné » (t I, p824).

3. C. Rouben, auteur des Lettres Bussy-Rabutin. Paris, Nizet, 1974. Voir le commentaire de R. Zuber dans Revue du XVIIe siècle, n° 112, pp. 78-79.

4. Le texte doit être complété à deux endroits : p. 85, dernière ligne de la lettre, lire « scaurois vous dit » ; P. 93 : ligne 3, lire "Le grand curé d'Autun et M. de la Brosse, beaucoup d'habileté".

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Remarque 5. Bien que quelque peu naïf (trop prudent), les noix sont importantes. Malheureusement, le double index des noms personnels et des noms littéraires ne mentionne pas les annotations. Ces mises en garde mises à part, cette nouvelle édition est donc recommandée aux chercheurs, mais laisse espérer une révision complète de l'édition de Lalanne. Puisse l'éditeur nous sauver des éditions partielles de cent cinquante lettres de Bussy !

Mireille Gérard.

ROGER ZUBER, MICHELINE CUENIN, Littérature française. 4. Classicisme. COL. "Littérature française/Miniatures", réalisé par Claude Picois. Paris, Arthaud, 1984. un avant. 11 x 18, 351 pages.

C'est un livre en forme de chaussure : format sans prétention et introduction concise à une nouvelle histoire littéraire dense, souci de la complexité des faits, empressement à ajouter des commentaires et des explications, délicieuse aisance dans son mode d'expression, un auteur avec les autres auteurs, accompagné de présentation puissante et appropriée à la dernière exposition. Si la chronologie sert commodément de point de repère pour la diffusion d'un effort d'ensemble, la vingtaine de pages bibliographiques permettent toutes les inspections et tous les élargissements. Un détail : pour les outils bibliographiques, la date d'expiration du recensement est un indicateur utile.

Les vingt années couvertes par le livre - 1660-1680 - dans les siècles kaléidoscopiques qui ont surgi au cours des dernières décennies identifient, aux yeux des historiens et des chercheurs littéraires, le seul moment qui peut encore être qualifié de classique sans sonner d'adjectif comme un modeler ou faire appel à la contemplation égarée. Héritier des traditions et des enseignements du romanisme ou de l'humanisme, souvent rappelés ici avec la vie politique, l'esthétique du genre ou La Fontaine, le porteur du signe ouvre aussi le livre au siècle prochain, le classicisme obtient une rencontre au lieu d'une volonté collective, comme une fusion d'individus aux modes de vie laïcs et sociaux ("Le titre "écrivain laïc" est une répétition"), dans le cadre d'un système politique autocratique, qui n'implique pas la dictature, tel que décrit par Louis XIV avec des personnages comme Colbert" il faut les considérer comme des collectionneurs". Les deux premières parties de ce triptyque nuancent l'interaction de toutes ces forces : « Le Siècle de Louis XIV » : « Littérature » ; chapitres de Lo et Racine de Micheline Cuénin).

Aucune simple réduction à un seul déterminisme - cette littérature n'est pas « bourgeoise » et les idéaux des honnêtes gens sont de hautes sources d'inspiration - aucune hypothèse idéologique et téléologique ou hypothèque ne ferait des classiques le seul produit de la société ou le fruit inévitable lentement conçu. période de 1660 à 1680 a été exceptionnellement féconde pour les grands écrivains et a produit une série d'heureuses coïncidences pour les vizirs et les princes de Louis XIV à son apogée.

5. Ver J.-P. Collinet, « Le triumvirat littéraire : Rapin, Bouhours, Bussy », dans Critique littéraire et écriture dans la France du XVIIe siècle, Paris, CNRS, 1977.

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Sublime, "l'attachement des esprits à ce qui les dépasse". La « singularité » des grands écrivains et des grandes œuvres ne tient pas à l'existence d'un « environnement littéraire » à naître, mais à la parfaite combinaison entre les limites et les attentes du public et la puissante expression du tempérament. Les règles et la dynamique du chaudron des textes, le pouvoir collectif et le travail solitaire, la « redécouverte des formes sacrées » et l'invention de nouvelles formes, comme l'entretien ou le roman épistolaire. Le théâtre est donc un genre littéraire polymorphe, un art de vivre en société et une image de la vie intérieure vers laquelle le sermon invite l'âme à se tourner.

Ainsi, le déluge d'informations détaillées est magnifiquement rendu dans ce livre et dans les monographies, dont la collection formait jadis toute l'histoire de la littérature, n'intervenant que pour illustrer et couronner l'ensemble, dont l'équilibre porte sur l'histoire sociale et l'histoire littéraire. La forme, cœur de l'oeuvre. L'image du polyclassicisme, chargé de tensions et de polémiques, pas toujours sensible aux "choix esthétiques profonds", dans l'épanouissement de la littérature française de style loft, a donné naissance au monde savant néo-latin, désormais appelé, soucieux d'autres, moins créatifs. professions, philosophique, critique et historique. « L'abîme du langage codé », « l'imaginaire de la culture », ces formules pénètrent jusqu'au plus profond du texte et le rendent encore aujourd'hui fascinant pour nos sensibilités modernes.

Peut-être que seul un amateur ou un expert bien informé appréciera tout ce que ce livre a inclus à partir de travaux récents; mais tout lecteur connaîtra notre vision du dix-septième siècle de la correction et de la renaissance, souvent encore véhiculée par les vieux manuels Prisonnier du cliché, et remerciera sans aucun effort ni compromis l'auteur pour cet exemple très populaire.

Bernardo Bognor.

MARIA G. PITTALUGA, L'évolution du langage des affaires, "The Perfect Trader" et "The Universal Business Dictionary". Bibliothèque littéraire, E. A. Graziano, Gênes, 1983. à -8° de 126p.

Très familier des travaux théoriques des dictionnaires, fréquemment cités en notes de bas de page, l'auteur examine les néologismes de la forme et du sens dans son premier ouvrage (1675), du père J. Savary, une « codification colbertienne », puis dans le second volume (1723- 1730), par son fils J. Savary des Bruslons, est un monument au vocabulaire riche qui reflète les mutations culturelles, scientifiques et technologiques de l'époque. L'étude se veut synchrone et diachronique. Ces analyses sont réalisées dans un français courant avec précision et clarté. La conclusion met en évidence les perspectives contrastées des deux livres. Deuxièmement, il regorge de références qui témoignent d'un fort désir de liberté et d'ouverture sur le monde.

Notes de lecture sur les nouvelles listes de mots. 42. Coagis (1679) lu à partir de 1665 ; accueilli par des règles linguistiques sous diverses formes; c. ZrP 98, 1982, 354. - 43, Coral Workers (1679). Le premier de 1594 apparaît dans Mélanges Alice Planche, Nice, 1984, pp. 1675), terminologie comptable. Salde (1598), saulde (1607), Mélanges J. Horrent, Liège 1980, 12. - SI, Florence (1723). A partir de 1666, PEU 3.627 P. - 92, propriétaire d'esclaves (1730). Dans une loi du 18 janvier 1685; v. Notre contribution à l'étude de la terminologie française du voyage, Paris, 1963, 365.

Raimundo Aville.

rapport 287

RJ HOWELS, Pierre Jurieu : Les radicaux matérialistes. DMLS, Université de Durham, 1983. Un volume. à -8° de 90p.

L'importance du sanctuaire protestant en Europe du Nord, notamment pour les républiques littéraires après 1685, est bien connue des spécialistes (M. Baridon, E. Labrousse, A.-M. Rousseau, R. Zuber, ..), mais elle provoque peu de parutions. Ce court essai sur P. Jurieu (1637-1713), prêtre, débatteur, réfugié hollandais, est le bienvenu : petite personnalité, il se distingue dans la postérité en traitant des errements de Huisseau, Pajon ou P. Bayle. « Insulte à Julius », pour quelque « opposant fanatique » (Voltaire), visionnaire en tout cas, il brisa la tolérance, mais s'opposa farouchement à l'absolutisme de Louis XIV, du moins le protestantisme fut-il tracé. Par conséquent, en raison de sa courte durée, ce livre ne peut pas répondre à de nombreuses questions. Nous réservons cependant un aperçu des principaux textes du Jurieu (qui sont louables pour leur diffusion), et un dénominateur commun : le Jurieu est « antinomien », pas à proprement parler (la foi seule peut justifier la loi, et libre de la loi - cf. Romains 1, 17), mais au sens figuré, religieusement engagé dans le dessein de la Providence, contraire à la loi naturelle ou à la raison. Jurieu antinomien, très canonique ? Pour Dieu sans doute, peut-être pour Lui, mais certainement pas pour l'homme.

Dommage que nous n'évoquions ici que brièvement Malebranche à propos de la providence générale, ce que Jurieus semble avoir réfuté comme Arnaud avant lui, évoquant très brièvement le calvinisme (p. 20 pages). Dans l'ensemble, c'est un livre utile, et nous espérons que les nouveaux développements de l'auteur le compléteront.

Bernardo Cotteret.

AF PREVOST, "L'histoire d'une belle grecque", "Traduction française de L'Histoire d'une Grecque Moderne par Antoine-François Prévost, avec introduction et bibliographie sélective", par JAMES F. JONES Jr. "Scripta humanistica", Maryland, 1984. Nations Unies Vol. de 294 p., 5 patients.

Comme le note J.F. Jones (pp. 13-14), tous les historiens de la littérature du XVIIIe siècle s'accordent à dire que dans l'Histoire d'une Grecque moderne les romans de Prévost sont injustement négligés. Méthode de jugement. Grâce aux soins affectueux de J.F. Jones, ce chef-d'œuvre incomparable trouve ici une nouvelle forme fascinante. L'introduction est vive et chaleureuse, traitant de toutes les questions soulevées par « l'histoire » d'une femme grecque et d'un célèbre ambassadeur connu de la haute société de l'époque ; L'orientalisme discret de Prévost, sa dialectique subtile et ses techniques de narration sont analysés. un dieu. Elle respecte toutes les tournures d'une phrase incomparable, comme le souligne justement le traducteur : « C'est cette tournure qui permet au lecteur de se faire une image du narrateur » (p. 49). L'humour glaçant et confus du narrateur, empêtré dans ses soucis de légitimité et sa mémoire trompeuse, pose autant de problèmes au traducteur de Prévost qu'au texte de Proust. Art.

Jean Sgard.

1. J.F. Jones a choisi comme texte de base l'excellente édition de l'Histoire de la Grèce moderne d'A. Holland, dans l'ouvrage de Prévost, Volume IV (t IV, P.U.G., 1982).

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IRIS COX, Montesquieu et l'histoire du droit français. Oxford, Voltaire Foundation, Taylor Institute, (Voltaire and Eighteenth Century Studies, 218), 1983. Nations Unies Vol. 16 x 24 de VIII - 201 pages

La composition du dernier livre de L'Esprit des Lois, les livres "historiques" (XXVIII à XXXI), continue de soulever de nombreuses questions auxquelles le livre d'Iris Cox apporte des réponses intéressantes. En fait, l'auteur examine systématiquement les sources des livres XXVIII, XXX et XXXI. Cette étude s'appuie sur la solide méthodologie révélée dans la première partie de l'ouvrage, qui analyse la théorie du gouvernement de Montesquieu, retrace l'esprit et l'histoire du droit français, présente l'interprétation de Montesquieu des textes utilisés, et ses lectures historiques sont notées.

Outre des éléments connus, Iris Cox a également utilisé deux documents largement inédits : Liste des ouvrages empruntés par Montesquieu à la Koninklijke Bibliotheek en 1747 et 1748 (pp. 86-87), et jusqu'à présent uniquement des manuscrits du codex rapidement mis à jour et revus par R. Shackletoa Ces six volumes sont conservés à la Bibliothèque nationale (Nouv. Acq. fr. 12837-12842), écrits entièrement par Montesquieu entre 1711 et 1721, comprenant des notes de lecture mais aussi des procès-verbaux d'auditions parlementaires à Paris. Ils mettent en lumière les méthodes de travail de Montesquieu acquises à l'Oratoire de la Joie, montrent le choix et la portée de ses enseignements, et surtout révèlent les questions juridiques auxquelles il s'est particulièrement intéressé dans ses années de formation. Une annexe consacrée à la Collectio Juris (pp. 173-191) révèle de nombreux aspects de l'évolution de la culture juridique de Montesquieu.

L'examen dudit livre de la Loi de l'Esprit permet à Cox de réorganiser la liste des ouvrages que Montesquieu a utilisés, citant ou non, pour discuter de ses interprétations et de l'influence des historiens de droite sur lui, ses prédécesseurs et ses contemporains. comme Jean Le Laboureur, Claude Fleury, l'abbé Jean-Baptiste Dubeau, Jean-Baptiste Dubos, qui opposait ses théories dans son Histoire de la Critique de l'établissement de la monarchie en Gaule, 1734, Henry de Boulainvilliers, etc. que Montesquieu s'était fixé en écrivant ces chapitres "historiques" en 1747 et 1748, alors que le manuscrit de L'Esprit des Lois était déjà imprimé dans les presses genevoises : au lieu d'écrire l'histoire du droit civil et la constitution de la France, mais c'est sur la succession des théories historiques à leur sujet. Dans l'état des lieux et de la recherche au moment de la publication de L'Esprit des Lois, l'apport de Montesquieu est remarquable, comme le montre bien I. Cox.

Louis De Graves.

CHARLES DE FIEUX, CHEVALIER DE MOUHY, LE MASQUE DE FER ou une admirable aventure père-fils. Paris, Desjonquères, 1983. une partie. 14 x 20,5 pages, total 321 pages.

Mooy Knight n'était pas seulement un romancier prolifique, mais aussi un espion de la police et un journaliste. Un de nos premiers romanciers populaires, qui vivait misérablement de sa plume, écrivait généralement pour un public plus large que Malivaux, Prévot ou Crépiyonfels. Son œuvre reflète les différents courants du roman du XVIIIe siècle et les applique avec une aisance surprenante, malgré l'exotisme et le fantastique.

Plusieurs critiques, dont F.C. Green, G. May et H. Coulet estiment déjà que Mouhy mérite attention, sinon réhabilitation. la durée de votre romance

rapport 289

Les éditeurs peuvent être découragés. Pourtant, son imagination, son goût pour le journalisme, sa représentation de la vie contemporaine et le naturel de ses dialogues trahissent un talent et une innovation hors du commun. Par conséquent, le choix de l'homme au masque de fer est surprenant, car le roman ne met pas en évidence les meilleures qualités de Mui. C'est un roman simple qui suit les expériences nomades d'un père et d'un fils aristocratiques en Espagne et en Angleterre à une époque de "défis et de cartels". Les personnages principaux poursuivent l'intrigue politique et émotionnelle dans "une longue et puissante histoire d'inceste et de mort". La longue préface de Mrs. Rivala commence par mettre l'accent sur l'aspect violent (rappelant la littérature prévot plutôt qu'élisabéthaine) et l'élément baroque (rappelant les romans du siècle dernier). Mouche est certes digne de publication, mais on lui préfère La Paysanne arrivée ou La Mouche, qui évoque son époque avec une vérité saisissante et dont la technique de narration proclame le XIXe siècle plutôt que de rappeler le XVIIe.

Patricia Clancy.

Voltaire et les études du XVIIIe siècle. rouleau. 219. Voltaire Foundation at Taylor Institution, Oxford, 1983. Nations Unies, vol. 16 x 23 330 pages

Le volume 219 de Voltaire et les études du XVIIIe siècle contient 22 articles dont la moitié en français. Huit études sont consacrées à Voltaire et à ses œuvres.

D'abord, en 1979, la Fondation Voltaire lui dédie un livre de Lester G. Crocker, qui propose une analyse complète de la relation de Voltaire à la philosophie politique. Il appelle ses défauts et son indifférence son aversion (en particulier pour De Groot et Machiavel). Il souligne la complexité de sa relation avec les théoriciens du droit naturel. LG Crocker oppose également Voltaire à Pufendorf, Hobbes, Montesquieu, qu'il reproche à sa méthode de généralisation et à ses arguments sublimes, et surtout Rousseau, qu'il lit ouvertement. LG Crocker décrit enfin la pensée politique de Voltaire comme libre de toute influence dominante et avec peu d'ajout à la théorie. Voltaire, "un idéaliste pragmatique", s'accroche à la justice et, s'il n'avait pu égaler l'ingéniosité de Jean-Jacques Rousseau, du moins selon L.G. Crocker, ne nous aurait pas emmenés « dans des pâturages étranges et dangereux ».

Le premier article de R. Galliani porte ensuite sur les rapports entre Voltaire et la médecine à travers le traité d'Astruc sur les maladies vénériennes, qui « soutient les grandes tendances de la pensée de Voltaire ». R. Galliani a montré à Voltaire le paradoxe de la nature, qui unit la vie et la mort dans son acte primitif. Un deuxième article du même auteur teste certains des arguments de J. Van den Heuvel sans remettre en cause leur fondement. . Ceci est lié aux courants pessimistes traduits du poème catastrophe de Lisbonne de 1756. Cette étude ouvre ainsi de nouvelles pistes de commentaire sur les rêves de Platon.

Un autre problème de publication concerne Micromegas. DW Smith témoigne que l'histoire, après une lente maturation, fut écrite avant le 12 décembre 1750, et publiée à la mi-août 1751. Cet article s'appuie sur des techniques bibliographiques très précises.

Dans une autre étude consacrée à Voltaire, Maureen O'Meara s'est appuyée sur la philosophie de l'histoire, les notes et l'ABC pour prouver que Voltaire

290 Histoire de la littérature française revisitée

Considérez le langage comme l'image d'une civilisation et le véhicule pour exprimer la capacité d'abstraction d'un peuple. La description par M. O'Meara de la hiérarchie des langues et des peuples de Voltaire est lisible non seulement diachroniquement mais aussi synchroniquement ; surtout, il insiste sur la condamnation de toutes les langues sacrées, et en même temps n'oublie pas que c'est par un langage habile et persuasif que le « principal locuteur » accède au pouvoir.

Ensuite, deux analyses évaluent les relations de Voltaire avec deux pays où il se retrouve rarement : la Bohême et l'Espagne. J. Lavicka montre à l'aide de documents topographiques que la Bohême a suscité la curiosité de Voltaire pendant plus de vingt ans et a été constamment associée au thème de la guerre dans ses écrits. Francisco Lafarga, dans ses "Essais bibliographiques critiques", a identifié deux écoles de pensée : l'une mettant l'accent sur la figure espagnole dans l'œuvre de Voltaire à l'époque baroque, et l'autre réfléchissant.

On rencontre Rousseau dans les essais de Pierre Saint-Amand, qui étudie les textes autobiographiques et met l'accent sur les aspects affectifs du rapport de l'écrivain à la botanique. A travers cette histoire de découvertes tardives, P. Saint-Amand montre comment Rousseau n'aimait pas la nomenclature et la chimie "libérant la botanique de sa structure scientifique", faisant de l'herbier un "livre idéal", un mémoire. Colette Piau-Gillot a défendu la réputation misogyne de Rousseau, qui, selon elle, "venait principalement des critiques masculins". Il faut juger de son attitude par l'ensemble de l'œuvre, et pas seulement par rapport à Émile, pour se rendre compte que Rousseau rend ses héroïnes mûres, cultivées et raisonnables. En leur refusant toute part au pouvoir, la mère deviendrait la médiatrice du nouvel ordre naturel et civilisé.

Il existe deux études liées à ce roman. B.L.H. Lewis s'intéressait à l'illustre influence française à Cleveland de Prévost. Ces relations ne durent plus, mais voici B.L.H. Lewis montre comment Prévost adapte l'histoire historique basée sur l'intrigue de Des Frans et Sylvie pour s'adapter à sa moralité plus optimiste que la vision de Challe. D. Coward a alors constitué une importante bibliographie : "Laclos Studies, 1968-1982". Il identifie plusieurs directions dans ce riche travail critique, le définissant comme s'intéressant davantage au sens d'une relation dangereuse qu'aux moyens mis en œuvre pour y parvenir. Les travaux de R. Pomeau et L. Versini occupent une place prépondérante dans cette analyse.

L'art est représenté dans cet ouvrage par l'essai de Sylvette Milliot, qui retrace l'évolution du violon au XVIIIe siècle à travers une iconographie vivante. Elle décrit les aspects techniques associés aux nouvelles exigences esthétiques : le ton des « petites manières » disparaît au profit de l'art émotionnel.

Suzanne Guerlac pose une question d'esthétique théâtrale, principalement à travers des essais sur la peinture, un entretien avec le propre fils de Diderot, où elle montre comment la peinture et le théâtre peuvent se rejoindre à travers le concept de « peinture », découvrant l'œuvre à travers la force qu'exerce la peinture, "L'autorité dans l'art".

Plusieurs études nous ramènent à l'étranger. L'Italie est d'abord le berceau d'un style personnel : « l'écriture italienne ». Mireille Gille montre la relation entre les carnets de voyage et cette forme de lettre à partir de plusieurs témoignages. M. G. Cross peint alors le théâtre russe, notamment les festivals et opéras tenus sous le règne de la grande Catherine, à travers les yeux d'un voyageur britannique. Arend H. Huussen et Homme J. Wedman nous emmènent aux Pays-Bas et décrivent les aspects fédéraux de l'évolution complexe qui a conduit à l'édit d'émancipation des Juifs de 1796. nous ne partons pas

rapport 291

Holland a donné un message en 1760 à un réfugié dans le pays, dont le père, selon Sean O'Cathasaigh, était Bayle. Il pensait que l'œuvre avait peut-être été composée dans un esprit de tempérance.

Ensuite, deux articles rapportaient ce qui était arrivé au journal. L'un est le témoignage vivant des découvertes de Geneviève Menant-Artigas, qui a permis à Madame de Lambert de posséder le traité de pédagogie récemment attribué à Boulainvilliers par Renée Simon. Un autre s'est concentré sur le côté romantique de leur relation au fil des siècles : Geoffrey Scott, esthète et architecte universitaire, et Belle de Zuylen, qui se sont rencontrés à travers leur biographie en cours, Le Portrait de Zélyde, et plus tard les Lettres de Boswell, qu'il a éditées. Alors merci à C.P. Courtney pour raviver la mémoire des auteurs des Lettres de Lausanne.

A l'occasion de la publication d'inédits sur l'histoire d'Hérodote, une autre figure est évoquée avec passion : Pierre Rachel. Jean-Claude David rappelle que l'œuvre de P. Larcher, discréditée par Voltaire mais admirée par d'Alembert et de Holbach, est instructive pour les érudits du XVIIIe siècle.

Enfin, P. Swiggers s'intéresse aux traditions grammaticales des XVIIe et XVIIIe siècles, citant des ouvrages relatifs à la grammaire générale et à l'origine du langage (Foucault, Rosello), et d'autres révélant le rôle fondamental des articles grammaticaux encyclopédiques (J. . -C. Chevalier). Il a mis en lumière deux projets majeurs : la Fondation nationale de la science française qui réédite des manuels de 1500 à 1900 et Slatkine Reprints qui publie des documents couvrant la période 1521-1715. Cela ouvre de nouvelles perspectives de recherche.

Geneviève Harrosh-Buznak.

Huntington Williams, Autobiographie de Rousseau et Romander.

Oxford University Press, 1983. Nations Unies Vol. 14 x 21 sur 252 pages

Ce livre rigoureux et bien écrit porte un titre ambigu. Il n'examine pas l'influence de Rousseau sur un grand romantique, mais Rousseau lui-même "en tant que modèle d'autobiographie romantique moderne [...] parce qu'il a tenté de construire sa propre identité personnelle principalement dans son propre travail". Il est important de souligner que l'étude ne se limite pas aux Confessions, mais englobe tout ce que Rousseau a écrit. Un nouveau plan qui est largement 1, et en aucun cas plus que cool - est basé sur l'argument suivant, un peu exagéré à mon avis mais très habilement présenté, que Jean-Jacques a construit à partir du monde que son identité a personnellement créé, ou plutôt votre texte. L'auteur excelle (notamment dans son dernier chapitre) en « narratologie », gagnant du terrain auprès des critiques qui insistent sur la suprématie du texte ; L'adhésion est tempérée par une information très riche et éclectique qui puise (toujours reconnaissant ses dettes) Bachelard, Starobinski, Lévi-Strauss, Barthes, Foucault, Genette, Ph. Lejeune... et Gagnebin et Raymond. Il connaissait bien tous les écrits de Rousseau, y compris les lettres, et un lecteur attentif faisait de nombreuses références et commentait les citations pertinentes. Ajoutons que les cinq chapitres sont logiquement liés, structurés intérieurement par des sous-titres et des conclusions.

1. L'auteur ne sait pas que mon article "Essai de préhistoire interiore des Confessions" a été publié en janvier-février dans L'Information littéraire. 1976, pp. 7-19, où j'ai décrit une approche similaire.

292 Histoire de la littérature française revisitée

Le point de départ est l'état de rêverie, qui est considéré comme une caractéristique durable du tempérament. Suivez une chaîne. 2 sur la polarité amour/amitié, qui sera l'élément central de la thèse ; se termine par une interprétation que j'aimerais approuver, postulant Pygmalion (qui ne travaille qu'avec les apparences, longtemps négligé par la critique) comme "Retour aux étapes critiques de l'autobiographie". Ce « passage à l'autobiographie » (chapitre 3) se fera en trois phases successives, commençant en 1749 et se poursuivant en 1756 et 1762, par la construction d'un « monde textuel » activé par la « rhétorique pré-autobiographique ». Au chapitre 4 ("Le moi qui écrit"), l'aveu, le dialogue et le fantasme sont vus comme des étapes successives d'identification à un univers imaginé, le choix des éléments retenus formant l'identité. La section sur le dialogue dans ce chapitre est d'actualité et tente de donner une interprétation linguistique du dialogue entre "Jean-Jacques", "François" et "Rousseau" selon le schéma des "niveaux" et des "cadres". L'explication est très ingénieuse et ne peut pas toujours être convaincante, surtout quand l'auteur s'appuie sur le jeu de mots (en anglais uniquement) entre frame (frame) et framing (p. 157), qui renvoie à l'« intrigue » que Rousseau utilise alors comme obsession. Des faiblesses face à de petites digressions gênantes, p. 175, Concernant l'expression "enfermer nos âmes", qui apparaît dans un passage des Lettres morales : "Étymologiquement, le mot 'limiter' contient 'circum', signifiant 'rond' [avec quelle langue ?] et 'écrire','" Diriez-vous qu'à la Renaissance, quand le latin était connu, certaines étymologies étaient moins sûres ? Passons sur cet exemple malheureux d'excès de zèle à tout rapporter à l'écriture. Le livre ne peut pas être jugé sur ces points mineurs précis.

Le dernier chapitre, "Dialogue auteur-lecteur", comme le disent les plus "narratifs", n'est pas le meilleur. Il faut nous avertir si fort (185) qu'entre auteur et lecteur... le texte ? Le dernier sous-titre annonçant le développement de Reverie se résume à une simple citation de cinq éléments dans cet article, pourquoi cette fenêtre est-elle fausse alors qu'elle est supposée p. 175 Dire que Rêverie n'est pas une autobiographie ? (Si nous étions comme l'auteur, nous accepterions la distinction de M. Beaujour entre autobiographie et autoportrait.) La conclusion vient étonnamment avec l'affirmation que "Rousseau est presque totalement dépourvu d'ironie" - une question qui a été contestée par René Pintard, qui a discuté de "L'humour de Rousseau" lors d'un symposium au Collège de France en 1962, la même année Yale French Studies Issue 28 a publié mon article "Self-Deprecating in Confessions". Au moins Rousseau a pu se moquer de son image passée.

Le défaut du livre, si grave dans son sujet, est la rigidité du culte du texte ("In initio erat Verbum") qui est considéré comme un monolithe. L'auteur qui accepte la définition de l'autobiographie et tente d'identifier l'auteur autobiographique à son texte doit tenir compte de l'intention exprimée dans la variante. Dans le cas des Confessions, n'est-il pas problématique de considérer la dernière préface (un peu postiche) comme une introduction à ce que l'on pensait initialement être la première page du récit (p. 196) ?

Tenté par la lecture du premier chapitre, je peux être très dur sur les chapitres suivants. Que vous soyez d'accord avec cette affirmation ou non, ce livre a été écrit par un expert solide et compétent de Rousseau et mérite l'attention de tous les rousseauistes.

J. Buren.

Mcodeme in the Moon, Madness in Prose, Three Acts, de L.A. BEFFROY DE REIGNY dit le COUSIN-JACQUES, mise en texte, notes et

rapport 293

Présenté par MICHÈLE SAJOUS. Schena-Nizet, Bibliothèques de recherche, Textes étrangers, t. 3, 1983. Vol. à -8° de 285p.

La troisième partie de Testi Stranieri présente la folie dit le Cousin-Jacques de Louis Abel Beffroy de Reigny en prose et en trois actes, intitulée Nicodème dans la Lune. Outre le texte, le livre contient des introductions, des notes et des variantes, ainsi que plusieurs documents qui éclairent la réception de la pièce et la personnalité de l'auteur. Beffroy de Reigny (1757-1811), auteur de poèmes et de pièces de théâtre et fondateur de plusieurs journaux, a d'abord soutenu la révolution de 1789 mais a ensuite éveillé les soupçons lors de la terreur, comme le montre la pièce. L'introduction présente l'histoire des querelles entre les scènes parisiennes, définit le vaudeville et le théâtre Ariete, explore la langue poissarde dans les mazarinades et est remise en lumière par Vadé - tous les traits de la pièce ajoutent une histoire intéressante - la politique. Nicodème, malgré son nom de philosophe et non d'imbécile, se rend sur la lune, où il découvre la situation socio-politique d'avant 1789 : des paysans opprimés par des prêtres et des nobles, qui cachent la vérité aux monarques bienveillants. Ce dernier, inspiré par Nicodème, mena avec succès une révolution pacifique sur le modèle de la monarchie constitutionnelle de 1789. L'œuvre documentée de Michel Saju permet d'en apprécier le drame révolutionnaire, l'actualité éphémère et le formalisme littéraire.

Marie-Emmanuel Duval.

BEAUMARCHAIS, Les Noces de Figaro, de Robert Nicklaus. Londres, Grant & Cutler, 1983, Cole. Guide de la critique des textes français, n° 21. vol. 13 x 19,5, 75 pages.

L'œuvre dramatique la plus célèbre de Beaumarchais ne doit pas oublier qu'elle forme une trilogie avec "Le Barbier de Séville" et "La Mère Coupable". Pour expliquer « l'origine » de cette œuvre, R. Niklaus la replace dans cette perspective après avoir analysé ses différents contextes historiques, biographiques et théâtraux. Ce qui suit est une étude de l'intrigue et des personnages, mettant en évidence l'ambiguïté avec laquelle ils ont une structure morale sous-jacente dans la pièce, et soulignant le rôle du langage dramatique dans la réussite de cette "folle journée". Dans une synthèse riche et provocante, R. Niklaus cherche le « sens » du mariage de Figaro dans la « complexité unique » de Beaumarchais lui-même.

Ana baas.

REMY TESSONNEAU, Joseph Joubert, "Essais", 1779-1821. Éditions complètes et critiques, A.-G. Nizet, 1983. un vol. 14 x 22,5, 259 pages.

Publier les textes de Joubert est un projet très louable, notamment en raison de la difficulté du travail. On connaît les difficultés d'un auteur qui écrivait si bien, ses révisions constantes, la variété des brouillons et des états de texte (rappelant l'admiration de Cooke) ; Les marges en forme juxtaposent des phrases complètes et des articles ; tantôt le texte est continu, tantôt fragmenté en courtes sections séparées par des lignes horizontales. Ajoutons que ces packs sont impressionnants par leur nombre impressionnant et leur prolifération.

Rémy Tessonneau souhaite mettre à la disposition du public une série de documents, "papiers", observations, articles, projets dont certains sont inédits.

294 Histoire de la littérature française revisitée

A deux exceptions près, conservées chez Mrs. de La Briche et m. Edouard de Chayla (l'auteur a consulté et copié le manuscrit entre 1940 et 1950). Il en extrait vingt titres : Universal Charity (1779-1783) ; Éloge d'André Barton (1785); Éloge de Pigalle (1786) ; Sur camouflage (1786); L'éloge funèbre de Cook (1786–1788); Système (1787); Poème épousant Fontanes (1788); Salle de peinture de 1789 ; Sur Eikon Basilike et Boscobel (1789); Anecdote américaine (1789); Introduction à l'histoire de la justice française (1790) ; Éloge funèbre de Jean Grangier et Pierre Cailloud (1791) ; Notes sur Berquin (1794); De l'éducation d'un enfant condamné à la magistrature (1802) ; Pauline de Beaumont (1803-1804) Éloge des années 90 ; Articles sur le journalisme littéraire (1805); Attaque contre la fiction (1806); Avis sur le rapport néerlandais sur l'instruction publique (1810); Qu'est-ce que la pudeur ? (1815); Chapitre (1821).

Vous vous demandez peut-être si l'entreprise a été conçue et exécutée de manière amusante. Rupert est un écrivain rare dont l'importance ne s'est pleinement fait sentir qu'au siècle des Lumières et des lettrés du début du XIXe siècle. Ces gens gagneraient beaucoup d'argent sur une version qui expliquerait, avec toutes les garanties scientifiques, tout le texte original et son continuum, son indétermination, son orthographe spécifique. Pas le parti choisi.

Il est donc important de rappeler un très bon traité d'allemand défendu par l'université de Berlin, publié à Bonn en 1980 ; il s'agit du Studien zu Joseph Joubert (1754-1824) de Norbert Alcer, après de longues analyses, en 200 pages d'importants inédits sont publiés en annexe - notamment l'Éloge de Cook (Tome 11, 12 et 31) : pp. 347 à 411), l'éloge funèbre de Monsieur d'André-Bardon, Pigalle, les systèmes, Introduction à l'histoire impartiale de France, Anecdotes anglo-américaines.

Arlet Michel

JOSEPH DE MAISTRE, Écrits maçonniques de Joseph de Maistre et de quelques-uns de ses amis maçonniques. Édition révisée par J. REBOTTON [In] JOSEPH DE MAISTRE, ouvrage H. Franco Center for Italian Studies, Universités de Turin et de Savoie (Bibliothèque Franco Simeone), Genève, Éditions Slatkine, 1983. United Nations Vol. 15 x 22 sur 145 pages.

Ces écrits maçonniques de Joseph de Maistre ne sont pas inédits (sauf Notes, p. 17, n° 19, dans L'Ami des Hommes), mais c'est la première fois qu'ils sont retrouvés. Un seul volume avec des outils d'évaluation rigoureux : une introduction informative, des notes pertinentes et un index des noms utile. Si l'on regrette l'absence d'une bibliographie purement maçonnique, il faut se féliciter de l'excellente introduction d'Antoine Faivre, qui a le mérite d'élever le débat maçonnique-maïstien au niveau de la mystique et de la mystique de Joseph de Maistre :

"Grâce aux travaux de Jean Rebotton, on comprend mieux pourquoi J. de Maistre a choisi de modeler le gouvernement ecclésiastique sur le modèle du gouvernement maçonnique ; plutôt, d'emprunter à cette franc-maçonnerie et à cette Église des principes de communion spirituelle qui ne peuvent être inclus dans politiques héritées » (p. 10).

Le corpus édité par J. Rebotton contient des œuvres maçonniques spécifiques de J. de Maistre et ne contient pas de textes associés aux Lumières

rapport 295

- Comment maintenir XP pendant la nuit à Saint-Pétersbourg. Vous y trouverez des mémoires du duc de Brunswick et du baron Vignet des Etoles, ainsi que de brèves notes de la famille Maistre. A ces travaux s'ajoutent une commande collective pour la Loge Les Trois Mortiers à Chambéry Est, signée par J. de Maistre en tant que grand orateur de la loge, et en plus une lettre composée de trois lettres de J.B. Willermoz et une lettre des deux lettres de J.B. Willermoz Gaspard de Savaron, une lettre intéressante qui permet de reconstituer les "mots oubliés" d'un Joseph de Maistre sceptique et moqueur sur l'origine supposée des Templiers en l'absence de preuves de la franc-maçonnerie. fermement admis que la franc-maçonnerie était une "science de l'homme" destinée à approfondir le christianisme.

Dans son introduction, J. Rebotton démontre l'importance de la franc-maçonnerie dans la vie et l'œuvre de J. de Maistre, longtemps ignorée des critiques littéraires. "Société heureuse", espace social, organisation caritative, école de formation et d'action citoyenne, la franc-maçonnerie est devenue successivement celle de J. de Maistre. Mais sa rupture avec la Loge des Trois Mortiers et son affiliation au régime écossais lui ont donné une nouvelle conception de l'art royal, les premiers principes qu'il avait repris de Willermoz. De ce dernier, J. Rebotton suit l'itinéraire et la philosophie (souvent oubliés) : d'abord une discipline de Martinès de Pasqually, fondateur du rite de l'Elu Cohen, puis membre du Directoire écossais, rejoint la Strict Observance Templière (S.O.T.) instaura le Rite Écossais Révisé (R.E.R.) avant la Réforme de Lyon, qui sera ratifié à l'Abbaye des Gaules en 1778. S'ensuivit l'irrésistible ascension trop rapide (trop rapide, selon J. Rebotton) de J. De Maistre de Maistre lui donna pas le temps d'assimiler les nouveaux enseignements, il était un disciple agité et rationalisateur, comme le montrent les réponses de Willermoz à ses lettres. Votre rencontre avec saint Martin a duré toute la journée, mais elle a été profonde et a mis fin à son erreur doctrinale. Désormais, Joseph de Maistre rejoint l'une des tendances Illuminati de son siècle avec une idée personnelle originale :

"Quelle pensée ? Tous ces projets destinés à déchirer le voile qui sépare l'homme de son Créateur, et à redécouvrir le dessein de Dieu sur la terre et dans l'histoire, et ainsi, malgré la nuit qui tombe sur nous, révéler le mystère de Dieu d'être humain, de là son attention aux analogies tisse, par exemple, un tissu de similitudes entre ce qui est en haut et ce qui est en bas [...] ; son interprétation allégorique de la Bible [...] ; son intérêt pour la métaphysique des nombres [...] ]..] ; il s'est excusé auprès de l'intuition divine [.,.] ; sa haute louange pour la prophétie, toujours présente parmi les hommes, lui a donné un présage de la merveilleuse prospérité du christianisme..." (p. 27) .

Ce sont ces idées que les écrits maçonniques de J. de Maistre nous révèlent dans une laborieuse évolution. Malgré les vicissitudes de la vie politique, J. de Maistre semble être resté fidèle à la famille maçonnique depuis ce jour lointain de son initiation, où on lui a dit : Tu es l'éternel latomus » (p. 29).

Jacques Brengues.

Guillaume Fortescu, Alphonse de Lamartine. Une biographie politique.

Croom Helm, Londres et Canberra, dans St. Martin's Press, New York, 1983. Un vol. 14 x 22 de 296 cents

Ce nouveau volume, écrit en anglais, est basé sur une thèse intitulée A. de Lamartine as a Politician and Intellectual (1831-1869), soutenue à University College London en 1973 mais inédite. Histoire de l'Université du Kent à Canterbury.

296 Histoire de la littérature française revisitée

L'auteur de "Contemplation et Harmonie" a sans doute inspiré plusieurs biographes ces dernières décennies : citons simplement le marquis A. de Luppé, son œuvre et l'époque d'A. de Lamartine (1942) devenue un classique, Maurice Toësca publia son Lamartine ou l'Amour de la Vie à une date très appropriée (centenaire de la mort de l'auteur), M. Abel Verdier, l'élégant auteur de la vie sentimentale de La Martine. Le titre de ce dernier ouvrage suggère son confinement volontaire ; quant aux deux autres, le souci d'équilibre est manifeste ; ils placent l'action politique sur le même plan que les autres aspects de l'existence du héros (l'enfance est pleine de passions de toutes sortes, l'âge adulte principalement consacré à la littérature et aux voyages, plus tard hanté par le fait de pouvoir payer les dettes d'un travail d'esclave).

Pour la première fois, à travers les complexités de sa vie, William Fortescu démontre l'engagement de Lamartine envers une idée ou une vocation de nature politique, son éducation dans des environnements orthodoxes et anti-napoléoniens, et son rôle dans la gestion des intérêts commerciaux pendant cette période. La diplomatie, son évolution vers le libéralisme, sa longue indécision comme député jusqu'à son assemblée (23 janvier 1843) l'opposition en firent le véritable chef de la Deuxième République pendant environ trois mois, et après cela sa chute et sa réforme appauvrie donnèrent de nombreux travaux , souvent médiocre, mais toujours imprégné de considérations politiques ou sociales.

M. Fortescue le cartographie donc en diverses formules récapitulatives et semble n'apporter rien qui ne soit connu ailleurs. Mais la réalité est bien différente. Ce qui surprend dans cette étude, c'est l'exhaustivité de la documentation qui permet d'évaluer un volume de 50 pages de notes remarquablement proche de 296 volumes. L'historien britannique a tout lu et tout vidé, pas seulement les écrits publiés de Lamartine, même les plus obscurs, et ses lettres sont souvent diffusées dans des revues difficiles d'accès, mais il existe aussi des archives du XIXe siècle ou plus récentes sur n'importe quel ouvrage ou ministre ; consulté les nombreux documents conservés en Saône-et-Loire, aux Archives nationales, au Quai d'Orsay et aux Archives du ministère des Affaires étrangères ; publié dans la presse d'alors sur l'information locale à Paris, mais l'information rentable reste méconnue. Pour donner un exemple simple, en avril 1848, Lamartine est élu simultanément par dix départements, M. Fortescue a feuilleté les journaux de l'époque, non sans en extraire des éléments utiles. A tel point que ses écrits savants, outre ce qu'il rapportait à l'homme d'État et homme d'État Lamartine, évoquaient ses (nombreuses) associations et reproduisaient l'atmosphère fugace de toute une époque.

Ce livre extrêmement dense (l'éditeur impose un maximum de 100 000 mots à l'auteur !) peut certes être la source de nombreuses recherches approfondies : surtout les références du cahier et les noms d'index semblent souvent nécessiter des investigations plus approfondies ; ils sont surtout un guide utile pour les futurs éditeurs (le cas échéant) de toute la correspondance de Lamartine.

Nous devrions certainement nous réjouir de voir cela - si souvent négligé dans notre propre pays à ce stade - être exploré avec une telle méthode, une telle érudition et une telle prise de conscience par un chercheur de Channel 1.

Fernanda Letsier.

1. Il convient également de noter que le professeur Fortescue a enfin clarifié la question de l'origine de l'épouse de Lamartine ; après de bonnes recherches d'archives, il a écrit un article intitulé Marianne de Lamartine (née à Bouleau) et sa famille anglaise, que j'ai traduit en français et édité sous le titre Annales de l'Académie de Mâcon, 1982, pp. 45-63.

rapport 297

CERI CROSSLEY, Musset, "Lorenzaccio". Londres, Grant & Cutler, 1983. Un volume. 13 x 19,5, 77 pages.

Ce livret est le volume 25 d'une collection de "Lignes directrices pour la critique des textes français" et s'adresse aux étudiants en littérature française de langue anglaise. L'utilité de cette collection détermine en grande partie la nature de ce livre. Il s'agit d'une introduction générale à Lorenza Gio, considérée comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature romantique française, et à l'ensemble des critiques qui la citent.

En étudiant directement le texte de Musset, C. Crossley ne propose pas une nouvelle lecture de Lorenzaccio. En citant et en localisant les critiques précédentes, il n'est pas dans l'intention de réviser les critiques de cet article ou d'apporter des réponses aux questions qu'il soulève.

Dans un style clair et lisible, l'auteur propose son propre parcours critique. Dans le premier chapitre, il se concentre sur le personnage principal et aborde les questions herméneutiques liées à son attitude tyrannique, privilégiant dans une certaine mesure l'aspect psychologique. Il élargit ensuite sa réflexion (chapitre 2) pour intégrer l'individu dans la société présentée sur scène. Le chapitre trois relie Lorenzacho et ses auteurs aux réalités historiques et politiques de la France post-révolutionnaire. C. Crossley insiste non seulement sur le changement de Musset dans son modèle historique, mais aussi sur le fait que le lecteur doit s'éloigner de la réalité historique représentée (Florence vers 1535) pour assister au film.

Le chapitre suivant est Thematic Inspiration, présentant ce que nous pensons être le moment le plus fertile du livre. Il traite des masques et des mots, révélant la façon dont les textes dramatiques déforment la représentation sémitique. C. Crossley conclut ainsi que le rapport entre Musset et la langue de son milieu artistique est précaire (p. 64). Cette conclusion, qui rend le problème dramatique, n'est ni bien prouvée ni bien étayée. Elle situe Musset au niveau d'une critique linguistique radicale qui n'apparaît dans l'histoire de Vienne qu'en 1900.

Le cinquième et dernier chapitre propose des observations sur divers aspects de la forme dramatique. Si on les compare non pas au théâtre classique, mais au monde déchiré et fragmenté que représente Musset, la discontinuité, la non-linéarité, la multiplicité des lieux, le manque d'unité révélera la continuité du drame. L'argument fait ici appel à une imitation esthétique quelque peu simpliste qui ne correspond pas à la modernité que C. Crossley attribuait à Lorenzaccio.

Certes, ce livret n'apporte aucune contribution significative à la critique de Lorenzacho, mais il ne prétend pas l'être. Tour d'horizon des principaux enjeux soulevés par les travaux de Musset, l'ouvrage s'inscrit parfaitement dans les objectifs de la collection à laquelle il appartient. Walter Moser.

Ronnie Butler, Balzac et la Révolution française. Croom Helm, Londres et Canberra, Barnes & Noble Books, Totowa, NJ, 1983. Vol.in-8° de 279 p.

Ronnie Butler avait déjà bousculé les Balzac en publiant des articles importants sur certains aspects socio-économiques de La Comédie humaine (notamment L'Année balzacienne, 1977, 1978, 1981). Dans cet ouvrage relativement court mais instructif, il débute et développe ses analyses en les regroupant autour d'un axe : la révolution.

298 Histoire de la littérature française revisitée

Balzac ne s'est pas intéressé aux événements qui ont marqué la chute de l'Ancien Régime ; d'autre part, il montre l'impact profond et durable qu'ils ont eu sur la société française : « 1830 a fait l'œuvre de 1789 », dit-il dans La Cousine Bette. Mais l'émergence de la branche cadette n'a pas mis fin à la tourmente. La piété paysanne proclamait : « Ce facteur asocial produit par la révolution engloutira un jour la bourgeoisie, comme la bourgeoisie a englouti la noblesse.

Ronnie Butler examine la valeur historique de The Human Comedy et s'interroge sur la validité du jugement personnel du romancier. Les balzacistes ont depuis longtemps résolu ce double problème et trouvé une réponse. Ronnie Butler utilise correctement les travaux antérieurs, mais avec un esprit critique louable, c'est-à-dire qu'il corrige certaines erreurs de fait ou de jugement et, surtout, apporte des informations complémentaires. Désigne les grands travaux des historiens français, désormais appelés classiques ; de plus, il s'agit d'une contribution originale et cite des auteurs anglais dont la contribution est inestimable. Alors, pour ne citer que les principaux exemples, Gréer sur l'immigration, Richardson sur les institutions provinciales, Kent sur la fiscalité ont fourni les informations les plus importantes qui nous ont permis de mieux comprendre l'ère de Barr Zack, oserais-je le dire.

Ronnie Butler tire le meilleur parti de ce document et en tire des conclusions subtiles, parfois contradictoires, voire contradictoires. Une formule trouvée à la page 100 résume bien son propos : « Balzac fait preuve d'un sens de l'histoire à la fois réel et incomplet. Chronologiquement, R. Butler examine en détail la pertinence du témoignage du romancier au cas par cas. Ainsi « l'analyse par Balzac des conséquences économiques de la crise politique de 1840 est impeccable » (p. 235). D'autre part, "Human Comedy" dénature le phénomène de l'immigration, étayé par des statistiques. Les immigrés de Balzac sont presque exclusivement nobles, le clergé est quasi inexistant et le Tiers État est ignoré. Mais Grayer souligne que 51% des immigrants étaient des roturiers, le clergé 25% du total et la noblesse seulement 17% (p. 33). De plus, Balzac exagère fortement le rôle militaire des immigrés (p. 108). Dans d'autres domaines, en revanche, il pensait si bien des faits qu'il était honoré par des chercheurs professionnels : par exemple, Kent au sujet de la conspiration électorale (p. 188), ou Bertrand Gille sur le sujet « The Flocking World des petits intermédiaires » (p. 236).

Ronnie Butler cache à peine son mécontentement face au traitement désinvolte occasionnel de la réalité objective par Balzac. Cependant, il n'oublie pas que l'auteur n'est pas un historien mais un romancier, comme il le rappelle avec une formule plaisante : « Balzac n'a pas seulement révélé la lumière, il a donné la vie » (p. 206). En fait, l'auteur de La Comédie humaine s'intéresse plus au drame de la vie privée qu'aux événements extérieurs ; ou plutôt, son but est de représenter les effets lointains et imprévus de l'histoire collective sur les passions individuelles.

Les recherches de Ronnie Butler sont menées avec un scrupule exemplaire. À bien des égards, il offre des éclaircissements jusque-là inexistants, permettant de comprendre enfin le "mécanisme des revenus", qui n'était pas un secret pour les personnages de Balzac, mais dont la fonction peut dérouter le profane. Certes, Ronnie Buttler est si méticuleux que parfois de nombreux commentaires détaillés, aussi intéressants soient-ils, risquent de faire perdre de vue la philosophie directrice. Heureusement, une conclusion ferme et convaincante redonne du recul. Balzac

rapport 299

Points individuels, peut-être négligents, voire inconsidérés, voire biaisés ; le fait est que, malgré les imperfections ou les lacunes du romancier, ses contradictions fondamentales, il a développé une philosophie cohérente de l'histoire. Dans les dernières pages de son livre, Ronnie Butler critique les critiques marxistes, reconnaissant que leur énorme contribution engloutit probablement Balzac. Il est vrai que le romancier a une analyse pré-marxiste de la lutte des classes. La conclusion à laquelle il est parvenu, cependant, n'était pas résolument contre, mais contre-révolutionnaire. Les nuances sont importantes. Balzac vit le bouleversement de 1789 comme un fait accompli qu'il fallait accepter qu'on le veuille ou non. D'autre part, surtout à partir de 1840, il dénonce la menace d'une autre révolution, populaire cette fois, et appelle à l'union de toutes les forces conservatrices, tant hostiles qu'indignées.

R. Butler, paraphrasant un vers de la célèbre formule de Victor Hugo, concluait sans hésiter, avec une pointe de mépris, que Balzac appartenait à « la race puissante des écrivains réactionnaires ». Qu'on le veuille ou non."

Jean-Elfe Donald.

Willy Jung, Théorie et pratique des oeuvres canoniques d'Honoré Balzac.

Tiibingen, Stauffenberg Verlag, "Romanica et Comparistica", 1983. Nations Unies Vol. 15 x 22,5 196 pages

La théorie et la pratique du type/concept typique de Balzac est le sujet principal que Jung se propose d'étudier. Conscient de la complexité de sa tâche, l'auteur a réuni une importante bibliographie qui lui permet d'asseoir son travail sur des bases solides. Quant à la structure de son livre, Willie Jung, après avoir fait un bref historique du problème de la dactylographie (chapitre n), procède à une analyse détaillée du processus de dactylographie de Balzac, tout en traitant de la comédie théorique typique développée par l'homme . auteurs dans Restauration et textualisation de cette théorie dans Le Père Goriot, Illusions perdues et splendeurs et misères des courtisanes (chapitre m) : Willi Jung identifie des thèmes ou des caractéristiques typiques de divers domaines tels que l'esthétique, l'histoire, etc. la domination de l'argent et la concentration des forces productives, les peintures de Paris et de la province et les nombreuses représentations humaines de la Poste - l'univers révolutionnaire auquel il a consacré la moitié de son développement.

L'ampleur de la recherche et le sérieux de la documentation sont de grands bénéfices de ce travail patient et compétent, mais cela nous a aussi inspiré à réfléchir un peu plus. On s'est demandé si une analyse plus exhaustive de la notion de type/typique/typiste et de son contexte lexical – au détriment de l'étendue du champ – n'aurait pas permis de supprimer l'automatisation du discours critique chez Balzac. corps, le piège que Willie Jung s'était promis d'éviter. L'auteur a raison de reprocher à certains de ses prédécesseurs de préférer les descriptions éternelles à la négligence des racines du concept de type dans la sphère socioculturelle de la Restauration. Or, en observant les nombreuses « analogies » que Willi Jung fait entre les types et le contenu historique (e.g., pp. 62-64), on a l'impression que l'inscription du concept type dans le champ du discours lui importe davantage . . En termes de validation, cela revient à dépouiller le porteur de son historicité au profit du contenu.

300 Histoire de la littérature française revisitée

Dans le même temps, se pose la question de savoir si une analyse plus précise du rapport douloureux entre théorie et pratique révélé dans les textes de Balzac (comme "L'Avertissement du Gars") ne permettrait pas de relativiser la valeur exemplaire ? pour certaines raisons. Peut-être Angoulême n'apparaît-elle alors que comme un exemple de capitale provinciale, plutôt que comme un paradigme (p. 85), - cela nous semble confirmer l'hypothèse de l'ouvrage de N. Mozet. Des questions similaires se posent lors de l'examen des catégories socioprofessionnelles qui résultent des intitulés des sous-sections de la section 3.5. Des playboys aux procureurs de province, en passant par les prostituées, les prisonniers, etc., Willie Jung a inventorié les personnages typiques qui apparaissent dans la série Vautrin. Est-ce à dire que Balzac a construit un bâtiment encyclopédique, avec des parcours et des métiers différents selon les étages et les types, chacun dans son propre compartiment fermé ? Il est clair que les auteurs sont bien conscients des lacunes de cette hypothèse. S'il insiste à plusieurs reprises sur la profondeur de l'intuition encyclopédique qui a inspiré Balzac (par exemple pp. 52 et 80), il en souligne encore les aspects ad hoc et fragmentés. On regrettera donc qu'il n'ait pas développé son amour du paradoxe pour inclure cette fragilité, voire l'impermanence, des catégories de classement, comme le montre Balzac, comme l'un des piliers méthodologiques qui pourraient sous-tendre sa réflexion. Notamment les travaux de G. Genette (cf. "Vraisemblance et motivation", Fig. II, Seuil) et R. Warning (cf. son article dans Honoré de Balzac, Fink, "UTB") et bien d'autres. , Balzac n'a pas postulé de personnages typiques, mais a plutôt encapsulé ses tentatives de composer les codes ou les "possibilités" de son travail dans une dialectique immensément complexe. A tel point qu'on se demande si "Human Comedy" n'est pas typique d'une tragique incompréhension du typique, toujours menacée par le trop général ou le trop personnel.

Andrea Vanoncini.

LIONELLO Sozzi, Italie de Stendhal. Un voyage entre passion et fantaisie. Dessin de CARLO RAPP. Association Fiat Alumni, Stamperia artistique nationale, Turin, 1983. un volume. 21 x 30, 127 pages.

un livre ? Plutôt un album, en tout cas un montage de peintures de Carlo Rapp d'une part et la réflexion de Lionello Sozzi d'autre part. La première montre un touriste interceptant un "luoghi ameni" avec un crayon. Le second a lu quelques commentaires du voyageur italien Stendhal, avec quelques commentaires. Cela confirme l'originalité des pièces luxueusement exposées.

Cette déviation pour évaluer Stendhalia par un cadre théorique semble inappropriée. Dans une bibliographie plus riche qu'il n'y paraît de prime abord, on retrouve un titre qui aurait dû être souligné : J.P. Richard, "Connaissance et tendresse chez Stendhal", in Littérature et sentiment, Paris, Seuil, 1954. Car "Analyse" s'ouvre et se clôt sur le thème de la tendresse. Pour la reproduction du fragment signé qui ouvre le livre : "Che Tenerezza", en réponse au titre du dessin final : "Je n'ai jamais rencontré autant de tendresse".

Au début, l'ordre historique semble prévaloir : « Sui campi di Marengo », « Con tenerezza » ; en effet, le livre est organisé autour de thèmes explorés par les prédécesseurs de Lionello Sozzi. L'auteur ne cache pas son originalité en énumérant ses œuvres choisies, quitte à se laisser convaincre par elles : un chapitre intitulé "Pugnali e Veleni" contient deux pages de notes à quinze pages de citations.

rapport 301

A quoi bon discuter de la rapidité de l'analyse politique, déplorer le manque de recherche formelle ou s'interroger sur le manque de nouveauté des méthodes ? A l'occasion du bicentenaire de l'exaspération scientifique de Stendhal, il est peut-être plus réconfortant de retrouver un certain charme beyien discret.

Serge Thérodès.

MICHEL CROUZET, La poétique de Stendhal, Forme et société, le sublime, Essais sur les origines du romantisme. Paris, Flamarion, 1983. Un vol. 13 x 22 pages de 330 pages

Bien sûr, on est en droit d'attendre autre chose des doctorants - en effet, il s'agit du dernier volume de la thèse nationale de M. Grouzet intitulée Littérature et politique - publiée à la Sorbonne. Seuls développements médiocres du classicisme, « la littérature qui faisait le plus de plaisir à nos arrière-grands-pères » et du romantisme, « l'art de montrer aux gens la littérature qui, dans l'état actuel de leurs habitudes et de leurs croyances, leur ferait le plus de plaisir possible ». ." peut donner", bien que ces définitions viennent de Stendhal lui-même. Pourtant, il est rare de trouver des idées aussi hautes, une analyse aussi pertinente, un ton aussi dense et précis dans un livre de 300 pages d'un bout à l'autre. Alors dès le départ, laissons M. Crouzet, qui n'était pas étranger à Steridhalian avant même sa thèse. Assure M. Del Litto que la succession est garantie...

L'objectif de M. Crouzet était de décrire une nouvelle attitude littéraire et même l'origine d'une nouvelle conception de la littérature : « Où est la littérature, quels sont ses intérêts, ses significations, ses illusions, ses valeurs ? Si la littérature est perdue, impossible ou difficile , il faut trouver » (p. 15) – à l'époque où Stendhal publie son premier essai littéraire ; et pour analyser le moment d'un homme, son concours, plus ou moins simple, son génie, son éducation et les circonstances, sa telle adaptation lui a fait donner naissance à son premier chef-d'œuvre". Dans ce cas particulier, il n'est pas encore l'auteur du célèbre livre, mais plutôt l'étudiant littéraire à l'époque du consulat.

Deux parties dans cette partie, dont l'une arrive un peu trop brusquement, mais la partie "arrondie" de l'article explique en partie les choses - et sort tout aussi brusquement (mais n'oublions pas, c'est la première partie) : les dix premiers "L'Age du doute, de la forme et de la société", qui examine l'attitude de Stendhal vis-à-vis du Classicisme, c'est-à-dire l'école française du XVIIe siècle et toute école établissant des principes ou des règles, et le second, "Le Sublime", analyse l'attitude de Stendhal Attitude envers le traditionnel. L'ensemble des principes poétiques qui lui sont présentés, qui est la limite de toute poétique possible, est le sublime. Selon M. Crouzet, Stendhal y apparaît, soucieux de ne pas rompre l'équilibre de la tradition, plus enclin à réformer qu'à détruire.

Le classicisme, prolongement des artifices sociaux (p. 80), est condamné, ainsi que la monarchie qui le perpétue (voir pp. 86-96, Analyse et modèle clair) : « Le miracle de l'art, le classique, ne doit cette propriété qu'à parce qu'ils succombent aux machinations sociales et politiques ; la littérature modèle est une véritable littérature vernaculaire, dont la délicatesse artistique n'est que le résultat de l'oppression qu'elle a subie. Message vrai et primordial : "Je suis le 'fer doré' que le prince a utilisé dans lui" (p. 86) "Or et fer" doit donc être appelé "tyrannie".

302 Histoire de la littérature française Critiques

"Tout ce qui adoucit son apparence et semble fonder [cette tyrannie] sur des accords et des légalités acceptés ne peut être que la forme, c'est-à-dire un déguisement trompeur qui obscurcit le contexte. Non seulement la forme diffère du fond, mais c'est un jeu mensonger pour l'obscurcir. , et une illusion qui lui est associée » (p. 87) Enfin, loin de voir dans le classicisme un équilibre entre le fond et la forme, Stendhal y dénonce l'hypocrisie de la matière occultée ou la vanité de son utilisation. il ne fait que se révéler." Une gigantesque machine rhétorique fait de tout un art de s'exhiber, de plaire, de se distinguer, d'un « rapport entre qui parle et l'objet à qui il parle » ; la relation est fondamentale, elle transforme tout en mode d'être et d'expression sociale [...] Depuis, le classique « résultat d'un certain clivage entre la justice et le génie » (p. 95) est que « la personne est concernée à faire plaisir aux valeurs admises et à les renforcer par référence aux paradigmes sociaux [...] il ne se préoccupe plus de l'existence, mais de la santé » (pp. 95-96).

Or, plus précisément, le romantique veut « être », être pleinement humain, à une époque de violence, où tout est remis en question, où la vie, la pensée et l'expérience s'accumulent plus que jamais. une autre fois. "L'authenticité de l'homme moderne qui a vu la vie et la mort suffit pour qu'un art cesse d'être autre chose que la vérité nue" (p. 113). On le voit, ici on n'est pas seulement au coeur de Stendhal, pas seulement au coeur du classicisme ou du romantisme, mais aussi au coeur de la création littéraire. L'antiformalisme fondamental de Stendhal, voire son anarchie ou son « anomie » littéraire, ainsi que sa manière de vivre et d'écrire, sont analysés par Michel Kruse avec une habileté et une puissance extraordinaires. De même, le sublime devient - comme le dit Cassirer (p. 133) - « belle unité, sublime isolement » - une vérité inimaginable et ineffable par l'anéantissement de soi. Car au fond « le vrai pouvoir, c'est l'art qui soutient et organise l'œuvre, et on sympathise avec lui quel que soit le spectacle qu'il représente. Le pouvoir de l'amitié, c'est l'artiste, dont la générosité intérieure et la profonde liberté dans le processus sont révélées par l'œuvre elle-même et le plaisir qu'elle procure » (p. 205).

Il faut lire, lire et méditer sur Michel Crouzet, chapitre par chapitre, je dirai ligne par ligne. Ce n'est pas seulement une œuvre incontournable pour Stendhal, mais aussi une œuvre incontournable pour l'esthétique et la création littéraire, et peut être considérée comme un chef-d'œuvre.

Luis LeGuillo.

ELWOOD HARTMAN, roman français sur le progrès : humain et esthétique. Madrid, José Porrua Turanzas, Études humanitaires, 1983. un volume. De XIV-283p.

Cette étude est d'un grand intérêt pour quiconque s'intéresse à l'histoire de la pensée progressiste au XIXe siècle. Chaque chapitre est consacré à un écrivain : Madame Stahl, Chateaubriand, Stendhal, Hugo, Pooh, Lamartine, Musset, Gautier, Balzac, Baudelaire et Sainte-Beuve. M. Hartman attire l'attention sur la diversité des perspectives des écrivains qu'il examine, et le mérite de son travail est de souligner les changements qui se sont produits dans la pensée de chaque écrivain, considéré individuellement. M. Hartmann nous présente l'idée de progrès au XIXe siècle comme un prolongement du débat entre l'ancien et le moderne. Il interroge le rôle social de l'artiste, les rapports entre progrès moral, progrès artistique et progrès industriel, l'importance des débats mythologiques et les interrogations sur l'autonomie personnelle du créateur. mais exposé

303 rapports

La publication systématique des opinions d'une pluralité d'auteurs doit-elle être la meilleure stratégie pour comprendre les complexités d'une des grandes puissances intellectuelles d'une époque ? M. Hartman nous en propose une analyse claire et convaincante - le chapitre consacré à Gautier est, à notre avis, riche et bien développé - mais nous regrettons que le problème central propre au XIXe siècle n'ait pas reçu plus de Révélation, à savoir la sanctification de l'histoire de la religion. Considérer l'histoire comme une révélation conduit à réfléchir sur le statut des œuvres d'art. Si le romantisme a produit une nouvelle interprétation du développement historique de l'humanité, il a également produit une lecture esthétique de l'histoire. Il faut interroger plus profondément l'interférence entre le discours romantique sur l'histoire et le discours romantique sur l'art, mais résister à la tentation de se limiter entièrement à l'analyse littéraire des faits. Malgré ces réserves, l'ouvrage apporte néanmoins une contribution solide à l'histoire de la pensée progressiste en France à l'époque romantique.

Sally Crossley.

LOUIS LE GUILLOU, Lettres inédites du baron d'Eckstein. Paris, PUF, 1984. une partie. à -8° de 255p.

Louis Le Guillou est un chercheur heureux ! Sur les traces de Ramenay, qui nous présente aujourd'hui une série de documents bien particuliers, la correspondance d'Eckstein avec la comtesse Valérie de Menton et son mari, un total de 212 lettres ! De telles similitudes ne sont d'ailleurs pas inconnues, puisque Bourdin les utilisait avec parcimonie dans sa thèse universitaire de 1931 sur Eckstein - le seul ouvrage jamais consacré aux inspirations les plus étranges du romantisme français.Œuvre sérieuse d'un des auteurs.

Ferdinand d'Eckstein (1790-1861) était un génie baroque, décoré dans tous les salons de la Restauration, de la Monarchie de Juillet et du Second Empire pour sa franchise, ses vastes connaissances (notamment en orientalisme) et sa réputation d'indépendance de pensée. . , très typique de la métropole européenne, sa pensée a influencé tous les écrivains de son temps, de Lamartine à Renan, de Michelet à Gobineau, d'Augustin Thierry à Henri Martin Alimenté par ses visions turbulentes.

L'intérêt principal de cette lettre est de nous révéler la sentimentalité un peu naïve de ce savant étonnant : pendant près de deux ans (1838-1839) il poursuit une idylle toute platonicienne, alors qu'il a déjà la cinquantaine. On ne savait pas que les savants amis de Bonnuff et de Jules More pouvaient avoir un tel cœur ! « J'ai un monde en moi, avoue-t-il (p. 223), mais peu y prêtent attention ». Mais ces lettres ne sont pas seulement le témoignage d'une passion amoureuse assez émouvante : on y trouvera de nombreux jugements avisés sur les événements sociaux et politiques et la littérature de leur temps. Le légitimiste, familier de l'aristocratie du faubourg Saint-Germain, était libre d'admirer le génie du républicain Armand Carrel (p. 103) et de calomnier « les cons des hautes classes » (p. 119) ; Ami de Lamennais, il possédait une « âme chaleureuse » (p. 127) et, s'il rompait avec l'Église pour protester contre l'inacceptable cléricalisme de Mme Swetchine (p. 124), il était suffisamment indépendant pour que Georges loue Sand (p. . 181) et la trouve parfois "sublime", malgré ses "aiguilles" (p. 205). Comme il le définit lui-même (p. 163), l'un des thèmes de prédilection de ce "sauvage civilisé" est le comparatif

304 Histoire de la littérature française Révisions

Il croyait que les trois écrivains les plus éminents de l'époque, Chateaubriand, Lamartine et Lamenay, préféraient toujours le troisième.

De cette rapide analyse on devine la richesse de ces lettres couvrant l'actualité politique, intellectuelle et sociale de 1838 et 1839 vue par un observateur impitoyable. Mais nous sommes encore plus désolés que M. Le Guillou s'est contenté de reprendre un extrait de la lettre (voir page 16) et d'en résumer le passage en quelques lignes dans son avis - selon quels critères ? - "Sans importance". Pour notre part, une publication complète est la bienvenue compte tenu du peu de documentation dont nous disposons sur Eckstein.

Nous avons également des réserves sur ses notes : beaucoup nous paraissent inutiles (par exemple, p. 17, n° 1 sur Guizot ; p. 25, n° 2 sur le tsar Nicolas, n° 3 sur Metternich ; p. 32, n° 1 sur Metternich ; 3 sur Mignet, p.59, n°2 sur Montalembert;p.65, n°1 sur Lacordaire;p.81, n°2 sur Michelet - dont M. Le Guillou peut se référer à notre publication D'Eckstein à Michelet, American Review Seminar , Vol XXIII, n° 3-4, 1969 ; p. 87, n° 1 dans Mickiewicz et al.). Nous leur préférons les 43 notes citées sur le comte et la comtesse de Circourt, dont l'intéressante correspondance avec Tocqueville vient d'être publiée (Gallimard, 1984), et notre propre copie dans les Etudes gobiniennes 1966 des lettres qu'ils ont reçues mentionnant Eckstein Gobineau ; p.80, notes sur Lajard et p. 140 Une note sur Troyer est utile selon Jules Mohl, t II, p.27 dans Oriental Studies. 223 et p. 678.

Enfin, pour démontrer à M. Le Guillou notre intérêt et souci à la lecture de l'importante contribution qu'il nous a apportée dans la connaissance de la période romantique, nous regrettons qu'il ait pu corriger trop hâtivement son témoignage (e.g. p. 8, L 33, lire Humboldt, pp. 26, no. 1, lire Trivulzio, p. 83, 1.13, lire le monde au lieu des nombres, p. 86, Bellissen et Gagarine sont à trouver, et p. nécessaire pour coordonner l'orthographe singulière d'Eckstein ?p.96, 1.33, ne devrait-il pas être lire imité, pas imité ?, p.101, 1.3, lire Kergorlay;p.128, 1.27, lire Taprobane;p.208, 131 , Nous recommandons la verbosité au lieu de vertige, p.218, L 4, lire M. au lieu de H...).

Bien sûr, ce sont de petites choses. On sait que les paroles du "Baron du Sanskrit" sont les plus difficiles à déchiffrer - presque aussi difficiles à déchiffrer que ses pensées bouillonnantes ! Nous devons encore remercier M. Le Guillou d'avoir révélé ces lettres si importantes à travers les croquis qu'Eckstein nous a donnés. 129-130 et p. Les 240 grandes œuvres qu'il projeta, ce qu'il ne fit jamais, mais circulaient dans des conférences au Salon, dont on retrouve la trace chez Thierrys, Lamartine, Michelet, Renan et bien d'autres. M. Le Guillou doit en effet entreprendre une étude systématique de l'Église catholique, qu'il appelle, comme nous, une œuvre difficile et fascinante, et il sera le seul capable de faire advenir une personne plus grande qui réussit par le gain. roman français.

Jan Gommer.

George Sand, dix ans au Centre Culturel International de Cerisy-laSalle sous la direction de SIMONE VIERNE. Paris, TÊTES, 1983. un volume. 16 x 24 pages sur 187 pages

S'agissant de G. Sand, ce n'est pas un hasard si l'œuvre collective que nous présente Simone Vierne s'inscrit dans une enquête autobiographique, un personnage qui exerce souvent une fascination encore plus grande que son œuvre.

rapport 305

Philippe Berthier, dans Histoire de ma vie, découvre le mythe de la légende racine autoconstruite par l'auteur : Corambé, le dieu androgyne, a été construit par l'imagination de la petite Aurore. Le discours est captivant, mais seulement si l'on peut prendre au pied de la lettre ce que G. Sand écrira plus tard sur sa petite fille. C'est le problème de toute autobiographie : il n'y a pas de relation linéaire entre mémorisation et élaboration, mais un va-et-vient, voire un montage total. Alain Verjat aborde également la même œuvre sous un angle différent et en apporte ainsi la preuve. Il nous renvoie les parts d'ambivalence, de duplicité, de rêverie et d'amnésie, qui sont aussi des composantes importantes de ce type de texte. Il note que la répétition dans le processus d'écriture a pour fonction même de masquer ou de saper le contenu du discours.

Pierre Daly est sensible à un autre aspect de l'autobiographie : il y voit une place spécifique, « pour commencer à écrire d'un point de vue féminin ». Inspirée par Helen Sisu, défendre cette thèse nécessite une division du travail, et la division du travail ne se refusera pas et même sera complaisante. Mais l'objection demeure : G. Sand a commencé son autobiographie depuis le début avec une identité pleine et entière, ne sachant où placer le supplément de féminité.

Là encore, c'est le personnage de G. Sand qui anime la performance de l'indomptable enquêteur de Georges Lubin : cherche-t-il à éclaircir la relation qu'elle entretenait avec Ernest Renan, peu de documents, quelques lettres de recommandation, d'amitié ? Pas exactement une compagnie intime, mais un respect mutuel et des sentiments partagés à bien des égards. En témoigne l'influence de Spiridion, revendique Renan dans sa Vie de Jésus, et sa confiance dans la pérennité de l'œuvre de G. Sand.

Ces communications, sans doute en raison de leur ampleur, n'ont pas inspiré la recherche, seule Simone Lecointre s'est penchée sur le sujet. Il a choisi un corpus privilégié et limité : les lettres à Michel de Bourges, qu'il a superposées au texte du roman Mauprat, qu'il a écrit en même temps, afin de comprendre comment s'exprime le sentiment amoureux. Elle souligne que les chiffres utilisés dans les deux cas sont différents : l'un est hypothétique et plein d'évolutions annoncées.

Avec Les Lettres d'un Voyageur, Marie-Jacques Hoog nous fait sortir du domaine de la correspondance ; dans cette série de lettres ouvertes à des destinataires éminents, elle envisage un voyage vers l'illumination. Outre la forme épistolaire, il s'intéresse au contenu de ces textes qui laissent libre cours à l'imagination et seront des moments charnières dans l'évolution psychologique de l'auteur.

Toutes les autres contributions ont étudié les romans de G. Sand, confirmant ici et là la validité de réimpressions de romans souvent méconnus.

Pas étonnant qu'il ravive la popularité du premier roman de G. Sand, comme l'a fait Annarosa Poli. Une analyse très complète de l'actualité de l'époque permet d'apprécier l'impact de la nouveauté et du réalisme produits par Indiana puis par Valentine : G. Sand semble être un nouveau roman quand Leilia prépare un meneur d'orage.

Françoise Van Rossum-Guyon nous invite à réfléchir sur les premiers mots du roman ; dans le cas d'Indiana, les discussions sur le même roman se croisent au fil du temps. Le prologue – qui est toujours l'épilogue – est démystifié, dépouillé de l'aura de valeur référentielle que lui prête la critique traditionnelle. L'étude de ce métadiscours impose une approche méthodologique très fine des différentes instances de l'exposition de l'œuvre : ce n'est pas pour faciliter la tâche du chercheur !

Panorama de l'histoire de la littérature française (86e anniversaire) LXXXVI 16

306 Histoire de la littérature française Révisions

Deux analyses spécifiques nous montrent la complexité de chaque roman de G. Sand. Avec Le Compagnon du Tour de France, Lucette Czyba met en lumière les contradictions qui planent sur le Château de Villepreux : le lieu mythique où se rencontrent la noble Yseult et le prolétaire Pierre ; "la fonction est un lieu privilégié pour résoudre provisoirement les contradictions du socialisme utopique".

Une contradiction tout aussi fondamentale domine le récit de Jenny. Jean Delabroy y voit « une impasse délibérément construite pour l'homme moderne... un roman de et contre la représentation ». Si la question est parfois un peu intellectuelle, elle s'avère irréfutable à tous les niveaux de lecture de ce roman.

Ce travail se poursuit par un examen plus général, mais donne la priorité à toute fiction jeunesse. Nadine Dormoy-Savage reprend les arguments de René Girard pour montrer comment la fiction devient un lieu d'expérience mystique en faisant appel au pouvoir du désir. Le désir n'est pas ici une libido, mais le désir d'une essence métaphysique, qui doit être médiatisée par un modèle qui mime l'ordre et est donc répétitif. Indiana, Lélia, Mauprat sont de bons candidats pour ce type d'analyse. Jean-Claude Vareille annonce son projet comme « le fantasme du roman, le fantasme de l'écriture » ; il nous propose une interprétation psychanalytique de l'œuvre, basée sur son choix de pseudonyme : Sand (eau) ; la preuve très stricte ne peut être attaquée, ni au niveau de la possibilité ni au niveau de la pertinence. Lucy Maccallum-Schwartz a choisi d'étudier la question controversée de G. Sand et la frigidité de son héroïne : Rose et Blanche (publié sous le nom de J. Sand en 1831), Lélia et La Comtesse de Rudolstadt lui permettent de tracer un itinéraire de deux Une réconciliation progressive d'une série d'opposés - froid/force et chaleur/faiblesse. Ce n'est pas l'avis de Mireille Bossis, qui explore le thème du dominant/dominant et de la guerre des sexes dans une perspective psychanalytique, à l'instar de Lélia et Jacques. Le problème du narcissisme révèle l'antithèse de l'homme-dieu contre l'idole brisée ; une contradiction qui ne peut généralement être résorbée que dans le néant

Béatrice Didier, qui connaît bien l'œuvre de Sander, nous propose une nouvelle lecture du romantisme country qui a fait le succès de Sander pendant des décennies, mais qui est peut-être tombé injustement dans l'oubli. Une analyse très détaillée de François le Champi et des Maîtres Sonneurs révèle la structure narrative de l'histoire populaire telle qu'établie par W. Propp. A l'opposé de cette approche, Michèle Hirsch considère Le Château de Pictordu, extrait du Conte de grand-mère, comme un roman de formation "malgré son recours constant au fantastique". Votre argument est tout aussi convaincant que le précédent.

Est-ce à dire que l'œuvre de G. Sand tolère toutes les contradictions ? La diversité des regards recueillis par Simone Vierne correspond à la richesse du matériau et doit nous avertir de la nécessaire humilité de toute approche qui ne peut être que partielle. Aucune clé ne peut fermer une telle œuvre, on ne peut que contrôler ses aspects, ce qui la rend si intéressante.

Baas Mireille.

GEORGE SAND, correspondance, édition GEORGES LUBIN, tome XVIII. Paris, Garnier, 1984. un volume. in-18° de XXI-761 pb 15 livres. HT

Tous les admirateurs du monument de Lubin à George Sand viennent de se remettre de la douleur

rapport 307

Les aventures de la version Garnier : nous craignons tous que la communication de George Sand ne subisse le sort malheureux d'autres grandes entreprises du même type, comme Jean Bonnareau pour Sainte-Beuve ou Maurice Paturier pour les livres de Mérimée. C'est la sortie du dix-huitième volet qui nous rassure, que malgré les temps difficiles, la présentation n'a pas changé et est toujours aussi parfaite. Nous pensons que Berry Fortitude de George Rubin a dû surmonter l'adversité et nous le félicitons chaleureusement !

Ce livre, qui s'étale sur un an et demi d'août 1863 à décembre 1864, nous apporte une autre moisson, espérons-le encore plus riche, de textes importants. L'existence d'un journal dans lequel George Sand notait méticuleusement les lettres qu'il écrivait quotidiennement suggérait à M. Rubin a découvert 533 lettres qui n'avaient pas été étudiées par lui, mais qui pourraient un jour être retrouvées : il ne s'agit pas de Fragile Esperança, car à l'époque où paraît le tome XVIII, M. Lubin a pu le publier dans l'excellent journal d'Échirolles, Le Présence ou George Sand, n° 21, octobre 1984, 46 lettres inédites de George Sand, choisies dans son Dit, de 1829 à 1856, durant la période de ses recherches entrèrent « irrégulièrement » en contact avec ces choses au hasard presque tout le monde les jours ...

La période d'août 1863 à décembre 1864 nous apparaît comme l'une des périodes les plus émouvantes de la vie tourmentée de la romancière, marquée par le drame intime qui conduit George Sand à quitter son milieu familial, auquel elle n'avait jamais songé. N'abandonnez pas sans un chagrin profond et facile à comprendre. Elle tente de convaincre Maurice et Lena que la gestion du domaine est trop pour elle (pp. 238-239), mais ce sont en réalité les querelles incessantes de Maurice avec le pauvre Manso qui conduiront à une telle relation avec lui. habitudes (le ressentiment de Maurice serait évident, si l'on en juge par sa prudence à rayer toutes les mentions du nom de Manso dans la première édition de la correspondance). Ce qui est curieux, c'est que l'envie de Maurice pour les braves, qui ne manquait d'aucun talent, était Manso à qui George Sand était attaché, et à elle Manso était son fidèle ami ! La voilà donc, en quelque sorte, chassée de chez elle et installée dans le modeste village de Palaiseau, où arbres et fleurs sont indispensables, et elle aménage un petit jardin à sa guise. Mais ses nombreuses lettres à Morris témoignent que son cœur était avec Norhant, notamment avec le petit Mark, Morris et le fils de Lena, cher "Cocoon", décédé subitement le 21 juillet 1864, ce qui la plongea dans un désespoir insondable (p. 458) elle émerge avec son stoïcisme habituel (p. 641).

Un séjour à Palaiseau a au moins contribué à rapprocher George Sand des milieux intellectuels parisiens. La victoire du marquis de Villemer à l'Odéon la ramène à l'actualité avec l'un des meilleurs moments de sa relation avec François Buloz, le redoutable "patron" de la Revue des Deux Mondes. se référant à lui-même et à d'autres qui n'ont jamais été influencés » (p. 315). (pp. 274-275), où l'éditeur Michel Lévy se lie d'amitié avec Noël Parfait, un lecteur intelligent qui nous a été présenté par le remarquable livre de Jean-Yves Mollier .

Une fois de plus, George Rubin démontre avec brio que cette remarquable lettre constitue non seulement la biographie la plus solide de George Sand, mais surtout sa contribution à la connaissance de la vie intellectuelle, artistique et politique en France depuis le XIXe siècle. Un siècle de contributions sans précédent.

Jean Golmier.

308 Histoire de la littérature française Révisions

LUCETTE CZYBA, Le mythe et l'idéologie de la femme dans les romans de Flaubert. Presses universitaires de Lyon, 1983. un volume. à -8° à partir de 412 p.

Le livre de Lucette Czyba nous est présenté sous deux titres différents. A l'intérieur, sur la page de titre, on lit : « Le mythe et l'idéologie de la femme dans les romans de Flaubert » ; mais la couverture est particulièrement réussie, entièrement occupée par les "Femmes au jardin" de Claude Monet. La couverture annonce : « Les femmes dans les romans de Flaubert », en dessous et en plus petits corps : « Mythe et idéologie ». Dans les deux titres, caché est correct, comme le montrent le tableau de référence et la première ligne de l'introduction. Est-ce une triste confirmation du statut que les recherches de Lucette Czyba s'entêtent à attaquer que le mot femme aura encore une valeur monétaire une fois en couverture ? Car celui qui, sous la promesse colorée de la pochette, s'attendait à trouver une femme en robe brillante en quête de fleurs ou rêvant d'un bouquet, sera déçu. Les images n'y apparaissent plus, à l'exception de la noirceur des bandes dessinées de Gavarni.

A travers un inventaire minutieux de toutes les « connotations », « lectures », « scènes et images », Lucette Ziba révèle la méfiance, la culpabilité et l'humiliation derrière les rôles que Flaubert attribue aux femmes dans l'idéologie de son roman. Pas exception.

En fait, on constate à maintes reprises que Flaubert voit les femmes comme des êtres asservis au pouvoir masculin, dont la flatterie paie. Malheureusement, les gens la jugent en fonction de son âge et de sa beauté, ce qui en fait une consommatrice. Ses meilleures vertus ne peuvent être que fidèles à son époux et à ses qualités maternelles, et elle est destinée à développer ces vertus dans un espace limité. Produit d'une idéologie bourgeoise basée sur le pouvoir masculin et l'argent, Lorette s'est développée en opposition à sa femme : elle aussi a été achetée et a préféré être une « gentille fille » car elle était un refuge. qui Le crée. Il faut se méfier des « crèches » qui expulsent des atouts, mais aussi de toute femme, car chacune a le potentiel de paralyser la création de l'artiste : la matrice est toujours l'ennemie du cerveau. Dès lors, l'image d'une femme respectable s'accompagne d'une fascination réservée voire sadique. Mais voici une autre explication de nature psychanalytique : la situation du triangle d'Œdipe est si fréquente dans les récits de Flaubert que l'animosité du romancier envers les femmes ne peut être déduite que de son propre roman domestique et de son amour pour sa mère. L'étude est présentée dans l'ordre chronologique, chacune des histoires de Flaubert aboutissant aux mêmes conclusions, parfaitement et fermement articulées par Lucette Czyba, utilisant souvent les mêmes mots.

Le premier chapitre discute brièvement certaines des idées du « mythe de la féminité bourgeoise » du XIXe siècle : que les femmes sont réduites à des objets de plaisir masculin ; la suprématie de l'influence masculine. Le comportement des femmes n'est pas une donnée de la "nature", mais un produit d'un contexte sociologique dans lequel les femmes ont des valeurs qui sont parmi les fondatrices du pouvoir socio-politique. D'autre part, la violence qui fait saigner les femmes à la Primaire, la séduction des prostituées, trahit une obsession sadique et a pour effet indirect d'humilier la mère.

Le deuxième chapitre consacre soixante-sept pages à étudier ce que Madame Bovary a dit sur le statut des femmes. Malgré l'attitude complexe de Flaubert, les femmes du roman « embrassent encore aveuglément les valeurs fondamentales de l'idéologie bourgeoise dominante » (p. 51) : mariage, maternité, appartenance

rapport 309

mari. Ils interdisent la vie publique. L'histoire de Charles démystifie la figure du mari modèle tout en expliquant « la vulnérabilité de cette classe sociale à l'idéologie bourgeoise contemporaine, une idéologie du pouvoir fondée sur la propriété » (p. 54). L'admiration pour les mains d'Emma, ​​à l'opposé de celles de Catherine Leroux, signifie qu'« elle est devenue un schéma idéologique dans lequel l'aristocratie, imitée, dévalorisée et absorbée par les mythes bourgeois de la richesse, n'apparaît plus dans la catégorie de la noblesse. La sienne » (p. 58). L'abbaye, qui s'occupe de tout, ne prépare pas Emma à une « vraie pratique sociale » (p. 63). La chaleur qu'elle y ressentait « ne se réduisait pas à une stricte précision thermique, mais elle suggérait l'attitude morale d'Emma » tout au long de sa vie, tandis que « le froid signifiait une réalité insupportable » (p. 62). Lucette Czyba, à son tour, note un ensemble des stéréotypes véhiculés par le discours d'Emma et toutes les données présentées par son personnage : l'éducation, les bals, les objets, les vitrines, Paris, le théâtre, la sexualité et « les interdits victoriens de l'idéologie contemporaine » la sexualité du sexe » (p. 103). Emma en est réduite à imaginer "un autre lieu défini comme n'étant pas ici" (p. 79.) L'argent est "un signe de dévoration féminine, énergivore, de consommation" (p. 106). L'adultère ne la libère pas de l'état d'objet, car sa libération est tout à fait sensuelle. L'image d'Emma est celle d'une femme déchue. Flaubert « a créé Emma pour la condamner » (p. 113). Nous avons ici un excellent sujet de dissertation !

Chez Salammbô, « le sacrifice du héros masculin, victime de ce cannibalisme sexuel, symbolise l'horreur née du pouvoir destructeur de la séduction féminine » (p. 121). Mâtho est asservi par cette femme associée à la figure du serpent, « comme l'œuvre précédente et Madame Bovary, ce roman de 1862 symbolise chez Flaubert la peur de la liquéfaction post-sexuelle » (p. 143). Salammbô est le sadique : en effet « le romancier, à travers le préjugé de la bande, laisse entendre les connotations érotiques de la relation ambiguë entre bourreau et victime » (p. 154). Au final, le corps torturé de Mâtho représente les peurs et les obsessions de son créateur.

L'argent joue un rôle vital dans une société sensuelle, où la richesse des hommes détermine les possessions des femmes. (ex. "La situation sexuelle de l'élève est difficile" !). Flaubert ne tolère pas non plus les femmes qui, comme Vatnaz, travaillent pour gagner leur vie ou s'immiscent dans la révolution, et il durcit l'épreuve du célibat. Et Iorette, soucieuse de ne pas descendre dans la rue, a maintenu l'ordre civil en compensant la frustration du sexe à une époque où le mariage se réduisait à la procréation. Dans cette société marchande, le Loret est vendu, consommé et exposé. La primauté de cette conception dans la séduction sexuelle est due à une mutation brutale du milieu urbain sous Louis-Philippe et sous le Second Empire. Dinner in a Private Closet "révèle la relation fondamentale entre le langage parlé et la sexualité dans l'état physique de Lorette" (p. 211). Madame Arnoux incarne assurément l'idéalisation de la figure maternelle. Mais il y a aussi des cas où Flaubert et Mme. Dambulus est dans une situation similaire à Lorette et est donc humiliant. Cette ambiguïté témoigne de « la persistance de l'archétype de base dans l'imaginaire de Flaubert : l'ambivalence constitutive de la figure maternelle, liant Marie et Vénus, la femme honnête et la femme malhonnête » (p. 245, page). Lucette Czyba ne pense pas que la biographie de Flaubert ait directement inspiré le roman, de plus, il y a l'inconscient refoulé, une obsession de la fluidité dans l'éducation émotionnelle qui peut être comparée à celle plongée dans Mémoires d'un fou.

Trois histoires, La tentation de saint Antoine, Bouvard et Pecuchet sont regroupées sous le titre "La vocation célibataire de la foi". nombre

310 Histoire de la littérature française revisitée

Le jardin d'enfants de l'histoire est également condamné. Pour Félicité, elle est loyale et sous-payée, et son statut de célibataire est un garant contre le naufrage et le désordre que peut provoquer la conscience corporelle. Si le texte devient une allégorie de l'oppression de la classe ouvrière, cela n'a rien à voir avec Flaubert : lui, prisonnier de la classe, accepte les choses telles qu'elles sont et ne croit pas à la supériorité du peuple, comme à la condescendant dans le titre, et le fait que Madame Aubain n'est pas plus populaire que Félicité. En tant que mère, Hérodias est aussi une image déchue de la figure maternelle. Les femmes sont également présentées de manière particulièrement aliénante dans ce récit, où « la jeunesse est nécessaire à la séduction féminine » (p. 294), et le mundus muliebris promet « le nec plus ultra du plaisir érotique ». La dame est apparue sur la carte des plats à manger. La dépossession définitive « est l'acte de priver l'homme de son héritage de raison » (p. 296). Une troisième histoire relie le plaisir sadique de chasse de Lian à l'inconfort qu'il éprouve face à un corps féminin dangereux, le tabou du corps maternel. Mais la dernière gloire de Julien permet à Flaubert d'exprimer métaphoriquement son appartenance à la religion de l'art.

Le couple Bouvard et Pécuchet est contre les femmes. Dans ce roman, la jeune Merry représente les dangers de la séduction par le corps féminin. Pécuchet, tourmenté par des « fantasmes voyeuristes », rejoint Hérode, Rodolphe et Frédéric : « Pour Pécuchet, le contact avec le corps féminin risque de devenir fluide » (p. 307), on se souvient de la prononciation du mot Il s'agit de Salammbô. Madame Bodin, Madame de Castillon, Victorine prouvent que les femmes existent comme la nature et que la nature est mauvaise. Roquentin, à son tour, en ne conservant du corps féminin que ce qui pourrait profiter aux fantasmes masculins, nie l'altérité du sujet féminin. Bouvard et Pécuchet sont complètement fermés aux problèmes de l'aliénation des femmes au XIXe siècle, ce qui signifie encore que Flaubert ne conçoit pas le féminisme remettant en cause l'ordre social. Ces « poursuites célibataires de la foi » ne justifient pas le sort des célibataires français : elles impliquent que les écrivains sont délibérément célibataires, accusent les femmes de castrer l'imagination, et que la « féminité éternelle » n'est qu'un roman mythologique de la famille Flaubert.

Cependant, il a eu de la chance de survivre ! Tu te souviens quand le petit sexy Justin a eu les bottes d'Emma ? Sous son pinceau, l'argile se transforme en poussière, la pâte devient lumineuse et intouchable : il est ainsi doté du privilège de « dissoudre poétiquement l'amour avec son tabou intrinsèquement irrémédiable ». conflits » (p. 329),

Ce livre est clairement un livre simpliste. La démo existe en permanence ; les conclusions sont imposées par la répétition. On est donc prêt à admettre que la section critique sociale est relativement intouchable et que Flaubert n'est pas George Sand. Quant à l'apport de l'explication psychanalytique, nous préférons nous assurer que les anomalies de la conscience ont toujours été celles-là. Mais l'objection est connue...

Cependant, un problème fondamental demeure : l'attitude de Flaubert envers les hommes n'était pas supérieure à son attitude envers les femmes. Sénécal dit autant de bêtises que Vatnaz, et Deslauriers pense autant qu'Emma. Lorsqu'une seule grille de genre est appliquée à l'œuvre de Flaubert, sa perspective est-elle préservée ? De plus, cet aplatissement de l'idéologie prive momentanément l'œuvre de sa vitalité romanesque. Pourquoi cet homme écrit-il constamment aux femmes à la table où il a écrit ces livres, qui les traitent si mal ? Que ce soit en amour ou en amitié, a-t-il déjà triché ? Ne vous demandez-vous pas? C'est la pitié, c'est-à-dire la sagesse du malheur, qui est toujours seule

311 rapports

Auto-justifié? La littérature est-elle simplement la réalisation d'un déterminisme de classe, de genre, d'inconscient ou linguistique ? Flaubert n'essayait-il pas aussi d'exprimer la douleur absurde de chacun se débattant dans la toile qui l'emprisonne ?

Kerel Sagnes.

ANNA PICCHIONI BORRI, Expressions et formes du culte catholique dans l'oeuvre de Flaubert. Université de recherche de Sienne, 1983. une partie. 17 x 24 pages de 127 pages

Le penchant de Flaubert à se dire l'héritier de Voltaire ne l'empêche pas d'invoquer régulièrement la foi catholique. A. Pichioni Borri, À partir de correspondances et de témoignages de contemporains, actualiser le jeu des décisions paradoxales. L'influence du Voltaire du XVIIIe siècle se verra à travers l'anticléricalisme ironique de ses expressions littéraires. Le romantisme le rend cependant sensible aux sensibilités religieuses, mais il les considère comme des artistes, dans les plaisirs des sens esthétiques : musique, légèreté... . Pratiquer l'écriture suit le livre, dans son étude chronologique du texte, l'évolution de la sensibilité de Flaubert au culte catholique et de son expression esthétique à la maturité littéraire : les descriptions du rituel seront alors moins sèches et superficielles que dans les ouvrages antérieurs, l'auteur explique cela par une observation et un enregistrement plus rigoureux, mais aussi plus de tolérance, pas même religieuse, mais foi humaine, témoignages émouvants de foi (de Madame Bovary). Mais sa « religion et une certaine ignorance des dogmes et des coutumes culturelles ne peuvent jamais être niées.

Cependant, cette étude bien documentée échoue à recentrer l'évocation du culte catholique dans la perspective plus large de la représentation religieuse. Si les cérémonies semblent dépourvues de symbolique, ce n'est pas tant une méconnaissance des dogmes qu'un traitement critique et esthétique qui tend à déconstruire les symboles religieux, historiques ou idéologiques. Mais La Tentation de saint Antoine, traitée hâtivement dans une sorte de parenthèse incohérente dans le chapitre sur son œuvre de jeune homme, aurait pu être un tel prologue.

Gisèle Sézinger,

Lire Les Misérables, textes recueillis et présentés par ANNE UBERSFELD et GUY ROSA. Paris, Bibliothèque José Corti, 1985. un vol. 14 x 22,5, 273 pages.

Le livre est bien présenté et contient une douzaine d'études, suivies d'une bibliographie abondante des Misérables (pp. 261-272). « Applique les acquis de la Nouvelle Critique à l'œuvre de Hugo sans excès, avec une rigueur doctrinale, une certaine souplesse et [...] (« Introduction », p. 2).

Son éclectisme est indéniable : il dépasse même les limites de la "Nouvelle Critique" et est peu concluant, remarquable essai de Jean Gaudon ("Illustration/Lectures", pp. 239-259) où l'illustration est étudiée avec habileté et vigueur Editions Hetzel-Lacroix (1864) et Hugues (1879-1882). La peinture de Gustave Brion impose « la première lecture canonique des Misérables » (p. 251).

312 Histoire de la littérature française révisée

L'édition idiosyncrasique de Yugo, qui comporte, outre Brion, la collaboration de 17 artistes, « joue les cartes de la richesse et de l'abondance, mais écrase le sens » (p. 258). Le roman est-il encore « interprétable » aujourd'hui si l'on ne peut se contenter d'une lecture « monophonique » (p. 259) ?

N'est-ce pas, comme le prétend France Vernier, un "texte compliqué" (pp. 5-27) ? Son propre article me semble compliqué, et je ne citerai que ce que l'auteur appelle "l'essentiel" (p. 14) : "Dans une entreprise comme Les Misérables, l'instabilité est ce que j'appelle le 'moyen d'accomplissement', qui détruit nos rapports au monde, dont le français, semble-t-il, n'est pas le reflet, l'expression ou l'aide à comprendre et à communiquer, mais formateur (p. 15) .

Avec Yves Gohin ("Une histoire avec des dates", pp. 29-57) nous suivons une voie plus traditionnelle. Le premier traite de la chronologie interne du roman : après achèvement, au prix de rares erreurs (deux ou trois pages en onze dates !), preuve de la version de Garnier, l'auteur étudie la relation « Naissance », « Paternité » et « Fraternité Yves Gohin est subtil, parfois très subtil, et voit même un soupçon de 1825 dans la note 23 F. de Thénardier à Valjean (p. 55, n. 14).

Bernard Leuilliot me pardonnera de garder son article ("Philosophie(s) : Commencement d'un livre") comme Bienvenu Bishop. Je viens d'écrire "Caractère" avec Bernard Leuilliot : c'est très ancien. Si Jean Delabroy ("Coecum", pp. 97-118) fait aussi penser à l'évêque de Digne, par opposition au vicaire savoyard, Nicole Savy présente "un personnage qui n'existe pas" dans Cosette (pp. 173-190 ). : pleine de symboles appropriés, mais l'étude est déformée par une philosophie systématique qui conduit à des généralisations très négligentes de "l'incapacité de représentation romantique des femmes" (p. 189).

Même sans la croyance de Guy Rosa dans les notes "d'irréalisme carré" des Misérables (p.). Pourquoi reléguer une remarque aussi éclairante sur la "comptabilité en partie double" du roman dans une note de bas de page (p. 235) ? A propos de Mgr Myriel, un autre commentaire (p. 219) est moins inspiré : il serait injuste de dire que l'évêque « s'est toujours tenu à la porte de la clé » ; sinon un « génie », alors sa grandeur était d'un autre ordre : « Cette âme simple est aimée et rien d'autre » (I, 1, 14).

Les variations de Jacques Seebacher sur "Le tombeau de Gavroche" (pp. 191-203) sont des messagers ailés savants et poétiques, résistants à toute abstraction. Ils justifient pleinement le sous-titre de la langue Hugo : Magnitudo parvuli.

Qu'est-ce que « l'espace démocratique du roman » (pp. 77-95) ? L'essai de Jacques Neefs expose sa vision de l'histoire d'Hugo comme « enrichissant ce qu'elle explore » (p. 91). Il ne peut pas être là non plus, mais pour d'autres raisons je propose enfin une citation qui peut répondre à la question posée : « L'espace fictionnel lui-même est comme la réalisation imaginée de cet espace interrogatif ouvert dans le langage de Hugo, concrétisé en le prolongeant de son espace visible sur les bords résout temporairement ce problème » (p. 83).

Josette Acher n'est certainement pas la première à se plonger dans les aspects juridiques des Misérables, dans lesquels la justice et la police jouent un rôle tel que nous les connaissons. Mais son essai ("L'anankè des lois", pp. 151-171) actualise la question en ne séparant pas les références historiques aux codes juridiques de l'intention philosophique et des ruses romantiques. Mais pourquoi Javert écrirait-il « aussi rigide que la justice de l'ancien régime » (p. 161) ?

Rapport

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Claude Habib ("Hé au ventre !", pp. 135-149) y voit une réfutation de Protagoras dans Les Misérables : ni Prométhée ni Zeus ne sont intervenus pour faire de la terre "un monde régnant parmi les dévoreurs" (p. 136). entre le bien et le mal, seulement entre le mal et le mal pour trouver le bien : Jean Valjean devra travailler avec « deux ennemis », « l'ennemi entre eux », « les honnêtes et les hors-la-loi ». Lutte (p. 140), Javert et Thénardier. Il y aurait une sorte de réalisme à la Hugo, destiné à « apporter non pas l'harmonie, mais l'harmonie du monde lui-même » (p. 149). Peut-être, mais Hugo admettrait-il le déni de "création" à la fin de l'article ?

Sans surprise, Anne Ubersfeld décrit Les Misérables comme un "roman dramatique" (pp. 119-134). Elle montre tour à tour la culture théâtrale de la Société de la Restauration et la théâtralité des relations entre les personnages, et plus tard dans l'œuvre d'Hugo, notamment dans la dernière partie, le mélodrame "totalement démantelé" (p. 134). Cette étude magistrale donnera sans doute matière à discussion : grâce aux auteurs, elle commencera au moins par des conseils agréables et une lecture stimulante.

Peut-on en dire autant de tous les articles recueillis par Anne Ubersfeld et Guy Rosa ? Cette réserve presque fatale à l'œuvre collective ne cache pas l'essentiel : les sanguinaires doivent lire Les Misérables.

Marius-François Guyard.

RENAN, Histoire et texte, choix de textes, dont introduction et commentaire par LAUDYCE RÉTAT. Paris, Robert Lafont, Cole. "Livres", 1984. in-8° pour 924p.

Du remarquable essai de Mrs. Laudyce Rétat (Paris, 1975), on ne lit rien de plus éclairant ou précis sur Renan que la préface générale de 52 pages exposant ses sélections Renan. Sans doute peut-on penser différemment la sélection des fragments qui y sont conservés : chaque anthologie présuppose une certaine subjectivité, et l'œuvre de Ren Nan est si vaste en variété et en ampleur qu'elle nous oblige d'emblée à un cruel sacrifice... , par exemple , que Madame Rétat n'a pas rendu l'admirable hommage à Littré dans la quatrième partie, qui figure dans la réponse de Renan au discours inaugural de Pasteur à l'Académie française, ni dans la préface aux Questions contemporaines, ce qui est très important à comprendre pour la position politique de Renan. finalement il nous semble que Mrs. Rétat est toujours sage de choisir. Proteus Professional Connaissance intellectuelle du contenu vital - c'est l'un de nos souhaits les plus fervents.

La contribution la plus efficace à la résurrection de Renan est sans doute le prologue, dans lequel Madame Rétat analyse avec sympathie l'objectivité scientifique, l'aventure intellectuelle et la sentimentalité du personnage, qui à partir de 1846 se considère comme "un homme de fracture et de conquête de la présence". Mne Rétat (pp. 2-5) l'a d'abord libéré des masques sériels légendaires qui ont commencé et l'ont vêtu de sa vie : le masque des amateurs inventé par Barrès et Anatole France, l'anticléricalisme militant de l'illustration Le Masque du savant de La célèbre apothéose séculaire de Tréguier en 1903, le masque "Savant" de Péguy. Face à ces caricatures, Madame Rétat s'efforce avec ingéniosité et chance de retrouver le vrai Renan, usant même de tous les secrets cachés dans les notes personnelles conservées par la Bibliothèque nationale, si riches mais jusqu'ici si peu - ou très mal - exploitées. Il souligne à nos yeux le dynamisme du jeune Renan (p. 11), qui conjuguera sa fascination pour la Révolution française à

314 Histoire de la littérature française révisée

Contrairement à la promesse chaotique de l'évangile éternel, contrairement aux diatribes absurdes du Goncourt utilisées par Sartre de façon vertigineuse - qui rendront à jamais les prêtres inaccessibles à la trahison, l'idéaliste attribue l'évolution du monde au Le but du monde pour réaliser Dieu : de du "Manuel de la jeunesse" à l'"Enquête philosophique de conscience" aux célèbres "Dialogues", Renan est cohérent dans sa ferme conviction que la matière n'existe que pour "le but suprême de la production d'idées" (p. 17) de la saints, dont Renan se dit « biographe passionné » (p. 18), Jésus, Marc-Orelle, François de Assis, en qui il se reconnaît et dans Leurs vies le chérit pour être touché (p. 21 Désaccord fondamental entre Renan et Strauss sur la question de Jésus - qui aurait exacerbé la position politique de Strauss en 1870-1871 : Renan, submergé par l'émotion, ne peut accepter Jésus, son substitut idéal, comme un mythe et non comme une personne 1 Une personne qui rassemble la vérité, beauté et bonté dans un modèle parfait Dans cet « élitisme » reinerien fondé sur le dialogue philosophique, comme les notes manuscrites citées par Madame Rétat (p. 23), qui nous fait attendre avec impatience une édition critique de ce grand livre, en omettant peut-être le rôle de Victor Cousin, un penseur dont l'influence s'est fait sentir peu de temps après la vétuste cessation d'influence de Renan ; mais elle a bien raison de voir que l' « élitisme » du dialogue inspire encore Calibans Eaux de Jouvence et Prospero : de la vie de Jésus au drame philosophique, aussi contradictoire soit-il, cette unité est indiscutable. Renan a le droit de créditer des extraits inédits cités par Mme Rétat p. 28 : « Je traite ma vie comme si c'était une œuvre d'art, et j'aime ça » - cet extrait explique aussi l'ambiguïté de Renan Néron et mérite l'attention des psychanalystes.

Mme Rétat clôt cette passionnante introduction par de rares passages nuancés et émouvants sur les grands thèmes de Renan : la féminité, l'amour, le « harem imaginaire » (expression propre de Renan, B.N., N.af. 14200), qui le rend fasciné par la mort, non par la peur du néant, contre laquelle son ultimatisme spiritualiste immuable le protège, mais aussi contre la peur de la déchéance spirituelle qui le précède parfois et pour laquelle Littré et d'autres le poursuivent.

Renan lui-même, convaincu qu'un être humain ne peut passer à la postérité qu'avec un modeste fardeau, souhaite voir son meilleur ouvrage "regroupé dans un petit format de quelques pages sincères" dans la préface des Nouvelles Etudes d'Histoire Religionuse : avec nos remerciements à Laudyce Rétat , Votre vœu est désormais exaucé 2.

Jean Golmier.

Pierre de Montella, Reggie Guardo (1844-1898). Editions romaines, historiques et littéraires, cahier de culture française. Organisé par la Fondation Primoli, 21 1983. 16 x 24 + 396 pages pour XVI. et 7 livres. h tonnes

Luigi Gualdo écrivait en français et en italien, connus seulement des spécialistes en France. En Italie, en revanche, son image et son travail ont énormément bénéficié

1. Quant aux objections de Renan à Strauss, les plus claires et les plus fondées se trouvent dans l'excellent essai de J.-M. Paul, DF Université de Dijon, t LXI, Paris, Les Belles-Lettres, 1982 explication de.

2. Heureusement, cette excellente anthologie figure dans une collection largement diffusée : on regrette cependant que Mme Rétat n'ait pas ajouté une direction bibliographique à son ouvrage, le réduisant à trois ou quatre titres principaux, d'abord son propre traité, puis Renan Pommier de Jean en 1921, et l'étude (bien que médiocre) de Dussaud sur Renan en tant qu'orientaliste, et elle ne fait aucune mention de l'existence d'une Société des Études reniennes active. C'est à l'audience populaire qu'elle sera sensible pour Renan.

rapport 315

Un regain d'intérêt pour la littérature « fin de siècle » (qu'elle soit veristi ou decadenti), qui s'est manifesté au cours des trente dernières années ; Le roman Decadenza semble n'avoir eu qu'une seule édition avant 1892, avec des réimpressions en 1961, 1967 et 1981 (Burget n'a pas été réimprimé pendant un demi-siècle).

La première partie du livre (pp. 3-178) est une biographie de Guardo. Les Italiens se concentreront sur les pupilles des Amis de Milan (pp. 97126 : Boito, Giacosa, Verga, De Roberto, Eleonorados) et sur les rencontres à Rome (pp. 127-136 : Ma Tildeserau, D'Annunzio, Boito ) , avec de nombreuses contributions nouvelles (par exemple, p. 135, lettre inédite de D'Annunzio à Gualdo, 3 juin 1889). Mais tout le reste est consacré à la relation de Guardo avec l'écrivain français. Depuis ses débuts à Paris, dans le monde littéraire (pp. 13-21), il séjourne régulièrement dans la capitale depuis fin 1868 et se lie immédiatement d'amitié avec Mendès et Cazalis et les remercie, avec Gautier : en 1873 il visite la tumba de Gautier, et une chanson Safique en italien. Jusqu'à ses dernières années (pp. 137-170), Guardo passe presque tout son temps à Paris, à l'exception d'un séjour à Aix-les-Bains, et est aimé de ses amis pendant sa grave maladie. Faites défiler les chapitres sur l'amitié française (les plus longs du livre) (pp. 23-95) : nous avons d'abord François Coppée (pp. 23-38), qui a vécu vers 1870 jusqu'à Ami fidèle décédé ; puis Paul Bourget (pp. 39-62), qui prend Gualdo comme modèle pour son héros Michel Steno dans le sketch Une Idylle triste 2 ; puis bien sûr Mallarmé 3 (p. 63-69), Il y a aussi Montesquiou 4 (p. 70-89 ) et enfin Zola (p. 89-95), avec qui Guardo a publié deux articles dans la Revista Italiana, et dont la relation avec l'écrivain italien ne se mesure actuellement que par des témoignages indirects.

Ce synopsis squelettique n'accorde pas une once d'attention à un livre plein de faits, de citations et de références. La documentation de Pierre de Montera est exceptionnelle et ses explications sont très précises. C'est la source à laquelle il peut accéder. Il a pu consulter les archives de la famille Guardo à Portoferraio ; les Archives Giacosa de Colleretto Parella ; Journal Intime de Bourget (resté en manuscrit); Trente-cinq lettres de Guardo a Cope de 1895 à 1895, certaines conservées à la bibliothèque J Doucet, d'autres appartenant à LJ Austin. Une publication annotée de ces lettres occupe la deuxième partie du livre (pp. 181-290). Il faut remercier Pierre de Montera pour les informations détaillées fournies pour les allusions minimales dans ces lettres : par exemple, près de trois pages aléatoires de petits caractères (pp. 195-197, p. 18) ont été placées dans La Famille d'Armelles et le l'auteur Jean Marras, ou une page et demie (pp. 238-239, p. 13) sur le traducteur Paul Solanges. C'était tout le milieu littéraire et social de Paris dans le dernier quart du XIXe siècle.

Deux annexes contiennent quelques exemples supplémentaires de la vaste collection de documents recueillis par Pierre de Montera. Dans le premier (p. 293-328),

1. Les études italiennes de cette période abondent, avec des références à (une douzaine) traitant plus spécifiquement de Gualdo à la page 12. x Notes 5 et 6, et p. 1. 360, notes 11 et 12.

2. Ver Michel Mansuy, Prelude en vervolg op "Cosmopolis", Les Belles Lettres, 1962.

3. La relation entre Mallarmé et Gualdo, rapportée par Mondor (Vie de Mallarmé, 1950), depuis la publication, en 1968, de six lettres de Gualdo au poète par Carl Paul Barbier dans les Documents de Stéphane Mallarmé, n° 3. 11 Connu.

4. Voir Valeria Donato Ramacciotti, Luigi Gualdo et Robert de Montesquiou, lettres inédites, Turin, Académie des Sciences, 1973.

316 Histoire de la littérature française révisée

Une série de lettres de Guardo à lui-même, Boito, Giacosa et plusieurs autres correspondants ont été retrouvées. Le second (pp. 331-353) donne d'abord quelques-uns des poèmes de Gualdo non inclus dans son anthologie Le Nostalgie (Turin, 1883) ; », publié dans « Nouvelle Revue », 1er septembre 1890 ; Prima visité à Cronache d'Arte (Turin), 21 décembre 1890 ; gravé.

Une précieuse bibliographie (pp. 357-362) (en particulier les 14 articles de Gualdo qu'il mentionne) complète cette très riche collection, mais le lecteur pourra facilement la retrouver grâce à l'index des noms et des titres (p. 363391).

Enfin, découvrez les 7 illustrations, dont une photo de Méry Laurent (loin d'être une beauté, à mon avis), amis de Mallarmé, Coppée et Gualdo.

Les informations et connaissances de Pierre de Montera ne peuvent être remises en cause. Il est presque impossible de localiser les détails : à la p.227, n. 7. Augusta Holmes est appelée "la poétesse et musicienne de génie", ce qui est très chevaleresque ; à P. 237, ligne 2, lire M. de Montera "qui a toujours nothagie pour le grand Q" et n'a pas vu (note 10) "ce ou qui Q peut désigner", peut-être à propos de "grand O", Garibaldo, GO , également connu sous le nom de Merry Laurent; à la p. 275, note 3, la lettre de Mallarmé à Cope est publiée dans Correspondance depuis la rédaction de cette note.

Comme nous l'avons vu, ces imperfections sont mineures, et si malheureusement les fautes de frappe ne gênaient pas un peu la lecture, ce magnifique livre serait parfait : de nombreuses fautes de frappe et une liste de corrections à la page 1.394 pourraient être allongées ; heureusement, les accents ou les fautes d'orthographe sont généralement faciles à corriger 5.

Un Fuengaro.

GABRIEL DÉSERT, la vie quotidienne sur les plages de Normandie, du Second Empire aux années folles Hachette, série "La vie quotidienne", 1983. un vol. à -8° à partir de 334 p.

Cet ouvrage est vivement recommandé à quiconque s'intéresse à l'évolution de la société française de la seconde moitié du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle. Lecture riche, lecture relaxante à la fois : l'auteur, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Caen, parvient - et ce n'est pas sa moindre force - à allier l'érudition, la précision factuelle à un style clair, alerte, audacieux et sans tout pédantisme. Nous saluons ces qualités : elles se font de plus en plus rares. J'ajoute que le Gabriel Desert ne manque pas d'humour : une vertu suprême !

Après une synthèse concise mais dense du "réveil de la vie au bord de la mer" durant la première moitié du XIXe siècle, l'auteur se lance dans une étude approfondie de la "vie quotidienne" des "baigneurs" en Normandie dans les années 1850 et continue -o jusqu'en 1929 La crise économique de 2008 a marqué une progression fondamentale telle que nous la connaissons et sera l'un des tournants de ce siècle.

5. Je signale les fautes de frappe qui peuvent déranger les lecteurs :p. 189, non. 22, la deuxième référence est la lettre X (au lieu de V), p. 227, dernière ligne de la note, référence IV, 5 est erronée, p. 277, non. 2. Si Vittorio Lita Modignani était général pendant la Première Guerre mondiale, il n'est pas mort en 1899 ; P. 304, dans le texte S. Maurel (1. 5) en note 18 devient Vittorio Maurel; P. 383 Vittorio Pica porte le nom de Vincenzo.

rapport 317

Le livre se compose de deux parties : « Environnement et Personnages » - « La vie dans un Spa ».

La différence entre les "plages mondaines" et les "trous bon marché", les problèmes de circulation, les panoramas du "monde au bord de la mer" (que c'est beau !), fournissent matière à une première partie déjà éclairante. La période étudiée est reconstituée de manière extrêmement vivante par traits successifs selon un plan chronologique, permettant au lecteur de comprendre l'évolution continue et relativement rapide des techniques et des usages à l'échelle mondiale. Les statistiques et les tableaux se mêlent aux anecdotes. La recherche est assez solide et repose essentiellement - bien plus qu'une bibliographie, relativement pauvre - sur toutes les actualités et archives. On peut dire que M. Desert donne beaucoup de nouvelles informations.

La deuxième partie traite en détail du mode de vie des estivants, quelle que soit leur origine sociale : les auteurs ne se contentent pas d'étudier la « haute société ».

Promenades, dîners, réceptions, sorties de pêche, jeux en tout genre (surtout jeux de hasard, études de casino, joutes), "procès et potins", concerts, sports, etc., remplissent cette deuxième partie très riche et l'ensemble Comment lire ce livre, vous le lisez d'un coup et c'est amusant de continuer à le mettre à jour.

Il ressort de cet article - et l'auteur le souligne également dans la conclusion - que peu à peu la mer et les "bains" ont été délaissés. La station balnéaire est d'abord devenue un prétexte à toutes sortes de divertissements. Des foules colorées et de plus en plus cosmopolites affluent vers Dieppe et Deauville, notamment vers la côte Fleury, devenue depuis la fin du siècle un "deuxième Paris", ou plutôt Paris (Rendons-nous "Tout Paris") Transfert vers la côte de la Manche.

On lira avec intérêt toutes ces pages, qui reconstituent la Belle Epoque et les années folles avec beaucoup de science et de génie : la vision fait certes partie de la réalité de la société dans son ensemble, mais elle reste très riche, surtout pour l'historien littéraire . Le livre de M. Désert révèle les "textes de fond" de nombreux écrivains, comme Maupassant et, bien sûr, Marcel Proust.

Pouvons-nous envoyer des regrets? L'auteur n'est pas responsable et doit se conformer aux exigences de collecte. Plus d'une fois, les gens se sont interrogés sur les références exactes des sources (en particulier des sources d'information) que M. Désert. Quel texte étrange, souvent humoristique (je pense, surtout le texte publicitaire écrit en poésie : Anthologie !) déniché ici, et parfois on a envie de pouvoir s'y référer !

Mais c'est dommage que tout cela ait beaucoup appris, on a appris à s'amuser grâce à M. Gabriel Désert 1.

JACQUES-Louis DOUCHIN.

1. Quelques notes. faute de frappe : p. P. 198 : "qu'elle" signifie "quelle". Il y a aussi une incohérence mineure non remarquée par les auteurs, p. 52 : "Trouver des touristes est essentiel, même si ce n'est pas nécessaire."

318 Histoire de la littérature française révisée

ALPHONSE DAUDET, UNE LETTRE DE MON USINE. Texte introductif et commentaire de JACQUES-HENRI BORNECQUE. Paris, Imprimerie Nationale, 1983. une partie. 16,5 x 22,5, 422 pages.

Des générations de lecteurs ont été trompées par les lettres étranges et pathétiques des Lettres de mon moulin. Pourtant, depuis 15 ans, de nouvelles analyses1 ont trouvé dans cet essai une structure trompeuse d'un écrivain essentiellement parisien qui, à partir de sa propre nostalgie d'enfance et de références à la littérature fébrienne, démontre l'usage d'un objet rural, une capitale folklorique provençale. Il ne faudra pas longtemps avant que Tatar signifie mépris raciste dans le Sud, et peut-être Mistral et Felipe Brige. Sans oublier Numa Roumestan, où Daudet va (sûrement ?) liquider sa concession du sud de Paris.

Dans le présent et après ces travaux, il est difficile d'admettre simplement que ces lettres sont "les symboles des deux Suds : le bon Sud, le lumineux Sud". Pourtant Jacques-Henri Bornecque écrit à la fin de sa longue introduction (p. 71), qui est une lecture de premier ordre de l'humour « daudétien ». La prose de Daudet est contagieuse : sa « splendeur sentimentale » (p. 60) influence les critiques, les faisant baigner « dans le halo de la chaleur de l'œuvre » (p. 73). Entre les deux élans lyriques, Jacques-Henri Bornecque nous livre quelques documents concrets, à savoir le manuscrit inédit du cahier d'exercices, qui pourrait ajouter de nouveaux éléments à la célèbre affaire Daudet-Arène ; mais on en conclut qu'il s'agit entre les deux auteurs de "variantes aux propriétés complémentaires, jus soeur d'un même terroir" (p. 54). D'ailleurs, faut-il vraiment étudier les conceptions de Daudet pour se rendre compte qu'« il a réussi non seulement à composer son style de musique purement instinctivement [sic !], mais aussi par des ajustements minutieux » (p. 66) ? Mais cette manipulation est idéologique et stylistique. Jacques-Henri Bornecque ne semble pas s'en apercevoir. A la suite de Doude, au lieu d'analyser, il augmente l'ambiguïté du texte et trompe à nouveau le lecteur. Il sera également possible, dans le cadre de l'étude des Cartas do Moinho, de dépeindre P. Arène comme « alerte et nostalgique comme une chèvre amoureuse » (sic, p. 44), et maintenant on sait très bien ce qu'est une anomalie est le Daudet à propos de la "Fille" de M. Seguin ?

Ces critiques sont fondamentalement liées à l'idéologie sur laquelle repose l'introduction, mais elles ne promettent pas de minimiser l'apport de Jacques-Henri Bonneck à la connaissance intime du texte. En ce sens son travail est utile, voire indispensable (voir avertissements, variantes et remarques en fin d'ouvrage).

Fausta Garavini.

MARIE-CLAUDE BAYLE, "Chérie" d'Edmond de Goncourt. Publication de l'Université de Salerne, édition scientifique italienne, 1983. Un volume. 17 x 23,5 pages, total 143 pages.

L'idée d'attirer l'attention du public sur l'un des derniers et des plus grands romans du Goncourt est excellente, et Marie-Claude Belle est à remercier. Hélas, typographes et

1. Ver R. Lafont, Clés de l'Occitanie, Paris, Seghers, 1971 ; Id., Le Sud et le Nord, Toulouse, Privat, 1971 ; R. Lafont-F. Gardès-Madray, Introdução à análise de texto [analise de M. Seguin de La Chèvre], Paris, Larousse, 1976.

rapport 319

Les lecteurs ne peuvent qu'être submergés par toutes sortes d'erreurs, citons-en quelques-unes : « Evocative », « Foot », « Insistent » viole l'humour de l'auteur à « Case », « Insight », « Love de Mont will make the beautiful Remembering Spanish ». "... Nous nous en tiendrons à la première page et donnerons plus de place à l'ouvrage lui-même, composé de deux parties assez équilibrées : la première partie consiste en une étude du survol du Goncourt, de ses sources possibles, de la structure de Chérie et de ce que l'auteur appelle judicieusement "le haut du panier de la réalité chic", conclut-il en demandant : Chérie est-elle un "roman limité ?" " ". La deuxième partie est constituée d'une série de documents : réactions des lecteurs aux recherches présentées dans la préface de La Faustin, extraits de journaux, brefs résumés de revues contemporaines et, surtout, 16 lettres de Francis Poictevin, dans un style rappelant celui des œuvre du Goncourt et d'Esseintes, il aurait pu en être l'un des exemples, offrant un instantané de ses impressions de lecteur. Comme nous l'avons vu, la matière est très riche, mais Marie-Claude Belle ne semble jamais avoir achevé ses recherches : non seulement - ce qu'elle regrette profondément - elle a pu reconstituer des informations assez fragmentaires, mais elle n'en a pas toujours tiré le meilleur parti . ce. Elle a donc une très bonne compréhension de la structure de la mosaïque, mais elle n'a pas réalisé quel genre de "kaléidoscope" cette structure pouvait avoir, ce qui est différent. La folie de la mère de Chérie est bien évoquée, mais on ne voit pas l'influence indéniable du Dr. Charcot, encore moins des problèmes génétiques, que le vieil Edmund ne voit pas. Je ne peux m'empêcher de penser, ne serait-ce que pour combattre Zola !

Malgré ces réserves, nous serions reconnaissants à Marie-Claude Bayle d'ouvrir quelques pistes d'étude encore méconnues sans se laisser décourager par l'œuvre admirable de Robert Ricatte, et nous nous réjouissons de la voir sous la forme du Goncourt. précisément, Goncourts), à Boris Vian et Raymond Queneau, sur lesquels elle travaille actuellement, tant cette ligne devrait être remplie de richesse et d'imprévisibilité.

Pierre Cogni.

HÉLÈNE GIAUFFRET COLOMBANI, Rhétorique de Jules Vallès. Figures des dénominations et analogies à A Criança. Genève Paris, Editions Slatkine, 1984. Nations Unies Vol. à -8° à partir de 176 p.

(Video) Histoire littéraire - le XXème

Mme Giauffret Colombani enseigne la littérature française à l'Université de Gènes. Avec le soutien de l'Université de Turin et du Centre d'études franco-italiennes de l'Université de Savoie, elle publie cette recherche sur la rhétorique et la stylistique de Jules Vallès. De la trilogie L'Enfant, Le Bachelier, L'Insurgé, elle a choisi à juste titre L'Enfant, car c'est sans doute le texte le plus adapté à ce type d'œuvre. Après une longue introduction sur l'attitude de Vallès vis-à-vis des questions de forme, elle présente rigoureusement le spectacle en trois parties. Elle explique très clairement les types de personnages dans la première partie, qui nous livre une étude quantitative. Elle les évalue, s'arrête aux verbes, aux noms et aux adjectifs, et vérifie enfin leurs extensions. Plus subtile est la deuxième partie, qui analyse la sémantique des textes figurés. Comme c'est beau le deuxième chapitre, qui a pour thème la transformation des sujets héros et des objets, nous voyons la transformation des personnes, des animaux et de la matière. Les enfants et les parents font l'objet du troisième chapitre, et le quatrième chapitre est sur la nourriture et l'habillement, et la topographie de l'intérieur et de l'extérieur vient

320 Histoire de la littérature française révisée

Ces catégories annotatives sont dûment complétées, mais les auteurs n'ignorent pas la similitude et les métaphores lexicales qui conduisent à des expressions figées. Dans la troisième partie il faut définir la fonction du graphe. Quel rôle jouent les textes métaphoriques dans la fiction ? Comment fonctionnaient l'impressionnisme, l'expressionnisme, la distance entre les personnages ? Autant de questions auxquelles nous recevrons des réponses satisfaisantes et détaillées. Le dernier chapitre de Métonymie et le monde de la campagne est accessible et captivant. Peut-on enfin accepter cette conclusion ? "Si Vallès est un homme qui parle pour le peuple, un homme qui parle en cuir et en velours, mais qui sait jouer avec ses mauvaises actions. C'est la dernière chance donnée à la littérature. Le texte métaphorique montre la supériorité poétique des humbles langage qui est plus que cela La vie et la liberté du fort qui a emprisonné, menti et tué Il est clair que pour Wallis tout personnage vivant est, comme le dit Ricœur, « une offense et une création ». Mme Giauffret Colombani dans Voici la thèse est étayée avec éclat et conviction On trouve en fin d'ouvrage une excellente bibliographie qui aidera quiconque s'intéresse à Jules Vallès L'annexe en fin d'ouvrage montre, à l'aide de tableaux et de schémas, les jeunes Les méthodes et les préoccupations des historiens et des littéraires Non, on dirait qu'ils ne servent à rien, loin de là

Carlos Dedejan.

GÉRARD DELAISEMENT, Guy de Maupassant, Témoins, gens, critiques (contribution à l'examen général de l'ouvrage en documents inédits). CRDP de l'Académie d'Orléans-Tours. Deux parties 21 x 29,8, 285 et 260 pages.

On connaît le Gérard Delaisement, paru dans Classiques Garnier, comme la meilleure version de Bel-Ami, et la plus informée. Tous ses écrits sur le romancier forment une impressionnante bibliographie, dont ses deux mémoires nationaux : « L'origine, l'originalité et le destin de Bel Ami » et « La Chronique de Maupassant ». Aujourd'hui, au terme de sa longue et prolifique carrière universitaire, M. Delaisement nous propose deux immenses livrets, de plus de cinq cents pages en grand format. Le titre est évocateur et place cet ouvrage après le second traité : l'auteur s'intéresse beaucoup à l'œuvre du chroniqueur et journaliste de Maupassant, qui le prépare à l'alchimie mystique de la création littéraire. C'est aussi un Maupassant et son âge, ainsi nous est revenu 1. D'ailleurs, avec une patience bénédictine, amplement récompensée, il a recueilli notre longue chronique d'écrivains - ou avec cet écrivain - sur ses prédécesseurs (notamment André Vuillard et Pascal Peat) a ajouté la des parties les plus importantes et révélatrices à l'échelle de Maupassant, mais encore inédites.

Je ne cache pas mon plaisir de suivre le scénario de Gérard Delaisement. Le plaisir aurait été encore plus grand si je n'avais pas trouvé de fautes de frappe, et je me demande si elles sont dues aux typographes du livre plutôt qu'au manuscrit. Parmi eux, j'ai pointé "... d'autres voitures cassées, entre les routes, le conducteur

1. L'un des ouvrages utilisés par G. Delaisement était la Vie de Guy Maupassant de Paul Morand, sous la plume duquel nous lisons à notre grande surprise (Tome I, p. 201) : « La France en 1885 est la nouvelle Sion... Leon Bloom , les frères Nathanson et Lucien Muhlfeld dirigent des intellectuels...". En 1885, Leon Bloom... avait treize ans.

rapport 321

Massacre" (t II, p. 215) ; il faut bien sûr lire la roue. Aussi (ibid., p. 216) : "... il ressort de cela que Bou-Hamama n'a envoyé qu'une (?) équipe de cavalerie . » Et encore : « …où sont ces belles usines laissées par la Société Franco-Algérienne ? Nous sommes passés devant l'immense espace où travaillaient 1 500 ouvriers, et il ne reste plus que deux superviseurs, un chauffeur et quelques personnes..." Le devis demandé disait : "...abandonné par l'entreprise, etc."

Deux autres facteurs ont rendu l'indexation difficile : Gérard Delaisement a divisé son œuvre en six volumes, ce qui a donné deux volumes. L'index des noms cités renvoie maintenant aux première et deuxième parties, où les mots ont le sens de tome. D'autre part, pourquoi les deux index sont-ils placés à la fin de la seconde partie si le premier de ces index pointe vers la première partie ?

Pour conclure ces chroniques, je suis tout à fait d'accord avec Pascapia : certaines ne doivent pas être oubliées. Ils nous en disent très peu sur l'œuvre du romancier. Aussi blasphématoires que puissent paraître les écrits d'un disciple autoproclamé de Maupassant, Gérard Delaisement, je dirais qu'ils sont mal écrits, obscurs, voire incompréhensibles (Maupassant serait un mauvais correspondant de guerre : surtout quand on lit ses jurons haletants et des sous-entendus et des mélanges opaques avec des récits chaotiques d'action militaire dans des reportages d'Algérie, un champ est indiscernable d'un autre, mais ce champ a de belles peintures murales sur les frontières, comme nous en avons à Allouma, Une bonne nuit, Maroc...).

Du solide travail d'analyse et de synthèse que l'on trouve tout au long de l'ouvrage, ce qui m'a le plus impressionné, c'est la capacité des chercheurs, grâce aux nombreuses coupures de presse de l'époque, à sauver l'environnement journalistique, politique, commercial et littéraire de Maupassant, dans lequel Gérard Delaisement a presque croit que s'il crée le seul Bel-Ami, il sera digne de l'immortalité. Remarquable parmi cette faune est Arthur Meyer, dont l'auteur démontre toutes les contributions à lui du directeur de la vie française M. Walter. J'aimerais que Gérard Delaisement évoque un autre personnage proche d'Arthur Meyer : le banquier Will Andermatt de Mont-Oriol, dont le romancier attendait le modèle depuis 20 ans, est marié à l'aristocrate Christiane de Ravenel2. Cependant, Walters et Andermatts ont-ils d'autres modèles ? Merci à Gérard Delaisement d'avoir dédié une de ses merveilleuses annexes à Flaubert et Maupassant : Leçons d'osmose (et l'idée lancinante de cette osmose littéraire - mais est-ce que de la littérature ? On pourra en reparler bientôt Il - par tout le livre), n'y a-t-il aucune raison de citer les Schlesinger comme l'un des modèles des Walter et des Andermatt ? Je suis désolé de ne pas avoir trouvé cette référence : mais peut-on dire tout ce que Gérard Delaisement a dit tant et si bien ?

Enfin, je cite une phrase très éclairante de l'avertissement. Se référant à l'utilisation ultérieure par Maupassant de sa chronique, Gérard Dresman écrit: "... lorsque Maupassant a fait ou partiellement copié ses propres textes, il a fait de son mieux pour mélanger la source du cours réel. Or, (t II, p 222) il y a un passage très spécial qui raconte comment Ouargla fut étouffée et débarrassée de ses incendiaires : le général envoya un sac ficelé et scellé, en

2. Andermatt Vingt ans plus tard, Arthur Meyer épouse un Turennes descendant de la famille Fitz-James.

Panorama de l'histoire de la littérature française (86e anniversaire) LXXXVI 17

322 Histoire de la littérature française revisitée

Le jeune officier a cru reconnaître la pastèque... c'était la tête coupée.

Des rebelles tués dans une scène qui rappelle le retour de Tombouctou et de ses partisans

L'homme de l'histoire "A Tale of Day and Night", bien nommé

Tombouctou : assiégée

Bézières n'était pas intéressé par ce qu'il voyait (ou

Reportez-vous plutôt à un romancier-journaliste) ? Il me semble que c'est une de ces paroles

La clé pour accepter la complainte du maître dans une anthologie des inégalités

d'Étretat contre la faiblesse et la lenteur de la Poste et du Télégraphe (t II,

P. 225), ou la laborieuse lettre de recommandation à une dame comme elle,

p. 226).

Roger Bismuto.

Trois études de GluSEPPE BERNARDELLI, Tristan Corbière. Udine, Gianfranco Angelico accueille l'éditeur, 1983. une partie. 80pages

Ce petit ouvrage se veut un complément savant à un traité plus important du même auteur (La Poesia a rovescio. Saggio su Tristan Corbière, Vita e Pensiero, Milano 1981 : La Poésie à vers. Essai sur T. Corbière), qui explique l'hétérogénéité incontestée des trois études réunies ici : « Tristão e Marcel » questionne le rapport entre poésie amoureuse et autobiographie ; « Le Texte Contumace » d'après Amours Jaunes (Paris, Glady frères, 1873), se demande à quoi ressemblerait une version moderne « modelée » et fidèle aux excentricités plus novatrices des textes corbiériens ; enfin, "Materials and Resources" est une exploration classique des ressources.

Dans le premier essai, Giuseppe Bernardelli s'attache d'abord à prouver que l'énigmatique Marcelle (qui ouvre et clôt la séquence par une double imitation de La Cigale et la fourmi) est en fait Armida-Josefina Cuchiani, maîtresse de Rodolphe de Battine, poète Composée à Roscoff en 1871, la "liaison" alors actuelle de Tristan avec la "Cigara" suit à peu près les étapes et rebondissements énoncés dans la section intitulée "Amor Amarelo". Enfin, il relie un peu brusquement l'étrange attitude du poète dans A une camarade ("Mon cher, mon, n'aime pas être aimé") à la "constipation sentimentale, improvisée et violente", dont "l'attitude" dans le psychologique réside. subtil et sera plus artistique que nature.

Pour "Missing Text" de Tristan Corbière, l'auteur tente de nous montrer que les nombreuses incohérences de l'original sont la faute du poète, pas celle de l'individu. L'instabilité presque névrotique de Tristan se refléterait dans son orthographe incohérente et sa pratique anarchique de l'orthographe et de la ponctuation, ainsi que dans son typographe trop prudent. Et il critique la version de P.O.. Walzer à la Bibliothèque de la Pléiade, prenant certains de ses "choix" parmi plusieurs "leçons" plausibles.

Quant aux "sources", la question est classique : outre une comparaison ponctuelle établie avec tel mot ou telle expression, il faut d'abord voir comment l'œuvre "affectée" modifie son emprunt, élargit le contexte nouveau, critique ou dénature le éventail de "sources" possibles. ". Mais Giuseppe Bernardelli est content du catalogue.

Cette "partie" témoigne encore de l'immense vitalité des études italiennes de Corbier, mais malgré toute son érudition, elle fait peu pour Corbier, expert ou amateur.

Serge Mettinger.

rapport 323

STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance, VIII (1896), recueilli, classé et annoté par HENRI MONDOR et LLOYD JAMES AUSTIN. Paris, Gallimard, 1983. Une partie. 14 x 22, 376 pages.

Les lettres de Stéphane Mallarmé fascinent, certainement par le contraste immédiat entre leur simplicité fraîche et un certain occultisme dans l'œuvre du poète.

En 1896, Mallarmé écrivait environ cinq lettres par semaine. Un poète qui prend sa retraite à cinquante ans et se consacre au travail est en réalité plus enclin à se consacrer à la littérature des autres. Le 13 novembre, il confiait à Julie Manet qu'il venait de terminer 13 livres envoyés par la poste et avait "47 livres pour demain et au-delà..."

La mort de Paul Verlaine a sans doute inspiré l'un de ses plus beaux sonnets, mais elle a aussi stimulé son énergique présidence de la Commission du Monument Verlaine. Quant au titre de prince-poète, s'il en était lui-même le bénéficiaire, il ne le soulageait guère de la qualité de syndic de la maison qu'il louait à Walwyn ; cette année-là, du 6 mai au 28 novembre. Mallarmé a même peint et verni les chaises du jardin, non sans conclure : « Ne construisez jamais, assez de réparations !

Pourtant, le poète trouva le temps d'écrire Les Vogues, d'aider Julie Manet à organiser une rétrospective de Berthe Morisot, dans l'essai "Le Mystère, dans les Lettres donné à La Revue blanche, observe aussi le ciel de novembre", ce matin, enchanteur, chiné, lumineux et surprenant", et d'après des recherches qui comparent le mouvement mécanique des jambes du cycliste à celui du danseur. Main blanche, lilas pour peindre le mur car j'ai tenu le pinceau" à Georg Rodenbach un jour de juin. une main tendue, et de nombreux lecteurs veulent la saisir et la tenir aujourd'hui, à la fois à l'intérieur et au-delà des murs de la littérature.

Daniel Luworth.

MARC EIGELDINGER, Suite d'Odilon Redon. Neuchâtel, A la Baconnière, 1983. une envolée. 13,5 x 18,5 à 80p.

Présenté sous une belle couverture de dauphin, ce charmant petit livre prouve que Marc Eggerdinger, l'explorateur imaginatif de Rousseau, Balzac ou Rimbaud, a toujours exprimé une fervente admiration pour l'extraordinaire artiste Odilon Redon. Dans la première partie de son étude, le critique rappelle la réception de Redon, le graveur maudit de son temps, par deux de ses illustres contemporains, Huysmans et Mallarmé - le premier Redon, sympathisant de l'obsession obscure et terrible.

Ce sont des écrivains, et en tant qu'écrivains ils jugent les grandes suites sculptées par Redon. Huysmans évoque des souvenirs dans un article de la Revue Indépendante - à paraître dans une seconde édition des Esquisses à Paris (Vanier, 1886), intitulé Cauchemar - Le Monde Fantastique de l'Artiste, Habité par "Liquide et Phosphore", "Créatures Volantes". les monades », les monstres sans modèle avec lesquels il entre dans l'art médiéval, « la chaîne ininterrompue des bestiaires fantastiques depuis la Renaissance, les voyants tombés amoureux des monstres ». des Esseintes, qui attirera pour la première fois l'attention du public sur le peintre méconnu. Le héros de Huysman voit à travers son frère ce dont il a besoin

324 Histoire de la littérature française révisée

Une métaphore terrifiante de la Singularité et de son imaginaire débridé. La véritable critique d'art ne doit pas être recherchée dans le texte de Huysmans consacré à Redon, précise Marc Eigeldinger, mais « dans la contemplation de l'œuvre d'art à travers une écriture poétique, non vouée à un pouvoir descriptif ou explicatif, mais usant du rythme et de la métaphore, suggérer une sens qui porte son contenu émotionnel ».

Mallarmé, qui n'a pas dédié les paroles critiques à son ami Odilon Redon, dont le mardi était fidèlement stupide. Mais il l'aimait tellement qu'il songea à lui commander une grande édition illustrée de Coup de dés (qui, soit dit en passant, était déjà en production : épreuve et trois lithographies de Redon, proposées aux enchères publiques en 1960 par Léon Cellier au Sentier de l'Initiative). Mais l'amitié et l'admiration de Mallarmé s'expriment d'abord dans ses lettres, notamment dans une merveilleuse où il compare le magicien de Redon à la figure d'un poète, qui représente aussi la recherche d'un monde mystérieux. "Mais toute mon admiration va directement au grand magicien, un occultiste inconsolable et têtu, qui savait que le mystère n'existait pas et qu'il durerait toujours, et donc pleura dans son désespoir salutaire parce que c'était la vérité. Je n'en sais aucun Un tableau qui dégage autant d'angoisse intellectuelle et de terrible compassion que ce spectacle magnifique. Mallarmé admirait Redon, un artiste qui a profondément et mystérieusement exploré la chanson.

L'isolement dans lequel vit Odilon Redon s'explique par son désir de vivre hors de son temps, et il dénonce les tendances réalistes - "la représentation textuelle de la réalité" - et les tendances impressionnistes - "les idéaux extérieurs", comme il le dit. Son idéal est toujours Gustave Moreau, moins le côté « glacial » qu'il lui reproche. Alors, dans une solitude quasi totale, Redon tente de laisser libre cours à son imagination, restant attaché aux valeurs sensibles, aux formes et aux couleurs qui sont au cœur de toute œuvre authentique. Dans le chapitre central informatif de son étude, Marc Eggerdinger explore l'imagination mythique de son peintre et examine habilement comment il a juxtaposé le désir toujours vigilant d'éveil avec la vaste obscurité qui contrôle l'équilibre du pouvoir de sa main. L'œuvre de Redon n'est ni réaliste ni descriptive, mais de nature évocatrice et peut être comparée à de la musique. "L'art évocateur, note le peintre lui-même, est la splendeur de divers éléments plastiques, collectés et combinés pour inspirer la rêverie, éclairant et élevant la rêverie en stimulant la pensée. Clair-obscur, noir Jouer avec des lignes blanches et abstraites est le médium principal d'où l'art, qui ne définit pas, ne détermine pas, mais introduit le spectateur dans des domaines incertains et merveilleux. Redon parle aussi de remplacer la lumière naturelle par une "lumière spirituelle", les objets eux-mêmes étant remplacés par une métaphore plastique.

Ces prémisses incitent Redon à accueillir les symboles et les métaphores du rêve ou de l'inconscient pour explorer les origines, le mystère des origines, le "miracle de l'évolution biologique". Il aime évoquer de petits animaux appartenant à de mystérieuses communautés de la nature, ou des métamorphoses de plantes, d'animaux ou d'hommes. Il utilise souvent les grands mythes de la culture orientale ou occidentale : Bouddha, Oannes, Orphée, Phaéton, Parsifal, réservant toujours une place privilégiée aux femmes dans la mythologie ou la magie. "Elle était tour à tour la Druide dans la forêt, Brunhilde au casque, Ophélie dans les fleurs...Eve...Vénus. Toutes ces images suggèrent l'existence d'un royaume divin, représenté par le noir. Protégé par l'obscurité de la soleil .

Mais cet art de Redon va dans un sens plus léger - surtout à l'extérieur.

rapport 325

Couleur, un bouquet de fleurs. Mythe du Soleil prime sur Mythe de la Nuit. A partir de 1895 ses toiles évoluent nettement vers un « lyrisme lumineux » : ... « Les arbres prennent des tonalités scintillantes, les papillons déploient des ailes claires dans l'espace, les chevaux galopent vers les sources de la lumière éternelle. Mythologie où les monstres sont apprivoisés ou disparaissent pour laisser place aux héros du soleil Avec ses riches créations mythologiques et métaphoriques, avec sa puissance évocatrice d'un ordre terrifiant et inquiétant, et la lumière qui s'y manifeste par sa conquête progressive, l'œuvre d'Odilon Redon reste l'une des œuvres les plus sympathiques à émerger au tournant du siècle, malgré sa position d'arrière-plan. Eigeldinger se posa finalement la question prévisible : Redon peut-il être considéré comme surhumain ? Un signe avant-coureur du réalisme ? Apparemment, l'honnête critique, obligé de citer une lettre inédite de Bretagne, répondit : Même l'abondance des 'me dit quelque chose de valeur...' - très dur pour le grand peintre. Mais il est de notoriété publique que les grands hommes ne reconnaissent jamais leurs ancêtres, ils ne le doivent qu'à eux-mêmes.

La boîte aux lettres de Watt.

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. Texte proposé et commenté par JACQUES TRUCHET. Illustration par JD MALCLES. Paris, Imprimerie Nationale, "Lettres françaises", 1983. un volume. 420p à 16,5x23.

Le Cyrano de Bergerac a révisé les éditions anglaise et italienne, mais pas l'édition française. Au fur et à mesure que les chefs-d'œuvre de Rostand sont entrés dans le domaine public, plusieurs ont émergé, celui de M. Truchet est sans doute le meilleur. Tout d'abord, à travers l'exposition, nous sommes initiés au luxe de la collection du National Printing Bureau. Avec joie et virtuosité, la typographie résout les problèmes d'un dispositif théâtral comme celui de Cyrano (la richesse de la mise en scène, la fragmentation du poème, voire la division en quatre interlocuteurs...).

L'intérêt principal, bien sûr, est l'équipement principal. La préface de M. Truchet précise la provenance de l'œuvre et l'important travail documentaire de Rostand : des rôles mineurs tels que « marchand » sont attribués au Théâtre français de Chappuzeau (1674, réimprimé 1875) ; Les faits relatés dans la "Gazette" de l'acte V proviennent pour l'essentiel de La Muse Historique de Loret, septembre-octobre 1655. Les notes et l'abondante documentation réunies en fin d'ouvrage répondent à toutes les questions soulevées par le texte, et attestent à la fois de De Rostand (plutôt interrogé) à l'érudition de l'éditeur. Un seul point échappe à M. Truchet, à l'origine d'Hippocamelephantocamelos, qui nous dit (pp. 34 et 338) qu'il a été inventé par Rostand : dans son édition (Londres, 1968), E. A. Bird pointe sa présence dans plusieurs Lettres Amies de Cyrano Le Brett existe.

M. Truchet s'attache aussi à concilier, sinon concilier « les deux France, Déroulède et Jaurès », le « message » de Rostand et l'ambiguïté avec laquelle son œuvre a su s'exprimer dans les moments difficiles, du moins satisfaire leurs désirs contradictoires. le discours de cet éclectisme ne peut être qu'artificiel : il se double d'un autre, plus intime et personnel, l'obsession de l'échec, l'immuabilité de Rostand (mais nous n'interpréterons pas Siha comme la réussite du Père Mauriac Nor, cité page 52, "Surtout l'échec de l'amour, qui est légion") apportera un plaisir narcissique.

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Une double chronique (Rostand et Cyrano), une anthologie du critique et un portrait complètent l'ouvrage dans lequel Cyrano, longtemps incompris et même décrié, trouve sa véritable place de classique1.

Patricia Bernier.

COLETTE, uuvres, édition éditée par CLAUDE PICHOIS, en collaboration avec ALAIN BRUNET, LÉON DELANOÈ, PAUL D'HOLLANDER, JACQUES FRUGIER, MICHEL MERCIER et MADELEINE RAAPHORST-ROUSSEAU. Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1984. un volume. 11 x 17,6 pages CLVI-1686.

CLAUDE et VlNCENETTE PICHOIS ont sélectionné et révisé l'album Colette, Iconografia en collaboration avec ALAIN BRUNET. Paris, Gallimard, Cole. "Albuns de la Pléiade", 1984. Tome 11 x 17,6, 322 pages.

Certains seront peut-être surpris de lire la biographie de l'album, car de nombreuses photographies bien choisies et encore plus détaillées servent d'introduction à l'œuvre de Colette, un contraste spectaculaire entre les deux de Saint-Sauveur-en-Puisaye et La Petite Fille Verte. aux Longues Tresses et à la Vieille Dame ont été honorés avec surcharge au Palais Royal - parmi des modèles nus, des mimes, des actrices de théâtre gênantes et des funérailles nationales en août 1954... Des métiers exemplaires ? Neutralisation réparatrice ? Canonisation insuffisante ? En tout état de cause, cette nouvelle édition de l'œuvre de Colette (accompagnée de nombreuses publications commémorant le 30e anniversaire de sa mort en 1984) s'ajoute à la période de L'œuvre de l'auteur fonde l'Édition du Centenaire de Fleuron e Flammarion, publiée de 1973 à 1976 et simultanément republié ailleurs.

Bien entendu, si l'on ne considère que la première partie, un autre contraste peut surgir ici, entre la qualité littéraire de la plupart des textes et l'œuvre volumineuse de Claude Picois et de ses collaborateurs. La mariée sera-t-elle très belle ? Le corpus comprend la série commerciale de Claudine (en fait la première avec de belles trouvailles et quelques pages très réussies), dupliquée par la plutôt débile libertine Ingénue, poursuivie par La Retraite sentimentale ; heureusement il contient aussi Les Vrilles de la vigne et la vagabonde. Les textes de la famille Willie et les textes dans lesquels la future Colette s'affirme et se retrouve constituent les trois quarts du livre ; moitié.

Cependant, « ces œuvres de Colette sont conçues en quatre parties, dont les éléments sont disposés séquentiellement dans un ordre chronologique souple, parfois adapté selon le thème. Ces éléments font partie des parties véritablement créatives de l'œuvre de Colette : romans, nouvelles, contes. et légendes, évocations et souvenirs, chroniques et prose, scènes et portraits d'animaux" (p. CLI). Dans ce livre les textes conservés sont : Les Claudine, La Retraite sentimentale et l'édition originale de L'Ingénue libertine, Les ("dernière édition") de 1934

1. Nous lirons, p.14 et p. 389, Jacques Caron.

1. La qualité de "Pléiades" est bien connue : voici 1700 pages gérables ; les erreurs sont les mêmes : les erreurs de papier disparaissent et vous pouvez tourner les pages facilement ; mais certains caractères sont trop petits (et donc les notes de bas de page de tous les équipements critiques sont trop petites).

rapport 327

Vignes et la version Fleuron conçue pour La Vagabonde. Bien entendu, ces sélections sont pleinement expliquées et justifiées, avec des textes de fond importants, des variantes importantes, des ajouts ultérieurs, etc., tous mentionnés ou apparaissant dans les notes. Le matos principal est impeccable et répond à toutes les exigences du genre.

L'avant-propos de cent vingt-deux pages "se voulait être le récit d'une vie et d'un travail - quatre avant-propos forment une biographie de Colette à partir des documents nouveaux les plus courants" (p. CLI). La chronologie dressée par Jacques Frugier parvient à éviter les répétitions 2. Quelques repères permettent de situer ce destin individuel dans un contexte historique 3 : Les critères de sa sélection, non précisés, ne sont pas toujours clairs, par exemple pourquoi la naissance d'Éluard est mentionné en 1895 mais pas la Bretagne en 1896 et l'Aragon en 1897 ? Pourquoi Saint-Exupéry et pas Desnos en 1900 ? Malraux en 1901, mais ni Bataille ni Leiris ; Radiguet en 1903, mais pas Char ou Queneau ? Pourquoi Simone de Beauvoir et pas Sartre, Céline ou Beckett ? (Pourquoi Drieu la Rochelle et Montherlant, et pas Nizan ou Vailland ?) ... Ajoutons que le prologue et la chronologie donnent parfois un sens persistant du détail, des anecdotes, des impressions multiples sur le sujet : Mais - c'est à éviter, puisque le choix biographique domine largement l'enquête de Colletti, ce qui explique en partie le "contrat autobiographique" stratifié et déformé que Colette lui-même propose et exacerbe fatalement la position de la génétique littéraire qui justifiait le premier volume ?

La note 4 et les notes textuelles ont également été placées dans cette perspective, dans laquelle les problèmes classiques d'attribution, de date et de composition et de réception sont discutés. L'attention sera portée sur les tentatives intéressantes de l'écrivain pour récupérer Wiley, et le crédit sera rendu à la sobriété critique qui a permis à l'écrivain de juger sévèrement Colette pour, ou d'être, Colette. Ces annotations suggèrent également la désignation de noms propres en fonction de l'usage, et sont finalement une mine d'informations sur le Paris de la Belle Époque, riche comme on pourrait rêver d'un index. Quelles recherches, quelles histoires de première main (comme ces lettres que Sidor a écrites à sa fille) ! Dans cette édition, nous admirons l'érudition infatigable de

Il est vrai que le principe critique peut gêner, et il apparaît derrière la recherche de la "clé", ces innombrables notes en termes de "en réalité...", de "modèle de..." ou d'expressions comme « problème du problème » L'ouverture donne la véracité de la mémoire de l'histoire » (p. 1324) et « aucune prétention à tirer plus de l'œuvre que Colette n'y a mis... » (p. 1420) ; "la topographie à la fin du livre se réfère à l'espace réel du Sauvage, pas du Martini - avec un degré de complexité différent, et seulement

2. Les avant-propos, la chronologie, les circulaires, les notes de texte, les annotations, etc. sont presque impossibles à éviter complètement. A noter la critique de Rachilde, citée page LXXII et page 1249, ou Internal Investigation, page 1249. CXV-CXVI, CXLIX et 1593.

3- Au moins, nous pouvons le comprendre à travers la scène publique. On pense souvent, notamment avec les photos de l'album, à la fameuse coupure depuis Proust, qui sépare la biographie de l'écriture, même avec assurance, impétuosité, complaisance (Colette ne fait pas exception) et texte.

4. Paul d'Hollander a introduit, établi et annoté Claudine, L'Ingénue libertine et La Retraite sentimentale, auteur de dictionnaire et d'enquête ; La Vagabonde de Michel Mercier, fondée par Madeleine Raaphorst-Rousseau et préface de Claude Pichois et annotations (elles ont aussi contribué aux notes finales de Claudine) ; bibliographie par Léon Delanoë et Alain Brunet

328 Histoire de la littérature française révisée

Littérature 5. Mais les limites biographiques sont bien connues : cette édition ne serait pas une enquête ethnohistorique des lettrés de 1900, un essai socialement critique sur l'insertion idéologique de ces textes, une étude psychanalytique des fantasmes érotiques de la belle époque (avec leurs amazones, méli-mélo de fleuristes, fantômes, écolières excentriques et leurs diverses aides). Ce n'est d'ailleurs ni son but ni sa fonction. Ainsi, il fournit aux lecteurs un texte solide et des informations de valeur réelle, avec humilité et compétence. Petit dictionnaire et bibliographie de Claudines 1895-1910, devenu incontournable, conclut le vol. Nous attendons avec impatience le prochain.

Michelle Pickard.

JULES ROMAINS, La Vie unanime, avec une préface de MICHEL DECAUDIN. Paris, Gallimard, Cole. Poésie, 1983. un volume. 10,8 x 17,8, 258 pages.

Certaines réimpressions sont plus utiles que d'autres : elles permettent de lire des livres importants mais négligés, victimes de préjugés. Constamment, nous pensons savoir ce que c'est, nous connaissons la mort de quelqu'un (1911), réimprimé plusieurs fois. Mais qui, à part une poignée d'experts, a lu régulièrement La Vie, « Poèmes 1904-1907 » ? Le texte peut sembler insignifiant comparé à des poèmes de Verhaeren, Larbaud, Cendrars ou Apollinaire, et la voix du poète Jules Romains peut manquer de puissance ou de distinction. Leurs thèmes sont pour la plupart les mêmes : villes, foules, trains, heures de départ, obsession de la modernité, vitesse, machines.

Mais il importe ailleurs, alliant une vision du monde bien particulière à l'exploration d'un langage poétique différent, une rime originale qui saura présenter le projet composé selon la formule de M. Décaudin le jeune écrivain : « Transformer la méthode jusque-là réservée pour l'individu, la psychanalyse, dans un être collectif ». Rommath n'a pas toujours atteint ses ambitions. Le poème est souvent l'individuel pour la multitude et le collectif, une plainte lyrique ou une extase moderniste ; mais parfois des miracles se produisent, et l'on trouve des textes différents et percutants qui chantent leur époque comme Comme un tableau de Severini ou de Delaunay : dépassés certes, mais en passe de devenir un classique.

La préface de M. Décaudin donne tous les détails historiques nécessaires, met l'accent sur les innovations poétiques de Jules Romains, et rattache l'ouvrage au mouvement monastique auquel il est souvent comparé à tort (probablement parce que le livre a été écrit par les Editions de l'Abbaye). Un important document critique et documentaire qui situe le jeune Romain dans les premières années du siècle, vu par ses contemporains, très différemment du brillant auteur des Hommes de bonne volonté. En un sens, La Vie est annoncée ou du moins expliquée unanimement. Cette réimpression apporte des éléments importants pour mieux comprendre Jules Romains, notamment l'enthousiasme du tournant du siècle.

Bruno Visier,

5. Plus opposés que complémentaires, voir : Michel Picard, « La Maison de C. - Structure d'une aire de jeu », in Lire comme un jeu, Éd. Minuit, 1986.

Rapport

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Charles Péguy 2. "Cahiers de la Quinzaine". Texte élaboré par SIMONE FRAISSE. Revue des Lettres Modernes, Paris, Minard, 1983. um vol. 13,5 x 19 sur 166 pages

Après la polémique et la théologie. Le "Laudet", (Revue des Lettres Modernes, Minard, 1980), Simone Fraisse a dédié le deuxième Cahier de Péguy aux Cahiers de la Quinzaine, "la partie la moins connue de l'ouvrage", dans lequel elle évoque les phases les plus importantes, à commencer par le projet du « Vrai Journal » et la première série polyphonique, Péguy recourut plusieurs fois à un pseudonyme, intervenant de différentes manières, toujours en tant qu'activiste, maintenant en tant qu'écrivain, jusqu'au dernier, où les textes d'actualité devinrent rares, travaillant avec le individu qui a profité à «l'entrepreneur» a formé un «monument baroque» unique dans l'histoire du journalisme dans son ensemble. Géraldi Leroy examine le débat sur les intellectuels dans le Manuel, notant que Pegui ne partageait pas le lafargueisme de Lafargue ou la désapprobation générale des intellectuels parmi les socialistes. préservation de la liberté intellectuelle, au moins jusqu'en 1907, date à laquelle le "Parti des Intellectuels" a été créé comme un mythe. L'article "Cahiers de la Quinzaine, "Cahiers pédagogiques"" montre la diversité et le nombre des contributions à cette problématique, et leur rapport avec le public académique principal des Cahiers. Comme le rappelle Raymond Wendelin, le public est aussi sensible à l'actualité religieuse ; Dès la deuxième série, d'où la "conversion" de Péguy, le manuel contient quelque chose sur les étrangers (arménien, juif : bien que les archives "juives" ne puissent se limiter à cette partie religieuse) et des textes thématiques sur les persécutions de la France (anticléricalisme, rhénan , etc.), mais aussi des textes plus ambitieux comme le Mangasarien (VII), Hypatie de Trarieux ou la polémique autour de Loisy.

Le dernier essai est sans doute celui de Julie Bertrand-Sabiani dans lequel, à partir de lettres inédites du manuel, ressort l'ingéniosité du « management », et de nombreux exemples vifs ou pitoyables, illustrant un style de management qui ne ménage pas ses efforts, ni Jaurès est ressuscité pour défaut, Gaston Raphaël est mis en cause pour un manuscrit tardif, ou un imprimeur qui tente de se déguiser en P... est associé à l'œuvre de Péguy, notamment à sa - si moderne - lacune blanche. Autre lacune, "Cahiers qui n'ont vu le jour", recensé par J. Bastaire, étude éclairante qui sera certainement poursuivie : Enfin, "Le Cahier d'annonces", analysé par Gérard Blanchard, dont un Péguy qui "préfère mendier la publicité payante », et là encore se révèle la spécificité du métier de Handbook.

Sans vouloir être un résumé prématuré, cette série d'articles a permis d'étudier de près cet ouvrage "inconnu" de Péguy, le Manuel Complet.

Anna Locke.

Catalogue de la Bibliothèque Guillaume Apollinaire par GILBERT BOUDAR en collaboration avec MICHEL DÉCAUDIN. Edition C.N.R.S., 1983. 15,5 x 24 parties, 227 pages.

Chaleureux et austère, le livre se présente sous la forme d'un index, dans lequel la rationalité de l'organisation est adoucie par la reproduction signée au début de chaque section, et très soigneusement découpé en plusieurs titres ("Campos Françases", "Fracês Anónimo", "langue étrangère") corpus

330 Histoire de la littérature française révisée

Constitué de promenades et de la vie littéraire ou journalistique du "curieux" Apollinaire, la mort prématurée, la vigilance de Jacqueline, nous a été transmise, pleine de la splendeur de la vie, arrêtée dans sa mystérieuse contingence.

La bibliothèque d'Apollinaire en fera sans doute l'expérience, malgré l'accusation plus ou moins ouverte (au moins depuis Duhamel) de vol de livres, une critique qui impose « poésie » et « inspiration » à son œuvre. Les annuaires soulèvent plus de questions que de réponses définitives.

Bien sûr on retrouve aussi ce que Guillaume à Lou prône comme antiquité, une œuvre populaire du moyen âge ; une section entière rappelant les origines qui ont rendu le poète plus ou moins polyglotte. La littérature mystique, fournitures « populaires » de l'époque, était également représentée.

Mais la plus grande erreur est d'essayer d'établir une relation systématique entre les œuvres et les bibliothèques. Ainsi pourrait-on faire des rapprochements plus ou moins certains entre de telles œuvres conservées et de tels textes apolliniens, mais les catalogues montrent souvent un manque d'œuvres "sources" dans les bibliothèques du poète... Apollinaire est aussi lu ailleurs.

Cependant, ce répertoire est loin d'être inutile. En effet, il a ouvert de nouvelles perspectives pour la sociologie de la littérature (de nombreux articles réédités éclairent les rapports entre Apollinaire et le monde intellectuel), mais surtout il a permis de mieux comprendre la pratique du poète. Nous pouvons créer différents schémas de classification pour les livres de la bibliothèque : "coupés" vs "non coupés" (lu/non lu), les livres qui font l'objet d'actions ou de réflexions (livres objets ou livres à lire), les textes à parcourir uniquement ou avec des annotations .. du plaisir des yeux, au plaisir de la main, au plaisir de l'intellect, avec une lecture pointue ; le contraste de la langue, la juxtaposition de la langue, le plaisir dans la courbe de la composition ou dans le fragment choisi, ici tout le champ est fourni. Dans sa quête pour rendre cela possible, nous verrons qu'Apollinaire n'est pas surpris.

Bernard Vik.

ALAIN BUISINE, Proust et ses Lettres. Lille, Presses universitaires de Lille, 1983. Un volume. 127 pages de 14x24

Dans son édition Plon, Philip Kolb pose les bases d'une biographie de Marcel Proust et de son œuvre. Alain Buisine prend les deux au pied de la lettre. Son œuvre est superficiellement deleuzienne dans certains thèmes. L'araignée de Proust préfère utiliser un style très narcissique comme stratégie pour rejeter les autres : dans sa vie, dans ses écrits, dans ses lettres : "Où qu'il soit, Proust est là au lieu de là." La lettre est un signe à déchiffrer, mais la communication avec le correspondant est impossible : toute séparation serait fatale (comme un coup de fil). La lettre est un simulacre, mais surtout parce qu'elle est toujours décalée : comme elle, la recherche n'est jamais synchronisée.

Ici, œuvre littéraire et correspondance, tant dans la vie de Proust que dans le roman, sont volontairement liées, à commencer par la fameuse contradiction anti-Saint-Beuve : une critique de la conversation à travers une dispute avec la mère. Le roman se définit ainsi comme un prolongement de la lettre dont l'unique destinataire est maman.

Le développement le plus intéressant est la première moitié : à travers les lettres du roman ou celles de Marcel Proust, cette lecture met l'accent sur le lien avec la mère étouffante (les lettres sont féminines et image maternelle), avec la grand-mère qui respire (jardin

rapport 331

Mme de Sévigné), inspiré des asthmatiques et même des bandes (petites bleues).

Ainsi dans cet essai, où épître et roman se confondent, il s'agit d'un essai au sens strict : personnel, sans aucune information (rien de plus qu'une lettre envoyée), mais révélant une sensibilité critique et une très bonne littérature.

Bernard Bruno.

Anne Henry, auteur de Proust. Tombeau égyptien. Paris, Flammarion, "La nouvelle bibliothèque des sciences", 1983. un volume. 13x21 au total 212 pages

À partir d'un traité (Marcel Proust. Théories pour une esthétique, Klincksieck, 1981), Anne Henry ouvre la voie à de nouvelles lectures, quoique plus modestes, des œuvres d'art. Non que les conclusions de son article soient reléguées en annexes, les questions qu'il soulève demeurent. Ne peut-il mentionner Schelling qu'une seule fois ? Et si les principes esthétiques du philosophe allemand l'avaient tellement impressionné qu'on pouvait « émerger stylistiquement » dans l'étude du système idéaliste transcendantal ? L'argument selon lequel les écrivains français entre 1870 et 1914 cachaient leur origine germanique ne tient guère compte des nombreux hommages de Proust à Goethe. En revanche, si Proust avait retenu le thème de son œuvre à partir de 1895, il me semble que Jean Santeuil aurait plus souffert du dogmatisme de la jeunesse que de l'incertitude de ses visées ; L'inspiration de Rust vers 1909 est peut-être due à des livres anciens et à des influences scientifiques, mais c'est le parcours de recherche de Jean Santeuil qui est décisif et continue de nous fasciner le plus. Quant à la formulation du « contre Ruskin » symétrique à Sainte-Beuve, elle était destinée à renforcer l'opposition de Proust au philosophe anglais qui n'en fut jamais réduit à la paternité de lundi : Ruskin, 1910 Reparaît dans « (Son) Panthéon d'admiration » deux .

« Une vie qui s'est évanouie et ne peut être recueillie que par l'art, dont l'expression doit garantir une cohérence durable » (p. 5) : Mais Anne Henry construit sa lecture et apprécie cette perspective existentielle de l'œuvre, en termes d'égyptien. tombe est explorée, les actions et les gestes du propriétaire suivent un rituel, qui se reflète dans sa vie quotidienne, le talent et la valeur rituelle de l'artiste brouillent toute distinction entre l'essentiel et l'insignifiant en soi. Faut-il dire de cette vie quotidienne : Proust croyait-il vraiment qu' « une vie prosaïque, bourgeoise, jamais détruite par la catastrophe » (p. 56) lui fournirait le meilleur matériel de laboratoire ? Si Anne Henry jugeait nécessaire d'effacer l'homosexualité du romancier/conteur, elle s'opposerait aux rencontres fortuites avec le plus grand écrivain et le plus grand peintre de son temps (étrangement isolé dans un désert culturel, comme Anne Henry l'a justement souligné ailleurs). , ou même assister

1. Qu'en est-il ! "La langue de Goethe et de Schelling" (sic) contient Proust indirectement écrit (Communications, nouvelle édition Ph. Kolb, Plon, t. 8, p. 213). Nos recherches se sont arrêtées en 12 (1913), mais ce jour-là, l'essentiel du projet de recherche a été conçu. Schelling n'est d'ailleurs pas mentionné dans tous les articles recueillis au Contre Sainte-Beuve de la Pléiade.

2. Voir Communication, édition citée, p. 10h55

332 Histoire de la littérature française révisée

Guermantes 3, ce n'est pas votre premier arrivé de tous les jours. Comme d'autres l'ont noté, cette fresque raconte une aventure qui vaut mille et une nuits.

En étudiant la fonction de recherche des rituels littéraires, Anne Henry a pu fournir des clés supplémentaires à un roman qui délivrait déjà tant (même si ce qu'elle suggérait à Norpois était plus important que l'efficacité du modèle vivant indiqué par Painter et al. ). Mais dans le chapitre De la chambre à la bibliothèque, cela débouche également sur une interprétation caustique, créative et respectueuse de l'esprit du roman. S'il fallait trouver des affinités avec sa méthode, on les chercherait chez Jean Rousset (Forme et signification, Corti) ; J. Rousset nous a également appris dans Research comment trouver un réseau de lecture à partir d'une littérature donnée. L'ordre joue un rôle. Certaines coïncidences vraiment troublantes avec Schelling, le rapprochement, et plus plausiblement le rapprochement avec Schopenhauer, éclairent cette fois l'intuition d'Anne Henry plutôt qu'étouffent Proustien dans des références douteuses.

Les rapprochements fréquents entre Criminal Investigation et les peintures de l'époque sont peut-être superflus : pourquoi le « vrai centre du livre » serait-il « décentré » sous prétexte qu'il se trouve à la FIN (p. 38) ? Les règles auxquelles se conforme le point de vue du roman ne sont pas les règles de la peinture. Le ton libre et irrévérencieux d'Anne Henry n'est pas sans mérite, il est vulgaire, et son audace métaphorique ("Veste découpée de Séailles en manteaux romantiques", p. 55) ne semble absurde que lorsqu'on sympathise avec un auteur qui ne dédaigne pas l'imitation. Mais pourquoi cette liberté va-t-elle parfois jusqu'à la calomnie ? Proust n'introduit pas la guerre dans La Recherche « à la manière littéraire de la fiction des vétérans à son essor » (p. 146), mais bien avant qu'elle ne se termine. Au lieu de renoncer à sa candidature au Social Club, il se mit à défendre la « cathédrale française menacée » (p. 164). Il est aussi regrettable que le raccourci trop explicatif montre que la première rédaction d'Un amour de Swann précède la traduction de la Bible par Amiens (p. 19). Pour des bagatelles, Madame Verdurin est supérieure à son mari, et non l'inverse (p. 130), et la Madone Magnifica de Botticelli porte un châle brodé bleu et rose (p. 202) : la rouille est rarement en cause dans ce cas. Détail 4. Mais voyons ce qu'Anne Henry dit du sens métaphorique d'Elstier, de la mémoire, dans ce qu'on pourrait appeler « La recherche de l'unité perdue ». En fin de compte, les lecteurs qui accueillent les conclusions de l'essai d'Anne Henry avec un certain intérêt sceptique seront captivés par la justesse du ton général de l'ouvrage. Peut-être la réconciliation prend-elle moins de force de persuasion qu'une relation parent-enfant ?

Pierre-Louis Rey.

PASCAL ALAIN IFRI, Proust et son narrateur dans A la recherche du passé. Genève, Droz, 1983. une partie. Un total de 253 pages

Des milliers de livres et d'articles ont été consacrés à l'étude, mais à l'exception de l'essai de Susan Rava dans Essays in Literature (1981), pas un seul ouvrage n'a été consacré au narrateur de Proust. Grâce au travail minutieux et documenté de Pascal Ifri, cette lacune est aujourd'hui comblée.

3. Cependant, Proust prend ses distances avec Jean Santeûil, où la salle Réveillon est la salle où Saint-Louis dit adieu à ses ancêtres !

4. Pourquoi alors Anne Henry Contre Sainte-Beuve de CBS a-t-elle abrégé « Contre Sainte-Beuve » dans son essai et dans cette production ?

rapport 333

Après une brève introduction, Ivry souligne les principes directeurs de son livre et dans le premier chapitre définit le récit - le destinataire du texte narratif écrit dans le livre - et le distingue de nombreux critiques. a récemment indiqué qu'il aime (lecteur Booth engagé, lecteur implicite Iser, lecteur compétent Culler, lecteur modèle Eco, lecteur averti Fish, lecteur primaire Riffaterre, lecteur empirique, virtuel, idéal, j'ai réussi). Dans le deuxième chapitre, Ivry pointe patiemment les signes de ce qui est dit dans l'étude et les différentes manières dont elle se présente. Le chapitre trois dresse un portrait du narrateur à partir des personnages recueillis. Un Parisien d'une cinquantaine d'années, avec des problèmes de santé, catholique, grande bourgeoisie avec une grande culture et un intellect extraordinaire, mais aussi un artiste, incrédule, sensible, débrouillard et rationnel, gentil mais égoïste, dit l'auteur et narrateur. Et comme Marcel, il avait - peut-être avait-il - une vie affective riche et malheureuse ; comme lui, elle était maladivement jalouse ; et comment il a fini par vivre longtemps. Cependant, le narrateur et le narré sont loin d'être identiques : le premier est donc accepté dans le monde, le second ne l'est pas, il connaît les coutumes et les milieux homosexuels, il est mieux éduqué et plus sage ; Dans le quatrième et dernier chapitre, l'Ifri examine la relation enseignant-élève entre le narrateur et le narrateur, identifie la fonction principale de ce dernier (fournir un modèle à imiter pour les lecteurs avertis), et montre comment l'étude du narrateur permet permet de définir les conditions d'une bonne étude de la lecture et d'identifier les thèmes fondamentaux du roman (et notamment la question de la bonne lecture pour des actes de création qui nous révéleront nos propres vérités). Une excellente bibliographie et une table des matières complètent ce livre informatif et éclairant.

Les travaux de l'Ifri ne sont clairement pas au top de Teproche. L'accent mis par l'auteur sur la clarté, ajoutant définition et répétition, compromet finalement la clarté de son développement. Votre style peut ne pas correspondre à votre intention. D'autre part, leurs arguments n'étaient pas toujours acceptés. Par exemple, la critique de la narration de niveau zéro ne me semble pas convaincante : la rejeter parce que vous ne pouvez pas comprendre une langue en même temps et montrer que vous ne pouvez pas saisir cette causalité ou connotation implicite. le caractère purement théorique (l'histoire racontée n'est pas humaine). De même, je ne crois pas (p. 161) que « des liens se fassent toujours entre narrateur et narré supposant certaines affinités intellectuelles » (pensez au nœud de la vipère) et je ne comprends pas (p. 184 p.) pourquoi « la connaissance du narrateur... limite nécessairement la connaissance du narré' (En effet, on peut imaginer un narrateur s'exclamant : "Lecteur, tu sais tout et je ne sais presque rien...").

On ne peut nier la contribution d'Ivry, cependant. Les amateurs de Proust lui sauront gré d'aborder l'étude sous un angle nouveau et d'en préciser la structure ; Les narratologues vous seront reconnaissants de montrer qu'une étude systématique de ce qui est raconté peut contribuer à la compréhension d'une histoire.

Gérard Prins.

Estudos e documenten opgesteld door Cahiers du Centre de Recherches sur le Surréalisme, Mélusine, n° V, Politique-Polemique, H. BÉHÀR. Lausanne, L'Age d'Homme, 1983. um volume. Totaal 399 pagina's

Avec la parution du cinquième numéro, la vitalité des Cahiers du Centre de Recherches sur le Surréalisme continue de se confirmer, dans le but à la fois de

334 Histoire de la littérature française révisée

Outil bibliographique, précieux par le volume et la variété des documents publiés, offrant une méthode aux chercheurs désireux d'analyser les textes surréalistes - aussi divers soient-ils ! - Quel est le texte de la bataille, base théorique importante.

En effet, qui hésiterait entre un texte politique distributif adéquat et toute l'objectivité historique qu'exige une telle dispense (mais que faire de sa dimension passionnelle ? favoritisme inéluctable ?). H. Béhar et P. Mourier-Casilde ont proposé cet axiome : Rappelez-vous qu'il n'y a pas de rupture entre débat et politique tant qu'ils sont également engagés dans une stratégie d'écriture. Chaque article qui compose cette collection démontre systématiquement l'efficacité d'Axiom.

Une série d'essais - comme ceux de B. Gelas, G. Palayret, J.M. Pianca marque cette fondation d'une analyse extrêmement minutieuse des relations que les surréalistes entretiennent avec le parti communiste et de l'évolution de ces relations. Mais, et c'est aussi l'originalité du projet, cette analyse ne repose pas sur l'utilisation de concepts politiques, mais sur une lecture critique du texte. On a déjà beaucoup parlé des destinataires de ce discours politique controversé et de cette forme de discours qui va bien au-delà de la « littérature ». Pamphlet, pamphlet, manifeste, lettre ouverte sont successivement évoqués, puis des concepts comme le travail ou le futurisme entrent en jeu, révélant en quelque sorte leur versatilité procédurale et stratégique de l'intérieur du texte.

En effet, cette focalisation sur l'agressivité du langage surréaliste peut faire oublier le souci tout aussi passionné et fédérateur de la communauté surréaliste, pour qui l'offense n'était pas une fin en soi.

Heureusement, cette ouverture, et le débordement de toute position argumentative au nom de la violence verbale « ailleurs », est tour à tour rappelée par des chercheurs - C. Debon, H. Béhar, U. Vogt, R. Navarri - qui relancent la démarche au surréalisme, son aura poétique et sa tension aux utopies futuristes.

Au final, l'aspect le plus convaincant de ces cahiers est le développement d'une approche rigoureusement critique, éloignée de toute apologie sentimentale, comme c'est généralement le cas en matière de surréalisme, sans se détacher des questions existentielles qui sous-tendent la puissance et l'impact de la détermination. ce geste. une réalité.

P. Éprouvé.

INES HEDGES, le langage de la résistance. Littérature et cinéma dadaïstes et surréalistes. Duke University Press, Durham, Caroline du Nord, 1983. Nations Unies Vol. 16 x 23,5, relief 166 pp.

Ce travail était avant tout un travail explicatif basé sur deux théories : Marvin Minsky, la "Frame Theory" et le "Natural Language Processing" de Terry Winograd, débouchant sur des propositions de construction de modèles et de méthodes d'écriture automatique de texte. .

Face à ces fondements sur lesquels repose la valorisation des œuvres, nous ne pouvons qu'expliquer notre propre impuissance. En fait, dans le cadre de notre champ, le dadaïsme et le surréalisme nous apparaissent avant tout comme des prétextes pour justifier ce cadre conceptuel ; compréhension des spécificités complexes du mouvement; cet essai peut également être adopté

rapport 335

Avec un peu moins de cent cinquante pages (138 à 146 pages pour l'annexe "Modélisation", le reste réservé aux notes et index) un vaste panorama - littérature, plastiques, films - produit par le dadaïsme et le surréalisme Mme Hedges n'a pas eu peur de continue la broderie sur l'oeuvre de Franz Mon, Herzzero (Berlin, 1968), la Rayuela de Julio Cortazar (Buenos Aires, 1972) et le Codex de Maurice Roche (Paris, 1974). Étonnamment, les informations de l'étude restent générales et vagues, voire erronées : Nadja est ainsi réduite au statut médiocre de "fiction", et le statut de l'histoire et le temps entre le moment de l'événement et le moment d'écrire . le temps pose un problème fondamental pour comprendre la nature du surréalisme, sa dynamique et sa finalité. Tout au long du livre, l'absence de toute signification historique rend tout ennuyeux : l'expérience linguistique de Desnos en 1922 n'était-elle pas censée être une exploration mystique du langage (littéralement) ? L'alchimie, devenue sa référence analogue très tardivement dans le développement du surréalisme, sert ici de principale clé d'explication, à commencer par les origines du mouvement.

Il n'y a pas de bibliographie et la confusion de l'indexation - confusion des noms propres, des concepts, des titres d'ouvrages - est gênante.

Bref, ce travail ne peut être considéré que comme un essai, il ne peut être le début décisif de ce moment artistique.

Chapeau marguerite.

Paul Valéry, O poder da mente, par NED BASTET, NICOLE CELEYRETTE-PIETRI, SIMON LANTERI, SERGIO VILLANI, DANIEL

MOUTOTE, HUGUETTE LAURENTI, JUDITH ROBINSON-VALÉRY, Teksteditie door H. LAURENTI, Revue des Lettres Modernes, serie "Paul Valéry", nr. 4, Parijs, Minard, 1983. Un vol. 13,5 x 19 van 179 pagina's

Ce nouveau volet de la "série Valéry" s'appuie sur les réflexions développées dans le volet précédent (sur la notion de systèmes), mais s'en éloigne en le mesurant d'un point de vue transcendant, celui de l'esprit, dit pouvoir. A la question du testeur "Que peut faire une personne ?", différentes communications répondront en choisissant à chaque fois un angle d'approche spécifique.

N. Bastet montre dans "Valéry et la contrainte de l'être" à quel point cette élévation de la force spirituelle, cette fierté de l'auto-conquête de ses possibilités, s'accompagne (au sens musical) d'un sens aigu de la contingence et de la fragilité de existence. Face à ce nihilisme existentiel, cette colère "de s'impliquer, comme dit Valéry, d'exister sans vouloir", toute une stratégie de défense se met en place. L'esprit tendu dans son énergie, secoué par une féroce clarté, semblait la seule - ridicule - issue à ce traumatisme ontologique fondamental.

Par conséquent, le pouvoir de l'esprit est limité. Les expériences douloureuses (à la fois physiques et mentales) nous relient à elles plus que toute autre expérience. N. Celeyrette Pietri, dans "L'esprit et l'idée fixe", analyse les différentes manières dont Valéry a tenté de violer ces dispositions. Il s'agit de se détacher de l'esprit vivant pour mieux se libérer des associations irrationnelles : maîtriser pleinement les manifestations programmées dans le système, voire les sublimer en cédant aux exigences de l'écriture. Ce ne sont que des refuges temporaires, attendant que la thérapie active la chimie du bonheur aussi impossible que les vertus oubliées.

Nous avons trouvé Valéry moins oppressant mais aussi classique, avec S. Villani soulignant la fascination de Valéry pour l'art militaire, la stratégie et ces personnages.

336 Histoire de la littérature française révisée

Le pouvoir absolu de Tibère, Caligula, Napoléon et d'autres. Le sosie obsessionnel du gladiateur, la fusion du guerrier et du cheval incarne la domination de l'esprit sur le corps, la maîtrise de soi et un autre nom pour le monde, qui indique l'aspect créatif de la composition poétique.

Sur un tel sujet, un parallèle Nietzsche-Valéry s'impose. Après E. Gaède, S. Lantieri, fidèle à sa méthode comparative (il a comparé Valéry et l'école viennoise dans la partie précédente), en a fait le sujet de son étude, insistant sur le lien entre « la volonté de puissance et la volonté de puissance " ". . Similitudes et différences. Le pouvoir de l'esprit".

Selon D. Moutote et H. Laurenti, la puissance de l'esprit n'est pas tant l'un des moteurs de la philosophie valériane que son fonctionnement. Moutote montre comment Valerian Doing peut se consacrer à un seul aphorisme, qui peut avoir des effets de sens différents selon qu'il s'agit d'un poème ou d'un carnet. Mais dans les deux cas, le langage reste performatif. La sémiotique était nettement supérieure à la sémantique, plaçant Valéry au premier plan de l'art du XXe siècle. H. Laurenti marque le vaste territoire du théâtre de Valéry, même dans ses projets mal élaborés, H. Laurenti nous présente des "personnages théâtraux de puissance spirituelle": Orphée, Amphion, Sémiramis, Faust, Le Solitaire. Ces personnages exemplaires, Valéry ne se limite pas à nous les présenter, il les manifeste avec une intuition subtile pour tous les problèmes de la scénographie contemporaine. La science de Valéry est là pour nous permettre de nous demander, H. Laurenti revendiquant avec humour son droit, est-il possible que la puissance de l'esprit ne soit pas une illusion théâtrale ?

De nombreux textes sur la valériane, peut-être les plus célèbres, sont

Réflexions sur le monde d'aujourd'hui. J. Robinson-Valéry s'est donné pour mission de

Mesurer "l'impact de la civilisation moderne sur la puissance mentale". se salit

Effrayant, car la prémonition de la valériane souvent citée est rarement entendue

Dans "Loisirs intérieurs". Votre sagesse ésotérique ne se propage pas bien à la télévision

devenir cliché. Plus grande est la banalisation de la parole

La technologie pour les livrer est plus sophistiquée. inflation générale... nous

Prévention en lisant ce livre inspirant qui nous invite à repenser l'idée

valéryenne continuait à nous interroger, comme le montre le tableau

Le tour était mené par Michel Décaudin.

Impératrice Pierre.

GIOVANNI DOTOLI, importante bibliographie de Ricciotto Canudo. Préface de MICHEL DECAUDIN. Fasan, éd. Schena, 1983. Vol. 17,5 x 24 relié 684 pages malades.

Paris, Ricciotto Canudo et des représentants de l'avant-garde italienne. Fasan, éd. Schena, 1984. Vol. 17 x 24 au total 77 pages doent.

Comme le disent nos amis italiens, Ricciotto Canudo (1877-1927), qui a passé la seconde moitié de sa vie en France au service de notre pays, reste une figure méconnue de notre avant-garde historique. Giovanni Dotoli, également directeur des publications de la Fundação Canudo, travaille dur pour faire connaître le travail du directeur du magazine Montjoie ! Mercure Hôtel de France. Suivant la formule de Michel Décaudin, qui a recueilli environ 3 000 entrées, une bibliographie révisée a été rédigée spécialement pour lui, qui « se lit comme une fiction », à condition que des œuvres inédites et manuscrites, annoncées inédites ou perdues soient ajoutées aux articles, poèmes, romans, pièces de théâtre. et bien plus encore, littéralement illustrés par 180 documents sur la vie, les amitiés et l'œuvre de ce pionnier des relations franco-italiennes.

rapport 337

Comme nous aimerions pouvoir offrir à tous les auteurs de notre bibliothèque un tel outil !

Lors d'un colloque organisé par Pierre Brunel sur « Paris et le phénomène de la capitale de la littérature », Dotoli présente un article sur l'image de Paris. Non content de faire du centre du monde moderne le "phare central d'une nouvelle humanité", le centre d'un art nouveau, il a voulu y voir la capitale de la Méditerranée, la transplantée (et non la déracinée !) génie" ville de United Pioneer Pie. Ce petit livre est enrichi de 38 illustrations consacrées à Paris et à ses peintres de l'époque (Delaunay, Severini...), ainsi que de majuscules minutieusement sculptées de documents canadiens parus dans des ouvrages antérieurs, en souvenir de notre fantastique Ville Lumière.

Henri Béhar.

BERNARD CHOCHON, une structure de "Noeud de vipères" de Mauriac, ennuyeux. Paris, Minard, Archives des Lettres Modernes, n° 216, 1984. Un vol. 13,5 x 18,5 de 92p.

Sans vraiment proposer de littérature ou d'éclairages nouveaux, le pamphlet donne un aperçu extrêmement cohérent et précis de quelques-uns des principaux éléments structurants des romans de Mauriac, étayés par des exemples concrets. Une étude systématique des tropes, des époques et de la chronologie a conduit aux mots-clés « trouble obsessionnel-compulsif » et « incapacité à communiquer », que M. Chochon associe volontiers aux phrases en majuscules dans la préface de « Le désert d'amour » Bellen, et il non, car il n'évoque pas au lecteur certains aspects de la dépravation de Camus. Notez également le diagramme de séquence d'histoire utile (p. 40) et un tableau précieux montrant les différences entre l'ordre des événements et l'ordre dans lequel les narrateurs sont présentés (pp. 66-67). Enfin très riches, ces tonalités vous seront d'une grande utilité.

Michael Outlaw.

GASTONE MOSCI, Mounier et Béguin. Urbino. Editions Quattroventi, La Bibliothèque Herméneutique, 1983. une partie. 14x20.5 au total 125 pages

Rappeler l'histoire de la revue Esprit, à partir des personnalités de ses deux premiers directeurs, et apprécier la pertinence de ses messages, semble être le double objectif de cet ouvrage, dont l'auteur, disciple du professeur Carlo Bo, premier Cahiers de la quinzaine et Péguyste L'importance du patrimoine. Les deux chapitres principaux commencent à décrire leurs apports respectifs, le « défi » prophétique de Mounier et l'expiation et la conquête de la « lumière » d'Albert Béguin.

A la recherche d'une nouvelle spiritualité, Monsieur Mosci oriente ses recherches à travers les idées de Péguy, Mounier et Béguin qui, dès 1930, s'imposent comme les héritiers des intrépides. Pour un lecteur français, il est très appréciable de noter l'influence italienne sur les courants culturels de notre pays, en particulier le fervent christianisme qui caractérise l'équipe d'Esprit. Liée à ce mouvement se trouve un courant soutenu par de nombreux penseurs et écrivains transalpins dès les années 1930, et plus encore après-guerre : ce courant est à la fois chrétien et démocrate (à ne pas traduire « démocrates-chrétiens »), en Autre Kalobo. L'ouvrage fait référence à diverses études italiennes et fait le point sur des événements comme la Conférence de Mounier à Milan (1981) ou l'époque romaine consacrée à Bergün en 1979.

338 Histoire de la littérature française révisée

Sans oublier les publications et événements étrangers, français, suisses et au-delà : la rencontre de Dourdan en 1982, commémorant le trentième anniversaire de la mort de Mounier, la rencontre de Catigny en 1977, avec Béguin et ses amis. Un ami de Marcel a contacté Raymond et consorts La personne qui semble finalement avoir le plus de crédit ici est Albert Béguin, que Carlo Bo considère comme "un symbole de la vie intellectuelle".

Robert Bayside.

JST Garfitt, L'œuvre et la pensée de Jean Grenier (1898-1971). Londres, Modern Humanities Research Association Texts and Papers (anciennement dans la série Papers), Volume 20, 1983. Nations Unies Vol. 15x22 de XII-187p.

Par une suite de circonstances anodines, cela signifie que Jean Grenier aura bientôt une place dans la littérature de ce siècle, et la meilleure place a toujours été la sienne : la première, ici prochainement Une réimpression de sa correspondance avec Camus, Les Iles - un ouvrage principal longtemps offert aux étudiants japonais dans une édition annotée de la traduction de Proust Inoué Kyuichiro - cette fois dans L'Imaginaire, où Gallimard exalte presque tout ce qui est digne d'un écrivain, et juste après son premier essai inédit en français, les Questions thématiques de C. Tarot en les Œuvres et Pensées de Jean Grenier, paraissent désormais en anglais - une lourde charge pour nous Leçons ! — Autre traité, cette fois traité holistique, sur l'œuvre et la pensée de Jean Grenier, complété par une excellente bibliographie, tant par Jean Grenier que par les plus sages d'entre eux Etude 1. Cependant, le premier d'entre eux, signé R . Andrianne, paraît à Bruxelles en 1953 sous le titre : Grenier, l'auteur incompris. Il y a deux raisons principales à cela : enseignant d'Albert Camus, puis maître en Algérie, il est souvent relégué au rôle d'enseignant tout au long de sa vie, au lycée puis au collège, où il a compris la mépris et méfiance envers les enseignants. Beaucoup d'écrivains ou de critiques favorisent ceux qui acceptent le lourd fardeau d'enseigner à écrire en toute liberté, mais Grenier sait qu'un bon écrivain recueille rarement assez de lecteurs pour vivre de sa paternité de droit d'auteur. De plus, le Breton de naissance a choisi de vivre sur la côte méditerranéenne (Alger, Naples, Alexandrie, Le Caire) et n'a pas fréquenté les cafés et rassemblements de la rive gauche, le succès de la librairie ou le succès instantané de sa librairie. gloire.

Ce que l'auteur de cet ouvrage perçoit dès la première page est exactement ce à quoi il a droit : il révèle cette synthèse d'idées au bout de onze chapitres, s'étalant sur d'innombrables volumes, publiés dans plus de 120 articles de revues, insaisissables et difficiles à définir, car l'auteur lui-même est constamment à la recherche de lui-même et de l'absolu. Récit chronologique de la réforme des orphelins de père, fortement formé dans le catholicisme breton, éveillé à la réflexion philosophique par Renouvier et Jules-Lequier, qui l'ont aidé

1. Errata : p. IX, lettres de licence, pour les lettres de licence ; P. 26, malentendu, par malentendu ; P. 81, soi-disant, soi-disant (vérifié dans Grenier); P. 77, Sénancour, à Senancour, Père Lelong Au nom du Père Lelong; p.116, Unité, par unité; P. 151, citation erronée du disque vert ; L'article de Grenier sur Freud ne parut pas dans le n° 4 en 1924, mais dans un numéro spécial faisant suite au double n° 4-5, p. 152, Alger, Alger : p. 153, NRF, 164, à 264 ; P. 154, Valery Rabo, pour Valery Rabo; P. 162, Etiemble, R, puis R. Etiemble, pour Etiemble ; P. 175, sur L'article sur la mort de Grenier n'a pas pu paraître en 1970, un an avant la mort de l'auteur...

rapport 339

S'interroger sérieusement et intimement sur les questions existentielles et métaphysiques du choix et de la liberté qui hanteront ses convictions religieuses jusqu'à sa naissance, mais quel parcours !

L'Inde, d'abord, ce brahmane, supportait tout ; puis la Chine, et son Tao (malheureusement il ne le connaissait que par deux médiocres traducteurs, dont celui du Père Vig, qui ne l'empêchait pas de l'utiliser) : « L'Absolu indien, l'alternance du Yin et du Yang, dont le Tao naît ou surgit, lui prouve que chaque philosophe s'est dépouillé de sa propre essence, ce qui était limité aux penseurs de l'Occident judéo-chrétien et la Chine a compris que l'être et le rien sont les contraires et les contraires de ce que Jean Grenier a choisi d'appeler Dieu l'Absolu, mais ils n'ont jamais guéri l'anxiété de choix des Britanniques méditerranéens, qui tentent d'échapper à l'anxiété de choix par l'ambiguïté, la variété et, surtout, des comportements déviants que Garfitt analyse parfaitement à travers un exemple vivant Grenier c'est un "arrière", Malheureusement, alors l'auteur ne mentionne pas que Jean-Charles Grenier reconnaissait (cette fois) dès 1924 l'article « L'Ambivalence des émotions de Freud » : « Remercions Freud de ce que lui, le premier, dans l'inconscient Une lumière si brillante se projette sur un fond sombre arrière-plan et comme les dieux, Lucrèce essaie de nous sauver par la science des peurs que nous nous créons. Ainsi un chapitre s'impose à l'inconscient du texte : il est perdu ; il aurait pu nous en apprendre davantage sur ces "états", "moments", "instants" privilégiés dont nous sommes à jamais "séparés". Garfitt est également très prompt à esquiver la pensée politique de l'écrivain égyptien. Selon lui, Grenier n'a jamais été aussi impliqué que "Spirit Friend". Eh bien, ces lettres d'Egypte prouvent que si Grenier affirmait son « aversion pour les formes sociales » : pour le stalinisme, le soi-disant socialisme ne fait que « rétrécir l'esprit » (comme le thomisme) et « doit s'étendre » ; avec toute l'habileté du jésuite Habib Ayrout avec le garçon, il l'aurait vu "abandonné par les hommes" et se serait senti moins misérable à cause de "ses compagnons d'infortune". répond à tous les arguments des colonialistes par une phrase récurrente : "Mais ils ont faim !". Enfin, Grenier dénonce le fétichisme de la marchandise : « l'exploitation rationnelle des ressources et rien d'autre », le seul absolu de la société industrielle, qui signifie pour lui la mort de l'humanité, et à juste titre.

Son tombeau en granit breton, orné de romarin méditerranéen, et son éventuel retour au mot "Dieu" dès l'enfance suggèrent qu'il fut "déchiré" jusqu'à sa mort.

Jenny Cohen-Etimbre.

Harald Emmes, prisonnier des âmes. Travail d'analyse de Roger Martin du Gard. Préface de SIMONE FRAISSE. Albi, édition Revue du Tarn, 1983. Part. 16 x 24 pages, 163 pages non totales.

Dans ce volume, Harald Emeis présente sept essais, dont la plupart traitent de la psychopathologie de Jacques Thibault et de plusieurs autres personnages. A quatre reprises (pp. 56-60, 113, 133, 148), H. Emeis conclut ses recherches et cliniques psychopathologiques en adoptant la même idée que « la similitude entre certains traits pathologiques dans la psychologie des personnages de Thibault » ; ainsi R. Martin du Gard fera largement usage des manuels psychiatriques et psychanalytiques pour créer ses personnages. Certes Martin du Gard s'est intéressé à ces questions, il est important de savoir quelles opinions il s'est forgé. Harald Emeis le suppose

340 Histoire de la littérature française révisée

Le romancier "n'a pas oublié d'étudier les publications de Freud et d'autres psychanalystes" (p. 113). Super, mais qu'en est-il du travail de Freud et d'autres psychanalystes ? Il y a tellement de différences entre eux qu'on ne peut pas tous les mettre au même niveau. Fait intéressant, H. Emeis cite abondamment des ouvrages que Martin du Gard a pu lire, mais ne fait pas référence au manuscrit de la Bibliothèque nationale, où l'on retrouve toutes les notes de l'auteur.

Harald Emeis a également fait l'inventaire de plusieurs modèles de Jacques, mais ses recherches étaient si obscures que le personnage était vu comme une juxtaposition de pièces supplémentaires. Faut-il préciser que Martin Dugard a vraiment une vision de l'homme aussi cohérente que n'importe quel grand romancier ? Ailleurs Jacques est décrit comme un "sauveur moderne" basé sur une comparaison très controversée : si Martin du Garde lit la Bible (comme Voltaire), y a-t-il assez de détails entre L'Été 1914 et la Bible ? Mot? ? Au contraire, la recherche sur le "comportement meurtrier" est plus convaincante, mais pourquoi ignorer l'article de M. Gallant (1971) sur le même sujet ?

Harald Emeis a le mérite de soulever des questions incontournables ; malheureusement, les erreurs méthodologiques affaiblissent souvent considérablement la portée de leurs recherches.

André Daspree.

Giono : Lire au pluriel. Études littéraires, Vol. 15, non. 3 décembre 1982, Les Presses de l'Université Laval, Québec, Canada. vol. 14,7 x 22,7, 183 pages.

Le titre Giono : lecture libre convient peut-être mieux à ces excellentes Études littéraires québécoises que « Lectures multiples », car il s'agit ici moins de méthodologie que de plaisir de lire, « accomplissement personnel, comme l'affirme C. Kègle dans son As dans l'introduction, mais la diversité des textes n'empêche pas la cohérence de la série, qui est assurée par deux thèmes et la base du dernier roman de Giono : le concept de vide (A.J. Clayton, L. Fourcaut, C. Kègle, M . Neveux , R. Ricatte) et le statut des écrivains par rapport à leur œuvre (J. Chabot, P. Citron, A.J. Clayton, L. Fourcaut, M. Neveux, J. Pierrot).

En conclusion, le texte de P. Citron sur « La Réorientation de Giono en 1939 » pourrait servir de trame à un ouvrage entier entièrement consacré au cycle et à la chronique des hussards. A partir du virage formé par Pour salut Melville, le critique énumère les amputations de l'inspiration de Giono (la fin du pacifisme, l'abandon des utopies paysannes) et les sources (liées plus directement à la biographie), mettant en lumière l'écriture fédératrice des ouvrages successifs Le l'existence du problème et la position de l'auteur dans l'œuvre. Outre ce développement très clair, il faut remercier P. Citron d'avoir mis en évidence certains effets de distance ou le caractère ironique du dernier Giono, et jusqu'ici peu étudiés.

Ensuite, il y a plusieurs articles qui se concentrent sur les constantes de l'histoire. Par exemple, R. Ricatte a publié un ouvrage très important sur « Les lacunes du récit et la richesse des lacunes ». Il dresse une typologie très complète des vides narratifs : manque d'informations sur les personnages, omissions dans l'action, focus différent du protagoniste, etc. Il souligne l'impact de cette technique sur l'histoire et attribue à tout le pouvoir irrésistible du roman de Giono. cela reste non dit. Plus important encore, il offre une explication à de tels choix : La psychologie du rejet

rapport 341

L'auteur et son rapport au thème fondamental de l'univers de Giono, qui est la tentation de perdre, une forme particulière de l'ennui pascalien.

L'article d'A.J. Clayton examine le processus narratif associé au vide avec une analyse très raffinée : "A clean slate heralds." Elle montre comment un phénomène s'est reproduit d'une œuvre à l'autre : le noircissement ou le blanchiment général du décor, signe de l'événement important de la crise amoureuse. Il montre également comment la situation devient finalement une métaphore de la carrière d'écrivain de l'écrivain, le tableau blanc nécessaire à l'origine et à l'émergence des verbes.

J. Chabot mobilise trois événements d'une même scène (empruntée à Jean Leblou, Hussard sur le toit et Le Bonheur fou) : la rencontre d'un héros avec une femme dans un grenier, et explore toutes les alternatives, les différents sens possibles. Ainsi, il se réfère à la fois aux travaux de Bachelard sur l'imagination spatiale et à une interprétation de l'ordre psychanalytique plus direct décrivant la relation mère-enfant, démontrant de manière concluante qu'il s'agit de la "situation de crise" la plus typique, jouant avec cette expression, qui désigne le héros Montrez-vous la situation ou la situation de l'artiste Giono devant son "grand théâtre".

Les réflexions de M. Neveux sur "Giono-Gygès" se présentent également sous la forme de superpositions de texte qui proposent la même situation romanesque : un personnage apparaît dans une scène, d'amour ou d'espionnage, mais reste invisible. Toutes les composantes ont été soigneusement documentées par l'auteur, pour qui il s'agit d'une transgression, non pas tant sociale ou morale, mais métaphysique, et à ses yeux synonyme du « désir créateur de s'approprier » de l'auteur.

Les trois autres moyens de communication sont pratiqués pour une fonction précise. C. Kègle se concentre sur L'Iris de Suse. Elle étudie systématiquement l'intégration de trois niveaux narratifs et identifie des « champs sémantiques d'absence » pour chaque niveau. Elle examine ainsi le lien entre ce personnage vide et la composante narrative du roman et conclut que « l'absence d'absence » entraîne la présence dans cet essai.

J. Pierrot note que dans Les Grands chemins, le parcours du personnage principal est décrit comme une « errance presque morbide », pointant une série de violations des règles sociales ou morales. Il soutient que ce parti pris de la part de Giono peut provenir de la confusion créée par "l'incertitude fondamentale de la 'pulsion sexuelle gionienne'" et est plutôt lié à une autre hypothèse, à savoir que l'artiste et le narrateur sont des substituts de l'auteur, que ils prennent la liberté de condamner les commandements moraux, le risque et le risque de révéler les voies de leur propre création.

Toutes ces recherches sont excellemment résumées dans l'article de L. Fourcaut sur Noé intitulé "Antécédents et Forme". Il développe l'hypothèse de R. Ricatte, révélant la nécessité d'élargir la circulation "au-delà de la barrière cutanée" - dont le risque est la perte - et la nécessité de la préservation - le risque d'une gourmandise excessive - il passe par plusieurs images. En étudiant ces concepts, il renouvelle l'unité profonde de ces images. Enfin, il montre comment, dans Noe, Giano réussit à « élaborer l'expression apollinienne de la force de fond dionysiaque », couplant souplesse de l'intrigue, voire instabilité ou excentricité, à une forme de fiction reconnaissable et finalement close.

Mireille Saquet.

342 Histoire de la littérature française revisitée

Correspondance Jean Giono-Lucien Jacques 1930-1961, édition préparée et annotée par PIERRE CITRON. Paris, Gallimard, "Cahiers Jean Giono 3", 1983. une partie. à -12° à partir de 249 p.

La partie 1922-1929 de cette lettre parut en 1981 chez Gallimard. C'est le deuxième et dernier tome à paraître et il mène les lettres d'amitié de 1930 à la mort de Lucien Jacques en 1961. Ces lettres n'ont pas été publiées et Pierre Citron y a inclus deux documents utiles : le témoignage de la conférence, les écrits de Giono et Amédée de la Patellière et les "Mémoires" de la traduction conjointe de Moby-Dick par L. Jacques.

Dans une récente revue d'histoire de la littérature française, j'ai eu l'occasion d'exprimer mon respect pour cette édition, correspondant de Giorno - poète, musicien et danseur - quelle est la personnalité d'un homme aussi charismatique ? Brillant aquarelliste, ami désintéressé et délicat; et quelle riche chronique cette correspondance entre Giorno et lui nous donne des débuts de ce romancier, L. Jacques est le romancier-inventeur de la maison ; Pierre Citron était aussi un exégète hors pair (ses éditions Balzac et Berlioz sont fiables) : il connaissait bien l'œuvre de Giono, était un ami de Lucien, et était proche des connaissances de du Contadour et des deux compagnons.

Cette connaissance et cette érudition directes et personnelles de P. Citron font merveille dans ce livre. La datation de ces lettres pose des problèmes délicats : il les résout avec une extraordinaire élégance ; souvent (surtout en temps de guerre) les allusions de Giono deviennent mystérieuses et la structure quotidienne de la biographie opaque : grâce à lui et à lui-même De tous les témoignages recueillis, P. Citron clarifie pratiquement tout. Nulle hagiographie dans ses propos : il connaît mieux que personne les inventions indiscrètes ou spontanées dont Giono est capable, et il les conseille avec toute la délicatesse et la précision d'une sobre amitié.

Le contenu de ces lettres nous fournit une mine d'informations sur la vie et les engagements politiques de l'auteur ("Je suis déterminé qu'en ce siècle tant d'idiots et de connards essaient de jouer cet homme", écrivait-il en 1934, alors qu'il était préparant la pose pour défendre le prisonnier d'Hitler Telemann), sur Cantadour et ce que ses carnets - des oeuvres de Lucien Jacques et même de Bigiorno - sur l'occupation, à travers lesquels il gère deux fermes, cache des résistants, etc. Tout un cercle d'amis, des liens littéraires ( avec Poulaille et le New Age, avec Gide, avec deux éditeurs rivaux) revit ici, et L. Jacques mesure avec finesse les dangers auxquels sont confrontés les intellectuels parisiens Sauvons le nom de l'ignorance.

Cette clairvoyance d'ami s'ajoute à la perspicacité d'un critique que Lucien a toujours entretenu à l'égard des livres de Giono, par exemple lorsqu'il n'hésite pas à l'avertir de ne pas ignorer les fantasmes qui menacent de sombrer, comme en témoigne avec force son ami. la demande ("Un jour tu feras ce que toi seul peux : Ce livre donne une raison d'être pour une génération") et l'a aidé à la réaliser.

Dans les lettres de Giono, nous continuons à nous concentrer sur les chroniques de sa famille et surtout sur la relation intime et émouvante qu'il entretenait avec sa littérature. On a envie de tout citer : ce « burnout de personnalité » qu'il a ressenti en écrivant Une troupe ; l'ouverture progressive sur le monde que procure le rythme du texte ("Je veux finir tout ce que j'ai à dire et dire ceci, laisser l'horizon s'ouvrir autour de moi en marchant"), l'écriture mousseuse aventureuse se mêle à lui ("L'histoire court au grand galop... sur la composition de "Chant du monde").

rapport 343

Plus intimement encore - à un niveau qui transcende l'événement biographique - nous arrivons au vide fondamental dans lequel s'est vidé cet homme si passionné de la vie. Reprenons le témoignage donné plus tard dans ses romans, on peut croire qu'il est fictif ou amplifié, ce vide, et qu'il est pris dans un véritable appel à l'aide, à un ami, "pas seulement à un frère". la douleur elle-même l'habille d'un détachement tremblant marqué par l'usage de l'imperfection : "Mon cœur guérit comme on nettoie un morceau de bois avec un couteau", "Je ne touche plus rien autour de moi", "Tout autour de moi perd couleur et forme" .

Même si les lettres ne contenaient que ce témoignage direct de la cruauté de la vie, elles vaudraient la peine d'être publiées : Combien vaudraient-elles de plus, si l'on mettait leur richesse en balance avec le dévouement attentif et efficace d'un bon éditeur ? Lisons-les clairement !

Roberto chantage.

PETRA VOIGT-LANGENBERGER, Poésie antifasciste en France 1930-1945. Peter Lang, Europaische Hochschulschrifts, 13, Francfort-sur-le-Main, Berne, New York, 1983. Nations Unies, vol. in-8° de 251 p.

L'auteur présente la poésie antifasciste de 1930 à 1945. Son propos est de montrer que depuis la fin des années 1920, la France a produit une littérature dont les auteurs se tournent vers la politique et explore le rôle social des écrivains et de la littérature dans la lutte contre la redéfinition du fascisme. le fascisme en conversation avec le communisme. Ainsi, la continuité de ce processus est démontrée, le développement de la "poésie de résistance" au sens le plus large, qui s'est achevé en trois étapes : de 1930 (Congrès de Kharkov et préparatifs de la formation de l'Union des écrivains révolutionnaires) à 1934-1936 (Front Populaire, victoire électorale de la gauche) ; Guerre civile et résistance espagnole (Seconde Guerre mondiale). Son principal argument est que la poésie de résistance étroitement définie, c'est-à-dire la poésie écrite pendant l'occupation allemande, est une excroissance ou un développement logique de la littérature antifasciste antérieure. La lecture de 20 poèmes montre l'engagement antifasciste grandissant des intellectuels français de gauche. P. Éluard et L. Aragon sont des centres d'analyse concernés par l'interaction entre l'histoire et l'écriture lyrique. La lutte antifasciste et la performance politique et artistique des écrivains sont saisissantes. Les auteurs fournissent de nombreux exemples soigneusement sélectionnés basés sur les publications connexes d'Aron, J. Duclos, H. Michel, R. Freiberg et W. Klein. Peu ou pas de théorie littéraire est impliquée. Dans l'interprétation de la poésie, les réflexions sur le contenu et le thème prédominent, tout comme les apparentes relations référentielles.

Malheureusement, les questions esthétiques ont été quelque peu négligées.

La valeur de cet ouvrage réside principalement dans le panorama qu'il donne, compte tenu des années 1930, notamment dans la conclusion de l'anthologie de l'ouvrage, qui contient 60 poèmes, dont la plupart n'ont pas été publiés ou réimprimés depuis l'édition originale, un anthologie de l'anthologie déjà intéressante et riche en poésie résistante bien connue.

Christa Beverness.

St. John Perth, expédition. Edition révisée, manuscrit transcrit, recherche par Albert Henry. Publication de la Fondation Sint-Jan Perse. Paris, NRF Gallimard, 1983. Un Vol. Total 323 pages

La revue d'Albert Henry d'Anabase de Saint-John Perse présente une

344 Histoire de la littérature française révisée

Double avantage : Premièrement, révéler au public l'existence d'un état manuscrit substantiel du poème et fournir des transcriptions. Nous remercions le critique d'avoir épuisé sa patience dans ce déchiffrement, vertu qui n'est plus aujourd'hui associée à l'œuvre du moine-écrivain. Deuxièmement, grâce à ce matériau inédit, une relecture d'un poème dont l'éclair elliptique surprend depuis le désespoir de T. S. Eliot à trouver « la clé » est proposée.

Cependant, comment ne pas être dommage que les éditeurs n'aient pas mieux aidé les chercheurs, et que le papier à la texture laide et la photographie imparfaite aient transformé ces pages manuscrites au texte clair et net en grimoires presque méconnaissables ? Que dirait Saint-John Perse de ces personnages de "farine de riz", qui ont créé de belles calligraphies avec leur cœur ? En effet, la transcription linéaire du manuscrit ne remplace pas la perspective diachronique des différents états du poème, ni l'agencement spatial des variantes sur la page.

C'est ce précieux matériau qu'Albert Henri a esquissé dans le dernier quart de son ouvrage, et depuis ses études d'Amers (1963) et plus récemment de L'Amitié du Prince, il nous a donné l'habitude de lire Anabase. Les preuves disponibles indiquent un parallèle entre le contenu thématique du poème - l'atteinte de la solitude et de la vie intérieure après une expédition à cheval dans les hautes terres arides de Chine - et l'ascétisme lent et progressif de l'écriture elle-même. Le caractère mystique du poème est donc plausible et meilleur qu'avant : elliptiques, impersonnels et abstraits sont des produits conscients et soigneusement conçus du premier texte, nourris par l'expérience vécue et concrète. De cette manière, de nombreuses lacunes ont été comblées et de nombreux chaînons manquants sont apparus.

Cette ride est décrite comme une rêverie systématique dans la terminologie persane, le conflit et le conflit entre le texte reçu et le texte épuisé, entre l'instinct et l'intellect, entre "l'activité de rêve" et l'effort de "pensées nues". .

Henriette Leverland.

David Braby, Théâtre français moderne 1940-1980. Cambridge, Cambridge University Press, 1984. Nations Unies Vol. 15 x 22,5 299 pages

Ce livre est un excellent exemple de la qualité qui peut être maintenue et du service qu'un livre vraiment biaisé peut fournir. Il est présenté comme l'évolution du théâtre moderne en France de 1940 à 1980, ce qui marque d'emblée son originalité et son caractère ludique : cette fois les théâtres de la période d'occupation n'ont finalement pas été fermés, cette fois pas seulement après Naviguer les grands jours de l'absurdité théâtrale. Inutile de dire que les théâtres de boulevard ou les théâtres traditionnels ne sont pas pris en compte ici : heureusement, Anouilh et Cocteau n'ont pas souffert de cette exclusion, et des pages très honnêtes lui ont été consacrées, même si elle a été presque tacitement ignorée depuis deux ans. décennies. L'oeuvre d'Anouilh. D'autre part, la grande vague de la recherche, le lien étroit entre metteur en scène et auteur (sinon acteur), a redonné au monde du théâtre une présence mondiale dont il est devenu le seul légitime. L'histoire du texte est désormais inséparable de l'histoire de sa scène. Dans cet esprit, une séquence ingénieuse tout au long du livre favorise la clarté de la progression vers les dernières tendances sans trop de distorsion chronologique : nous sommes tout de même un peu surpris de constater que p. 233, avant mai 1968 sous le nom de La

rapport 345

Les promenades dominicales de Georges Michel dans les années 1970. L'analyse du texte et des performances est claire et méthodique, présentée dans un langage clair, riche de détails savamment choisis, mais en l'occurrence elle ne vaut jamais mieux que certaines pièces, certains auteurs et certains conducteurs . Soit dit en passant, la meilleure partie de l'ouvrage est les accents sur le brechtianisme français, Adamoff (M. Teatro. Dans ce domaine, la qualité du travail de l'auteur et l'utilisation de son développement sont essentielles.

Mais le déséquilibre général est flagrant. Est-il raisonnable de consacrer une trentaine de pages à Adamov quand Audiberti doit se contenter de deux pages et que Billetdoux et Ghelderode ont chacun une allusion ? L'exemplarité du rapport de Camus au théâtre, l'extraordinaire influence du TNP de Jean Villars (aucune de ses scènes n'a été étudiée, ni une seule photographie montrée) et la popularité actuelle du Théâtre Claudel auprès des jeunes Pas de statut marqué comme metteur en scène , ni l'importance des pièces et des films de Marguerite Duras, ni le sens et la cohérence des aventures d'Antoine Vitez, comme (Il n'a pas droit à une courte mention dans "Création collective" avec Catherine). On mentionnera toujours des lacunes : une histoire sérieuse peut facilement les combler. Mais c'est peut-être le plus grave qui touche les acteurs. Ce théâtre d'une quarantaine d'années, malgré l'impérialisme dévoré des metteurs en scène, est toujours un théâtre de grands comédiens. Maintenant avec M. Ni Bradby, ni Daniel Solano, ni Sylvia Monfort ne sont jamais apparus, bien que tous les acteurs de Planchon aient été soigneusement crédités. Georges Wilson n'est qu'occasionnellement crédité pour la mise en scène de pièces de Sartre et Maria Casarès dans les légendes des photos.

M. Bradby n'est valable que dans des limites strictes. Cela oblige à chercher ailleurs.

Michael Outlaw.

ROSELYNE KOREN, L'Anti-récit (Le procédé stylistique dans les romans de Jacques Audiberti). Genève-Paris, Éditions Slatkine, 1983. un volume. 15x22 au total 252 pages.

A l'occasion du vingtième anniversaire de la mort d'Audiberti, on s'attendrait à un hommage inconditionnel aux recherches que Roselyne Koren lui a consacrées. La nécessité d'une vue d'ensemble de l'œuvre de ce « grand rhéteur » du XXe siècle est évidente. L'auteur parvient à faire ressortir la complexité et la subtilité de la « technique de la mosaïque » (p. 205) qui caractérise l'interminable travail linguistique d'Audiberti. Une grande partie de son analyse est de bonne qualité et suggère fortement que "le roman était pour lui une aventure linguistique irréductible" (p. 101).

Pourquoi le portrait d'Odi Berti figure-t-il malheureusement en filigrane de cet ouvrage dessiné de manière si ironique ? Il ne fait aucun doute que Roselyne Koren a manqué le sens de l'humour et les bons mots d'Audiberti. Surtout, elle lui accorde une innocence somptueuse ! Selon lui, son projet d'écrivain était « de stimuler l'attachement du lecteur après qu'il ait été mis en transe » (p. 11). Ailleurs elle penche plus vers l'hypnose (pp. 12, 22, 58, 230, etc.) sans trop se demander si l'un est compatible avec l'autre ! Ailleurs, elle pare à nouveau Odiberti de toutes les caractéristiques d'un convulseur : « La fusion des procédés stylistiques indique simultanément que le romancier est tombé dans une transe où il essaie de

346 Histoire de la littérature française révisée

Communiquez cette condition au lecteur" (p. 82)... Finissons-en avec la sorcellerie littéraire !

Une autre faiblesse majeure de l'étude est l'incohérence des hypothèses théoriques : quelle est cette contre-histoire qui lui donne son titre ? Dans un premier temps, Roselyne Koren oppose à l'histoire, qui selon elle définirait le roman traditionnel, les myriades de digressions qui se multiplient au gré des errances de l'imaginaire du romancier. Cet anti-récit formera finalement l'essentiel de l'œuvre, l'histoire n'est qu'un prétexte et un écran obligé... Pourtant, il n'est pas nécessaire de lire Diderot, Proust, ou mille autres romanciers pour comprendre cette simple contradiction entre récit et contre-récit et en faire la clé de la modernité d'Audiberti ! Et ce n'est pas tout : la contre-histoire commence alors à flotter ! Ce n'est plus l'épanouissement du discours, mais le discours du roman lui-même, tel qu'y opère l'invention du langage : « Le contre-récit est le résultat de la poétisation de la prose, soumise à la tyrannie d'un thème compulsif » (p. .136). On lit aussi dans une note de bas de page que certaines héroïnes « contribuent à faire du roman une contre-histoire » (p. 181, note 175) ; à côté de La Nâ, "c'est un contre-récit par excellence, un "journal" de fiction" (p. 203). Bref, tout est dans tout, et vice versa, et, on l'a vu, les contre-histoires ne sont rien d'autre que des romans toujours libres de rythme et souples dans la définition...

En fin de compte, Audiberti sera le premier à se rebeller contre l'exagération vide de Roselyne Koren et son obsession de l'exagération : quand Audiberti se jette dans le roman, il est « téméraire » (p. 57). Le but est-il de poétiser la prose ? Sa carrière, bien sûr, est "folle" (p. 150). Votre père était-il fétichiste ? Il doit être « fanatique » (p. 220). Si l'intrigue semble inféodée à une mise en ordre paradigmatique, elle est « implacable » comme accumulation et répétition « inlassable répétition » (p. 229)... La dévotion de Roselyne Koren à l'auteur explique peut-être cette pitié débridée. Elle ne lui a pas pardonné. La "cause" que l'on prétend légitimement défendre ne bénéficie pas d'autant d'approximation et de complaisance.

Jean-Jacques Rubin.

Michel de Ghelderode, dramaturge et conteur, édité par RAYMOND TROUSSON. Publié par l'Université de Bruxelles, Bruxelles, 1983. Part. 16 x 24 pages de 180 pages

Les traités du Colloque Ghelderode de 1982, publiés par les Éditions de l'Université de Bruxelles de l'Université de Bruxelles, commencent et se terminent par deux textes consacrés à honorer l'écrivain franco-flamand et à le démystifier, lui et ses amis. prudent ou naïf, pour élever des décennies de vie par des commentateurs et des biographes. Non, Ghelderode n'est pas une douleur métaphysique, ni un folkloriste ardent, ni une pointe amère : de sa biographie à ses écrits il y a un monde et Les Entretiens d'Ostende, longtemps considérés comme les clés de l'énigmatique auteur, grâce à leurs faiblesses et Des lacunes démontrées par Roland Beyen dans deux ouvrages majeurs et bien d'autres études, qu'ils traitent avec beaucoup de soin. Les auteurs de ces deux articles ne sont autres que Raymond Trousson, qui a rédigé les actes du colloque, et R. Beyen lui-même.

1. Quelques erreurs se trouvent ici et là : les événements sont souvent tronqués par un de leurs r (pp. 78, 91, 95), taxé est utilisé avec un adjectif (« taxé de périmé », p. 214). Le critique Henry Amer (H. Bouillier) a un y au lieu d'un i (p. 151 et bibliographie). La bibliographie omet "Viva o Violão" dans le recueil de poésie, seulement "O Cavaleiro" dans les oeuvres dramatiques, et classe étrangement "l'Opéra Mondial" en prose dense comme un roman poétique...

rapport 347

Fait intéressant, cependant, le corpus contient des contributions folkloriques et biographiques sous la plume de J. Francis et J. Blancart-Cassou, sujet de deux études de longue haleine que l'on pense être le résultat du lansonisme et de Freud. approche principale. Plus regrettablement encore, l'étude de J. Blancart-Cassou était consacrée au conteur Ghelderode, et en dehors de l'étude de R. Mortier sur « La fonction de l'espace dans Les Sortilèges », les autres études n'étaient pas seulement de portée limitée : une solide littérature historique, Une clarification du sujet, un tour d'horizon du thème, un rappel de l'esthétique, voilà ce qu'on y trouve : rien à négliger, certes, mais pas très original non plus. Au contraire, R. Mortier voit bien que le fantasme de Ghelderode est l'aboutissement d'un programme fantastique qui articule de toutes pièces « un rite de passage assimilé à la transgression, voire au blasphème » (p. 132).

Le narrateur Ghelderode, 20 ans après sa mort, réussit soudain - mais le détachement est difficile - à sortir du cocon de l'auteur Ghelderode et à prendre une véritable dimension littéraire. Il en va de même pour les dramaturges, grâce à une étude particulièrement astucieuse de M. Autrand et M. Otten : « Le Spectacle des cadavres tombés au théâtre de Ghelderode » décrit pour la première fois précisément la perte et la faiblesse des personnages de Ghelderode, mais surtout le tout réalisé sur fond de cette raison d'être complaisante : il s'agit de trouver une gestuelle qui tend vers la brutalité du choro tout en exprimant la « dramatisation exacerbée » de son expression. Terreur et Carnaval forment un couple. Elles ne relèvent pas d'une fascination mélancolique ou d'une prédilection pour le pittoresque, mais d'une interdépendance primitive que M. Otten interprète dans les termes de l'anthropologie de René Girard.

Malheureusement, peu des 18 articles atteignent cette densité, et la plupart se contentent d'éclairages historiques, descriptifs, comparatifs, voire anecdotiques qui n'offrent aucune perspective nouvelle sur un monde si secret - au-delà de ses spasmes et de ses facilités - l'œuvre du dramaturge et conteur Ghelderode. En tout cas, dans ce livre, nous sommes sensibles à l'enthousiasme avec lequel les orateurs parlent de « leurs » auteurs.

Michel Colvin.

MICHELINE TISON-BRAUN, ce monstre incomparable... Malraux ou le mystère de soi. Paris, A. Colin, 1983. Un volume. 13,5 x 21 au total 168 pages

Ce petit livre réalise avec soin un projet audacieux qu'aucun critique n'a osé à ce jour depuis la mort de Malraux. et la littérature, et la diversité de ses expressions : romans, essais sur l'histoire et la psychologie de l'art et de la civilisation, récits autobiographiques. Réfléchi, énergique, édifiant et direct. Micheline Tison-Braun esquive les clichés de la critique de Malrous et s'attaque à l'essentiel avec une recette brillamment écrite et richement formulée qui se rapporte à Malraux lui-même. Philosophe, historienne de la pensée et de l'humeur — on doit ses études à La Crise de l'humanisme, Le problème de la personnalité dans la littérature française contemporaine — l'auteur se soucie du sens de l'œuvre, non de sa valeur esthétique et de sa forme, on ne saurait trop insister, ici est la magie insidieuse d'un style dont la puissance rythmique ou lyrique

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Le sommet des questions ontologiques (p. 130) est la structure spécifique du noyer d'Altenbourg (pp. 48-51).

Repenser le fil conducteur de toute l'œuvre de Malraux part de la question primordiale de la nature humaine et du mystère de la conscience de soi, posée par Kyo, le protagoniste de La Condition humaine : « Pour moi, pour moi [...] je quoi » Une affirmation de la folie : plus intense que tout... ce monstre incomparable... tout ce qui existe en soi. Qui suis-je, ce moi qui peux me créer et m'inventer en même temps que le monde ?" donne force et unité à son travail. Il « fut l'un des premiers écrivains à l'exprimer en langage moderne, surtout avec un accent propre au XXe siècle (p. 5). La métaphysique, bien qu'indifférente à la théorie et aux systèmes, mène ses investigations sans l'aide de la psychanalyse ou de la science. , introspection narcissique, les conduit empiriquement et n'entend pas se précipiter dans la vérité absolue ou les réponses définitives.

Pour comprendre cette idée, l'analyse de Micheline Thyssen-Braun s'organise selon une perspective qui semble dominée par la méthode de l'auteur : « sa pensée ne va pas de certitude en certitude, mais du problématique au mystique, c'est-à-dire du l'expérience vécue à la métaphysique interrogative », et « si un homme doit le comprendre, il est obligé de revenir encore et encore au même point, mais dans une spirale ascendante pour trouver un horizon toujours plus large » (pp. 135) .

La première spirale : l'auteur traite du cycle du roman, de la recherche de soi arbitraire par l'action. Micheline Tison-Braun benadrukt de tweedelige compositie "historische actie naar voren geprojecteerd, reflectie in de diepte" (p. 13) en elementen van deze twee verschillende essenties, gebeurtenissen en bewustzijn van "Descent into Hell" Dose (hoofdstuk I) getypeerd door bepaalde scènes in The Human Condition, tot "de put van pijn in het innerlijke leven" (p. 20), tot Noyers de l'Altenburg (hoofdstuk III, "Hope or the devil of contingency"), duidelijk in zijn ogen de hoogte van le boulot.

La deuxième partie est une exploration de l'imaginaire. Malraux n'accorde pas à l'inconscient le statut que lui accordent des contemporains comme Breton, mais il en est fasciné : Le Temps du Mépris est restitué à travers la représentation du monde intérieur (Chapitre IV : « Le pouvoir des images »). d'une part, Malraux apprécie le dynamisme qui prend la forme de rêves et se transmet de génération en génération (Chapitre 5 : « Rêves et Mythes »). Ce pouvoir d'imagination, qui permet aux humains de construire des mondes d'ordre et de sens, se manifeste d'abord dans « L'artiste, un homme exemplaire » (chapitre 6) ; A l'état pur, il incarne l'essence de l'homme » (p. 58).

Enfin, la troisième et dernière partie de cette étude ("La question du sens") contient les contributions les plus récentes et personnelles. Micheline TisonBraun confronte, avec complexité et mystère, les principales questions qui traversent l'œuvre, mais sont approfondies dans les essais finaux. Antimémoires, La Corde et les Souris, L'Homme précaire... Elle explore le concept de métamorphose (chapitre 7), et comment cet esprit résolument agnostique cherche l'éternel face aux « trois voies par lesquelles l'homme va vers l'éternité ». . Assumer son état mortel, défendre sa dignité contre sa double asservissement au temps et à l'apparence » (p. 107) : divin, sacré, moderne, chacun contemplé par les créations qu'il engendre. Cherche les principes de la liberté créatrice (Chapitre VIII). rejoint Lazare, Antimémoires et

rapport 349

Les Chênes qu'on fragilise et reflète admirablement l'expérience rapportée de Lazar du « Je suis sans moi », une expérience de perte de connaissance au seuil de la mort révélée par la syncope, qui la mène au dernier extrême de l'expérimentation qui atteint le point humain sont données (chapitres 9 et 10).

Le livre résume l'ouverture de l'ouvrage : « [Malraux] était conscient qu'il vivait à la fin de la civilisation, mais croyait encore à la métamorphose, qui peut à la fois créer et détruire » (p. 162). Il croit fermement que l'aventure humaine, aussi dangereuse soit-elle, transcende toutes les considérations surhumaines ou surhumaines, déterminées par ce qu'il fait du monde qu'il accepte.

Cette revue, sans aucune preuve d'érudition ou d'équipement critique, et avec peu de notes, est le résultat d'une connaissance et d'une réflexion approfondies et étendues sur de nombreuses années. Il a valu à l'auteur un Oscar en 1983. En fait, il retrace un vécu qui se lit comme un roman dans un parcours original et nettement subjectif.

Christian Mortie.

TERESA DI SCANNO, la vision du monde de Le Clezio. Cinq articles de recherche. Liguori-Napoli, Nizet-Paris, 1983. Un volume. 13 x 20 pages, 135 pages au total.

Entre 1978 et 1980, cinq études de cette collection ont été publiées (dans Bollettino dell'Istituto di Lingue Estere e Letter). En voici les titres : I. « La peur personnelle et un sens cosmique dans une orgie matérielle » (pp. 11-35) ; II. « La mécanique, les inhumains et le fantastique chez les géants » (pp. 37-52) ; III. "La quête du bonheur (pp. 53-74, impliquant Mondo et les étrangers sur Terre)" ; IV. "Mountain of the Living Gods", Enlightenment Tale (pp. 75-97, d'après une nouvelle de Mondo); voir Désert (pp. 99-121). Dans un souci de « souligner le contenu du texte pour articuler la vision du monde et la présentation de la condition humaine qui sont l'essence de l'œuvre de Le Clézio » (pp. 9-10), Teresa Di Scanno trouve des mots-clés (électricité, autre côté, centre , mer, soleil), éternel présent, collage (interprété de manière ambiguë : « Le but d'un écrivain est avant tout de troubler l'esprit », p. 49), rôle de l'eau, transformation et identification, répétition, précision poétique, comparaison, la réalité du spectacle devenant réalité psychologique, le sentiment d'évasion, la philosophie des types conventionnels, mais l'auteur ne semble pas se rendre compte que tout cela est déjà caractéristique de son premier ouvrage Le Clézio (voir compte rendu approfondi de 1965). Constats intéressants : l'importance de la musique (p. 7173) et l'évolution du style s'adaptant progressivement à l'âge des enfants (les « héros » de Le Clézio sont de plus en plus jeunes). Joyan Boyer et Faulkner s'ajoutent aux "maîtres" du Clézio (Michaux, Lautreamont, Artaud). Dans la « Bibliographie essentielle », on regrette l'absence de Kiltz, Transpersonales Erzählen bei Le Clézio (1977) et Barilli, L'Azione e l'estasi (1967). La « critique française » et la « critique italienne » sont un choix judicieux ; mais où sont passés les Pays-Bas (Itterbeek, Loreis), les États-Unis (Federmann, Fowlie, Oxenhandler, Salij) et l'Allemagne (Beckmann, Bienek, Schmidt, Zeltner-Neukomm) ? Il n'y a qu'une seule erreur : Adam et Polo (p. 120, note 31) ne sont pas deux personnes, mais une seule !

Adolf Brumel.

CV

Bernardin de Saint-Pierre et "La Vie des Saints":

mémoires sur quelques saints

Dans "Paul et Virginie"

D'où viennent les personnages de Paul et Virginie ? Aux éléments anecdotiques ou biographiques traditionnellement proposés, le "cratilisme" spontané de Bernardin de Saint-Pierre (le nom est la raison d'être) suggère d'ajouter une autre interprétation. Si le nom de Virginie indique clairement le destin du refus de la sexualité adulte, les noms de Paul et de Marguerite renvoient à la lecture de la vie des saints, qui marqua profondément l'enfance de Bernardin autour de Thèbes. La marguerite de Cortone entretient non seulement une relation étroite avec le thème romantique des espaces clos et de la nature nourricière, mais favorise également l'évacuation de la figure paternelle et l'alimentation du fantasme de la reproduction asexuée.

Jean Michel Laco. (Bernardin de Saint-Pierre, Paul en Virginie, hagiografie).

Entrées dans les romans féminins au XIXe siècle - Une étude de cas des romans en série sous la monarchie de Juillet

À travers les multiples représentations féminines fictives dans les romans en série de la monarchie de juillet, il dépeint l'idéologie et les rôles fictifs des femmes à l'époque. Elle a peu de caractère social, si ce n'est qu'elle n'appartient qu'à la vie privée, mais en réalité elle est le pari des désirs de l'homme et l'instrument de sa puissance. La définition de cette passivité fonctionnelle est "naturelle". Devant le miroir du désir masculin de la loi, elle joue avec lui dans son ambivalence (femme fatale/femme idéale) et dans ses ambiguïtés, contradictions internes. En fait, le gardien de la loi devrait aussi être celui qui permet que la loi soit enfreinte. Mais elle existe toujours, doublement rassurante dans son hétérogénéité fictive, inscrite avec place au pouvoir masculin - comme en témoigne l'image de la femme fatale, au contraire, mortifère et mortifère, comme chez les hommes et leurs maris qui lui ressemblent.

au même moment

Liz Quaffleck.

(XIXe siècle, roman feuilletonné, femme fatale, femme idéale).

Fermé et ouvert :

"NRF" avant la réforme de la Sorbonne

et affronter le problème du classicisme

Extrait du chapitre « Le Clos et l'Ouvert » de la deuxième partie de l'étude sur André Gide et de la première Nouvelle Revue française, consacrée à 1912. Le texte de synthèse de 2009 analyse l'attitude idéologique du groupe. L'enregistrement de N.R.F. Face aux problèmes de la nouvelle Sorbonne et

programme scolaire 351

Le classicisme montre que les "Pères fondateurs" ont montré une attention particulière à la nouveauté tout en critiquant les idées reçues et les idées conventionnelles. Pour N.R.F. les notions de « profondeur » et de « complétude » sont plus importantes que celles de « perfection » : à cet égard elle reste « classique » et s'annonce moderne.

AUGUSTE CORNERS [écrit]。

(Nouvelle Revue Française, Nouvelle Sorbonne, Classicismo).

Saint-John Perse et les arts visuels

Dans le premier ouvrage d'Alexis Leger (le futur Saint-John Perse) on retrouve

Cela témoigne de son intérêt pour la peinture, mais surtout

Prose littéraire ou poétique. De 1914 à 1962 il semble avoir rompu avec elle

peinture, mais cela alimente sa poésie de deux manières : dans sa présentation

matériaux, toujours propre et dans sa disposition structurelle. un paragraphe de texte

Inconnu 1947 après amitié et coopération

En 1962, ceux qui réussissaient bien dans leur travail signaient avec Saint-John Perse et

Georges Braque : Ordre des Oiseaux. Cette étude présente ces trois étapes

Des articles épars et inédits aident, et dans les annexes il y a deux textes inconnus.

poète.

Petit Rogers.

(St. John Perth, George Braque).

Société d'histoire de la littérature française

Services publics 14, Rue de l'Industrie, 75013 Paris

Président d'honneur

Pierre Clarac, Faculté des sciences éthiques et politiques

membre honoraire

LL Albina est titulaire d'un B.Sc. Jasinski, Th. Marix-Spire, A. Rouart-Valéry, M. Mergier-Bourdeix, MM, J. Auba, LJ Austin, W.S. H. Barber, Y. Belaval, J. Chouillet, L.G. Crocker, H. Dieckmann, N.S.B. Dontchev. Résultats, Y. Kobayashi, J.-L. Lecercle, R. Leigh; G. Lubin, J. Mistler, J. Monfrin, R. Mortier, M. Nadeau, R. Niklaus, M. Paquot, A. Perrod, R. Pintardo, R. Shackleton, JS Sixth-Fair.

bureau

Président : René POMEAU, professeur à Sorbonne Université.

Vice-présidents : Pierre-Georges CASTEX, de l'École française d'éthique et de politique, professeur émérite à la Sorbonne ; Claude PICHOIS, Professeur aux Universités de la Sorbonne et de Vanderbilt.

Secrétaire général : Madeleine AMBRIÈRE-FARGEAUD, Professeur à Sorbonne Université ; Sylvain MENANT, professeur à l'université Paris Xe.

Secrétaires : Claude DUCHET, Professeur à l'Université de Paris VIII ; Robert JOUANNY, professeur à l'Université Paris Val-de-Marne.

Trésorier : Jean ROUSSEL, professeur à l'Université d'Angers.

Trésorière Adjointe : Mireille HUCHON, Professeur à Sorbonne Université.

Conseil d'administration

mm J. Bailbé、P. Benichou, G. Cego, P. Cidra, H. Coulete, F. LETESSIER, J. Letheve, Sra. DONC. Meininger, MM, M. Milner, R. Pierrot, R. Rancoeur, P. Vernier, R. VIOLLE, R. Zuber.

correspondant à l'étranger

Autriche : Sr S Himmelsbach. Belgique : Sr R. Pouilliart, A. Vandegans, J. Vercruysse. Brésil : Mme. C. Berretini. Bulgarie : Mme. L Stefanova. Canada : M. B. Beugnot, DA Griffiths, JS Wood. Chine (République populaire de Chine): MM. Cheng Kelou, Gao Qiang, Mme. Wang Tailai et Sr Cheng Zenghou. Corée du Sud : Mme. Parc Young Hae. Danemark : M. HPLund. Egypte : Mme. AL Enan. Espagne : M. J. Van De Weide. États-Unis : Sr. D. Alden, L. Fr. Hoffmann, E. Black-Sir, J. Patty, Mrs. R.York. Royaume-Uni : M. G. Chesters, D.A. Watts. Hongrie : MT Gorilovics, Mlle Nemeth. Maurice : M. J. G. Prosper. Iran : Mme. Thatbany. Irlande : Mlle K. O'Flaherty. Israël : Sr M. Bilen. Italie : Sr E. Balmas, M. Colesanti, L. Sozzi. Japonais : M. Y. Fukui, H. Nakagawa, Mme. E. Nakamura, Sr T Tobari. Liban : M. R. Tahhan. Pays-Bas : Sr K Varga. Pologne : Srta. Kasprzyk. Portugal : Mlle M.-A. mous. République démocratique allemande : MM. Mme W. Bahner, U. Ricken, R. Schober. République fédérale d'Allemagne : MM. B. Bray, H. Hofer, W. Leiner, J. von Stackelberg. Roumanie : Mme. Murecanu Ionescu. Sénégal : sr Mohamadou Kane téléchargement mp3 gratuit Suède : sr G. von Proschwitz. Suisse: Sr. M. Eigeldinger, R. Francillon, Y. Giraud, P.O. Walzer. Tchécoslovaquie : Sr. V. Brett, A. Zatloukal. Tunisie : MA Karoui. Union soviétique : Sr P. Zaborov. Yougoslavie : Mme. G. Vie. Zaïre : Sr R Baudry.

FAQs

Un aperçu de l'histoire de la littérature française? ›

Les premiers grands textes de la littérature française datent eux du milieu du Moyen Âge (XIe siècle), époque de développement de l'agriculture et d'expansion démographique après des périodes d'invasions, d'anarchie et d'épidémies car c'est une simple adaptation en 29 vers d'un poème latin à vocation religieuse et ...

Quel est l'histoire de la littérature française ? ›

Les premiers grands textes de la littérature française datent eux du milieu du Moyen Âge (XIe siècle), époque de développement de l'agriculture et d'expansion démographique après des périodes d'invasions, d'anarchie et d'épidémies car c'est une simple adaptation en 29 vers d'un poème latin à vocation religieuse et ...

Quelles sont les 6 grandes périodes de la littérature française ? ›

Avec en guest Nigel Delajungle.
  • 1 – L'humanisme (XVIème)
  • 2 – Le baroque (XVIIème)
  • 3- Les Lumières (XVIIIème)
  • 4 – Le romantisme (début XIXème)
  • 5 – Le réalisme (fin XIXème)
  • 6 – Le symbolisme (fin XIXème)
  • 7 – Le surréalisme (XXème)
  • BONNE CHANCE !
Jun 10, 2015

Quelles sont les étapes de la littérature française ? ›

Les mouvements littéraires
  • L'Humanisme (XVIe) Mouvement italien du XVe qui arrive en France au XVIe. ...
  • Le Baroque (XVIIe) ...
  • Le Classicisme (XVIIe) ...
  • Les Lumières (XVIIIe) ...
  • Le Romantisme (XIXe) ...
  • Le Réalisme (XIXe) ...
  • Le Naturalisme (XIXe) ...
  • Le Symbolisme (XIXe)

Quelle est la première œuvre de la littérature française ? ›

Serments de Strasbourg

Les premiers grands textes de littérature francophone datent du milieu du XIe siècle. Toutefois, l'un des Serments de Strasbourg, écrit en 842, est considéré comme le premier texte écrit en langue romane (ancêtre du français).

Quelle est l'importance de la littérature française ? ›

La littérature vise à éduquer, à communiquer des pensées, à influencer et même à séduire. La littérature constitue un héritage patrimonial et peut concourir à la préservation du patrimoine d'un pays, lorsqu'elle en souligne les valeurs, la culture et la civilisation.

Comment est la littérature française ? ›

La littérature française comprend l'ensemble des œuvres écrites ou orales par des auteurs de nationalité française ou de langue française, elle peut également se référer aux littératures écrites par des citoyens français qui écrivent dans des langues de France telles que le basque, le breton, etc..

Quelle est la première œuvre de la littérature ? ›

Trois mille vers courant sur 12 tablettes et retraçant les aventures d'un roi mésopotamien : l' Épopée de Gilgamesh est la première oeuvre littéraire jamais écrite. Elle est née, il y a 4 500 ans, à Sumer, au bord de l'Euphrate. C'est en Mésopotamie que l'écriture fut inventée, il y a 5 000 ans.

Quels sont les genres littéraires ? ›

Parmi les genres littéraires, 5 principaux genres littéraires se distinguent. Il s'agit du genre narratif, du genre théâtral, du genre poétique, du genre argumentatif et du genre épistolaire.

Quelle sont les 5 grandes périodes de l'histoire ? ›

Ainsi, le cours présente la Préhistoire, l'Antiquité, le Moyen-âge, les Temps modernes et l'époque contemporaine.

Quels sont les grands thèmes de la littérature française ? ›

Les « grandes idées » symbolisent un contenu très relayé au niveau médiatique, et universellement partagé.
...
Les « sept grandes idées »
  • La vérité de l'être. ...
  • La dystopie. ...
  • L'amour et la luxure. ...
  • Les héros. ...
  • Le surnaturel. ...
  • La nostalgie. ...
  • La noirceur.
Oct 24, 2014

Comment définir la littérature ? ›

littérature n.f. Ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique.

Quelle est la définition de la littérature ? ›

La littérature est l'ensemble des oeuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique.

Quelle est le premier texte écrit en français ? ›

Le plus ancien texte connu en français est conservé dans les Serments de Strasbourg qui peuvent être datés de 842.

Quels sont les premiers écrivains ? ›

Le tout premier écrivain connu de l'histoire de l'humanité s'appelait en effet Enheduanna (nom que l'on trouve aussi écrit En-Hedu-Ana), un nom qui signifiait en sumérien « Noble ornement du dieu Ciel ». Cette femme, née en 2285 av. J. -C.

Quel est le premier roman de la littérature ? ›

54 livres, plus de 1000 pages, 500 personnages et des intrigues d'amour et d'exil : découvrez "Le Dit du Genji", peut-être le premier roman de l'histoire de la littérature, écrit au XIème siècle par Murasaki Shikibu, poétesse à la cour japonaise.

Comment faire une introduction sur la littérature ? ›

Commencer par présenter l'auteur du texte et le mouvement littéraire auquel il appartient. Présenter l'histoire en résumant le texte en 2 ou trois lignes. Situer le texte en racontant ce qu'il y a juste avant le texte et juste après en s'aidant du chapeau qu'il y a au-dessus du texte.

Comment faire une dissertation sur la littérature ? ›

La méthode de la dissertation comporte quatre étapes : - Analyser le sujet ; - Rechercher les idées et les exemples et formuler la problématique ; - Établir le plan détaillé et préparer l'introduction et la conclusion ; - Rédiger.

Comment la littérature peut changer l'homme ? ›

Apprendre par la littérature, c'est s'ouvrir d'abord à soi et par cette exploration intérieure, apprendre à se changer soi-même. Ce que nous disent les poètes à travers leurs œuvres, c'est que la littérature peut changer l'homme quand elle porte en elle cette part de vérité où s'origine l'efficacité du Verbe.

Quel est l'origine du mot littérature ? ›

Le mot est emprunté au latin litteratura, utilisé tant par Cicéron que par Quintilien pour donner un équivalent au grec grammatikê, qui désigne l'ensemble des caractères de l'alphabet et de la grammaire. Pour Cicéron, la littérature est l'état de l'homme qui « a des lettres ».

Quelle est la finalité de la littérature ? ›

C'est au nom déjà d'un « humanisme moderne » que, dans la première moitié du XX e siècle, on préconise la lecture des grands écrivains, surtout français, et majoritairement du XVII e siècle, avec une triple finalité humaniste : l'éducation morale, la formation du goût et celle de l'esprit.

Quel rôle joue la littérature dans la société ? ›

Elle est active pour apporter des transformations dans plusieurs circonstances de la société. Dans cette communication nous avons établi que la littérature est une réflexion de la vie, des réalités d'un peuple donné exprimées et réalisées par les moyens du langage oral ou écrit.

Qui a créé le tout premier livre ? ›

Par la suite, c'est l'orfèvre allemand Johannes Gutenberg qui perfectionne le système et l'importe en Europe. Le premier livre imprimé à l'aide de cette nouvelle machine est la “Bible de Gutenberg”, créée le 23 février 1455 à 180 exemplaires, et dont il n'en reste aujourd'hui plus qu'une vingtaine.

Qui a inventé le livre ? ›

Vers 1450, un orfèvre germanique, Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, met au point des caractères mobiles sur lesquels figurent en relief tous les signes nécessaires à l'écriture d'un texte.

Quels sont les 4 types de textes ? ›

On distingue quatre types de textes : narratif, descriptif, explicatif et argumentatif.

Quels sont les 5 types de textes ? ›

Il existe 5 types de discours (ou textes) : narratif, descriptif, argumentatif, explicatif, injonctif.

Quelles sont les 4 périodes de l'histoire de France ? ›

Les 4 grandes périodes historiques de l'Histoire de France:
  • Histoire ancienne (jusqu'à 476) ...
  • Histoire du Moyen-Âge (476-1492) ...
  • Histoire Moderne (1492-1789) ...
  • Histoire Contemporaine (1789 à nos jours)

Quels sont les 4 temps de l'histoire ? ›

Les 4 grandes périodes de l'histoire sont: l'Antiquité, le Moyen Age, l'époque moderne, l'époque contemporaine. Pour certains auteurs l'Antiquité commence vers 3000-2500 av.

Qu'est-ce qui a marqué le début de l'histoire ? ›

Écriture, premières cités, métallurgie

Entre 3500 et 3000 avant J. -C., avec l'invention de l'écriture, la Mésopotamie et l'Égypte sont les premières civilisations à quitter la préhistoire pour entrer dans l'histoire et marquer ainsi les débuts de l'Antiquité.

Quel est le contexte littéraire ? ›

Le contexte littéraire serait le courant littéraire dans lequel s'inscrit l'oeuvre, mais aussi les informations concernant son auteur(trice).

Quel est le thème principal ? ›

Le thème d'un texte est le sujet, c'est-à-dire l'idée principale, ayant une certaine portée universelle, à partir de laquelle est construite l'intrigue d'une histoire.

Comment faire une analyse d'un thème ? ›

Faire une analyse thématique consiste donc à repérer des noyaux de sens qui composent la communication et dont la présence ou la fréquence d'apparition pourront signifier quelque chose pour l'objectif analytique choisi. L'ensemble des sous thèmes se déduit à partir du texte.

Quelle est la différence entre la littérature et l'histoire de la littérature ? ›

Traditionnellement, l'historien considère la littérature comme une source, et les études littéraires s'efforcent à leur manière de situer les œuvres littéraires dans leur contexte historique. Ces pratiques méthodologiques impliquent une convergence de fond sur ce qu'est la littérature, sa place dans le monde.

Quelles sont les étapes de la littérature ? ›

Voici les principaux courants littéraires :
  • L'humanisme (1530-1570)
  • La Pléiade (1549-1570)
  • Le baroque (1570-1650)
  • Le classicisme (1650-1700)
  • Les Lumières (1720-1770)
  • Le romantisme (1820-1850)
  • Le réalisme (1830-1890)
  • Le naturalisme (1830-1890)

Quels sont les avantages de la littérature ? ›

Les chercheurs ont avancé que lire des livres améliore le vocabulaire, le raisonnement, la concentration et la pensée critique, et que la littérature stimule les processus cognitifs comme la perception sociale et l'intelligence émotionnelle* qui peuvent contribuer à prolonger la vie.

Pourquoi Fait-on la littérature ? ›

Car si le rôle des sciences sociales consiste à mettre en lumière le fonctionnement de la société, la littérature sert quant à elle à lui donner du sens. A travers elle, le citoyen est appelé à mieux comprendre le monde dans lequel il vit.

Quels sont les avantages de la littérature dans la société ? ›

À travers la littérature s'ouvre les portes d'un niveau plus profond de pensée et de compréhension de toutes les choses vues, entendues et ressenties dans nos expériences quotidiennes de la vie. Cela vous donne l'avantage de communiquer et de participer facilement et artistiquement à la société.

Pourquoi la littérature est un miroir de la société ? ›

La littérature est perçu comme l'ensemble des productions écrites et orales humaines. Elle a pour objectif l'éducation morale , la valorisation du beau ou Artistique , en un mot il faut dire qu'elle est le miroir de la société vu qu'elle relate nos vécus quotidiens.

Comment s'appelle le petit texte avant le texte ? ›

Le prologue

Il sert notamment à introduire des personnages, à expliquer des faits passés ou une histoire qui doivent être connus par le lecteur pour commencer la lecture, ou qui vont servir à l'intriguer.

Comment s'appelle le texte avant le texte ? ›

Qu'est ce qu'un prologue ? Le prologue, c'est tout simplement un texte, une section introductive à une pièce, un roman, un essai. Son propos, est d'introduire les thèmes et les personnages qui apparaitront au cours du récit et de fournir les élements nécessaires à la compréhension de l'histoire.

Quelle fut la première langue ? ›

Quoi qu'il en soit, Merritt Ruhlen a avancé la thèse d'une proto-langue mère originelle et commune à toutes les superfamilles, qui aurait vécu vers 50 000 ans avant notre ère.

Qui est l'écrivain le plus célèbre du monde ? ›

Agatha Christie : traduite en 73 langues

C'est simple, elle est dans le Guinness des records, c'est l'écrivain de fiction le plus lu de toute la terre entière. Deux milliards de ses bouquins ont été vendus. 1 milliard en langue française. 4 millions sont encore vendus chaque année.

Qui est le plus grand écrivain du monde ? ›

Dix auteurs apparaissent plusieurs fois dans ce classement : 4 fois : Fiodor Dostoïevski. 3 fois : Franz Kafka, William Shakespeare, Léon Tolstoï 2 fois : William Faulkner, Gustave Flaubert, Gabriel García Márquez, Homère, Thomas Mann et Virginia Woolf.

Qui est le plus jeune écrivain ? ›

A seulement 12 ans et après la publication de deux romans, la jeune saoudienne Ritaj Al-Hazmi remporte le titre de la plus jeune auteur auprès du Guinness World Records ! Le début d'une belle carrière... C'est dès son plus jeune âge que Ritak Al-Hamzi a découvert le monde littéraire.

Qui est le premier écrivain de l'histoire ? ›

Le premier écrivain du monde était en fait une écrivaine. La romancière et anthropologue Yara El-Ghadban nous parle d'une de ses inspirations : la prêtresse sumérienne Enheduanna, première personne de l'histoire de l'humanité à avoir signé son nom comme autrice.

Qui est le premier écrivain du monde ? ›

Le premier écrivain recensé dans l'histoire de la littérature est une écrivaine : Enheduanna.

Quels sont les 10 meilleurs livres ? ›

Top 10 des Meilleurs romans de tous les temps
  • L'étranger d'Albert Camus. ...
  • Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. ...
  • Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski. ...
  • Les Hauts de Hurle-Vent d'Emily Jane Brontë ...
  • Madame Bovary de Gustave Flaubert. ...
  • Guerre et paix de Léon Tolstoï ...
  • Le Père Goriot d'Honoré de Balzac.
Jul 19, 2022

Quelle est l'origine de littérature ? ›

Petite histoire du mot « littérature »

Le mot est emprunté au latin litteratura, utilisé tant par Cicéron que par Quintilien pour donner un équivalent au grec grammatikê, qui désigne l'ensemble des caractères de l'alphabet et de la grammaire. Pour Cicéron, la littérature est l'état de l'homme qui « a des lettres ».

Comment expliquer la littérature ? ›

1. Ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique. 2. Ces œuvres, considérées du point de vue du pays, de l'époque, du milieu où elles s'inscrivent, du genre auquel elles appartiennent : La littérature française du XVIIe s.

Quel est le pays de la littérature ? ›

La France n'est pas seulement le pays des droits de l'homme : elle est aussi celui des droits de l'écrivain. De tout temps, l'homme de plume y a été respecté, voire adulé, au point qu'on tend à vendre tout et n'importe quoi pour peu que cela ressemble à un livre.

Quelles sont les caractéristiques de la littérature française ? ›

Le but des auteurs classiques est d'atteindre la beauté et la rigueur des œuvres antiques en utilisant des parallélismes de construction, des maximes, un registre argumentatif, des figures de style (chiasme, métaphore, comparaison, périphrase, etc.), une plume très claire et épurée tout en conservant une grande rigueur ...

Quels sont les 5 auteurs ? ›

Littérature : 5 auteurs majeurs du 20e siècle
  • Jean Giono (1895-1970) ...
  • Louis Aragon (1897-1982) ...
  • André Malraux (1901-1976) ...
  • Jean-Paul Sartre (1905-1980) ...
  • George Perec (1936-1982)
Mar 30, 2020

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1. Le Grand Siècle (XVIIe siècle) - Un peu d'histoire
(Grand Palais)
2. Le Moyen Âge et La littérature médiévale française - résumé et explication
(une plume fragile)
3. Nouvelles recherches sur la littérature (1) - William Marx (2022-2023)
(Lettres, langage, philosophie - Collège de France)
4. Pierre CORNEILLE – Aperçu du théâtre cornélien (Cours audio, 2013)
(ÉCLAIR BRUT)
5. Qu'est-ce que la littérature ? avec Anne Bouchara
(Contreforme)
6. Agnès Spiquel - Victor Hugo dans les années 1870 : littérature et politique mêlées
(NantesUniv)
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Author: Allyn Kozey

Last Updated: 02/25/2023

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Name: Allyn Kozey

Birthday: 1993-12-21

Address: Suite 454 40343 Larson Union, Port Melia, TX 16164

Phone: +2456904400762

Job: Investor Administrator

Hobby: Sketching, Puzzles, Pet, Mountaineering, Skydiving, Dowsing, Sports

Introduction: My name is Allyn Kozey, I am a outstanding, colorful, adventurous, encouraging, zealous, tender, helpful person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.